18 juillet 2008



Le revers de la technique

"A chaque avancée technologique, petit recul d'humanité", me disait l'autre jour mon libraire préféré. C'était un simple constat, pas une plainte. Nous parlions d'informatique évidemment. "L'informatique en librairie nous a fait gagner beaucoup d'argent, beaucoup plus que je ne l'aurais cru possible. Et je ne voudrais pas revenir en arrière. Mais je dois bien constater que les procédures mises en place -les procédures automatisées- conduisent parfois à des erreurs. Erreurs qui ne sont pas sans conséquences sur nos relations avec les clients."

Je ne voyais que trop bien ce qu'il voulait dire. La réception par certains lecteurs d'une lettre de rappel m'a déjà personnellement mené sur des sentiers que j'aurais préféré éviter. La lettre qu'ils reçoivent leur paraît sèche et injustifiée, pour ne pas dire injuste. Pour peu que vous ayez effectivement commis une erreur, le drame n'est jamais loin. Les trésors de diplomatie déployés n'y changent parfois rien : certains en restent vexés à tout jamais et n'y reviennent plus.

Il n'empêche : moi non plus, je ne voudrais pas revenir en arrière.

29 commentaires:

Anonyme a dit…
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Yvonnic a dit…

Le petit recul d'humanité, c'est vrai que nous le vivons chaque jour et que nous y avons contribué. C'est vrai pour les lettres de rappel qui sortent automatiquement chaque matin des imprimantes surchargées. Mais on a beau essayer d'en adoucir le style, cela ne fait rien à l'affaire. Tout simplement parce que nous avons créé une distance entre le lecteur et nous : celle de la machine. Nous lui parlons par l'intermédiaire de la machine, nous nous appuyons sur les conclusions de la machine etc...Nous sommes devenus des relais d'une technologie complexe.

Et techniquement, nous n'avons plus les moyens de vérifier les dires de la machine, il faut lui faire confiance. Je me souviens d'un moment où, suite à un changement de logiciel et au constat de nombreuses erreurs suite au transfert de la base, nous nous étions précisément mis en tête de vérifier chaque matin avant les envois de lettres, que les livres réclamés étaient effectivement absents des rayonnages. Nous avons vite compris que c'était impossible. Nous n'avions plus alors qu'une alternative : suspendre les envois de rappel (ce qui revenait à decreter une amnistie générale sur les retards) ou envoyer tout de mème les courriers. Nous avons fait le mauvais choix et noous en avons payé le prix en termes de relations humaines avec le public...

Adoucir les termes, donner du cher lecteur, pourquoi pas parfumer les courriers à l'essence de rose ? Erreur d'aiguillage. Tout cela me rappelle la réflexion d'un de nos ministres de la culture qui avait décidé de placer dans les couloirs du Métro des reproductions d'oeuvres d'art, statues, tableaux etc... "pour redonner un peu d'humanité au Métro". Louable intention mais raisonnement faussé. L'humanité dans le Métro, c'étaient les poinçonneurs, remplacés par des tourniquets et des machines mange-billets. Cette humanité là on ne la remplace pas par des reproductions glacées de chef-d'oeuvres d'un humanisme lointain.Cela veut tout de mème dire que nous sentons bien qu'un vide s'est créé, une béance, mais nous ne pouvons plus colmater la brèche.

Revenir en arrière, certes non. Dailleurs saurais-je encore "faire " ? Mais il y a des fois où je me regarde d'un drôle d'oeil : toute ma gestuelle professionnelle est rythmée et ritualisée par l'informatique. Le premier geste du matin c'est d'allumer le poste, regarder les mails, vérifier les stats de la veille, etc...et mon oeil ne quittera quasiment plus l'écran jusqu'au soir, interrompu de temps en temps par la question d'un lecteur "excusez-moi de vous déranger, mais...", sur lequel je lève le visage blafard et les yeux rougis d'un bureaucrate courtelinesque . Je pénètre alors un moment dans l'humain, comme Alice traverse le miroir. Moments rares qui me rappellent une époque où j'attendais le lecteur le regard droit et avenant, sans aucune machine sur mon bureau sauf un tampon-dateur. Disponibilité totale, conversations qui s'éternisaient agréablement, humanité à tous les étages. Que suis-je devenu? Ce pantin vouté l'oeil myope collé à son écran, la main crispée sur sa souris, qui prétend accueillir les gens ? C'est moi, ça ?

Bien sûr, je force un peu le trait, mais au fond...Au fond, nous y avons nous aussi beaucoup perdu quelque part. J'ai fait la moitié de ma carrière en "manuel" et je trouve qu'elle était au total beaucoup plus riche en moments d'humanité. Mais que ferais-je aujourd'hui sans mes précieux fichiers, mes statistiques, mes imprimantes et tout le reste ?
Nous sommes devenus plus efficaces, nous pouvons stocker une masse "inhumaine" d'informations dans des engins qui nous la recrachent à la seconde. Le gain est incontestable, énorme.

Mais ce que nous avons perdu est bien perdu, mème si nous avons de plus en plus de mal à le discerner. Pour ceux qui n'ont pas vécu cette transition, je comprends que la question ne se pose mème pas, mais pour nous, les "paléo-digital" (c'est comme ça qu'on nous qualifie je crois chez les webeux "natives"),le métier a parfois un arrière-goût de café froid, très froid.

Yvonnic, poinçonneur des Lilas

Anonyme a dit…

Heureusement qu'on dispose d'Internet au prêt (et en interne), sinon on se ferait chier (et je ne pourrais même pas écrire sur les blogs) ! Quant aux stats, je laisse ça aux chefs : c'est assez bon pour eux ; les chiffres, ça les fait jouir et ça les justifie. Qui a noté l'autosatisfaction d'un chef devant le beau tableau excel qu'il vient de construire, avec pleins de nombres décimaux (illusion de la science, fantasme de la maîtrise totale...) et agrémenté de couleurs flashy pour faire staïl', a compris l'essence et l'obscénité du pouvoir.

nescio a dit…

Mieux loti que vous : j'arrive encore à avoir des conversations prolongées avec certains lecteurs...surtout en cette période de vacances, où la fréquentation est plus réduite. Et il m'arrive aussi de 'filtrer' certaines lettres de rappel et d'annuler quelques amendes...

Yvonnic a dit…

"filtrer certaines lettres de rappel et d'annuler quelques amendes...". Je sais, j'ai joué à ça aussi, notamment à l'époque du passage du manuel à l'informatique, très mal perçu par le public âgé. Mais on n'était que deux à l'époque et ces "gentillesses" devenaient vite un puits sans fond.

Je ne suis plus d'accord. Quand on commence à tricher avec les règles qu'on a soi-mème établies ou au moins contribué à établir, il n'y a plus de limites théoriques. Et quand on a la responsabilité d'une équipe dont chaque membre pourrait légitimement être tenté de faire la mème chose,selon ses critères personnels, ça devient très aléatoire d'assurer un fonctionnement cohérent. Toute attitude qui pourrait être interprétée comme un fonctionnement à la tête du client et risquerait de devenir l'exception qui domine sur la règle, ne relève plus du service public. Je préfère me battre au niveau des élus ou du Réseau pour faire changer des règles stupides, inopérantes et couteuses, plutôt que de la jouer en douce. Un chef il est preferable que ça serve à monter aux creneaux pour ça plutôt qu'à inciter son equipe à lever le pied quand ça lui chante.

"Du haut en bas de l'échelle sociale, l'exemple est la plus belle forme de l'autorité" (inscription apposée dans les usines françaises du nord de la France fin 19°). Ceci pour dire que je conserve une certaine dose d'humour dans mon argumentation un peu stricte, mais bon....

@anonyme.Je ne blogue jamais sur mon lieu de travail. Je ne vois aucune différence entre les gens qui font ça et ceux qui feuillettent les catalogues de supermarché en ligne ou jouent à des jeux sur internet. Il parait qu'il y en a plein les entreprises et les administrations (dont de plus en plus qui se font virer ou sanctionner pour ça, tout étonnés qu'on les ait repérés !

Par ailleurs une bonne statistique bien présentée dans un bilan annuel, ça s'appelle un argumentaire, et ça amène souvent quelques moyens, matériels ou budgétaires, en plus l'année d'après. En tous cas chez moi ça marche. Un budget ça n'est pas automatique, ça se défend chaque année, et pas avec des jérémiades ou des généralités.

Et puis ça amène des moyens qui permettront peut-être de gagner du temps. Du temps que des agents mettront à profit pour bloguer pendant les heures de service, par exemple...

Yvonnic, chef de chantier

nescio a dit…

@yvonnic : "Quand on commence à tricher avec les règles qu'on a soi-mème établies ou au moins contribué à établir, il n'y a plus de limites théoriques." : évidemment, idéalement, c'est ce vers quoi il faut tendre. Mais chaque situation est particulière. Qd vous ouvrez une bibliothèque 'dépôt' deux jours par semaine, vous comprenez que certaines personnes aient du mal à être tip top dans les temps. Pour les 'nouveaux lecteurs' par exemple, il en est pour qui un délai d'adaptation est nécessaire. On essaie de faire dans le pédagogique progressif plutôt que dans le répressif immédiat : 'vous êtes en retard, je ne vous demande pas de pénalité, mais essayez de faire attention : chaque envoi de rappel coûte 48 centimes à la commune'...passé un certain temps, crac dedans. Et pour la petite dame qui a emprunté son Danielle Steel mensuel et pour qui je vois passer une lettre de rappel, oui, il m'arrive de la taper au bac qd je suis sûr qu'elle va revenir... Maintenant, encore une fois, c'est une situation particulière de bibliothèque de village, avec un emploi et demi pour gérer le bazar...
"Je ne blogue jamais sur mon lieu de travail." : être au comptoir de prêt est pour moi un boulot à part entière...souvent, c'est impossible d'entamer autre chose because vous êtes à chaque fois 'dérangé', alors, surfer un peu entre deux visites (si par ailleurs aucune autre tâche professionnelle n'est laissée en attente) ne va pas entamer de bcp mon efficacité me semble-t-til...

Anonyme a dit…

Si la technique permet de se débarraser du contact humain, je m'en félicite. Rencontrer un lecteur de plus ou de moins m'est complètement indifférent. Non, en fait ça me dégoûte. A la limite, j'espère une dématérialisation complète du livre, un peu comme pour la musique, ce qui accélérerait la fin des bibliothèques publiques, avec leurs sales vieux bouquins puants.

Alors, les rappels... Bah, ça coûte une fortune en timbres, sans autre résultat que des visites courroucées. Et de toute façon, ils ne ramènent pas les livres. Maintenant, si cela s'avère vraiment, vraiment nécessaire, je passe un petit coup de fil aux lecteurs, mais en prenant soin de le faire à la veille de ma journée de congé, pour ne pas être confronté le lendemain à une visite intempestive. Eh quoi! Tout le monde se refile le mistigri et à ce petit jeu-là, je suis loin d'être le mieux placé. Pas vrai, les filles?!

Zorn

Anonyme a dit…

Pour sûr : je n'ai jamais rencontré ailleurs que chez les bibliothécaires cette "pensée" de culs-bénis au sujet des lecteurs, qu'il convient d'accueillir, de soigner, de satisfaire, de ne pas choquer, de ménager. On pourrait croire qu'on a affaire à des psychotiques ou à des grands névrosés, et non à des gens qui sont dans le réel... comme tout le monde. En fait, c'est le fond de commerce de la profession désormais - fond de commerce au sens premier : il s'agit bien d'un argument(aire) de marchand : le client est roi. Et va t'engueuler avec un "nourrisson tyrannique" ; tu risques la sanction administrative et le camp de rééducation sous les espèces d'un stage sur "l'accueil" (à grand renfort d'imbélicités tirées de la PNL).

Anonyme a dit…

Les usagers de bp sont des gagas. Reconnaissez que pour fréquenter des endroits pareils, il faut n'avoir RIEN D'AUTRE A FAIRE de sa journée ou alors souffrir de sérieux problèmes psychologiques.

Déjà, les bibliothécaires eux-mêmes sont GAGAS ! S'intéresser à des fiches catalo, pitié! De temps à autre, j'invite des amis incognito et leur réponse reste la même : "Mais comment pouvez-vous vous prendre au sérieux? C'est vraiment le métier le plus minable qu'on puisse imaginer. Et vos animations, vous n'avez pas honte à votre âge de vous donner en spectacle ainsi? Même les enfants rigolent de vous. Avant, on vous aurait chassé à coups de pierres. C'est pas parce qu'on n'est pas des intellectuels que vous devez nous prendre pour des cons."

Et le fumet des livres, vous le sentez, une fois qu'ils ont bien mariné? On avait déjà le "goût de la lecture", il ne manquait plus que l'odeur qui allait avec. Un mélange sordide de tabac, de sueur, de bière ou d'autres ignominies, à croire qu'ils se torchent avec. C'est dégoûtant! A casser un câble! A se tirer une balle! Et plus le temps passe, pire c'est. Alors, les rappels, vous pensez bien, j'aime autant ne JAMAIS les revoir. Partez loin, très loin et ne revenez pas! Bonnes lectures!

Pourquoi j'ai pas fait autre chose, moi? Un métier moins sale, moins déprimant. Je sais pas... proctologue, par exemple.

Zorn Taxi Driver

Anonyme a dit…

"Le recul de l'humanité" qu'il disait frère Yvonnic. Eh bien, qu'elle recule au maximum cette vieille monstruosité vérolée, qu'elle disparaisse derrière l'horizon, qu'elle bascule dans un grand trou noir et qu'on referme le couvercle dessus.

L'humanité, me faites pas rire. Si les vaches parlaient, elles se diraient humaines parce qu'elles marchent à quatre pattes, parce qu'elles broutent et parce qu'elles ruminent. L'hûûûmanité, l'hûûûmanité, c'est une secte, c'est une maladie, ma parole. Vous en êtes tous intoxiqués ou quoi ? L'humanité, c'est qu'un truc d'humain et l'humain, un bête truc de curé. Pas de Dieu, pas d'Homme non plus.

Je rêve d'une bibliothèque dont les pages seraient de soufre et les couvertures en grattoir d'allumettes. Et encore, elle ne vaudrait même pas l'étincelle qui lui bouterait le feu.

Demain, je parle allemand à mon chien.

Zorn

Yvonnic a dit…

@nescio. C'est vrai, j'avais completement perdu de vue que tu étais dans une situation particulière, notamment au niveau du nombre. Vu comme ça je comprends d'autant mieux que j'ai moi-meme été "deux" pendant huit ans, après avoir été seul pendant deux ans. Maintenant on est six et de toutes façons le contexte général a changé, l'implantation aussi. Et l'informatique est là depuis longtemps. Ceci dit, reconnais que si on était six à bloguer entre deux lecteurs, ça finirait quand mème par poser un problème. En periode chaude, au prêt, on "traite" un lecteur toutes les 90 secondes (j'ai fait la stat. l'an dernier, pour impressionner les élus)

Mais c'est vrai qu'à cette époque (bénie), je ne me gênais pas pour adapter mes façons de faire aux lecteurs. Je les connaissais tous par leur nom, et les enfants par leur prénom. Je me rappelle, au début, il y avait une vieille dame qui m'apportait un pain au chocolat vers les 10h. Elle trouvait que je "n'avais pas bonne mine" (j'ai toujours eu l'air crevard). Comment voulez-vous "sacquer" des gens quand il existe une telle proximité.
Aujourd'hui j'ai plus de deux mille lecteurs,la plupart inconnus, anonymes, je ne fais plus de prêt qu'accessoirement, et je me retrouve "chef" sans l'avoir vraiment souhaité. Je crois que quelque part je n'ai jamais vraiment accepté cette "évolution".

J'ai repris contact récemment et accidentellement avec un collègue que j'avais connu il y a plus de 25 ans. Un chevelu-barbu d'époque,de l'authentique, de l'inaltérable. Il est embarqué dans des trucs compliqués de réseaux, de consensus avec des dizaines d'élus, de marchés publics tordus, de réunions à n'en plus finir... Il en bave. On est arrivés à la mème conclusion, par longs mails successifs : notre foutue génération n'était vraiment pas faite pour le carrièrisme, le management d'équipe et tout ce qui va avec. Un truc marrant, à un moment au détour d'une phrase, sans vraie raison, je lui ai demandé s'il portait une cravate. Il m'a répondu que non, mais qu'il était devenu chauve. Et il a ajouté "ça remplace".

Je sais pas si tu vois ce que je veux dire, moi si.

Mais bon, on a craché dans la soupe et maintenant on est obligé de la manger. La soupière fait le tour de la table et finit par te revenir dans les gencives. Comme disait Wolinski, on a fait 68 pour ne pas devenir ce qu'on est devenus.

Choisir un métier, l'aimer, et se retrouver à en faire un autre en s'accrochant aux bribes de l'ancien, comme ça, presque par hasard, c'est pas toujours hilarant. Et surtout se rendre compte parfois qu'en plus, on arrive à se prendre au sérieux, à se donner soi-mème du Monsieur le Directeur de la Médiathèque et à vérifier discretement si nos godasses sont bien cirées, y des fois, j'te jure...Et se retrouver en face de jeunes crétins endimanchés, sortant de l'université ,leur concours en poche, avec l'envie de se caler le cul dans un fauteuil cuir et de jouer au manager, de ne jamais voir un lecteur, et de developper des techniques de marketing adaptées aux bibliothèques. Ils en ont déja le langage, les tics, les fringues et le reste. Un truc qui ne trompe pas : ils adorent les réunions, j'ai remarqué.

T'as du pôt, nescio. J'espère que tu sais à quel point...

@A Zorn, qui n'en est plus à un illogisme près..: Terminez donc ce premier roman que vous nous annonciez, que nous puissions l'acquérir et en faire rapidement, selon vos termes élégants, "un sale vieux bouquin puant", ce qui accérerait très certainement " la fin des bibliothèques publiques". Mais il n'aura peut-être pas cette chance. Un livre usagé a été lu et relu. Il se pourrait que le vôtre reste longtemps d'une propreté immaculée, inodore, jusqu'au jour du Pilon Dernier...

Yvonnic, monument historique

Anonyme a dit…

@Yvonnic. Je ne comprends pas ce que vous reprochez aux managers. Il en faut bien. En général, ceux qui râlent contre les responsables sont les mêmes qui sont incapables de prendre des responsabilités. Et puis toutes les avancées des bibliothèques (informatisation, gestion des ressources humaines etc.) sont le fait de ces jeunes diplomés que vous méprisez. Avec des gens comme vous, on en serait encore aux fiches cartonnées (que je n'ai jamais connues, Dieu merci !). Moi, JE DIRIGE, et je n'en ai pas honte. Je manage depuis mon (grand) bureau une équipe composée de gens honnêtes mais aussi et de branleurs comme vous qu'il faut circonvenir ou affronter, en tout cas dresser. La férule, il n'y a que ça qui amène ceux de votre race à l'obédience : des pleutres incapables de la moindre initiative, des aigris, des vieux qui ne supportent pas de se voir rappeler à l'ordre par de plus jeunes et de plus compétents qu'eux (ce quils savent en leur for intérieur).
Ray Mombart

Anonyme a dit…

Moi, j'ai un grand bureau de gestionnaire du vide et je règne sur une armée de soumis, de lèche-bottes et je vous nique le cerveau à longueur de journée, même que j'en suis fier, race de glandeurs pas rentables.

Et moi, je suis devenu chef sans le vouloir, je me débine du prêt mais je suis humaniste et j'aime pas les méchants néo-païens qui racontent des trucs que je fais semblant de pas comprendre.

Et moi, je me la pète dans ma voiture de sport avec mon toutou tifosi et je suis passionnée de littérature, même que j'ai lu des livres et que... (Toi, la ferme, salope!)

Vous le faites tous exprès ou quoi? Qu'espérez-vous à la fin? Que je vais me choper un cancer d'échec généralisé, que je vais capituler tout seul dans le bunker, sans même un chien sur qui tester le cyanure? Ah, vous aimeriez bien me voir crever, hein! Sans même un baroud d'honneur!

Merde, je retourne en mitonner une sur fond de Schwarzmetall. Ca servira à rien, mais au moins, je partirai pas sans gueuler. Et surtout, vous en faites pas : mes pauvres livres assassinés, vous ne les souillerez pas avec vos collections, ni avec votre ignoble public.

Quelle planète!

Zorn

Anonyme a dit…

Monsieur Zorn.
Bien que le premier paragraphe de votre diatribe traduise à peu près la réalité de nos établissements, en tant que responsable je ne puis en cautionner la forme. Dire la vérité, c'est bien ; le faire avec élégance, c'est mieux.
La suite de votre message débridé est pour moi un peu obscure. Mais je vous sais gré de votre dernier commentaire. Il est rare en effet qu'un auteur ait votre lucidité et décide de ne pas encombrer davantage les rayons des bibliothèques en faisant don de ses oeuvres. On a déjà assez à faire avec les graphomanes patentés, les poètes locaux et les écrivains autoproduits. Salutations.
Simone H.

Yvonnic a dit…

@anonyme. Je ne vois pas où vous avez vu que j'avais "honte" de diriger. Toujours ces notions morales...Je dis tout simplement que je n'aime pas particulièrement cette partie de ma tâche. Ce qui ne veut pas dire non plus que je l'exerce mal. Et je pense que la folie managériale tant à la mode actuellement comporte aussi sa part dans le "petit recul d'humanité" que signalait nescio. Il y a eu des équipes de bibliothèques bien avant le management.(Ou avez vous vu que le management fasse partie des "avancées des bibliothèques" ?)Et bien avant que l'on pense les gens en termes de "ressources humaines". Quant à l'informatique et votre diatribe facile sur les vieux, les fiches cartonnées et autres clichés éculés, je vous signale que vous tombez dans l'anachronisme. C'est ma génération, monsieur anonyme, qui s'est investie dans l'informatisation des bibliothèques, l'unimarc et autres normalisations. C'est ma génération qui s'est farcie la transition du monde "vétuste" que vous évoquez, à celui dans lequel vous évoluez aujourd'hui, sans avoir eu à apporter grand chose d'autre qu'à vous caler les fesses dans un fauteuil bien chaud. Et tout cela ne fut pas toujours facile, croyez-le bien, il a fallu convaincre bien des réticences locales et débloquer des budgets nouveaux pour creer et maintenir les parcs informatiques, les formations et le reste. Qu'avez-vous apporté, les joyeux trentenaires (ou moins), qui n'existait déja quand vous êtes arrivés ? Les écrans plats et les visions futuristes du Web 2.0 ?Mème vos bibliothèques étaient déja construites pour la plupart (plus de 500 constructions dans la seule decennie 80). Et en ce qui me concerne, c'est moi-mème qui ai demandé l'informatisation de ma bibliothèque et qui ai assuré l'informatisation du fonds. C'est moi, le quinquagénaire en fin de course, qui ai imposé (carrément) l'utilisation publique d'internet dans ma structure. Ce qui me donne un certain regard sur le monde d'avant et l'actuel. Ce qui ne m'empêche pas de jeter un regard parfois nostalgique, non pas sur les fiches cartonnées, mais sur la part d'humanité que nous avons pu perdre au cours de cette transition. C'était dans le fil du sujet initié par nescio.

En tous cas, ce que cette génération de transition sait bien c'est que l'informatique et le management ne sont que des moyens et non des finalités, parce qu'elle a su vivre sans. Et il semblerait que chez certains "jeunes crétins" que j'évoque (et j'assume le terme sans incriminer pour autant toute une génération), les moyens et les finalités se confondent. Je trouve ça dangereux.

Et je pourrais mème vous infliger un couplet caricatural sur la jouissance du pouvoir, mais je n'en ai mème pas envie, la ficelle que vous tendez est trop grosse.

Il est parfois impossible de s'exprimer ici avec sensibilité et nuance sur son vécu, sans être grossièrement interrompu par des brutes et se faire traiter à chaque fois de pleutre, vieux, aigri, branleur et j'en passe. C'est parfois usant.

@Simone H.
Je reste assez stupéfait qu'une responsable de bibliothèque puisse cautionner sur le fond (puisque vous regrettez la forme) le premier paragraphe du dernier délire zornien. Je cite : "gestionnaire du vide et je règne sur une armée de soumis, de lèche-bottes et je vous nique le cerveau à longueur de journée, même que j'en suis fier, race de glandeurs pas rentables."
Mème dit avec plus d'élégance, l'approbation de ce texte laisse rêveur...

Yvonnic, le Fossile actif

Anonyme a dit…

On ne peut pas vous oter votre lucidité, Yvonnic. Oui, vous êtes bien un "fossile". Quant à savoir si, en tant que fossile, vous restez "actif", c'est une autre histoire... celle que vous reconstruisez à votre guise parce que la légende est toujours préférable à la réalité. Votre génération a bien amorcé la modernisation des bibliothèques, mais contrainte et forcée, malgré elle. Pour preuve : le retard incroyable pris par les bibliothèques françaises. Et puis, informatiser n'est rien. C'était (et c'est) à la portée de n'importe qui. La modernisation des bibliothèques implique autre chose, une révolution des mentalités. Il était temps que la lecture publique, en France, adopte les méthodes gestionnaires et managériales en vigueur partout ailleurs, y compris dans la fonction publique, et se débarrasse de cette idéologie gauchiste et archaïque dont vous êtes nostalgique. Cela, c'est notre génération qui le prend en charge. On s'en fout de vos scrupules humanistes. Une bibliothèque, c'est comme une entreprise, il faut que ça tourne. Et pour cela, il faut un responsable (merci Simone H.) qui dirige et des agents qui travaillent dans le cadre défini par les orientations des politiques publiques, non plus selon l'humeur syndicale, leurs rencoeurs ou le souci du "lien social" (en fait, glander en bavardant avec ces "lecteurs" qui sont comme les piliers de comptoirs des bistrots). J'ajoute qu'un responsable n'est ni de droite ni gauche : il manage, et les problèmes qu'il doit régler sont au-delà des idéologies. Mais il reste encore beaucoup à faire, et, en premier lieu, défonctionnariser les bibliothèques. Le statut, c'est ringard et ça bloque tout. On est beaucoup à penser (mais peu, encore, à l'avouer publiquement) que la politique actuelle de restructuration de la FP (réduction des effectifs, réaffectations, introduction des notions de rentabilité, etc dans l'évaluation du travail des agents) va dans le bon sens. J'espère qu'une bonne réforme vous privera bientôt de votre sinécure.
Ray Mombart

Yvonnic a dit…

@ anonyme. Inutile de vous lancer dans une grande diatribe libérale. On avait compris. Mes réponses sont dans vos affimations, ça m'évitera du travail:

"on s'en fout de vos scrupules humanistes. Une bibliothèque, c'est comme une entreprise, il faut que ça tourne. "

"Et pour cela, il faut un responsable qui dirige et des agents qui travaillent (...) non plus selon l'humeur syndicale, leurs rencoeurs ou le souci du "lien social" (en fait, glander en bavardant avec ces "lecteurs" qui sont comme les piliers de comptoirs des bistrots)."

Merci pour ces merveilleuses définitions des moyens et des objectifs, surtout celle du lien social.

Yvonnic, petit commerce de proximité

Anonyme a dit…

Ma "grande diatribe" vaut bien les vôtres. Cela fait un moment que je vous lis et vous vous posez un peu là comme incontinent de l'écrit. Ce n'est pas un reproche ; juste une réplique à votre remarque déplacée.
Pour continuer dans le registre libéral : je parie que vous bloguez (au moins en partie) sur votre temps de travail, comme pas mal de vos collègues. Profitez-en car les temps sont proches où vous allez devoir quitter, vous et vos pareils, ce paradis des glandeurs que sont encore les bibliothèques publiques (ne parlons même pas des BDP). J'attends ce jour avec une certaine impatience, je l'avoue. Aujourd'hui, seuls quelques responsables courageux, agissant de concert avec des élus décidés, ont réussi à mettre au pas les équipes de pieds nickelés qui squattaient leur équipement depuis des lustres. Dans ses lieux, désormais l'argent des contribuables n'engraisse plus les pignioufs qui ne s'animaient qu'à l'approche de 18 heures.
Enfin, le parallèle avec le "petit commerce de proximité" me fait bien rire :
- soit il s'agit d'une concession mesquine à l'esprit du temps (car si, en effet, la bibliothèque doit fonctionner comme une entreprise, le modèle ne peut être la boutique, sauf pour les nostalgiques du pétainisme : small is awful ; eh oui : les bibliothèques c'est comme les bites, plus c'est gros, mieux c'est) ;
- soit il s'agit d'un sarcasme (et là, vous montrez que votre idéologie gauchiste ne peut même plus se suffire à elle-même).
A l'exemple des Flamands, on se débarrassera des pique-assiettes.
Ray Mombart

Yvonnic a dit…

@ Ray Mombart
Il ne s'agissait ni de l'un ni de l'autre, mais d'une allusion amusée à la chaleur relationnelle et à l'humanité souvent attribuée, peut-être à tort,au petit commerce par opposition à la froideur anonyme de la grande surface.

C'est ce qu'on appelle de l'auto-dérision.

D'ailleurs dans la plupart des villes les épiceries de quartier ont disparu depuis longtemps. Probablement pas rentables, mal managées, pas ouvertes le dimanche, tenues par des feignants, je m'interroge...

ça c'est de l'ironie.

En France, ami wallon, des maires affrètent à présent des mini-bus pour transporter les petits vieux non motorisés jusqu'aux super-marchés des périphéries. En campagne des maires lancent des appels au secours pour sauver leur unique commerce de proximité, promettant logement gratuit et aides de toutes sortes au "jeune couple" qui acceptera de s'installer (et dont la progéniture permettra en plus de sauver l'école). Les bureaux de Poste, les hopitaux de proximité , mème les petits tribunaux locaux, et les maternités ferment à tour de bras. Dérisoire. Car trop tard.

ça c'est de l'information.

Le monde avance, dans le sens que vous souhaitez, performance et rentabilité, mon petit monsieur, et c'est le vôtre. Vous aurez à l'assumer plein pôt. Pas d'excuses possibles cette fois, car vous l'aurez souhaité et revendiqué ici mème...

ça c'est de la provocation.

Anecdote : La définition officielle de la bibliothèque de proximité a été donnée récemment : une structure accessible à moins de 15 minutes à pied. On ne précise pas sa taille, c'est dommage car il n'y a plus de foncier disponible dans les centre-villes. Cela fait des années qu'on ne construit qu'en périphérie. Pour les 15 minutes, ça va faire juste....

ça, ce n'est pas de l'humour, c'est de l'organisation du territoire...Mais c'est marrant quand mème.

Yvonnic, bibliothécaire chaud et humain (fermé le dimanche).

PS. Je ne blogue pas de mon lieu de travail (regardez mes heures d'intervention, elles sont quasiment toutes nocturnes sauf jours de congés). Et encore j'éteins les lumières pour que les voisins ne le sachent pas, on ne se méfie jamais assez des voisins). Je ne m'autorise mème pas de mails personnels, ni mème de coups de téléphone. Je n'en tire dailleurs aucune gloire, je trouve mème parfois cela assez ridicule, mais c'est comme ça, je suis un être complexe et contradictoire. Ceci dit cela devrait vous plaire : un manager se doit de donner à ses troupes l'exemple de l'efficacité et du respect de l'argent du contribuable, non ?

Ceci dit libre à vous de mettre en doute tout ce que l'on vous dit, mais ça va devenir difficile. Prenez exemple sur moi qui fais semblant de croire à votre anonymat, Ray, et à votre défense de l'ultra-libéralisme.

Devinette : quand on respecte si peu les gens, comment peut-on se faire à ce point le défenseur vertueux de l'utilisation de leur argent ? Avez-vous oublié qui vous paie, petit fonctionnaire qui blogue aux frais du contribuable ? Vous avez raison, finalement, une bonne réforme du statut, je ne vous que cela pour mettre fins aux abus !

Anonyme a dit…

Information biographique pour votre gouverne : si je suis "petit", je ne suis pas "fonctionnaire". On m'a embauché pour une mission précise : la restructuration d'un réseau. Dans l'accomplissement de ma mission et au terme d'une convention tacite conclue avec les élus, j'ai carte blanche, c'est-à-dire à peu près tous les droits. C'est ça qui me motive : arriver à faire bouger, de gré ou de force, des équipes et des situations que bloquent le carcan du statut et le conservatisme de la mentalité d'assisté. La tâche accomplie (et les poches pleines), je repartirai vers de nouvelles aventures. Votre routine que vous transfigurez en vécu de relations humaines de qualité en espérant nous émouvoir, très peu pour moi ! Ca, c'est l'argument des fainéants trop lâches pour assumer leur situation de rentiers de l'Etat ou des collectivités locales. Et là, je vous démasque, monsieur Yvonnic : vous m'accusez de "mépriser les gens" mais qu'espérez-vous ? Conjurer le scandale que constitue le parasitisme social de milliers de bras cassés, entretenus par leurs concitoyens - qui n'ont rien demandé ? Moi et les gens comme moi apportont à l'inverse aux populations des services utiles et efficaces, c'est-à-dire des équipements modernes qui répondent à leurs besoins et des personnels entraînés à les servir. Voilà pourquoi, je ne les prends pas de haut, les "gens".
Enfin, vous dites que vous "faites semblant..." : c'est bien là le complexe de votre génération, qui a passé son temps à faire semblant : de faire la révolution (heureusement d'ailleurs !), plus modestement de "changer la vie", et aujourd'hui de travailler. Vous avez pu passer votre temps en invectives et en loisirs parce que vos parents avaient travaillé ; et maintenant, votre situation privilégiée, vous la faites payer par vos enfants. Vous avez raison : il est temps de mettre "fin aux abus".
Ray Mombart

nescio a dit…

@Yvonnic : "T'as du pôt, nescio. J'espère que tu sais à quel point..." : oui, je le sais. Et de lire des interventions comme celles de 'Ray' me le rappellerait si besoin était.
"Il est parfois impossible de s'exprimer ici avec sensibilité et nuance sur son vécu, sans être grossièrement interrompu par des brutes" : ça aussi, c'est vrai et ça devient assez pénible. 9a commence à bien faire : est-ce donc si difficile d'entretenir une conversation sans verser dans cette violence verbale?
@Ray : certains mots dans vos écrits ne correspondent effectivement pas du tout avec ma vision d'une bibliothèque publique : "dresser" et "entrainer" par exemple. "Une bibliothèque, c'est comme une entreprise, il faut que ça tourne" : ça veut dire quoi? Que lorsqu'on fait preuve d'un peu d'"humanité", que l'on s'accorde quelques minutes pour par parler avec certains lecteurs, on perd en 'efficacité'? C'est quoi cette efficacité? Me dites pas que votre bib fait rentrer de l'argent dans les caisses communales quand même? Ne peut-on selon vous, conjuguer efficacité, gestion honnête et juste des deniers publics et prestations sans perte de ce qui fait de nous des êtres humains? Alors quoi, si je deviens froid et imbuvable derrière mon comptoir de prêt, mon fonds va être mieux géré et mon nombre de prêts annuels va exploser? et mon PO sera content de moi? et va m'augmenter? et là, j'aurai enfin atteint ce que tout homme un peu intelligent devrait désirer atteindre en ce début du XXIe siècle?

Yvonnic a dit…

Je crois que nous tournons autour du pôt. Il ne s'agit plus de bibliothèques, mais d'un sujet de société très fortement politique qui est l'avenir mème de la notion de service public. Je le signalais dailleurs dans quelques exemples ruraux et urbains. Entendons-nous bien, un service sera toujours rendu au public. Simplement plus de la mème façon.

Les fonctionnaires disparaitront, rassurez-vous, vous qui les considérez tous comme des feignants et des parasites. Au profit de contractuels très mobiles. C'est prévu dans la réforme : contractualiser la fonction publique et accentuer la mobilité. Ils devront être très performants, je vous l'accorde, se retrouvant finalement prestataires de service ( et en concurrence entre eux sur le plan du recrutement). Et naturellement ils auront à coeur d'avoir des CV en béton, pour mieux se bouffer le nez entre eux. Vous iriez jusq'où pour être le meilleur sur le marché et le rester ? Ce n'est pas de l'ironie, c'est une vraie question.

Ce qui leur manquera pour un travail complet, c'est précisement le temps. Car il faut du temps pour créer une structure et la voir se developper, pour souder une équipe autour d'un projet. Cela vous ne l'aurez jamais, soyez en sûr. Vous aurez des délais. Moi j'ai du temps, nuance. Vous ne recueillerez jamais les fruits d'un long travail en profondeur. De mème qu'on ne vous recrutera pas pour "faire du social", cela va sans dire.

Vous ne correspondez pas non plus à une subite demande d'excellence ou d'efficacité qui aurait par grâce divine touché les managers locaux, mais à un besoin tout bête de faire des économies, première phase d'un démantèlement global. Car vous oubliez que le très gros intérêt pour une collectivité de recruter un contractuel pour des missions, c'est qu'il est jetable. (Vous parlez vous-mème d'un "contrat tacite" - ce qui n'existe pas en droit - qui vous donne "tout pouvoir". Non. Tout pouvoir...de faire ce qu'on vous a dit de faire. Y compris d'écrabouiller tout ce qui vous gène, je suppose.) Ce genre de contrat fait aussi de vous un esclave et un kleenex (et éventuellement une brute si besoin), ne l'oubliez pas, le jour où l'on vous préfèrera un plus jeune, plus performant (ou plus méchant et qui demandera moins d'argent.) Vous aimez le privé ? vous en gouterez les joies et le reste.

les collectivités n'ont simplement plus envie de se coller sur le dos un salaire de fonctionnaire sur des dizaines d'années (la fameuse gestion prévisionnelle des effectifs de vos DRH, vous savez ce que c'est : faire des economies, c'est tout), alors que le marché regorge de contractuels affamés qui piaffent d'impatience de "faire leurs preuves" (et de se remplir les poches, vous le dites vous-mème). Performant, mobile, jetable et economique, voilà le profil du futur chargé de projet qui remplacera le couteux cadre, feignant, syndiqué, éternel. Par contre, il faudra toujours du "petit personnel" à manager...

Croyez-moi, vous participez, peut-être sans le savoir (mais jusqu'où la naïveté est-elle excusable) à une opération purement économique. Regardez autour de vous, toutes les communes ne cherchent qu'à externaliser leurs services. On supprime des postes dans les services de voirie et on passe un marché avec une boite de nettoyage, on supprime les cuisiniers pour passer un marché avec une grosse boite de plats en liaison froide,...Et on prend sous contrat un jeune loup aux dents longues (elles s'useront aussi..) comme on passe un marché avec un prestataire quelconque. Selon les besoins du moment. Et sur la règle du mieux-disant ...financier.

Et à chaque fois c'est de l'humain qui fout le camp. Et du service public qu'on détricote. Mais sur l'humain, nescio a été plus clair que je ne pourrais l'être. Et il vous pose les bonnes questions sur la notion d'efficacité.

C'est vrai que finalement c'est facile de faire péter les plafonds de fréquentation, de faire mousser la statistique de prêt, c'est mème tout le débat de la profession actuellement, vous le savez très bien. Mais à quel prix : se transformer en rayon culturel de supermarché. Et bien ça, figurez-vous, on sait faire aussi.

Mais on veut pas. Etre "efficaces" à ce prix là, non merci. On est cons, non ? En tous cas on a encore le pouvoir de dire non. Vous ne l'aurez pas, par définition. On vous recrute pour dire oui.

Quant à l'image du superman motivé, faut pas me la faire. Un récent sondage en 2007 a montré que 80% des jeunes souhaiteraient entrer dans la fonction publique. Forcément, la crise est là et son cortège d'angoissés. Mais on ne recrute plus. Fini les places faciles aux concours. Alors, comme par hasard, on voit fleurir une nouvelle race "les contractuels". Vous les avez entendus s'exprimer sur les forums ? Moi je les ai lus de très près. Et j'ai vu qu'i nsensiblement, ils sont passés d'un discours de victimes du système, fonctionnaires au rabais et autres clichés victimaires, à l'attaque des gens en place, érigeant leur précarité en excellence, leur déception en mérite. C'est de l'opportunisme, tout simplement.

Et puis d'où tenez vous que les gens comme vous auraient des compétences si extraordinaires ? Vous sortez des mèmes écoles et formations que les autres après tout. Le seul fait de vous vendre au plus offrant pour garantir de l'efficacité à tout prix, serait une garantie de compétences ?

Je ne connais pas de recherche d'efficacité maximale qui n'écrase pas l'humain. Je ne connais pas non plus de service culturel rentable. Vous ne serez jamais rentable, monsieur Ray, jamais. Vous couterez un peu moins cher sur la durée, c'est tout.

Vous auriez dû choisir la voie préconisée par Raymond Barre, récemment décédé, qui avait fait se tordre de rire les chômeurs de la fin des années soixante-dix en leur lançant le fameux "creez votre entreprise"! Creez donc une entreprise de "conseil en bibliothèques", qu'on se marre un peu!
Il me semble qu'il avait aussi créé les TUC, ancêtres des CES, ancêtres des Emplois-jeunes et toute une pleiade "d'emplois aidés" . Mais c'était pas une solution, il faudrait bien les titulariser un jour, ces petits cons ! Alors on a trouvé mieux; beaucoup mieux : le contractuel! Egalement appelé avec pompe dans certaines annonces "Chargé de mission", ça fait plus riche, et ça attire mieux les mouches.

Seulement voilà, une mission c'est une mission, le service public c'est une mentalité, et un engagement.

Vous savez, dans les années soixante, la grande mode c'était les vacances en Espagne, sur la Costa Brava. Quelqu'un avait dit qu'aller la-bas c'était se faire le soutien objectif du franquisme. Réfléchissez un peu. Vous participez à une opération de démantèlement du service public. Consciemment. On peut faire bien des choses pour arriver à bouffer, et ce n'est pas moi qui jetterais la pierre à ceux qui rament. Mais c'est autre chose que de s'en glorifier et d'avouer avec cynisme qu'on cherche à se remplir les poches, en se payant le luxe d'insulter toute la fonction publique!

Yvonnic, fonctionnaire chargé de mission humanitaire ,à vie!

PS; Et c'est toi qui paies déja ma future retraite, bien fait !

Anonyme a dit…

Tout ce que vous dites, Yvonnic, je le partage. Mais la différence entre nous, la voici : j'adhère aux valeurs que vous réprouvez. Vous y voyez une déchéance et une course au néant alors que, de mon côté, j'y vois la possibilité d'une vie riche et pleine. Un exemple : vous parlez de "précarité" ; je préfèrerais plutôt le terme d'"insécurité", car c'est bien dans l'insécurité qu'on a la possibilité d'agir, de créer, de se sentir vivre. Aussi ne suis-je pas le cocu du système que vous dites : ce système, je le veux... ainsi que sa contre sa contrepartie nécessaire : la destruction du fonctionnariat (un système d'infantilisation). Le fonctionnaire tire fallacieusement sa justification du service public. Mais le service public peut aussi bien être assuré par des salariés compétents, voire même des contractuels missionnés, en poste pour la réalisation d'un projet et seulement motivés par l'appât du gain. Rappelez-vous que les mauvaises raisons sont toujours les meilleures : c'est parce qu'ils y auront intérêt que les contractuels seront efficaces et que le service public sera assuré.
Dans le cas des bibliothèques, la comparaison que vous faites avec les supermarchés me paraît bien venue. Le gouvernement vient de faciliter l'implantation des supermarchés. Voilà qui devrait nous faire réfléchir. Si cette disposition a été prise, c'est parce que le modèle du supermarché rencontre un succès auprès des consommateurs qui ne se dément pas. Aussi la solution pour les bibliothèques est-elle de ce côté. Je dirais donc, de manière lapidaire et à la suite de bien d'autres, oui au marketing, au merchandising, au management généralisé. "Faire du social" ? Voilà un objectif aujourd'hui incongru, aussi incongru que les dispositions encore existentes du welfare state ; et, encore une fois, l'excuse de ce ramassis de cossards que sont les bibliothécaires-fonctionnaires. Etre payé pour faire cosette avec mamie, c'est un peu fort de café. Moi, j'embauche des contractuels payés pour donner aux usagers ce qu'ils veulent ; et ce qu'ils veulent, ce n'est pas un brin de cosette mais les derniers DVD, les derniers CD, les titres de romans promus dans les médias ou vus dans les supermarchés, la possibilité d'utiliser internet sans limite (de temps, etc.) et sans contrainte (pourquoi interdire les jeux, la bourse, les blogs, MSN ?). Répondre à cette demande, c'est cela l'efficacité. Y répondre en utilisant aux mieux les moyens matériels et humains, c'est ça l'efficience. Sur le modèle amériacin, je souhaite que nos bibliothèques deviennent des lieux de vie, de distraction, de plaisir, ouverts tous les jours (là, on est en bonne voie), 24 heures sur 24. Ce n'est pas avec les fonctionnaires crispés sur leurs privilèges qu'on y parviendra.

Yvonnic a dit…

Le seul point sur lequel je pourrais être d'accord avec vous c'est le terme "insécurité". Vous dites que c'est bien "dans l'insécurité qu'on a la possibilité d'agir,de créer, de se sentir vivre." Je traduis ça autrement. Certains penseurs disent que les français n'ont jamais été aussi libres que pendant l'Occupation, ce qui peut paraître incongru à priori. Mais ils expliquent qu'à l'époque la vie et la liberté avaient un sens très précis. On vivait dans un "discours d'urgence". Une erreur d'aiguillage pouvait couter tres cher. On savait ce que valait sa vie. Maintenant la liberté c'est quoi, de pouvoir se faire faire une permanente chez le coiffeur , et l'urgence c'est d'acheter le dernier plasma ? J'aimerais quelque part que les fonctionnaires en général, mais aussi les autres, retrouvent un discours d'urgence, et les valeurs qui vont avec, en principe. Ils le pourront peut-être à travers le nouveau système de notation dite "au mérite" ou "à la performance", qui pourra représenter jusqu'à 30% du salaire. Mais ça ne se fera pas en faisant monter les chiffres, mais en s'engageant (équipe) sur la réalisation annuelle d'un projet (avec les moyens correspondants, bien sûr). Ces projets pourraient parfaitement être orientés vers autre chose que du fonctionnement de supermarché et les conceptions américaines de la société.

"Aussi ne suis-je pas le cocu du système ". Non, pas encore, pour l'instant vous êtes un petit rouage dans une machine à cocufier tout le monde.

Vous ne voulez pas être payé pour faire causette avec mamie ? Il faudra pourtant bien que quelqu'un leur parle. Les plus de 60 ans représenteront bientôt la moitié de la population, regardez plutôt la démographie occidentale. Ce serait quoi, alors, une "efficacité" qui les laisserait de côté ? Habituez-vous aux mamies car les systèmes que vous bâtirez devront aussi et surtout être faits pour elles...Et elles aiment la causette.

La difficulté, voyez-vous, ce n'est pas de choisir le supermarché, le choix maximum, la technologie de pointe OU la causette avec mamie. C'est de faire les deux. Nous on sait. Passer aux idea stores, ce n'est pas un problème pour nous, si on nous l'impose. Sans rire, si on me disait que demain je fais partie d'un "bloc-loisirs" avec salon de massage, épicerie fine, cybercafé, garderie et dépôt de pain, ouvert le dimanche, ça ne me poserait pas de grands problèmes techniques. Et puis ces idées ont l'air novatrices mais au fond, c'est du vieux concept archi-connu.

On n'est pas si gâteux que cela. On est prudents ,on sait pourquoi on a choisi de bosser là-dedans, et on sait que c'est pas évident de garder une place et une disponibilité pour tout le monde, on sait que les fonceurs se retrouvent un jour dans le mur. Et on a compris qu'une bibliothèque n'est pas RENTABLE, qu'elle ne fait pas partie du secteur marchand. Ne faites pas semblant d'ignorer cet argument. C'est celui qui donne les limites de ce que sera votre action. Vous n'aurez pas plus de moyens financiers (professionnels, pas personnels) que nous. Peut-être mème moins. Quel bel oeuf allez-vous nous pondre avec ça ? Quelle piste nouvelle allez vous ouvrir que d'autres n'auraient pas déja exploré ? Copier les Américains ? Bien, parfait. Mais aurez-vous leurs moyens ? Vous comptez sur votre idéologie marchande pour faire gagner les 24 heures du Mans à une deux-chevaux ? Ce n'est ni vous ni moi qui sommes précaires et qui serions gagnants ou perdants. C'est le service public tout entier qui tremble dans ses chaussettes. Surtout quand il es couteux et "inutile" comme le culturel en général.

Essayez de vous procurer le bilan réel des grosses structures, voire meme des BMVR, dans lesquelles on a englouti des sommes folles, et qui sont dirigées par des "performers" dans votre genre. Demandez-vous pourquoi des structures prévues (projets officiels) pour fonctionner en non-stop en sont revenues à des horaires "normaux", à des réductions de personnel ? Elles qui proposaient tout, tout le temps, et soi-disant pour tout le monde. Il devait manquer quelque-chose...

Petit naïf. De toutes façons, vous avez mentalement déja tiré une croix sur la moitié de vos "clients" potentiels, la clientèle du futur, les mamies. Nous on appelle ça des "usagers". Et on veut la garder.

C'est foutu, mon pauvre ami...Et vous mettrez dix ans à vous en rendre compte, comme ces enseignants qui découvrent par hasard que les gosses c'est pas leur truc, mais qui restent dans l'enseignement à pourrir la vie des gamins, parcequ'ils ont "signé" pour dix ans. Et surtout, parcequ'uils découvrent qu'ils ne savent rien faire d'autre.Enfin vous pourrez toujours devenir patron d'un Leclerc....

Yvonnic,future mamie-causette

Anonyme a dit…

Vous avez raison sur un point fondamental. Oui, en effet, je pourrai(s) être patron d'un Leclerc. Car ce qui m'importe c'est la gestion, la direction d'équipe, non pas la nature de l'activité du lieu dans lequel je travaille. Vous croyez franchement que, de nos jours, en bibliothèque, un décideur a d'autre centre d'intérêt que l'organisation du travail, l'animation et la direction d'équipe, la programmation ; qu'il aime lire (autre chose que la littérature technique et utilitaire) ? (Vos débats pour ou contre la "culture légitime", les best-sellers, etc. sont confondants de naïveté. Si vous y croyez, c'est grave.) Aussi, tous vos arguments sociologiques ont pour moi peu de valeur. Si l'inertie des bibliothèques persiste, je trouverai bien à m'employer ailleurs.
Mais je relève que vous êtes également sur la voie ; avec beaucoup de retard et de scrupules, certes, mais ça vient : votre langage en témoigne et vous n'exprimez pas d'opposition de principe sur la modernisation des bibliothèques, le modèle américain et marchand - comme les pignioufs qu'on peut encore croiser (certains réussissent même à se faire publier). Votre point de vue, en somme, n'est pas si éloigné de celui des soixante-huitards qu'on trouve aujourd'hui à la tête d'entreprises ou d'administrations (ceux que conspuent leurs anciens "camarades", ces ratés qui trouvent dans la dénonciation de la "trahison" et leur "foi" révolutionnaire une compensation à leur échec). Encore un effort...
Ray Mombart

Yvonnic a dit…

Ne récuperez pas mes propos de façon inversée: je suis contre le modèle americain et marchand, qui laisse la moitié de sa population sur le bord de la route.

Quant à la modernisation des bibliothèques, je ne vous ai pas attendu pour y participer. Comme vous le rappelez à juste titre à travers vos exemples de soixante-huitards aujourd'hui à la tête des administrations et entreprises, nous ne sommes pas la génération" salle d'attente" (comme on a surnommé la vôtre), jamais immobiles, toujours prêts à bouger. Et à faire bouger les élus locaux. Nous avons INVENTE l'animation en bibliothèque,la lecture hors les murs, les réseaux, les déplacements des livres vers les publics empêchés. Et nous avons toujours foncé dans les nouvelles technologies dès que les moyens nous en étaient donnés. Et pas "avec retard et scrupules" (ça c'est ce qui vous arrange, ça cadre bien avec votre image d'une fonction publique feignante et peu créative), mais c'est faux. Nous avons OSE beaucoup de choses, profitant notamment des années-fric (années 80), certains nous accusent mème maintenant, c'est risible, d'avoir fait "éclater le cadre traditionnel des bibliothèques", ce qui serait une des causes de leur "manque de visibilité actuelle". Bref, on a foutu notre merde. C'est ce qu'on sait faire le mieux. Un coup de pied dans la fourmilière, on sait faire. Et on saura encore, s'il le faut. Toutes les techniques actuelles de valorisation des fonds, tous les manuels qui balisent la profession (regardez l'âge de leurs auteurs), toutes les normes actellement en vigueur, c'est nous. Et l'informatique (et pas seulement l'amorce timide et tardive que vous decrivez) c'est nous aussi. On n'y connaissait rien, mais on a foncé. Mais on a aussi connu les freins : la decennie 90 et l'actuelle, sont celles des reductions d'effectifs, reduction des budgets de fonctionnement, économies partout, recrutement sous-qualifiés, baisse de la fréquentation, reduction des remises à 9%, parcs informatiques vieillissants difficiles à renouveler dans un contexte frileux d'économies,bagarres avec des elus locaux appeurés devant les risques d'ouvrir internet aux chats, aux jeux en ligne etc..., reduction des places aux concours, formations inadaptées (les stages du CNFPT sont un scandale d'inadaptation aux besoins de la profession), arrivée des DRH dans les communes et leur cortèges de discours misérabilistes : sous pretexte de manager intelligemment, on cherche à baisser les coûts là-aussi, on ous chipote sur des déplacements en librairie, sur le remboursement d'un repas en stage. On patauge dans des combats minables pour gratter quelques sous.
Seulement tout ça on l'a toujours fait dans le meme esprit, celui de la préservation du service public "à l'ancienne", c'est à dire pour tous.Il nous faudrait plus de moyens, c'est tout. Ces moyens que vous n'aurez pas non plus, comme je me tue à vous le dire. Vous semblez penser "vos" bibliothèques comme des ilots protégés au milieu d'une mer de déconstruction du service public. C'est idiot, ça n'a aucun sens politique ni économique. Et, comme je vous le disais, mème la démographie va contre vous.
Les collègues qui actuellement peuvent acheter plusieurs exemplaires d'un best-seller le font, sans attendre qu'on les "manage " pour ça. Mais la plupart n'en ont pas les moyens, c'est tout.
Votre grandeur, si vous en cherchiez une autre que faire du fric, ce serait de relever le défi qui est devant vous : sauver les bibliothèques de la course vers les methodes americaines (parce que vous n'en aurez pas les moyens financiers) et vous battre contre la paupérisation générale, dans le cadre plus large de la disparition des services publics de proximité dans votre pays. A quoi vous servira d'avoir une belle structure performante dans un coin à côté de dizaines d'autres qui crevent ? Quand un bureau de poste ferme dans un village ou qu'une perception s'en va, ou qu'une classe ferme, le bibliothécaire doit se sentir concerné. Un beau combat, collectif, et pour le coup eminemment politique (au sens le plus noble du terme). Eh bien non,vous ne nous montrez qu'un petit carrieriste, individualiste, attiré par le fric et la réussite personnelle et l'atteinte d'objectifs techniques comme un actionnaire devant les résutats de la Bourse.C'est mal barré.

La génération qui va prendre sa retraite d'ici 2020 pourrait encore vous surprendre. Car c'est encore elle qui va intégrer les modifications du statut et ce qui en découlera. ça commence en 2009, c'est tout proche. Elle est encore aux commandes.

Et quand elle sera à la retraite vous aurez encore à compter avec elle. Ces nouveaux retraités seront les plus nombreux qu'on a jamais connu en France. Une génération qui s'est éclaté sur Deep Purple. Faudra pas lui en raconter. Elle sera exigeante, très exigeante. Dans les villes leur vote sera incontournable pour les élus. En bref, vous ferez le service public que NOUS voudrons en tant qu'usagers. De nombreux ouvrages sont parus sur le poids politique et economique des papy-boomers" ces prochaines années, reportez-vous y, ça en vaut la peine. On a fait chier deux génération, celle de nos parents et celle de nos enfants, la vôtre. On peut encore s'amuser un peu...

Vous savez ce qu'il y a de pénible pour vous : c'est que pour la premiere fois dans l'histoire votre niveau de vie et vos espoirs professionnels seront inférieurs à ceux de vos parents, c'est unique dans notre histoire. L'autre aspect es plus sociologique : vous êtes la premiere generation qui côtoie, vivantes et active, les générations qui vous racontent les combats menés, les combats perdus, les illusions. Une génération, autrefois disparue, est là aujour'hui pour vous montrer l'inutilité de vos projets,la regression qu'ils amènent, l'inanité de vos idées.Pour vous expliquer qu'une bonne vie professionnelle n'est pas un combat de manager , c'est autre chose, qui comporte de l'humain, du temps de lire et de choisir, le remps d'aimer faire lire etc...

Oui, on pèse lourd et on vous déçoit tous les jours, petits rats de marketing tournant entre nos pieds. On est incontournbables, increvables et prêts à se battre une dernière fois au niveau du statut pour éviter que les rats ne montent à bord semer la peste.

Si vous vouez faire autre chose, ça sera sans nous ou contre nous. Parce que le 'nouveau" que vous promettez,pour nous c'est une vieille musique liberale maintes fois entendue, maintes fois rejetée.
On avait de la suite dans les idées. Il va vous falloir une idéede ce que sera la suite. C'est plus dur.

Tiens, voilà une définition du manager : Ne rien faire, tout faire faire, ne rien laisser faire.

Et pour finir cete echange nullissime une pensée "comique" relevée dans une conversation entre deux fonctionnaires europeens
"La loi, c'est le marché. Le service public est hors du marché.Donc le service public est hors la loi". Humour glaçant des technocrates.

Bonne chance mon petit poussinet dans ce monde qui ne t'ouvre pas les bras, ce monde indivdualiste où tu seras seul contre tous.

T'es un grand malade. Fais gaffe. Pour les performers comme toi, meme la vie de couple c'est devenu du management d'entreprise.

T'as le choix entre ne rien faire ou faire quelque chose qui ne servira a rien. Bon choix, et bonnes lectures!

Le moment que je passe à faire decouvrir le rayon sentimental à Mamie, qu'a fait expres d'oublier ses lunettes, c'est tout bon, c'est un moment de vie sociale. Celui que tu passes dans à ton grand bureau à derminer une politique manbagériale qui te permettrait de sortir du jeu ces parasites improductifs, c'est un moment de mort du social.

Tu es mortifère.

choisis ton camp camarade...Tu te prépareres une vie pleine de stress oxidatif, le pire.

Yvonnic,le Zonard des bibliothèques

Anonyme a dit…

Je pense pas que cet échange soit "nullissime". Il apparaît tel à vos yeux parce que, incidemment, vous percevez que nos positions respectives ne sont pas si éloignées qu'il n'y paraît. Cela vous gêne. Je vous donne un exemple. Vous stigmatisez mon "cynisme" dans l'un de vos précédents messages. Mais vous vous révélez vous-même cynique (et sans arrière-pensée) dans votre prospective. Votre génération qui arrive à la retraite n'aura eu de cesse de "jouir sans entrave", toujours aux dépens des autres (leurs aînés et, aujourd'hui, leurs enfants) ; et vous vous en vantez - comble de la déchéance à mes yeux : il n'y a que dans nos sociétés que des vieux puissent sans mourir de honte revendiquer d'être entretenus par leurs cadets. Indigne situation.
Quant à moi, cette situation, je m'en accommode ; je la trouve même économiquement stimulante. Et cela ne me gêne pas de devoir engraisser les vieux mollassons, esclaves de leurs désirs tels des enfants mal éduqués. Car finalement, le déchaînement des désirs hystériquement revendiqué par nos vieux croutons dans leur jeunesse dorée et irresponsable se révèle aujourd'hui compatible avec l'accumulation du capital, comme disait l'un de leurs maîtres à penser. C'est l'ironie de l'histoire. Aussi, plutôt que de vous interroger sur nos différences, vous feriez mieux de vous demander comment vous avez pu produire un monde finalement si conforme aux valeurs que vous prétendiez abolir - celles que nous faisons nôtres sans fard ni dénégation.
Je remarque enfin ce trait à la fois détestable et pitoyable : essayer de fuir un débat gênant par l'insulte ou le jeu de mot facile, en espérant ainsi avoir le dernier mot.
Je stoppe là, de crainte de vous voler ce temps précieux où vous allez devoir faire cosette (et non pas "causette" - refléchissez-y) à mamie. Bon courage !
Ray Mombart.

Yvonnic a dit…

Je ne suis pas cynique, ni récupérable par des gens de votre espèce. Si vous me lisiez mieux vous auriez noté la phrase de Wolinski: nous avons fait 68 pour ne pas devenir ce que nous sommes devenus. Ce n'est pas du cynisme, c'est de la lucidité. Derrière la nostalgie ou les bravades, je ne me fais aucune illusion sur ce que suis réellement. Et je fais avec. Mais ce n'est pas pour autant que je me ferai le propagandiste de cette triste réalité. Je la déplore, je l'attaque, vous la revendiquez et la portez au pinacle. La différence me semble suffisante. Et pour les insultes vous avez pris de l'avance, me semble t'il. L'insulte ne me gêne pas, surtout si elle est amusante ou créative,ce qui me gêne c'est quand elle constitue l'essentiel du discours.

Rendez-vous dans quelques années dans vos rêves dorés, petit scarabée...

Et bonnes vacances aux frais du contribuable!

Yvonnic, vieux mollasson et vieux crouton esclave de ses désirs.

Anonyme a dit…

C'est drôle, il me semble qu'à chaque intervention vous formulez non pas une critique de mon point de vue, mais, sans vous en apercevoir, une auto-critique. J'ai beau adhérer pleinement à cette réalité que vous affectez de mépriser, je ne suis pas dans la mystification contrairement à vous. Comme vous le dites à demi-mot, la différence entre nous n'est pas tangible ; elle relève d'une simple représentation de soi et du monde. La vôtre est hypocrite. Car en fait, vous êtes bien dans le monde tel qu'il est ; il vous suffit juste qu'en retour celui-ci vous reconnaisse le droit de jouer au contestataire. Et ce jeu de rôle, vous faites semblant de le prendre au sérieux, en espérant que les autres fassent de même. C'est de l'auto-mystification. Car ce "droit" d'"attaquer" la réalité, vous le payez volontiers d'une servitude consentie et confortable. Le tout, encore une fois, est qu'on vous perçoive comme un rebelle. Tout est affaire de représentation de soi : narcissisme. Ca ne change rien dans les faits. Une comparaison : l'autre jour, j'ai croisé Didier Wampas à la FNAC des Halles. Ce mec qui prêche à longueur d'interviews la révolte, l'existence décalée du rocker a sorti comme tout le monde sa carte bleue pour payer (et c'est bien pratique une CB). C'est ça la vérité du rock : une intégration déniée mais bien réelle.
Encore un mot sur votre texte. J'avais repéré l'emprunt que vous mentionnez (ce n'est d'ailleurs pas le seul). Mais cette référence à Wolinski me fait marrer. Elle dit bien votre situation : une adhésion contrariée au monde. Le fait que le calembour soit le fait d'un stalinien, c'est-à-dire d'un turiféraire du capitalisme d'Etat, est révélateur.
Bonnes vacances quand même.
RB