14 novembre 2007

Un rien m'énerve


Ca vous arrive de vous dire que vous exagérez? Que vous jugez trop rapidement quelqu'un que vous avez à peine vu ou entendu? Quelqu'un à qui vous ne laissez même pas la chance de se défendre? Par exemple, vous arrive-t-il quelquefois d'être gagné par le découragement à l'écoute de certaines conversations adolescentes? Conversations desquelles vous déduisez une affolante baisse du niveau intellectuel de ceux qui, pensez-y cher lecteur, un jour, prendront -certes avec nettement moins de panache- votre place, ou -pire- la mienne? Et est-ce qu'ensuite, vous vous dépêchez de chercher dans vos connaissances l'un ou l'autre contre-exemple à ce triste constat : un ado avec qui une conversation sensée reste possible, sans que vous deviez tous les trois mots le corriger et vous entendre répondre, une pointe d'agressivité dans la voix : 'mais on s'en fout, tu as bien compris ce que je voulais dire quand même? ' Et est-ce que juste après, vous vous auto-mutilez intellectuellement en psalmodiant : 'mais tu vois, ils sont pas tous comme ça, il y en a encore, des intelligents. Faut toujours que tu exagères, espèce de vieux c...'?


Séance d'acquisitions à la librairie. Ma liste en main, je coche les titres trouvés, j'en compulse d'autres, bref, comme diraient mes confrères instituteurs, je me promène aux frais de la commune. Il y a du monde. Notamment quelques ados empressés de se faire remarquer. Pour leur santé comme pour la mienne, je m'éloigne vers de plus calmes zones. Mais l'un d'eux, la quinzaine déguingandée, persiste à me harceler, il me suit, une importante conversation téléphonique en cours de la main gauche, la droite vaguement brinquebalante à l'orée de sa poche. Bien malgré moi, je l'entends dire : 'non, là, je suis à la bibliothèque'.
Quelques instants plus tard, le même, GSM raccroché, désignant le tome deux d'un roman exposé, s'en prend à sa grand-mère : 'tu vois ce livre-là, ben, j'ai déjà lu le premier thème, c'était vraiment bien, j'adore moi, les livres de chevaliers et de dragons'.
Deux phrases, deux erreurs de vocabulaire, deux baffes virtuelles.
Je m'en suis retourné, à moitié convaincu de ma propension à l'exagération. Et certain par contre d'oublier les franges les moins glorieuses de ma propre adolescence sans doute trop lointaine.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

"Positivons" un peu ...
Ils prennent plaisir à :
être dans un lieu dédié aux livres
lire des livres
donner leur avis sur ces lectures !

c'est-y pas bô ça ? ;-)

Anonyme a dit…

fille d'enseignants, femme d'enseignant, je suis extrêmement sensible au vocabulaire, à sa richesse, à sa diversité... Et j'ai trois grands garçons, adultes maintenant, dont deux "cose la française kom des ...". Rien n'y fait, j'ai beau les reprendre, leur dire que c'est laid, leur seriner qu'il n'y a pas de v au verbe croire à la troisième personne du pluriel : peine perdue !

nescio a dit…

Ils croivent sans doute que vous faisez ça rien que pour les énerver! Bon courage en tous cas!

talisman a dit…

Salut,

C'est vrai, la plupart des ados parlent mal ou n'aime pas lire, mais il y a des exceptions.
J'en profite alors pour faire de la publicité pour mon site, qui j'espère, servira à prouver que tous les ados ne sont pas les mêmes : http://www.soufflemots.com/

Bye :)