Polars nordiques
Aucun des trois romans traduits en français d’Arnaldur Indridason ne présente la moindre faiblesse. Après avoir découvert le récent ‘La Voix’, il me semblait évident de lire les deux autres. Bien m’en prit. De nationalité islandaise, Indridason applique une recette imparable : parle de ce que tu connais. Il base donc son équipe très réduite –trois enquêteurs : deux hommes et une femme- à Reykjavik et ne lui laisse que peu d’occasion d’en sortir.
La parenté avec un autre auteur nordique bien connu (Henning Mankell) est évidente. Et les amateurs de l’un devraient normalement apprécier l’autre. Plus sec et plus concis, Indridason se concentre également sur un personnage de flic bourru et mauvais vivant : Erlendur. Célibataire harcelé par une fille à peine sortie de l’adolescence, il se dit lui-même mauvais père et exécrable époux : il a effectivement quitté sa famille alors que ses enfants étaient en bas âge. Les relations avec son ex-femme sont proches du conflit armé et il n’a aucun contact avec son fils. En sus, Erlendur traîne derrière lui une profonde blessure de jeunesse ainsi qu’une passion bizarre pour les livres consacrés aux personnes disparues. Au fil des trois intrigues, Indridason distille les révélations sur le passé d’Erlendur et sans doute nous en ménage-t-il d’autres pour les prochaines. Quoi qu’il en soit, chaque volume propose, avec une économie de moyens remarquable, une intrigue policière tendue comme un fil et riche en rebondissements et autres chausse-trappes. A l’inverse de Mankell, on ne croit jamais que la solution est proche pour ensuite déchanter, mais l’on se trouve brusquement face à des murs de questions et des changements de perspectives imprévus, induits par des révélations savamment distillées. Plus ramassées mais tout aussi denses que chez Mankell, les textes d’Indridason partagent un point commun avec ceux de leur confrère suédois : cette même empathie pour les victimes, ce constant questionnement du pourquoi face à une violence démesurée et, par-dessus tout, une volonté de présenter les évènements nus, sans fioriture ni interprétation morale.
Dans l’ordre : ‘La cité des jarres’ et ‘La femme en vert’ (déjà en ‘Points’ Seuil) et, récemment : ‘La Voix’, chez Métaillé.
13 mars 2007
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3 commentaires:
Vendu !
merci pour l'idée cadeau ;-)
J'ai lu la femme en vert cet été et j'ai effectivement adoré. Dur et dépouillé, il y a quelque chose de la tragédie grècque dans ce texte, avec cette fragilité qui défie l'inexorable propre aux temps modernes. un très grand auteur à mon avis
Nous sommes d'accord...et j'apprends qu'un nouvel épisode sort très très prochainement...
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