08 mai 2007


Policier de comptoir (de prêt) - 3 : En balade

Evidemment, tu ne pouvais pas savoir. Qu’en plus d’être bibliothécaire, j’aimais bien, par certains dimanches matins, baguenauder sur l’une ou l’autre brocante. Peut-être préfèrerais-tu que je dise ‘marché aux puces’ pour être sûr d’être compris par nos lecteurs français ? Va donc pour ‘marché au puces’.
Assise derrière tes bibelots, tu as dû me reconnaître, bien que tu aies prétendu le contraire quelques instants plus tard. Dans ton bric-à-brac, c’est ta caisse de bouquins qui a attiré mon regard. C’est toujours comme ça dans ce genre d’endroit, les livres sont à peu près les seules choses que je regarde. Bien m’en prit cette fois encore. Il faut dire qu’il n’y en avait pas beaucoup, une vingtaine tout au plus. Je n’ai donc pas eu de mal à reconnaître les ‘miens’ : le plastifiage, les étiquettes et les cachets m’y auraient aidé si besoin en était.
Ainsi donc, ça m’arrivait à moi : je retrouvais en vente des livres qui appartenaient à l’institution que je servais avec dévouement (si, si !). Ce genre d’évènement qui, je le croyais, n’arrivait qu’aux autres.
Je l’avoue, je l’ai jouée assez basique et, après coup, j’ai regretté de ne pas l’avoir pris avec plus d’humour :
- ‘Mais ! Ils viennent de ma bibliothèque ces livres-là !’
- ‘Ah? Je ne sais pas’
- ‘Vous ne me reconnaissez pas ?’
- ‘Non’ (menteuse, menteuse, tu brûleras en enfer !)
- ‘Mmmm….vous habitiez à (tûûût) avant ?’
- ‘Oui’
- ‘Et vous êtes madame (tûûût) ?’
- ‘Ah non !’
- ‘C’est juste, c’est le nom de votre fille n’est-ce pas ?’
- ‘Oui…’
- ‘Bon, je vais donc les emporter sans vous les payer’

Ni toi ni ta fille n’avez moufté. Le justicier des bibliothèques publiques de campagne avait encore frappé. Le fourbe ennemi acceptait la sentence. L’un et l’autre espéraient bien ne plus jamais se revoir.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Rôôôôh ! Je suis sure que ça doit être pareil pour "ma" bibliothèque...

J'imagine parfois un monde parfait où tous les lecteurs rendraient leurs livres dans les délais, en bon état, en disant "merci" "bonjour" "au revoir", et en souriant...
Utopie, utopie...

bah, on peut rêver, non ?
nekita

nescio a dit…

Baaahhh, ça arrive quand même non?...chez 'moi' en tous cas, les 'emmerdeurs' sont minoritaires...