Horaires (1)
- Monsieur, vous êtes là? C'est ouvert maintenant le jeudi?
- Non madame, ce n'est pas ouvert, mais je suis là quand même...
- ...
- Si je ne travaillais que les jours d'ouverture, on tournerait toujours avec les mêmes livres vous savez...les nouveaux livres, faut bien les cataloguer...et je ne vous parle même pas des factures, des statistiques ou des lettres de rappel...
- Aaah....moi je croyais que bibliothécaire, c'était seulement prêter et ranger des livres....pardon...
8 commentaires:
Cette rigolote conversation, je l'ai quatre fois par semaine minimum à la porte de la bibliothèque, que je suis allée ouvrir de peur que la personne qui tambourine (car elle a vu de la lumière) finisse par casser le carreau. En général je réponds que les livres n'ont pas encore appris à sauter seuls du rayon de la librairie au rayon de la bibliothèque tout équipés de leur belle couverture plastifiée et que, eh oui, faut bien passer des commandes, lire le courrier et faire deux ou trois autres bricoles de temps en temps...
voilà qui fait chaud au coeur, je ne suis pas seul...d'autres petites conversations sur ce même thème vont suivre...
C'est très dur pour des non-bibliothécaires d'avoir une vision analytique d'un "fonds" et de percevoir le travail de construction qui peut y être lié.
Ils perçoivent les livres comme une globalité : c'est des documents, de la culture.
Un grand classique...
Une triste réalité à laquelle nous finissons par nous habituer. Quand elle vient des lecteurs.D'autant plus qu'on peut toujours se consoler en se disant que les petites explications que l'on dispense à l'un ou l'autre serviront peut-être..
Quand j'ai commencé ma carrière, une dame m'a demandé quel était ma profession. J'ai vite compris que,ne venant que le samedi, elle pensait que je faisais cela benevolement sur une partie de mon week end...On a tous vécu des trucs comme ça, je suppose. Comme d'expliquer que l'on n'a pas lu tous les livres qu'on propose.
Quelques fois, c'est vrai qu'on se laisse aller à une certaine agressivité. Une fois j'ai expliqué à une dame, très "culture livresque" qu'on pouvait fort bien exercer ce métier avec une licence de physique-chimie. Elle en a été très choquée et ne m'a plus jamais parlé de la mème façon, j'avais cassé sa mythologie, probablement.
Actuellement je suis dans une structure rurale où il y a encore des gens, 6 ans apres l'ouverture, qui me demandent si on peut acheter tel livre...
On n'est jamais sortis de l'auberge
Par contre quand cette méconnaissance du travail, ce type de raisonnement est partagé par des élus et des administratifs qui peuvent décider arbitrairement de tant de modifications de votre quotidien, notamment les horaires, c'est une autre affaire.
La méconnaissance de tout de qui constitue le "travail interne" pousse notamment les décideurs à imposer ici ou là des augmentations d'horaires publics qui rendent le travail interne totalement émietté ou indigent.
Il est dommage que ce sujet, quand il est abordé dans des blogs, finisse toujours par des disputes sur le pour ou contre l'augmentation des heures d'ouverture, alors que le vrai sujet c'est la reconnaissance du travail interne.
Sinon on finira par ouvrir plus pour proposer moins. Et là, ça sera plus difficile à expliquer au lecteur...
A ce propos j'ai lu quelque part, mais je n'en ai pas gardé trace, qu'il existait une recommandation "institutionnelle" selon laquelle à une heure publique devait correspondre une heure interne.Je n'arrive pas à retrouver ce texte. Si quelqu'un peut me retrouver ça, je l'en remercie par avance.
Je ne saurais évidemment vous aider à ce sujet...Ici, en 'Communauté française de Belgique', nous avons un certain nombre d'heures d'ouverture à assurer selon notre 'niveau de reconnaissance' par la Communauté française (un genre d'équivalent à votre Ministère de la Culture..). Par exemple, dans notre cas, vu que nous sommes 'actifs' sur une commune de moins de 10.000 habitants, nous devons ouvrir un minim de 24H/semaine, avec des heures obligatoires le w-e, le mercredi a-m et en soirée...Mais ces questions de reconnaissance du travail, d'horaires, de méconnaissance du métier sont effectivement récurentes et reviennent régulièrement dans ce blog...
ça c'est le commentaire des non-habitués aux "bibliothéques communales " (les grandes bibiliothéques étant équipés d'un conservateur de bibliothéque)
Ton blog est une mine pour qui, comme moi, s'apprête à devenir bibliothécaire. Ainsi, je sais ce qui m'attend ! LOL Mais ne suis guère étonnée.
Enregistrer un commentaire