Lue chez Larcenet, qui lui-même la tient de son ami et scénariste Ferri (lisez 'Le retour à la terre' et 'Aimé Lacapelle'!!!) :
Voilà qui sort un peu du langage châtié auquel vous êtes habitués ici.
Anyway, merci à ces deux-là.
Bonjour, Je vais tenter ici de vous faire partager les moments les plus joyeux, énervants ou émouvants de mon métier de 'bibliothécaire de campagne' : vous verrez, c'est un boulot qui réserve plus de surprises qu'on ne pourrait le croire...





Version abrégée

Vous n'aviez pas oublié : c'était bien aujourd'hui que je recommençais. A 9 heures précises, la première d'entre vous attendait là -pile derrière la porte- que je tourne ma clé dans la serrure. Ensuite, le défilé n'a connu que de très courtes pauses. Par curiosité, j'ai demandé un petit bilan au système informatique à 18h30 : le nombre de titres rentrés et sortis équivalait à deux 'bonnes' journées habituelles. De quoi le mettre sur les genoux, le biblio de campagne.
Et puis, il y a eu tout le reste, tout le quotidien de mes journées 'normales'. Pas de répit, vous n'avez pas pu attendre un jour de plus. Il y a eu l'ado de 16 heures qui m'a si poliment demandé 'il me faudrait 'Cabot-Caboche' de Daniel Pennac', comme si j'étais Billy Crystal et lui Robert De Niro.
Vos caisses et sacs de dons qui devaient impatiemment attendre leur migration vers la bib.
Deux avis de décès, dont l'un avec moult détails.
Des demandes d'acquisition.
Et une petite phrase, sel des heures passées derrière mon comptoir : 'C'était un bon bouquin, vraiment très prenant et très très plausible. Mais quand même un peu tiré par les cheveux.'






évidente. Et les amateurs de l’un devraient normalement apprécier l’autre. Plus sec et plus concis, Indridason se concentre également sur un personnage de flic bourru et mauvais vivant : Erlendur. Célibataire harcelé par une fille à peine sortie de l’adolescence, il se dit lui-même mauvais père et exécrable époux : il a effectivement quitté sa famille alors que ses enfants étaient en bas âge. Les relations avec son ex-femme sont proches du conflit armé et il n’a aucun contact avec son fils. En sus, Erlendur traîne derrière lui une profonde blessure de jeunesse ainsi qu’une passion bizarre pour les livres consacrés aux personnes disparues. Au fil des trois intrigues, Indridason distille les révélations sur le passé d’Erlendur et sans doute nous en ménage-t-il d’autres pour les prochaines.
Quoi qu’il en soit, chaque volume propose, avec une économie de moyens remarquable, une intrigue policière tendue comme un fil et riche en rebondissements et autres chausse-trappes. A l’inverse de Mankell, on ne croit jamais que la solution est proche pour ensuite déchanter, mais l’on se trouve brusquement face à des murs de questions et des changements de perspectives imprévus, induits par des révélations savamment distillées. Plus ramassées mais tout aussi denses que chez Mankell, les textes d’Indridason partagent un point commun avec ceux de leur confrère suédois : cette même empathie pour les victimes, ce constant questionnement du pourquoi face à une violence démesurée et, par-dessus tout, une volonté de présenter les évènements nus, sans fioriture ni interprétation morale.
sanctuaire et en tirait une forme de honte. Comme s'il s'était posté à une fenêtre d'où il aurait épié les gens".
er la chasse aux pédophiles new-yorkais : à chaque fois qu’elle croit en tenir un, elle ne tombe que sur son cadavre. Serait-ce Peter Foley, l’ancien flic spécialisé dans la prostitution enfantine et dont elle s’est adjoint les services, qui la précéderait, motivé par une haine toute personnelle ? Polar féministe –Brennan affronte le machisme ambiant propre à un corps de police et se trouve constamment mise sous pression par sa hiérarchie- ‘Little Girl Blue’ arrive à dépasser son sujet à priori glauque à souhait, pour le traiter avec humanité, sans effet de voyeurisme et en résistant à la tentation d’une auto-justice expéditive. Un excellent roman noir, ménageant suspense et psychologie des personnages. Dans un autre registre, ‘Le rêve des chevaux brisés’ de William Bayer met en scène David Weiss, dessinateur spécialisé dans les
portraits-robots et les croquis pris sur le vif au cours de procès. C’est dans ce cadre que la chaîne de télé qui l’emploie l’envoie à Calista, la ville de son enfance. Couvrir un procès dans la ville où, 26 ans plus tôt, son propre père s’était suicidé constitue pour David l’occasion qu’il attendait depuis longtemps. Quelques jours avant ce suicide, un couple d’amants avait été tué dans une chambre de motel. La femme, Barbara Fulraine, était une personnalité bien connue de la bourgeoisie locale. Elle était également une patiente du père de David, psy de son état. Ce qui hante David, ce qui le pousse à tenter d’apporter un nouvel éclairage à cette affaire, c’est la relation qui existait entre son père psychologue, et Barbara Fulraine, qui venait régulièrement le consulter. Extraordinairement dense et complexe, ‘Le rêve des chevaux brisés’ baigne dans la psychanalyse. Ce fameux rêve des chevaux brisés, c’est celui qui venait régulièrement hanter Barbara Fulraine et qui la poussa à consulter –après bien d’autres- le père de David. Véritable nymphomane, Barbara n’avait de cesse de provoquer son psy, qui résistait tant bien que mal. Découvrant les carnets secrets de l’un puis de l’autre, David espérera y trouver la clé de l’affaire. Mais à Calista, même après 26 ans, plusieurs personnes ont encore intérêt à ce que la vérité reste dans l’ombre. Flirtant avec le portrait de société, ‘Le rêve…’ s’appuie sur de nombreux personnages, se mouvant dans cadre unique et entretenant des relations d’amour, de sexe et de haines petites-bourgeoises. Bayer brille par sa lucidité et son discernement : chez lui personne n’est tout gris ou tout noir, tous surnagent en demi-teintes, poussés par les circonstances, l’intérêt personnel ou les regrets. Un grand roman noir, sans temps morts et dont les traces restent longtemps vives à l’esprit.
Deuxième épisode (sur les trois prévus) du cycle consacré à Frank Elder, ‘De cendre et d’os’ de John Harvey, reste bien dans la veine du précédent (‘De chair et de sang’, 2005) : réaliste et tortueux, mais surtout d’une extrême fluidité, principalement à mettre au compte d’une abondance de dialogues. Dialogues qui n’ont pas -comme trop souvent dans les gros pavés américains- ce côté superficiel et facile dû à une maîtrise imparfaite du style indirect. Ici, pas un seul mot de trop, pas une seule faute dans le ton adopté : chaque mot, chaque ligne ont leur utilité stricte. A son habitude, et cela s’est vu dans ses précédentes œuvres consacrées à l’inspecteur Resnick (que Elder croise d’ailleurs régulièrement), Harvey ne néglige ni la psychologie de ses personnages (très nombreux et pourtant tous rapidement identifiables) ni leur cadre social (les années Thatcher n’ont pas encore été digérées). Bien que retraité, Elder se voit régulièrement appelé à la rescousse par son ancien collègue des affaires non-résolues. C’est l’assassinat d’une flic qui va cette fois sortir Frank de sa petite maison sur la côte. Maddy Birch et lui ne se connaissaient pas particulièrement bien. Mais ils avaient failli. Failli avoir une liaison et donc, sa mort violente ne peut que toucher Elder au plus profond. Lorsqu’on lui signale que l’enquête piétine, Elder n’hésite pas longtemps à prendre son billet pour Londres. Là, il sera non seulement confronté à ce crime sordide et aux ramifications insoupçonnées, mais il devra également se résigner à affronter sa fille Catherine. Cette dernière, impliquée malgré elle dans la dernière enquête de Frank, refuse depuis lors tout contact avec lui. Parfaitement construits et passionnants de bout en bout, les romans de John Harvey ne déçoivent jamais, ils peuvent parfois laisser un goût amer. Celui de l’injustice face à laquelle la meilleure volonté ne peut rien.