09 octobre 2007

Maman

D'habitude, tu rentres dans la bibliothèque, tu déposes les livres de ta fille et, si elle m'en a réservé d'autres, tu attends que je les ai enregistrés sur sa fiche avant de t'en aller. Aujourd'hui, tu avais envie de parler. Depuis 15 jours, ta fille ne rentre plus tous les soirs. Elle est à l'université, à Liège, et bien que ce ne soit finalement qu'à une quarantaine de kilomètres, la durée du trajet en transports en commun était décidément trop pénible. Cinq jours sur sept, elle loge là-bas. L'impression, entre ton mari toujours sorti et ta fille qui s'éloigne, d'un grand vide soudain. Le village : un trou perdu dans la compagne. Pas de voiture. Pas de travail hormis la maison à tenir. Et pour qui désormais? Il n'y a pas si longtemps, tu l'attendais. A heure fixe, elle rentrait de l'école en bus. A heure fixe, tu lui préparais son repas. Et le reste devait être à l'avenant. A quoi bon à présent? Tu n'as laissé planer aucun doute, ça ne tenait pas du regard ou du geste : tu l'as dit clairement : "c'est dur".
Je t'ai rappelé à quel point la vie d'étudiant pouvait être gaie. La liberté, les amis, la guindaille. Et les bons souvenirs que j'avais gardés de cette époque dans la Cité Ardente. Cela t'a un brin remonté le moral. Mais j'avais un avantage sur toi : nous, les parents divorcés, nous sommes très tôt confrontés à ne plus retrouver nos enfants chaque soir de la semaine.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

"un trou perdu dans la compagne", quel lapsus amusant :-)

Bravo pour votre blog. Parmi les dizaines que je suis, il est unique par son regard sur les petites choses de notre vie de bibliothécaire...

Bonne continuation.

Valerie

nescio a dit…

Oups...j'en connais une qui parlerai sans doute de lapsus révélateur...
Bine vu en tous cas : je me relis, mais celui-là m'avait échappé. Et merci pour vos encouragements!