29 décembre 2006


Les Coulisses du Pouvoir, tome 7


C'est en parlant avec Locus Solus de la formidable série télé 'State of play' que ça m'est revenu. Si vous ne la connaissiez pas, je serai celui qui comblera cette lacune. Une bd, de celles que l'on lit et relit avec plaisir. Son auteur est d'ici, pas loin, on le voit peu, c'est un garçon discret. Jusqu'à l'avant-dernier opus de la série, il n'assurait 'que' le scénario. Avec ce nouveau volume -le 7ème- qui vient de sortir chez Casterman, et pour des raisons qui ne regardent que lui et son ex-dessinateur, les albums ne portent plus que sa seule signature. Il s'appelle Philippe Richelle et sa série s'intitule 'Les Coulisses du Pouvoir'.Comme une certaine émission télé qui lui a -selon moi- honteusement piqué l'idée.

Complexes, fouillées, documentées, ses intrigues mettent en scène de nombreux personnages, plongés dans des intrigues touffues et principalement ancrées dans la politique et les finances. A plusieurs reprises d’ailleurs, on peut, au long d’un album, déceler l’un ou l’autre fait tiré de notre proche actualité politico-économique européenne. Deux flics de Scotland Yard assurent les premiers rôles : Caine et Burkinshaw. Ils sont entourés, selon les circonstances, d'une multitude de seconds rôles : politiciens, hommes d'affaires et petits malfrats. Ces derniers sont d'ailleurs régulièrement présentés comme 'victimes' plus que comme coupables. Victimes de leur passé et des hommes de plus grand pouvoir qu'eux. S'ils arrivent à s'en sortir, ce sera souvent cher payé. Quant aux politiques corrompus et aux hommes d'affaires véreux, s'ils se sentent coincés, souvent ils se suicident. C'est d'ailleurs par un (pseudo?)-suicide que débute ce nouvel opus, intitulé 'Disparitions'. Quelques jours après la découverte du corps, l’un des associés du décédé disparaît. En creusant un peu, Caine et Burkinshaw découvrent que le projet immobilier dont les deux hommes s’occupaient semble engloutir bien plus d’argent qu’il n’en rapportera. Parallèlement à cette intrigue, nous suivons les pas d’un jeune homme, ancien délinquant, qui tente de refaire sa vie honnêtement, avec l'espoir de conserver un droit de visite de son fils. Rattrapé par son passé peu glorieux, sa route croisera celle de l’imbroglio que Caine et Burkinshaw tentent de démêler.

23 décembre 2006


A ma place

Samedi matin, 8h30. Quatre heures d'ouverture au public débutent. Ce sont les dernières avant cette fermeture de fin d'année. J'ai conduit tout en douceur pour arriver. Il s'agissait de se laisser bercer par le Radiohead spécialement choisi pour l'occasion, mais également de savourer chaque kilomètre parcouru dans le calme de cette non-circulation matinale. Vous n'allez pas tarder à arriver, aussi nombreux qu'hier sans doute, vous chercherez avidemment de quoi occuper ces quelques jours de repos. Certains d'entre vous auront un mot gentil en sortant : '
passez de bons réveillons', 'je vous souhaite de joyeuses fêtes'. 'Pareillement' ou 'à vous aussi', répondrais-je en vous remerçiant. Pour vous qui ne me rendez visite qu'une ou deux fois par mois, cette période de fermeture ne changera pas grand-chose. Dans 15 jours, vous reviendrez et je serai toujours là, comme si je n'avais pas bougé, vissé derrière mon comptoir de prêt.

16 décembre 2006

Le confort (2)

C'est un hasard : je suis repassé l'autre jour devant la bâtiment qui auparavant abritait la bibliothèque. A l'époque : un bunker. Aujourd'hui : un local presque mignon, repeint à neuf, chauffé centralement et agrémenté de deux jolies toilettes, le tout destiné à l'accueil extra-scolaire. L'accueil extra-scolaire? mais oui, vous savez, un service que les communes sont obligées de mettre en place pour les enfants de tous les réseaux d'enseignement (l'officiel et le libre) : une super-garderie du matin, du mercredi après-midi et du soir. Ce blog n'est pas le bon endroit pour débattre de la justesse de ce genre d'obligation, mais le seul fait de cette remarque vous mettra sur la piste de ce que j'en pense. Bref, là où auparavant on me répliquait que impossibilité technique à installer le chauffage central et des commodités, et aussi que pas d'argent, je remarque qu'en un an, de décissifs progrès technologiques et financiers ont été engrangés, permettant par là-même à l'administration communale de rendre ce local dès plus civilisés. Car, non, vraiment, je ne peux croire qu'une quelconque mauvaise volonté ait valu d'aussi précaires conditions matérielles à la lecture publique pendant plus de 10 ans.
Millenium, part II

Le deuxième tome de 'Millenium' fut un véritable régal de lecture : intrigue prenante, complexe et qui pourtant coule de source : on ne se perd pas un seul instant parmi ces multiples personnages aux patronymes bien nordiques. Les acteurs essentiels du premier tome sont toujours présents : Lisbeth Salander, jeune femme aux multiples et improbables compétences mais toujours aussi caractérielle, et Michaël Blomkvist, le super-journaliste redresseur de torts.
Cette fois, c'est à l'exploitation sexuelle que nos deux héros s'attaquent; leur vie intime et personnelle en subira les conséquences. Pour faire bonne mesure, l'auteur, Stieg Larsson, en profite pour dénoncer les dérives sensationnaliste de la presse, pour fustiger les coincés qui ne supportent pas les homosexuels, sans oublier les macho-men incapables de concevoir qu'une femme puisse les dépasser en quoi que ce soit. De manière générale, Larsson s'appuie, souvent avec humour, sur une intrigue solide -même si certains grincheux la trouveront rocambolesque dans ses dernières pages- et mitraille au gros sel la connerie humaine. Moi, je dis bravo, et vivement le tome 3.

11 décembre 2006

François Villon et San Antonio

La semaine passée, une lectrice me ramène 'Je, François Villon' de Jean Teulé : 'vous l'avez lu?'. Ma réponse négative entendue, elle me fait savoir que c'était terrible. Et elle précise : 'scatologique et pornographique, mais je l'ai lu jusqu'au bout...'. Me voilà rassuré :que les livres ne soient pas lus intégralement à chacune de leur sortie, voilà qui m'aurait déçu. 'Tout livre emprunté doit être lu dans son entièreté' est effectivement le point 1 de notre règlement. Bref, ça m'a rappelé cette phrase délicieuse d'une petite dame qui, me rendant un San Antonio, me dit sur le ton de la confidence : 'Mon mari me dit de vous dire que ce n'est vraiment pas pour tout le monde ce livre'.

10 décembre 2006

Un peu de fédéralisme

Je me rends compte qu'une bonne partie des lecteurs de ce blog sont français. Il y a donc de fortes chances pour que le terme 'Communauté française', qui revient de temps en temps dans ces billets, soit mal interprété. Sous cette délicieuse dénomination, peut-être imaginent-ils un rassemblement de leurs compatriotes exilés en Belgique. Ce qui d'un strict point de vue grammatical serait effectivement exact.
Transformée depuis 1970 en un état fédéral, la Belgique compte de multiples entités 'indépendantes'. Parmi celles-ci, la 'Communauté française', perpétuellement désargentée, gère toutes les matières dites 'culturelles' relatives aux habitants francophones du pays. Bruxellois et wallons donc. En gros, les matières culturelles, ce sont : l'enseignement, la radio-télévision de service public, les centres culturels, les musées (avec quelques exceptions...) et la lecture publique. Quand je dis qu'elle gère, elle a surtout un rôle de législateur et de pouvoir subsidiant. Même si elle est effectivement responsable 'en direct' de quelques institutions, en ce qui concerne la plupart des bibliothèques publiques, la Communauté française n'a pas le rôle d'un pouvoir organisateur, mais plutôt celui d'un super-ministère des affaires culturelles belges francophones. Voilà, j'espère que c'est plus clair maintenant...

06 décembre 2006

Prix fixe

Comment? Vous n'avez pas encore ça, vous en Belgique, le prix unique du livre? Ben non. Et donc, on pétitionne : www.prixfixedulivre.be
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05 décembre 2006

30 bibliothécaires dans une salle de classe…

En formation avec une trentaine de confrères pour la plupart inconnus, je ne peux m’empêcher de penser que nous, bibliothécaires, une fois sortis de nos rayonnages rassurants, sommes incapables de maîtriser notre profonde fibre asociale. Par exemple, si nous constatons que nous ne connaissons personne dans l'assemblée, nous nous asseyons dans un coin de la classe et n’adressons la parole à nos semblables que contraints et forcés. Aux rares moments de pause, nous laissons gaiement éclater notre sens inné de la convivialité en sortant qui un bouquin, qui un journal, afin d'éviter tout contact inutile. Face à une formatrice pleine de bonne volonté –mais sans doute plus très à jour question pédagogie participative, dixit une spécialiste de mon cœur à qui je n’ai pu m’empêcher de relater ces journées- nous affichons au mieux un profil poli et vaguement intéressé entre deux baillements, au pire une présence uniquement physique parce qu’il faut bien. Et encore, c’est sans compter les retardataires systématiques, les départs anticipés ‘pour ne pas manquer mon train’ et les sorties de classe intempestives à mettre au compte d’une vessie saturée.
Bien sûr, nous sommes capables d’attention. Par exemple, forts de notre culture générale étendue, nous veillons à ce que la formatrice ne commette pas la plus petite erreur d’appellation si elle devait se risquer dans une digression hors de son champ de compétence. Auquel cas, nous ne manquons pas de la remettre poliment dans le droit chemin...