12 décembre 2008

Titreries


Sous cet intitulé, plus d'une centaine de piles de livres dont les titres, assemblés, forment de courts 'poèmes'. Je les ai croisées en cherchant des infos sur André Stas il y a quelques semaines : elles sont dues à Laurent d'Ursel et vous pouvez les trouver sur son site 'loeuvrette.be', dans la rubrique 'exemples de loeuvrettes'. En parcourir quelques-unes régulièrement m'aide à résister à l'envie d'hiberner qui me taraude ces jours-ci.

Froidure

Environnant à l'excès, le froid, ces derniers jours, me paraît plus insupportable que les hivers passés. Il me saute dessus dès que je mets le nez dehors ; je le retrouve dès que je plonge dans 'Terreur', le dernier Dan Simmons. Passionnant bouquin d'aventure, de dépassement des limites humaines et de hargne à survivre, les protagonistes y sont constamment confrontés à des températures variant de -50° à -70°. L'imaginaire et le réel se rejoignent, même si l'échelle de froidure de l'un n'équivaut en rien celle de l'autre. Et le réel, lui, ne connaît pas de limite. Une amie endeuillée me disait à quel point, dès son malheur connu, les sms de sympathie ont déferlé sur son portable, sans lui apporter le moindre réconfort. A l'inverse des coups de téléphone, parfois maladroits, mais dont les auteurs ne donnaient pas cette impression de se défiler et disaient certains mots -prenaient la peine de les prononcer-, les sms lui semblaient impersonnels et froids. Elle a sans doute raison. Et pourtant, il est des tendres messages que je garde toujours dans la mémoire de mon portable, je l'ai déjà écrit ici. Et qui m'ont rempli de chaleur au moment de les lire pour la première fois.

23 novembre 2008

Fureur


La fureur qui animait(?) nos bibliothèques il y a peu m'en a rappelé une autre.
En 2003, pour marquer le coup comme on dit, la Province de Liège nous avait envoyé un paquet de cartes postales à distribuer à nos chers usagers. Il s'agissait d'une reproduction d'un collage intitulé 'Mauvaise graine' et réalisé par un artiste belge -wallon même- André St
as, spécialiste du genre. Quelques jours après l'envoi, scandale dans la presse : certains avaient passé leur temps à éplucher les mots collés autour de la lectrice et en avaient trouvé certains pas piqué des vers.
Bien que je n'aie pas remis la main sur les courriers de l'époque, il me semble que nous fûmes finalement priés de ne pas distribuer les pièces litigieuses. Sans quoi, comment expliquer que le paquet reçu se trouve, toujours intact, dans mon armoire à brol?






17 novembre 2008

Les yeux ouverts



Tous ces beaux jeux inventés
Pour passer devant les premiers

Ils ont donné son nom à ce blog, saluer leur retour me semblait...la moindre des choses. D'autant qu'ils persistent :

Le marchand de sable est passé
Nous on garde un oeil éveillé

Deux nouvelles chansons livrées dans l'urgence, qui habillent de mots simples la 'crise actuelle' comme ils disent dans les journaux. Ou qui la fusillent plutôt. Et même si l'une de ces deux-là n'est qu'une reprise -et quelle reprise- elles arrivent au bon moment. Pour peu, nous allions céder aux charmes confortables de l'hibernation. De justesse donc, deux salves auxquelles se raccrocher pour passer l'hiver éveillé.

10 novembre 2008

Bibliothèque = nid de...


("Le Soir" du samedi 9 novembre 2008)



07 novembre 2008

Les libraires aussi...

Oui, les libraires aussi en voient de toutes les couleurs. Celui-ci est spécialisé en bd et le rythme de publication de ses chroniques me fait pâlir d'envie. D'autant qu'elles sont soignées, pleines d'humour et reflètent un véritable amour du métier...et des livres. Et lui aussi, il a ses 'énervants', mais évidemment, il les appelle des 'clients'...ou alors des 'boulets' quand ils ont moins de 18 ans, qu'ils en savent plus que lui en bd ou qu'ils posent des questions dont ils connaissent déjà la réponse. Allez-y voir, 'Les libraires se cachent pour mourir' que ça s'appelle.
Bibliobus (II)

- Bonjour, c'est madame (tûûût), je téléphone parce que j'ai reçu une lettre de rappel à propos de deux livres que ma fille aurait encore soi-disant sur sa fiche, mais je les ai rentrés moi-même à la bibliothèque...
- Oui, un instant je vérifie...
- ...Madame, ils ne sont effectivement pas ici...puis-je vous demander d'encore une fois regarder chez vous?
- Ah non, je suis sûre de les avoir rentrés...je les ai mis de ma poche dans la boîte aux lettres....euh, de ma main dans la boîte aux lettres...
- Madame, si vous les avez déposés dans la boîte aux lettres, c'est à vos risques et périls...je ne suis pas responsable si quelqu'un d'autre les a ramassés avant moi...il n'y pas que la bibliothèque dans ce bâtiment comme vous le savez...et vous êtes censée les rentrer pendant les heures d'ouverture de la bibliothèque
- Moi je vous dit que je les ai rentrés et je ne veux plus en entendre parler...
- Très bien, dans ce cas, je devrai continuer à vous envoyer des rappels et la fiche de vos enfants sera bloquée jusqu'au retour des livres...
- Tant pis, de toute façon, je vais les inscrire à la bibliothèque de (tûûût)...c'est mieux là-bas...

- Comme vous voudrez, au revoir madame.


Et, juste avant de raccrocher, j'entends distinctement la voix de la gamine -elle était postée à côté de sa mère sans doute- : 'et dis-lui que les autres que j'ai encore sur ma fiche, il peut venir les chercher lui-même!'

03 novembre 2008

Fournisseur exclusif

Désarchiver, ce n'est jamais drôle. On repousse, on diffère, on atermoie. Jusqu'au jour où il faut bien s'y mettre. Les pieds de plombs, on s'avance, résigné et certain de n'avoir devant soi que d'arides documents à retirer des fardes, avant de les désagrafer et de les envoyer dans la caisse 'papier à recycler'.
Et puis on tombe sur ça.



(cliquez sur l'image pour être sûr de ce que vous lisez...)

21 octobre 2008


Ardoise

A mon père :
Les livres, au coeur de la maison. Beaucoup de bd évidemment, Blueberry et Tintin. Les premières lectures, à peine suggérées. Et aussi, la découverte de sa bibliothèque de classe, porte en bois du milieu sur le palier des 3è humanités.

Au monsieur du PMS :
Après mes humanités et une première année ratée en communication sociale, je vais le trouver avec la profonde conviction de ne pas devoir m'acharner dans cette branche. Une deuxième tentative? Non merci! Je lui parle des études de bibliothécaire. Sa seule réponse fut : 'bonne idée'.

A mon premier maître de stage :
La bibli, c'est pas toujours drôle et les bibliothécaire peuvent se révéler de sacrées têtes de cons.

Aux deux Marc, militaires en charge du centre de documentation de la gendarmerie -du temps où elle existait encore :
Premier boulot rémunéré dans la profession. Ils m'en ont plus appris en terme de service au public que mes trois années d'études. Au bout des six mois passés en leur compagnie, j'avais aussi intégré l'importance du 'bib-look'. Une bib en ordre et -pourquoi pas?- fleurie, et l'humeur d'une bonne partie de vos usagers s'en verra positivement modifiée. Ce qui ne manquera pas d'avoir des effets sur la vôtre. Encore aujourd'hui, j'applique.

A mon boss pendant 4 ans :
Néerlandophone qui voulait un francophone pour adjoint. Pour la confiance et la liberté très vite accordées. Pour le travail effectué sérieusement sans pour autant se prendre au sérieux. Pour les phrases qu'il commençait en français et que j'achevais en néerlandais.

A Bruxelles :
Quatre années de boulot à deux pas de la Grand'Place. Brassage de cultures. Petits cafés où le français et le néerlandais s'entrechoquaient aussi naturellement que les verres de bière. Bouquineries écumées du Boulevard Lemonnier.

Au bourgmestre qui m'a engagé :
Evidemment, il y a eu un examen et un jury. Mais qu'on ne me fasse pas rire : je sais que s'il avait dit non, les autres auraient suivi. Pour avoir tenu parole ("vous aurez des moyens financiers") et pour avoir placé cette bibliothèque au milieu du village.

A Philippe Djian :
Pour le titre de cet article dont l'accouchement fut si lent.

02 octobre 2008

Carotte La semaine passée, se trouvait dans notre courrier un exemplaire d'un nouveau magazine de cuisine, gracieusement envoyé par son éditeur, à titre de démonstration. 'Cook magazine' que ça s'appelle. Le sous-titre ferait frissonner de plaisir un DRH en mal d'appellations professionnelles anglophones incompréhensibles : 'Le magazine pour l'AmaProf'. Des poètes, j'en mettrais mon ustensile culinaire favori à couper. Mais enfin, on ne peut pas leur retirer ça, ils s'expliquent : 'Ce magazine trimestriel s'adresse aux nombreux cuisiniers amateurs passionnés qui veulent se lancer dans l'"AmaProf", une cuisine qui se situe un cran au-dessus de la cuisine de tous les jours'. Fiat lux.
Bilingue français-néerlandais, papier glacé et photos artistiques, l'objet ferait sans doute chic sur certaines tables basses. Une sympathique missive accompagnait donc l'envoi, nous vantant les mérites de l'assommante brochure (ça pesait son poids ce truc, au moins deux fois celui du 'Elle' de septembre) : 'Cook magazine est uniquement disponible par abonnement et n'est pas en vente dans les kiosques'. Ben oui, l'AmaProf, c'est pas pour les ploucs, faut être abonné. Hormis cet indéniable plus, peu d'avantages en fait. Sauf celui-ci qui, aujourd'hui encore, me titille les neurones de la curiosité : 'Si vous optez pour un abonnement de trois ans, vous recevrez un magnifique cadeau que vous pourriez utiliser afin de motiver vos collaborateurs'.

25 septembre 2008

Archives
Je vois qu'ici et là certains blogueurs particulièrement inventifs n'hésitent pas à remettre quelques-uns de leurs anciens posts en évidence, genre 'il y a un an, j'écrivais ici...'. Une telle originalité me laisse pantois, dévoré d'envie et perclus de jalousie. Comment n'y ais-je pas songé? Si je regardais un peu plus la télé, peut-être est-ce moi que cette formidable idée de recyclage à peu de frais et sans effort aurait percuté en premier? Blessé dans mon égo de blogueur et trop fier pour copier servilement la démarche, je vous invite, les semaines où vous me sentirez trop fade pour hanter ces lieux, à utiliser la petite colonne de droite, judicieusement intitulée 'archives de blog'.

18 septembre 2008

Rick Wright




Le lendemain matin, j'ai décroché 'Dark side' dans ma discothèque et mes clés à la porte d'entrée. Une fois en route, l'intro tant de fois écoutée vint me rassurer : tu n'étais plus là, mais ta musique persisterait. Délaissant le premier pont et mon parcours des matins habituels, j'ai poursuivi sur la rive gauche. A la fin de 'Breathe', je longeais la centrale qui, de l'autre côté du fleuve, n'en finit pas d'élever ses colonnes de vapeur. J'ai traversé la ville sans m'arrêter, pour arriver à la bib au milieu de 'The great gig in the sky', ton morceau de bravoure, l'une des perles du disque.

14 septembre 2008

Bibliobus

Vendredi, 17h. Beaucoup de monde et je suis seul au comptoir.
Ton fils, un pré-ado gentimment déconnecté, me ramène cinq bouquins, dont plusieurs bien épais, qu'il a empruntés lundi dans l'autre bib, la petite, dans le village où vous habitez. J'en suis sûr, c'est moi aussi qui 'pointe' là-bas. Je me permets -assez sèchement- de lui faire remarquer qu'il pourrait les ramener là, parce qu'après c'est quand même bibi qui les trimballe. Il fait simplement 'ah' et me demande la suite de l'un des cinq.
- 'ben, forcément, ils ne sont pas ici, ils sont à..., là où tu as empruntés ceux-ci'. Nerfs. Toi aussi, visiblement, parce que tu ne sembles pas apprécier que l'on envoie ses 4 vérités à ton petit.
Tu l'entraînes vers la sortie : 'allez viens, visiblement il n'a pas envie de te prêter de livres'. Comme je te demande de préciser, tu me réponds :
- 'ben oui, de toutes façons, vous n'êtes jamais agréable'.
- 'je ne suis jamais agréable?'
Moins sûre de toi sans doute, tu te contentes d'un 'non' bougon et tu te barres, entraînant ton gamin dépité derrière toi. Je peux m'occuper des autres lecteurs.
Bon, j'ai été assez ours, comme je peux parfois l'être avec les usagers incapables de respecter les bases du règlement. Ou avec ceux qui me prennent de haut. J'espère que tes mots ont dépassé ta pensée, parce que finalement, je l'aime bien ton lecteur de fils. Et c'est sans doute pour ça que je lui parle comme si c'était le mien.

07 septembre 2008

Elbow

Ce matin-là, il paressait dans son lit. Ce n'était pas courant, mais ces derniers jours sortaient définitivement de l'ordinaire. En vacances dans le nord de l'Espagne, il n'avait pour toute compagnie que ses parents. A 37 ans, même s'ils ne lui imposaient rien, et s'il ne se privait pas de leur faire part de ses envies, il avait l'impression de se laisser porter par le courant, comme lorsqu'il vivait chez eux et que, enfant, il allait où eux allaient, mangeait ce que sa mère avait préparé et regardait ce qu'ils avaient décidé de regarder à la télé. C'était comme si, durant la journée de voyage pour arriver jusqu'à cette maison, il avait abandonné en bord de route une partie du contrôle de son existence, avec l'idée de la récupérer au retour. Il se levait tard, déjeunait sur la terrasse et passait une grande partie de la journée à lire ou à écouter Blonde Redhead et Mogwai -ces derniers venaient de sortir 'Happy songs for happy people' et il ne s'en lassait pas.
Il lui semblait que le temps entre l'apéro de midi et celui du soir devenait de plus en plus court. Cela se sentait surtout les jours où le frigo était suffisamment rempli pour rendre toute virée de réapprovisionnement inutile. La journée s'écoulait alors sans coupure, sans voiture que l'on sort et sans autre rencontre que celle des lézards qui arpentaient les abords de la villa. Evidemment, ils avaient poussé jusqu'aux quelques grandes villes des alentours, visité l'un ou l'autre site historique pas trop éloigné et sacrifié du temps aux vitrines des commerces environnants. Ca ne le dérangeait pas, mais ça l'intéressait moins que dans une ville de langue française, dans laquelle l'opportunité de rentrer dans une librairie n'était jamais exclue. Il se débrouilait en espagnol, mais pas au point de lire Marias ou Mendoza dans le texte. Et les deux ou trois disquaires qu'il avait trouvés sur sa route ne proposaient rien d'exceptionnel ou qu'il ne puisse acquérir au même prix chez lui, en Belgique.

Ce matin-là, il paressait dans son lit. Sa journée commençait mieux que prévu. Le sms qu'il venait de recevoir ne comportait qu'une ligne, une phrase extraite d'une chanson d'Elbow. Bien sûr, il pouvait, de mémoire, compléter le couplet qu'elle entamait, l'écrire et l'envoyer en réponse à sa correspondante. Ce qu'il fit. Convaincu que ce sms scellait quelque chose entre eux, il prit la résolution de le conserver dans la mémoire de son gsm. Il y est toujours. Et depuis, quel que soit l'album d'Elbow qu'il écoute, il lui rappelle à chaque fois cet instant précis. Si besoin était.





05 septembre 2008

Un iceberg vaut parfois mieux que deux tu l'auras

Depuis que les lieux publics sont devenus 'non-fumeurs', le seuil de la petite porte réservée au personnel de l'administration communale a acquis un nouveau statut. Si vous voulez être sûr de coincer le bourgmestre ou un échevin, "it's the place to be" (j'emploie un vocabulaire 'in', histoire de me rattraper au bord de la fosse des 'has been' dans laquelle la suite de ce billet va définitivement me précipiter). Et la clope étant synonyme de détente (pour les fumeurs en tous cas...), votre interlocuteur sera logiquement de meilleure composition que si vous vous étiez fixés rendez-vous dans son bureau. Bureau dans lequel il compenserait le manque de cigarette en tapotant frénétiquement les touches de son GSM dernier cri, ce qui ne manquerait pas de vous énerver parce que vous subodoreriez qu'il n'en a rien à fiche de ce que vous lui racontez. Bref, autant se trouver là, sur ce seuil enfumé.

- Ah, dis, j'en profite pour te présenter Mlle..., c'est la nouvelle assistante pour les classes de maternelles...

Je tends la main, salue et me dis enchanté (je suis comme ça : à priori, je suis enchanté)

- Ben, tu fais pas la bise toi?

Certes si, mais pas si tôt. Lorsque je rencontre pour la première fois une représentante du sexe opposé, je salue d'une poignée de main -point trop vigoureuse. Car enfin, c'est quoi cette familiarité immédiate? Si l'on bise tout le monde à la première rencontre, que signifie encore ce baiser? N'est-il normalement pas le signe que l'on se connaît, que l'on a déjà au minimum échangé quelques mots?
Cette poignée de main, que je veux bien qualifier de désuette, aurait-elle définitivement acquis le statut de ringarde?
Et le temps de faire connaissance, cher politique, qu'est-il devenu? Serait-ce que, ce temps-là, la majorité de vos congénères ne le prennent plus, trop pressés qu'ils se trouvent à séduire, emballer et convaincre par la seule force de leur paraître et de quelques phrases creuses?
Il est vrai que faire connaissance plus en profondeur avec eux ne jouerait pas toujours en leur faveur. Mieux vaut parfois rester en surface.

29 août 2008

C'est ouvert mais c'est fermé

Notre femme de ménage préférée (j'écris ça parce que -qui sait- elle me lit peut-être et je ne tiens pas être privé de son café matinal) circule pas mal dans le bâtiment. Et, lorsque la bib est fermée au public, elle ne prend pas nécessairement la peine de donner un tour de clé à chaque fois qu'elle quitte une pièce pour y revenir quelques minutes plus tard. Lundi dernier, jour de fermeture donc, elle trouve un de nos fidèles lecteurs et non moins digne représentant du 3ème âge, errant dans les rayons.

Grand panneau 'horaires'? Pas vu!
Affichette 'fermé' juste en-desous du dit panneau? Fondue dans le paysage!

- euh, monsieur, c'est fermé aujourd'hui la bibliothèque...
- hein quoi? mais non c'est pas fermé aujourd'hui!
- si, si, je vous assure, on est lundi, ce n'est jamais ouvert le lundi.
- m'enfin, non, c'est pas fermé aujourd'hui!

Elle l'emmène jusqu'au panneau 'horaires' plaqué sur la porte d'entrée (quand elle est décidée, faut pas l'emmerder). Il regarde. Se renfrogne.

- ben, et on ne peut pas lui téléphoner au bibliothécaire, pour qu'il vienne?

22 août 2008

Back
Mercredi matin, première 'grosse journée' de reprise après 4 semaines de congés. On embarque dans le taxi les livres partis en vacances avec nous, et les enfants à déposer à droite et à gauche.
Question récurrente au moment où claquent les portières :
"Papa, tu mets quoi comme musique?". Je ne sais pas pourquoi, mais j'avais envie d'écouter ça :

"C'est comme la fin du siècle
On aura tout compris Même les Shérifs ceux qu'on achète On les distingue mal des bandits On a tout eu Ce fut un siècle formidable Quelques malentendus seulement Des histoires, des histoires Garde les yeux ouverts"

24 juillet 2008

Pause estivale

A défaut de cimenter les opinions divergentes exprimées en ces lieux, le bibliothécaire de campagne, en vacances, troque son clavier pour d'autres instruments, plus basiques.

Instruments qui ne se révèlent pas nécessairement plus simples à utiliser, du moins si l'on veut arriver à un résultat acceptable.

18 juillet 2008



Le revers de la technique

"A chaque avancée technologique, petit recul d'humanité", me disait l'autre jour mon libraire préféré. C'était un simple constat, pas une plainte. Nous parlions d'informatique évidemment. "L'informatique en librairie nous a fait gagner beaucoup d'argent, beaucoup plus que je ne l'aurais cru possible. Et je ne voudrais pas revenir en arrière. Mais je dois bien constater que les procédures mises en place -les procédures automatisées- conduisent parfois à des erreurs. Erreurs qui ne sont pas sans conséquences sur nos relations avec les clients."

Je ne voyais que trop bien ce qu'il voulait dire. La réception par certains lecteurs d'une lettre de rappel m'a déjà personnellement mené sur des sentiers que j'aurais préféré éviter. La lettre qu'ils reçoivent leur paraît sèche et injustifiée, pour ne pas dire injuste. Pour peu que vous ayez effectivement commis une erreur, le drame n'est jamais loin. Les trésors de diplomatie déployés n'y changent parfois rien : certains en restent vexés à tout jamais et n'y reviennent plus.

Il n'empêche : moi non plus, je ne voudrais pas revenir en arrière.

16 juillet 2008

Pour quelques secondes de plus

Ce matin, je suis monté par la même route que toi. C'est l'une des plus sinueuses qui mène au village, et sans doute la plus boisée. En cette saison, le vert des arbres donne par moment l'impression de traverser un tunnel. Le revêtement récent pousserait presque à forcer la vitesse. Je comprends qu'elle reste, année après année, l'un des rendez-vous les plus prisés dans le domaine des courses de côtes. Quatre jours après toi, j'arrive au sommet et la musique planante de Sigur Ros touche également l'un de siens. A vitesse réduite, je passe devant le poteau en béton, des fleurs le garnissent déjà et les traces noires sur le sol témoignent de ta trajectoire. Il est tellement excentré de la route : les organisateurs n'avaient pas pensé à placer l'un de leurs énormes sacs de sable devant. Sans doute y songeront-ils l'année prochaine.
Je lis dans la presse que tu étais quelqu'un de bien, je veux bien le croire. Ils écrivent également que tes essais s'étaient plus que correctemement déroulés, ce qui t'avait peut-être donné un peu trop d'assurance. Sans doute as-tu voulu tenter de livrer un meilleur résultat. Gagner quelques secondes. Tout comme moi en cet instant. Je ne tiens pas à couper Sigur dans son élan vocal, je veux arriver à la bib sur la fin ce morceau. Je ralentis.

14 juillet 2008

L'horrible impact

L'autre soir, au JT de la RTBF, la porte-parole de Siemens tente de noyer le poisson du nombre d'employés belges concernés par le nouveau plan d'assainissement de son employeur : 'nous ne savons pas encore combien de personnes seront impactées par ces mesures' lâche-t-elle, aussitôt pardonnée pour ce néologisme rébarbatif : visiblement, il s'agissait d'une néerlandophone.

Le lendemain matin, en radio, toujours sur la RTBF,
une jeune journaliste, trop fainéante pour remanier le communiqué de presse de l'allemande société ou -pire- croyant peut-être faire preuve d'originalité langagière, reprenait texto l'horrible expression.

Nul doute que par cette info, elle ne se sentait guère concernée.

02 juillet 2008

Objectif propreté (3)

Chose promise, chose due...



Je vous avais prévenus : celui-ci fait nettement plus trash. D'un autre côté, avouez que plus 'parlant' on ne fait pas : le gosse qui voyait ça en première page de son bouquin comprenait exactement ce qu'on voulait lui dire...

Je m'y attend dès à présent, les réactions vont fuser : 'et de son point de vue, l'escargot est un animal bien propre', ' et pourquoi la SPA n'a-t-elle pas réagi à l'époque?' etc etc... Autres temps, autres moeurs!

25 juin 2008

Objectif propreté (2)

Celle-ci figurait -toujours en première page- dans chaque bouquin d'un lot mis 'en permanence' à disposition de la bibliothèque par la Province de Liège. Années 60 je dirais.

Illustration 'délicieusement rétro' comme ils disent dans la presse.
Patience et confiance : la suivante laissera plus de traces...

20 juin 2008

Objectif propreté (1)

Premier d'une -courte- série d'ex-libris utilisés par mes prédécesseurs. Celui-ci était le mieux représenté : certains ouvrages de la réserve l'affichent encore en première page.


Tout change, mais rien ne change : quand on parle de 'bibliothèque publique', le mot 'règlement' n'est jamais loin...

16 juin 2008

Miroir

Je sais que la vie ne t'a pas épargnée. Il y a eu l'accident de ton fils, il y a quelques années et, dernièrement, la mort inopinée de ton mari. Depuis lors, c'est chaque fois une de tes voisines qui te conduit jusqu'ici. En sortant les bouquins de ton sachet, je t'ai entendu lui dire 'celui-ci tiens, c'est une femme qui raconte la maladie puis la mort de son fils...pfooouuuu, je n'aurais vraiment pas su le lire'. Quelques instants plus tard, visant 'Vous vous appelez Michèle Martin', le dernier de Nicole Malinconi placé en évidence sur le présentoir, tu as également eu une réaction de dégoût, confirmée par ta chauffeuse.
C'est drôle, je me rappelle avec certitude que ces deux bouquins ont été demandés -et appréciés- par la même personne. Qui, elle, ne m'a jamais raconté sa vie.

09 juin 2008

Chaos calme

Un homme, suite au décès inopiné de sa femme, décide de revoir ses priorités. De ne plus aller au travail sans pour autant démissionner. On prévoit le chaos. Qui ne vient finalement pas, ou qui se révèle très mesuré. Alors que Pietro s'attend à être pris d'assaut par le chagrin et à voir sa fille déprimer, rien ne se passe. Le 'coup sur la tête' ne vient ni pour l'un ni pour l'autre. Bien sûr, la mort de leur mère et femme les attriste, mais leur vie n'en paraît pas fondamentalement boulversée. Elle continue. C'est le 'chaos calme'...

Cadre haut placé d'une société de communication, Pietro Palladini décide un beau matin de ne plus aller au travail. Dorénavant, parce que Claudia, sa fille, est devenue le point central de son existence, il passera ses journées devant son école. Il sera là tout le temps pour elle. Contrairement à ce qu'il pensait, cette décision ne va pas entraîner son renvoi de la société. D'abord interloqués, suspicieux et curieux, ses collègues vont finalement accepter cette décision : son boulot, Pietro, l'accomplira aussi bien de là-bas, devant cette école, qu'ici, derrière son bureau. Sa voiture est équipée d'un fax et, de nos jours, tout ne se règle-t-il pas par GSM? Et puis, si lui ne déplace pas, il ne tient qu'à eux de le faire. Et c'est effectivement ce qui va arriver. La voiture de Pietro va devenir l'endroit à la mode pour ses amis, collègues et connaissances. Celui qui est censé souffrir le plus, c'est-à-dire lui, Pietro, qui vient de perdre sa femme au moment où il en sauvait une autre de la noyade, ce qui l'a poussé à cette étrange décision de ne plus bouger de l'école de sa fille, va devenir le confesseur des petits et grands malheurs des autres. « Ils ne sont pas venus bavarder, me tenir compagnie ou dissiper un dernier doute sur ma santé mentale : ils sont venus souffrir ». Leurs histoires et soucis, il va les faire siens et aucune ne le laissera indemne. Elles deviendront prétexte à discussions animées ou sujetes à rélexion intimes. Lorsque son ancien patron lui confiera que son propre père ne venait jamais le chercher à l'école parce qu'il était pilote, et que lui-même a appris à piloter 'pour le plaisir', Pietro ne pourra s'empêcher de penser qu' « il y a toujours un père derrière les satisfactions que les hommes trouvent dans la vie ». Plus tôt, alors qu'il croyait -erronément- sa fille plus traumatisée qu'elle n'en avait l'air, il en arrive à la conclusion qu'«un enfant raisonne très différemment des adultes, et qu'il n'est pas dit qu'il soit troublé par les choses que les adultes estiment pouvoir les troubler tandis qu'au contraire il peut être troublé par des choses que les adultes ne voient même pas ». Le fait est que ni lui, ni sa fille, se montre sa souffrance comme il semble que tout le monde l'attende : point de pleurs ou de crise de nerfs publiques : « Nous ne souffrons pas encore; nous accusons le coup, comme ça, pour le moment, et même je dirais que nous ne l'avons pas encore accusé, nous tournons autour, nous nous comportons comme si rien n'était arrivé, comme si Lara était, que sais-je, en voyage, et nous attendons que la souffrance arrive et inonde nos vies, en nous limitant pour le moment à attirer celle des autres ».

Ecrit à la première personne, ‘Chaos calme’ brasse de multiples thèmes : la mort bien sûr, mais également les relations familiales, les liens père-fille, la vie en entreprise et...le hasard (voir mon billet du 29 mai). Même s’il ne se passe finalement pas grand chose, le récit passionne dès le départ, par son alternance de petites phrases justes et réfléchies et de passages extrêmement drôles, voire franchement hilarants. Multipliant les références aux chansons de Radiohead, Veronesi nous ouvre les yeux sur certains éléments passés inaperçus, et arrive même à leur donner un nouveau relief. A tel point que n'importe quel fan ressentira le besoin de les réécouter une fois de plus.

'Chaos calme', Sandro Veronesi, Grasset, 2008

06 juin 2008

Semaine faste

"Avec vous, j'obtiens toujours tout ce que je demande"...hum, faut pas pousser, mais bon, pour une fois que j'en tiens une qui me demande d'acheter autre chose que le dernier Lévy, je la chouchoute, c'est vrai...

"On ne se mouche pas du pied gauche à la bibliothèque"
...pardon, j'ai omis de te préparer au choc. T'annoncer de but en blanc que le prix de la cotisation annuelle s'élève à 6 euros, quel manque de tact...

"C'était pas terrible ce bouquin, dommage, le titre me plaisait bien"
...publicité mensongère sans doute, 'Pas de maris, pas d'ennuis' disait la couverture.

"Je voulais vous acheter ce livre qui était dans la caisse des 'à vendre', mais en l'ouvrant j'ai vu mon nom dedans"...ben oui, tu me l'as donné il y a quelques semaines...

29 mai 2008

Reflets


"...et là, apportant une contribution exemplaire, pavlovienne, à notre soirée, le micro rend l'âme. Il meurt de cette façon péremptoire qu'ont les objets de nous claquer d'un coup entre les doigts, en nous signifiant que cette fois, il ne s'agit pas d'un caprice, d'un défaut auquel on peut remédier en bricolant, ou d'une panne qu'on peut réparer, mais bien d'un fameux Evénement Inéluctable qui tôt ou tard survient pour tout objet en fonctionnement dans notre univers. Une mort, justement : un trépas. La chose est si claire que personne ne tente un geste pour le ranimer, pas même le type à l'allure de lémurien qui tournicote dans la salle avec l'air d'en être le responsable et qui, au signe interrogateur que lui adresse la présidente, répond en secouant sa grosse tête chauve."
(Sandro Veronesi, 'Chaos Calme', Grasset, 2008)

Avancer dans 'Chaos calme', et y trouver ce mélange de profondeur et de détachement que l'on ne s'attendait pas y trouver, quel plaisir. L'humour m'a moins pris par surprise : mon libraire m'en avait touché un mot. Il avait par contre omis de me parler de l'un des thèmes principaux. A savoir, la correspondance que nous établissons -peut-être parfois abusivement- entre deux événéments pourtant bien distincts de notre quotidien. Ou encore, le reflet d'un fait réel que nous croyons voir dans l'oeuvre d'un écrivain ou d'un chanteur, oeuvre qu'il nous est presque simultanément donné de lire ou d'entendre...
Pietro, le narrateur, ne peut-il ainsi s'empêcher de trouver des échos à ce qu'il vit dans certaines paroles de Radiohead : sa femme meurt d'une rupture d'anévrisme et quelques temps plus tard, il perçoit cette phrase dans l'une de leurs chansons : 'we are accidents waiting to happen'. Il roule trop vite dans les rues sinueuses de Milan et Thom Yorke lui intime 'hey man, slow down, slow down...'. Jusqu'à cette scène où, au beau milieu d'une conférence sur la mort à laquelle il regrette d'assister, le micro de l'orateur décède inopinément. Destin? Hasard? Karma?
Quelques heures avant de lire ce fameux passage, j'étais tranquillement là, à cet endroit d'où je vous écrit en cet instant et, tout aussi péremptoirement -et définitivement : j'ai dû en racheter un autre- que le micro de Veronesi, mon modem me lâchait, me coupant du monde virtuel.

23 mai 2008

Ex-Libris

Les dons, souvent -et inexplicabement- échouent par vagues. Plusieurs arrivages en nos murs en l'espace de deux semaines. Tri rapide. Quelques petites choses intéressantes. Dont certaines agrémentées de ceci :

Ci-dessus, dans un 'Fleuve Noir' de 1960, un feuillet, collé en face de la page de titre, porte la marque (devrais-je écrire 'les armoiries'?) et l'adresse de l'ex-propriétaire.


Et ici, dans un 'Folio' de 1990, la même illustration, version 'cachet' -l'adresse a changé.
Bizarre, cette pratique -le cachet, la marque d'appartenance- m'en rappelle une autre, propre à mon travail quotidien. Un bibliothécaire dans l'âme sommeillerait-il en chaque amoureux des livres?

15 mai 2008

Sens unique


Elle, voix plaintive dans le cornet : 'Bonjour, c'est madame...., je suis en train de vider la maison de ma mère, mais je ne sais pas me déplacer et j'ai des livres à venir chercher'
Moi, méfiant : 'Euh, oui, et ils sont dans quel état?'
Elle : 'Oh, pas trop mauvais'
Moi : 'Et c'est quel genre de livres, madame?'
Elle : 'Ben, il y a des 'Nous deux' et des 'Zola', 'Baudelaire'....'
Moi : 'Bon...écoutez, je ne vais pas les prendre, nous ne sommes pas intéressés'
(Silence)
Elle, tentant sans doute de me prendre par les sentiments : 'Bon, ben alors, je vais les brûler'
Moi, écolo dans l'âme : 'Les brûler? Vous pourriez aussi les porter au parc à conteneurs ou les donner à une oeuvre caritative...'
Elle : 'Ben, je sais pas moi, vous pourriez pas vous, les donner à la Croix Rouge, avec une camionnette de la Commune?'
Moi : 'Ah non, ça non plus, ça ne va pas être possible'
Elle, définitive : 'Enfin, on veut rendre service et puis voilà comment on est reçus hein...'

09 mai 2008

Concurrence



Tu habites pile en face. Je me demande d'ailleurs si tu tiens compte des horaires, ou si tu attends de voir ma voiture garée là, à quelques mètres de l'entrée. Les lectures et autres travaux scolaires t'amènent régulièrement à venir me saluer. Si régulièrement que je te croyais 'à l'aise' ici. Je sais que, parfois malgré moi, je peux impressionner les ados. Avoue quand même que vous nêtes pas un public facile : j'aimerais vous voir plus nombreux et, en même temps, lorsque vous déboulez avec vos références incomplètes, vos questions mal formulées et votre air renfrogné, j'ai un peu de mal à vous répondre aimablement. Sincèrement, je croyais qu'on avait passé ce stade-là. Que tu avais compris que je ne mordais pas. Ou rarement.
Lundi, tu es rentrée pour me demander de prolonger une durée de prêt, puis avant même de me donner le titre du bouquin en question, tu es devenue toute rouge et je t'ai entendu bafouiller 'oh, mais non, que je suis bête, celui-là, je l'ai pris à la bibliothèque de l'école...'. Ca arrive si souvent que des lecteurs me rendent des livres empruntés chez des confrères de la région...mais tu ne le sais pas évidemment. A tes yeux, tu venais de commettre LA boulette. Tes derniers mots ne furent que chuchotements timides. J'ai quand même compris que tu t'excusais et tu as filé illico te mettre à l'abri dans ta maison. Ca s'est passé si vite, mais je pense quand même avoir eu le temps de te dire que ça n'avait vraiment aucune importance, que c'est très bien de fréquenter plusieurs bibliothèques, enfin quelque chose pour te faire comprendre que je n'étais vraiment pas fâché du tout du tout du tout...

06 mai 2008

Blog

Elle est de retour. Depuis plus d'un mois, et ce n'est que hier, grâce à Pitseleh, que j'ai découvert son nouveau blog. Intitulé 'Sometimes, you're the salt in my coffee' (serait-ce une allusion à la formidable chanson d'Arno, "Ants in my tea"?), son blog est destiné à tout le monde, dit-elle, mais elle le 'dédie avec une tendresse toute particulière à ses confrères bibliothécaires d'ici et d'ailleurs'. Merci à elle donc. Elle? Ion, la bibliothécaire acariâtre dont j'ai déjà parlé en ces lieux. Nous la savions acerbe verbalement, voilà qu'elle déverse joyeusement sa vision pour le moins critique sur le métier de bibliothécaire, via la bd cette fois. Une bouffée d'air frais, allez-y voir.

05 mai 2008

De l'anonymat


Dans le "Charlie Hebdo" du 23 avril 2008 (avec ce congé du 1er mai, je n'ai pas encore reçu le numéro du 30...), une certaine Amélie Nothomb fustige les bloggeurs anonymes. Selon elle, 'tout texte courageux et juste comporte une signature' et 'un message qui ne comporte pas de signature digne de ce nom doit être tenu pour inexistant'. Etant donné qu'elle ne prend pas la peine de préciser si elle tape tous les bloggeurs anonymes dans le même panier (les 'journaux intimes' et les 'donneurs d'opinions'), je me sens visé. Je suis comme ça, la tête près du bonnet et toujours prompt à dégainer.
Mine de rien, Amélie en rajoute une couche, elle emboîte le pas aux pourfendeurs rapides et récents de la planète internet et plus particulièrement des blogs. Quand même, si n'importe qui peut s'exprimer et être autant lu qu'un auteur 'publié', sans même être obligé de signer de son vrai nom, où va-t-on? Et comment encore justifier mes droits d'auteurs, puisqu'ils écrivent gratos, ces plumitifs nains?
Le fait de signer mes humeurs de bibliothécaire de campagne autrement que d'un simple 'Nescio' leurs donneraient-elles réellement plus d'impact? Est-ce que pour vous, fervents lecteurs de ces humeurs, le sceau de la vraie vérité pourrait être aposé sur ce blog dès le moment où vous sauriez que son auteur se nomme Raimond Gregorius, bibliothécaire à Marchin ou Maurice Tillieux, classeur/rangeur à Beauvechain ou encore Nicolas Fanuel, préposé au prêt à Amay? Et d'ailleurs, le sceau de la vraie vérité est-il si important? Dès le moment où la rencontre entre un texte et un lecteur produit l'étincelle, celle-là même qui donne l'envie de prolonger la lecture, la messe n'est-elle pas dite? Je ne sais pas qui est Pascal Mercier, et pourtant son roman, plus d'un an après, me trotte toujours en tête. Je n'ai jamais vu Gérard Manset en télé, et pour ce que j'en sais, il pourrait tout aussi bien s'appeler Sébastien Poirier, ça ne m'ôterait pas l'envie de l'écouter encore et encore. La plume et le souffle comptent, si l'auteur est quelqu'un de bien, tant mieux. En quoi, par envie de tranquilité, son usage d'un pseudo, enlèverait-il de la valeur à ses écrits et les rendraient-ils 'inexistants'? Peut-être que demoiselle Amélie n'avait pas grand chose à dire, mais que, pas grand chose, signé de son nom, ça reste malgré tout bon à publier? Et sans doute n'a-t-elle jamais entendu Manset chanter 'Gardez vous des honneurs de ce monde-ci; de l'éclat de ce monde-là'.

03 mai 2008

Licence poétique

Brel était familier du procédé. Il osait, il tordait la langue pour exprimer exactement ce qu’il sentait ou voyait. Dans ‘Le gaz’, l’escalier colimaçonne, les ‘Bigottes’ s’embigotent les yeux baissés et durant son ‘Enfance’, il arpégeait son chagrin. Trois exemples parmi des dizaines d’autres. C'est inspiré, et ça n'écorche pas les oreilles. J'enrage par contre d'entendre et de réentendre Bashung chanter sur son dernier album, 'un jour je courirai moins, jusqu'au jour où je ne courirai plus'. Superbe album par ailleurs, tellement que je le distille et me contraint à ne pas le laisser tourner en boucle. Mais bon, sur cette paresse-là, Alain perd quand même des points...qu'est-ce qui l'empêchait de demander à Gaëtan Rousel, l'auteur ce texte, de remplacer 'courirai' par...je ne sais pas moi...tiens : 'chanterai' par exemple?

23 avril 2008

Esprit d'à-propos

Plus d'un mois sans avoir posté quoi que ce soit sur le blog. Mais je suis toujours là. Et de retour avec cette petite scène (comique ou décidément trop vulgaire pour ces pages, choisissez) suivie en direct pendant la dernière animation organisée à la bib.
Une classe d'une quarantaine d'étudiants, agés de 12 à 14 ans. Je vous passe les détails du contenu, du pourquoi et du comment de l'organisation...pour en arriver au moment où l'animateur aborde la question de la publicité. Prenant exemple sur les images récurrentes rencontrées dans la pub (les îles paradisiaques, les paysages de rêve, les mannequins aux corps 'parfaits', le soleil qui brille toujours...), il montre à quel point ces images peuvent êtres 'biaisées'...
A ce point précis de son 'discours', l'un des jeunes, plus vif que les autres sans doute, ne put contenir sa verve : '
ah ouais, ça c'est sûr, les mannequins, elles sont complètement biaisées'.

Le croirez-vous? Je suis persuadé qu'il n'y a lui-même rien vu d'amusant. D'ailleurs, ni son prof, ni ses petits corelégionnaires n'ont moufté. Sans doute étais-je le seul esprit mal tourné de la bande....

17 mars 2008

Force majeure

"On transporta le corps d'Adela à l'école. Sans le vouloir, Ramon se retrouva à la tête du cortège funèbre. La foule ne s'ébranla que lorsqu'il eut fait le premier pas. On étendit la morte sur le sol d'une des deux salles de classe. On la plaça sur une natte pour qu'elle ne se salisse pas et elle resta protégée par la couverture de Pascual. Quelqu'un alluma des cierges aux quatres coins du cadavre. La salle commença à se remplir."
(Extrait de 'Un doux parfum de mort', de Guillermo Arriaga)

Un peu plus d'un an avant que je ne sois engagé ici, un drame épouvantable avait secoué le village. Un homme, profondément dépressif, avait abbattu quatre membres de sa famille, avant de se suicider. Les circonstances me sont peu familières, j'ai seulement retrouvé quelques articles de presse. On m'a rapporté qu'à ce moment-là, la rénovation du bâtiment, devenu aujoud'hui la bibliothèque, se terminait. Vide, il avait donc été réquisitionné pour abriter les cinq cercueils. Cette salle, à partir de laquelle ces quelques mots vous sont envoyés, servit donc quelques temps (un, deux jours?) de morgue. Ou de funérarium, puisque le village n'en comptait pas à l'époque. Aujourd'hui, et bien que le chiffre de la population n'ait pas beaucoup augmenté, les familles endeuillées ont le choix entre deux entreprises spécialisées, toutes deux établies dans la rue principale toute proche.

05 mars 2008

Dédicace (2)
Sur la première page, au crayon, à côté de la date à laquelle tu l'as reçu -ou acheté- et juste avant ton nom, tu as écrit "temps d'angoisse instable". Sans doute faut-il lire "temps d'angoisse, instable". Te connaissant et sachant que tu n'es pas du genre à dramatiser, j'en ai presque des frissons. Mon imagination s'emballe. Qu'est-ce qui a bien pu te pousser à écrire ces trois mots? Je ne doute pas qu'ils évoquent exactement l'état psychologique dans lequel tu devais te trouver. Je crois me rappeler. C'était il n'y a pas si longtemps, ton mari est passé rendre tes livres. D'habitude, c'est toujours toi que je vois. Il m'a parlé d'une courte hospitalisation. Sans doute qu'au moment de nous le céder, tu avais oublié ces trois mots, écrits presque dans l'urgence. Comme à chaque fois que je trouve une marque personnelle dans un livre, je vais devoir les masquer. Dans ce cas-ci, un simple coup de gomme suffira.

29 février 2008

Reclassement



Alors comme ça, tout était faux. Toute cette histoire, c'était de l'invention. Grâce à l'acharnement d'un journal, 'Le Soir', nous apprenons aujourd'hui que le récit 'autobiographique' de M. Defonseca, 'Survivre avec les loups', relève finalement de la fiction pure. Reste peut-être une belle histoire; j'écris 'peut-être' parce que je ne l'ai pas lu.
J'imagine que je ne suis pas le seul bibliothécaire à y penser : toutes les bibliothèques qui l'ont acquis avant aujourd'hui vont probablement devoir réviser la fiche catalo de ce récent objet du délit. Et le faire passer du rayon 'autobiographies', ou 'biographies' ou encore 'récits de vie' à ceux consacrés aux fictions. Sauf dans 'ma' bib. Non, il ne s'agit pas encore de l'une de ces prémonitions bibliothéconomiques qui assoient ma réputation plus loin que l'internet ne porte. C'est plus simple. Notre exemplaire nous fut légué par un zélé lecteur. Une édition 'club', style France Loisirs. Le parcourant aujourd'hui, je me rends compte qu'à aucun moment il n'est précisé que c'est une histoire vraie. Fort logiquement, il s'est donc retrouvé avec les autres romans.

26 février 2008

Eternels disparus

J’ai déjà dit ici tout le bien que je pensais d’Arnaldur Indridason. C’est avec ‘L’homme du lac’, quatrième enquête du commissaire Erlendur qu’il nous est revenu fin 2007. Quelques mots pour vous allécher.
Tout commence avec un phénomène inexpliqué : la baisse soudaine et régulière du niveau du lac de Kleifarvatn. Voilà qui n’aurait normalement pas dû concerner la police criminelle de Reykjavik. Sauf qu’un beau matin, une promeneuse découvrit à quelques mètres de l’ancien rivage du lac ce qui ressemblait bien à des ossements humains, solidement attachés à un vieil émetteur radio. Le cadavre se révélât rapidement dater d’une trentaine d’années ; quant à la cause du décès, nul doute qu’elle ne revêtait aucun caractère accidentel. Le nombre de personnes disparaissant chaque année en Islande étant assez réduit, Erlendur décida tout simplement de reprendre chaque dossier non résolu de disparition datant de la fin des années ’60. Ses recherches l’aiguillèrent vers une femme dont le fiancé n’avait plus donné signe de vie depuis 1968. Un soir, alors qu’ils avaient rendez-vous, l’homme, toujours si ponctuel, n’était tout simplement jamais venu. Sa voiture avait été retrouvée quelques temps plus tard, stationnée devant la gare de Reykjavik. La femme, qui devait bien avouer ne pas savoir grand-chose du disparu –ils ne se connaissaient pas depuis longtemps- ne s’était visiblement jamais relevée de cette épreuve et semblait toujours espérer un improbable retour.

Touché par cette histoire, Erlendur va, au risque de contrarier ses collègues, focaliser la résolution de l’énigme de ‘l’homme du lac’ sur la personnalité du fiancé disparu.
C’est encore une fois à son enfance qu’Erlendur se voit confronté. Marqué par la disparition de son frère, intervenue alors qu’ils étaient tout jeunes, il ne peut qu’être interpellé par l’histoire que lui raconte cette femme. Comme elle, il n’a sans doute jamais cessé d’espérer qu’un jour son frère ressurgisse du passé, bien vivant. Dès lors, il met toute son énergie, son cœur et son flair de flic au service de cette nouvelle quête : identifier l’homme du lac, comprendre comment il a fini là, qui l’y a mis, et pourquoi. Même s’il ne dispose d’aucune preuve que ce squelette soit bien le fiancé disparu, il demeure intimement convaincu de l’existence d’un lien entre les deux affaires. Il ne sait pas lui-même ce qu’il veut réellement. Opérer une coupure nette et définitive dans les espoirs de la femme ? Où la conforter dans son espoir insensé qu’un jour son homme réapparaisse ? Qu’importe, patiemment et sans se soucier de l’opinion des autres, Erlendur va suivre sa piste, celle de cet homme dont il ne sait rien et à qui il veut désespérément rendre une identité, une histoire, une vie. Quelle qu’elle soit : celle d’un salaud qui a planté là celle qui l’aimait, ou celle d’une victime oubliée méritant au minimum une sépulture digne de ce nom.

L’homme du lac / Arnaldur Indridason ; traduit de l’islandais par Eric Boury. – Paris : Métaillé, 2008. – 348p. – 19 euros

12 février 2008

Rôle social

Ces derniers temps, tu es plutôt déprimée et, aujourd'hui, lorsque tu es rentrée, j'ai toute suite su que ça n'allait pas mieux. Ta dernière fille vous a laissés seuls, ton mari et toi. Et je sais que cette séparation fut agitée; tu m'en as raconté quelques épisodes. Elle n'a pas vingt ans, tu me dis qu'elle a perdu la tête pour un jeune voyou et qu'elle a tout quitté du jour au lendemain. Elle vit loin de vous à présent. A t'entendre, il s'agit d'un squat, sans le moindre confort et, en tous cas, trop loin du village. Tu ne la vois plus que rarement et chaque rencontre se termine mal. Ses mots sont durs pour vous; c'est ce qui te peine le plus. 'Il ne me reste plus rien. Avec mon mari, on est comme des cohabitants. Qu'est-ce que je peux encore faire de ma vie? Prendre les poussières et faire les courses une fois par semaine...'. J'ai compris que tu n'exagérais pas et que cette histoire te minait au plus profond. Alors que je cherchais quelque chose de vaguement réconfortant à te répondre, d'autres lecteurs sont arrivés, m'obligeant à me détourner quelques instants. Tu m'as demandé de garder ça pour moi, puis tu es partie.

31 janvier 2008

Le poids de la culture

Puisque tu n'as pas su terminer 'La dentellière d'Alençon', de Janine Montupet -trop compliqué- tu me demandes conseil : 'quelque chose de plus facile, d'amusant, histoire de me reposer un peu'. Parcourant les nouveautés, je te suggère le dernier Woody Allen. 'Woody Allen? Il a écrit des livres?' Tu soupèses l'ouvrage, parcours le 4ème de couverture : 'ben, mon éducation ne m'a pas habituée à lire des livres aussi minces, mais enfin, pourquoi pas?'. Histoire d'être sûre que mon petit cerveau a bien assimilé l'info, tu ajoutes : 'je lis toujours des gros livres'. Sidéré par la justesse inédite de ce critère de sélection, je m'en retourne, silencieux, derrière le comptoir. J'enregistre tes emprunts et le temps pour toi de rassembler enfants, clés de voiture et sacs divers, je te regarde. Il n'est effectivement pas très difficile de t'imaginer, petite fille, rentrant de l'école, pliée en deux sous le poids ton cartable. Ton père, sévère mais juste, t'attends dans son bureau. Le temps de lui présenter tes respects et, de sa belle voix grave, il t'informe du programme de cette fin de journée : 'aujourd'hui, ma petite, ça sera 250 grammes de Victor Hugo'.

30 janvier 2008

Par les sentiments

A l'éternelle question de savoir 'mais non didju, comment donner le goût de la lecture à nos chères têtes blondes?', un maire espagnol vient d'apporter une réponse -à mon avis- inédite. En tous cas, si les jeux télés ne vous avaient pas convaincu que l'être humain, à partir du moment où une somme d'argent lui est promise, est capable de tout, voici de quoi possiblement vous faire changer d'avis. Je vous livre l'info telle qu'elle figure sur 'fil info' du 'Soir' :

Des enfants payés un euro de l’heure pour lire

mercredi 30.01.2008, 12:51

Les enfants du village espagnol de Noblejas seront désormais payés pour lire. Ainsi en a décidé leur maire, Agustin Jimenez Crespo, persuadé que cette initiative « pionnière » leur fera aimer la lecture. La commune de 3.300 habitants, située à 55 kilomètres de Tolède (centre), « subventionnera les familles à hauteur d’un euro par heure passée à la bibliothèque » par leurs enfants scolarisés en primaire, a annoncé la mairie dans un communiqué. Il s’agit d’une « initiative pionnière et ambitieuse en matière d’éducation », ajoute la mairie, qui explique que l’objectif est de « renforcer le rôle actif des parents dans l’éducation de leurs enfants ».


Juste une chose : est-ce que TOUTE une heure pour SEULEMENT un euro, ce n'est pas pousser un peu loin l'ambition culturelle?

24 janvier 2008

Répondeur

Deux messages après le week-end. Une voix d'homme grommelle sur le premier. Rien compris. Second message, même voix : 'c'était pour savoir si vous aviez Léon, de Léon Walter...[blanc]...chez Tillage'. Clop. Raccroché.
Ben oui, on l'a et il est même disponible. Si tu m'avais laissé ton numéro de téléphone, je t'aurai appelé pour te prévenir. Je me serai même abstenu de toute remarque désagréable à propos de tes références erronées. Leon Walter Tillage, c'est son nom à l'auteur. Tillage, ce n'est pas un éditeur. Mais bon, on est habitués à ce genre de cafouillage et, en général, avec un seul mot -titre ou auteur- on arrive à retrouver ces bouquins que l'école vous force à lire. Trop forts hein, ces biblios?

Malheureusement, pas plus qu'elle ne t'a appris à dire bonjour pour commencer une conversation, ta maman ne t'a dit de te présenter et de laisser tes coordonnées...

11 janvier 2008

Mercredi matin

Départ quelques minutes avant 8h. Les infos à la radio m'apprennent que, finalement, les sondages se sont plantés et que Hillary s'en tire bien. De son côté, Guy a remis au Roi une note exposant sa vision de l'avenir de notre pays. Suffit. Je zappe et l'auto-radio reprend la lecture du cd en cours.
New Pornographers : 'Go Places'. (Yes a heart should always go one step to far).
Les phares des voitures que je croise m'éblouissent. Il ne me semble pas que ça me gênait autant avant. Les constructeurs les ont-ils conçus plus puissants? Springsteen : 'Radio Nowhere'. Ou alors, ce sont mes yeux. Plus aussi vaillants. Déposer les filles à l'école. Un baiser de chacune avant l'ouverture des portes. Une fois sorties, elles ne se retournent jamais. Pas de dernier signe de la main. Est-ce qu'à leur âge, je le faisais pour mon père? J'attends quelques secondes. Ca va trop vite. Joan Osborne : 'One of us'. (What would you ask if you had just one question?).
C'est jour de marché et ça bouchone. Il fait encore trop sombre pour lire en attendant de pouvoir enclencher la première. Heureusement qu'il y a la musique. Encore un arrêt. Déposer les livres à plastifier et récupérer ceux laissés avant le congé.
White Stripes : 'Jolene'. Quelques kilomètres et on y est. Fermée pour travaux pendant des mois, une des quatre routes qui mène au village vient d'être rouverte. Ma préférée, sinueuse et arborée. J'arrive sur la place, la bib est toujours là, tout est allumé, la femme de ménage arrive tôt. Killers : 'Tranquilize'. (Always here, always on time). Précisément.

09 janvier 2008

Extraits



Pour en finir et bien que cela ne finisse jamais, quelques phrases extraites des 'Disparus' de Daniel Mendelsohn, dont je parlais il y a peu.


'Nous sommes, chacun de nous, myopes, ais-je compris à cet instant-là; toujours au centre de nos propres histoires'.


'J'ai pensé aussi combien il est plus facile, souvent, d'être cruel avec ceux qui sont véritablement nos proches, avec ceux que nous connaisons intimement'.


'Parce qu'il est historien de formation, tout comme je suis héléniste, il essaie de voir les choses dans leur complexité, se méfie des généralisations, tout comme j'aime regarder les problèmes à travers la lunette de la tragédie grecque qui nous apprend, entre autres, que la véritable tragédie n'est jamais une confrontation entre le Bien et le Mal, mais plutôt, de façon plus exquise et plus douloureuse à la fois, un conflit entre deux conceptions du monde irréconciliables.'

03 janvier 2008

La bibliothèque est un lieu de passage

Suite à ceci donc, les plus attentifs d’entre vous auront remarqué que j’avais numéroté ce sympathique petit récit du 30 octobre. C’est donc qu’il y en avait –au minimum- un deuxième. Que voici.
Le cadre : la bibliothèque de Liège, la grande, la principale : Les Chiroux. Certains de nos confrères avaient noté l’étrange manège : un jeune homme, toujours le même, stationnait devant l’entrée du bâtiment durant d’assez longues périodes. Stationnait pédestrement j’entends. A intervalles réguliers, il faisait une courte incursion dans le hall d’entrée, jusqu’au présentoir à dépliants publicitaires. Il faisait mine d’y farfouiller quelques secondes, juste avant de s’éclipser prestement. Aussitôt une autre personne rentrait à sa suite et se dirigeait, elle aussi, droit vers le présentoir qui subissait le même sort farfouillesque. Au bout d’un temps, ils ont compris, nos confrères. Se sont précipités juste entre les deux personnes et ont découvert ce que la première avait laissé et ce que la seconde venait y chercher : un sachet d’une quelconque stupéfiante matière.