26 août 2007


Incommunicado


"A part le flic qui pelletait, ils m'ont tous regardé comme si j'étais un crétin, et pourtant je disais vrai, ce qui montre comment les gens n'arrivent jamais à se comprendre les uns les autres ni à savoir quand quelqu'un dit la vérité ou non."

Odell Deefus, un jeune homme tout frais sorti de son patelin perdu, mi-innocent mi-bonasse, se retrouve malgré lui entraîné dans un engrenage qui le conduira jusqu'au bout de la logique anti-terroriste américaine. Tombé en panne dans le petit village de Callisto, il est recueilli par un type dont il n'arrive pas à déterminer s'il doit le classer parmi les gentils ou les méchants. Et c'est bien là tout le problème de Deefus. Il divise ses congénères en deux catégories, mais comme il manque d'expérience, il classe un peu vite le moindre pékin un rien aimable parmi les gentils. Ce qui ne manque pas de se retourner contre lui, vu l'extrême propension d'une partie de l'humanité à profiter sans vergogne de l'autre, jugée décidément trop conne. Un cadavre, puis deux, suivis par des paquets de drogues et des allusions à des projet d'attentat 'islamite' vont placer Odell sous l'oeil suspicieux des forces de l'ordre. Pris dans leur propre logique (trouver un coupable à tout prix et le faire parler), les flics se montreront incapable de voir en Odell ce qu'il est réellement : un pauvre couillon happé par une machinerie qui le dépasse. Ecrit à la première personne (c'est Odell qui parle), 'Callisto' fait d'abord penser à un polar de Westlake : drôlatique dans sa description d'un plan apparemment sans faille qui finit en un flop monumental en raison de la bêtise de ses protagonistes. Puis, sans que jamais l'humour ne fasse défaut, le roman en rappelle un autre, ce fameux 'Conjuration des imbéciles' de JK Toole, dans lequel la singularité d'un individu (il est pas comme tout le monde...) et l'incommunicabilité que cette singularité induit mènent au désastre.
"Callisto" de Torsten Krol, Buchet-Chastel, 2007

24 août 2007

Briseur de ménage

Me tendant son choix de livres au comptoir :
- Je ne vais pas en prendre trop, sinon, je vais encore en entendre de ma femme
- Quoi, elle vous reproche de beaucoup lire?
- Ben oui, 'on n'entend jamais rien hors de toi' qu'elle me dit. Qu'est-ce que vous voulez que je lui dise? On est tout le temps ensemble, on a vu les mêmes choses. A nos âges, hein?
- Justement, en lisant, ça vous permet d'avoir des choses à lui raconter...
- Ouais, je vais plutôt lui dire qu'elle se mette à lire elle aussi!
Du renfort

J'ai un peu de mal à y croire. Après plus de douze ans à officier ici en solitaire, la commune vient de lancer un appel public pour recruter un 'employé de bibliothèque' à mi-temps. Plus de six ans que j'attends ça. Je modère quand même mon enthousiasme : pour une véritable amélioration du service et un allègement sensible de mes tâches (ne plus devoir assumer toutes les heures d'ouverture au public...) il s'agira de tomber sur la 'bonne' personne. Définissez ce terme svp.

11 août 2007

Reprise des hostilités

Vous n'aviez pas oublié : c'était bien aujourd'hui que je recommençais. A 9 heures précises, la première d'entre vous attendait là -pile derrière la porte- que je tourne ma clé dans la serrure. Ensuite, le défilé n'a connu que de très courtes pauses. Par curiosité, j'ai demandé un petit bilan au système informatique à 18h30 : le nombre de titres rentrés et sortis équivalait à deux 'bonnes' journées habituelles. De quoi le mettre sur les genoux, le biblio de campagne.

Et puis, il y a eu tout le reste, tout le quotidien de mes journées 'normales'. Pas de répit, vous n'avez pas pu attendre un jour de plus. Il y a eu l'ado de 16 heures qui m'a si poliment demandé 'il me faudrait 'Cabot-Caboche' de Daniel Pennac', comme si j'étais Billy Crystal et lui Robert De Niro.
Vos caisses et sacs de dons qui devaient impatiemment attendre leur migration vers la bib.
Deux avis de décès, dont l'un avec moult détails.
Des demandes d'acquisition.
Et une petite phrase, sel des heures passées derrière mon comptoir : 'C'était un bon bouquin, vraiment très prenant et très très plausible. Mais quand même un peu tiré par les cheveux.'