19 novembre 2006

Sisyphes

Quand ce n'est pas l'un, c'est l'autre. Les lecteurs ou les livres. Dès les premiers jours de nos études de bibliothécaire, l'évidence nous avait sauté aux yeux, aux plus perspicaces de mes petits camarades et à moi-même : la bibliothèque idéale, celle que nous rêvions de rejoindre un jour, se devait d'être interdite aux lecteurs. Ce n'est qu'après, la pratique venant et le métier nous essouflant petit à petit, que l'incomplétude de notre réflexion nous frappa : les livres, quelles chienlit! Faut les choisir, les catalographier (selon des règles bien précises encore, si vous aviez pensé que titre/auteur ça pourrait suffire, vous avez bien fait de vous lancer dans une carrière d'ingénieur atomiste, c'est sans doute plus simple), les équiper, les mettre en prêt et les ranger un nombre incalculable de fois, toujours à ce même endroit qu'ils ne cessent de quitter. Sans compter que certains d'entre eux prennent un malin plaisir à se déteriorer, pour que nous perdions notre temps pourtant si précieux à les réparer à coup de papier collant et de colle blanche. Tout ça pour finir un jour ou l'autre par les retirer définitivement des rayons, parce que dépassés ou plus assez attirants pour vos lecteurs.

4 commentaires:

Bruit et chuchotements a dit…

Camus a dit qu'il fallait imaginer Sisyphe heureux.

Bon Sisyphe d'accord, mais les Danaïdes ?

nescio a dit…

Je serai plutôt d'accord avec Albert...ce boulot, comme tous les boulots, m'énerve certains jours mais ça passe assez vite...Quant au Danaïdes : de l'eau, m'en faut pas trop!

Anonyme a dit…

Et donc, cher monsieur, il vous est arrivé, au début de votre carrière, d'avoir quelque chose en commun avec des INFORMATICIENS ? Qui rêvent d'un réseau sans utilisateurs ? Mince alors ...

Bichette

nescio a dit…

oui oui, la comparaison avec les informaticiens est correcte...mais bon, comme je le dis souvent, le ras-le-bol passe encore assez vite...et si plus aucun lecteur ne passait la porte, ce serait sans doute assez pénible...