26 août 2007


Incommunicado


"A part le flic qui pelletait, ils m'ont tous regardé comme si j'étais un crétin, et pourtant je disais vrai, ce qui montre comment les gens n'arrivent jamais à se comprendre les uns les autres ni à savoir quand quelqu'un dit la vérité ou non."

Odell Deefus, un jeune homme tout frais sorti de son patelin perdu, mi-innocent mi-bonasse, se retrouve malgré lui entraîné dans un engrenage qui le conduira jusqu'au bout de la logique anti-terroriste américaine. Tombé en panne dans le petit village de Callisto, il est recueilli par un type dont il n'arrive pas à déterminer s'il doit le classer parmi les gentils ou les méchants. Et c'est bien là tout le problème de Deefus. Il divise ses congénères en deux catégories, mais comme il manque d'expérience, il classe un peu vite le moindre pékin un rien aimable parmi les gentils. Ce qui ne manque pas de se retourner contre lui, vu l'extrême propension d'une partie de l'humanité à profiter sans vergogne de l'autre, jugée décidément trop conne. Un cadavre, puis deux, suivis par des paquets de drogues et des allusions à des projet d'attentat 'islamite' vont placer Odell sous l'oeil suspicieux des forces de l'ordre. Pris dans leur propre logique (trouver un coupable à tout prix et le faire parler), les flics se montreront incapable de voir en Odell ce qu'il est réellement : un pauvre couillon happé par une machinerie qui le dépasse. Ecrit à la première personne (c'est Odell qui parle), 'Callisto' fait d'abord penser à un polar de Westlake : drôlatique dans sa description d'un plan apparemment sans faille qui finit en un flop monumental en raison de la bêtise de ses protagonistes. Puis, sans que jamais l'humour ne fasse défaut, le roman en rappelle un autre, ce fameux 'Conjuration des imbéciles' de JK Toole, dans lequel la singularité d'un individu (il est pas comme tout le monde...) et l'incommunicabilité que cette singularité induit mènent au désastre.
"Callisto" de Torsten Krol, Buchet-Chastel, 2007

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