11 juillet 2006

Perception

Je suis connu dans le village. Un peu comme le bourgmestre, le curé ou le médecin. Pour les plus jeunes, je pourrais aussi bien être boulanger ou électricien, c’est égal. Les plus âgés ont cet espèce de respect que j’ai eu du mal à comprendre au début : je sortais d’une grosse boîte privée dans laquelle je ne n’étais que le documentaliste (à côté des juristes ou des économistes, on ne pesait pas lourd).
Pour certains d’entre eux, je reste Monsieur le Bibliothécaire, ce même genre de Monsieur qu’eux et leurs parents donnaient à l’instituteur dans leur jeunesse. Ils m’abordent parfois en rue, persuadés que j’ai toutes les fiches-lecteurs en tête : ‘Monsieur, j’ai un livre en retard, mais je n’ai pas su venir, ma petite-fille était malade, j’ai dû la garder, ses parents travaillent vous comprenez… ‘. Il n’y a pas si longtemps, au marché, une petite dame, la septantaine un peu bossue, s’est même excusée de ne pas être venue me rendre ses livres parce que son mari était mort et qu’elle venait à peine de l’enterrer…

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