28 janvier 2009

Cruel monde du livre

- Bonjour, je voudrais 'Tombé des nues', mais je ne sais plus l'auteur...
Pianote pianote sur le clavier. Le titre ne me dit rien, mais bon, au gré du temps qui passe et des bouteilles de vin bio qui repassent, la mémoire du système informatique gagne des points.
- Ah, on l'a, c'est de Delperdange, en Espace Nord Jeunesse...
Je me lève, tour du comptoir, quelques mètres encore et hop, je lui tends presque fièrement...

- Ah non, c'était pas ce dessin-là sur la couverture.
Vérification des dates d'édition.
- C'est possible, je vois que c'est une réédition et en plus, je crois que la mise en page de cette collection a été revue. C'est sûrement le même texte, mais avec une autre couverture.
- Non non, je le prends pas, c'est pas ça, j'ai commencé à lire celui de madame, je vois bien que c'est pas ça...
- Si tu as commencé à le lire, tiens, regarde la première page et dis-moi si ça te dit quelque chose...
Elle parcourt distraitement quelques lignes.
- Hum, oui, ça a l'air d'être ça.
Après avoir soupesé l'objet encore et encore, l'avoir tourné et le retourné, elle finit par vérifier le nombre de pages. Et là, subitement, son visage jusqu'ici fermé, s'éclaire d'un sourire où perce toute l'innocence de son jeune âge. Pas de doute, une bonne nouvelle s'annonce.
- Cool, c'est le même, mais il y a moins de pages!

66 commentaires:

Rincevent a dit…

Bon ben au moins elle est repartie avec ce qu'elle cherchait, et en prime elle est contente. C'est ce qui compte !
Après tout, les mamies font bien leur choix en fonction de la taille et du poids...

Yvonnic a dit…

Communiqué : "Lors du renouvellement des manuels scolaires aux prochaines rentrées, le poids de ces ouvrages devrait devenir aussi un critère de leur sélection. Dans un souci de santé publique.
les nouveaux manuels devront obligatoirement mentionner leur poids et leur grammage. Le ministre suggère aussi de les scinder en plusieurs fascicules afin que l'élève ne transporte que la partie correspondant au programme traité. Le ministre souhaite aussi expérimenter rapidement le livre numérique. Un test est programmé dans 50 classes de sixième avec un support de lecture de 300 grammes, qui permettrait de contenir l'équivalent de 50 manuels.
Les fabricants de cartables sont aussi sollicités pour proposer dès la rentrée 2008 un sac solide, léger et bon marché, d'un poids inférieur à 1 kg (actuellement plus de 2 kg). Les fournitures devront aussi être plus légères, notamment en utilisant des cahiers de 96 pages (au lieu de 192 pages) et des classeurs souples.
C’est problème « dont en parle depuis trente ans sans le résoudre », a reconnu le ministre de l'Education nationale, qui veut entreprendre une démarche volontariste. La Fédération des conseils de parents d'élèves des écoles publiques (FCPE) avait relancé un contrôle de la pesée des cartables depuis la dernière rentrée, relevant un poids moyen de 8 kg, soit 20% du poids d'un enfant de sixième." (Livres Hebdo, octobre 2007).

Bon. Ces propos progressistes m'ont inspiré un petit chef d'oeuvre d'anticipation que voici :

"Le Prêt", pièce en deux actes (et une demi-bouteille de Muscadet), la scène se passe dans une bibliothèque rurale de Wallonie libre, au début du 21° siècle, un matin très tôt:

Adolescente pressée : Bonjour gentil bibliothécaire Nescio, mon e-book est en panne, et mon car m'attend, mais il me faudrait Les Misérables, mais pas plus de 300 grammes, c'est possible ? En plus j'ai oublié ma carte...

Aimable bibliothécaire Nescio: Pour ta carte c'est rien, je te connais, tu es la fille de la bouchère. Mais pour Les Misérables, tu sais ma chérie, je crains que ça ne pèse plus lourd que ça, mème en poche ! Vois-tu, Hugo, c'est pas rien!

Adolescente anxieuse se gratouillant l'acné: C'est pas grave, aujourd'hui on étudie juste le passage avec Cosette, c'est possible d'avoir seulement cette partie-là ?

Serviable bibliothécaire Nescio : Tu as de la chance, mon ange, on a justement une version jeunesse du tome 2, qui est consacré à cet épisode, en texte intégral tout de même, chouette non ?...Mais as-tu lu le tome 1 au moins ?

Adolescente, lointaine, se renfrognant : Non. Je vous ai dit "juste Cosette", le reste je m'en bats les couilles. Quand j'achète du jambon, j'en ai rien à péter de la couenne. Bon, au fait, vous pouvez me le peser,votre tome 2, pour voir, c'est par rapport au ratio poids du cartable/mon poids.

Raidisement professionnel du bibliothécaire Nescio dont le front s'embrume lentement et dont les orteils commencent un mouvement rotatif dans les chaussures : Je ne comprends pas trop ton histoire de ratio, et tu pourrais rester polie ma petite, mais je crois que j'ai un vieux pèse-lettres dans un coin...Ah, pas de chance, on dépasse un peu, ça doit être à cause de la couverture cartonnée. Et si on ajoute la plastification, la gommette-jeunesse, la cote, et le...

Dandinements simiesques de l'adolescente agacée regardant l'heure sur son portable et lorgnant vers son car scolaire à travers la porte: Rien à battre de la couverture, on peut pas l'enlever ?, vous la recollerez après...J'ai déja l'air assez naze sans mon e-book, s'il faut en plus que je me trimballe une couverture cartonnée qui sert à rien, je vais passer pour une débile, faites un effort, merde !

Hypothétique et improbable bibliothécaire Nescio virant légèrement au verdâtre tandis qu'un tremblement convulsif agite ses mains de fonctionnaire intègre: Ce que tu me demandes est impossible, petite conne à boutons, c'est de la dégradation volontaire de bien public par un fonctionnaire dans l'exercice de ses fonctions, ça peut me mener loin une histoire pareille!

Adolescente-avenir du Monde, rouge de colère, piercings en bataille : M'étonne pas ! Ma mère me l'avait bien dit que vous feriez pas un effort et que les fonctionnaires sont tous des feignasses et des sans couilles ! Tonton Zornibus m'avait dit que vous coupiez pourtant la culture en tranches ! Il va m'entendre ce vieux jeton!

Ancien bibliothécaire-démissionnaire Nescio,dont la transformation hulkienne est en voie d'achèvement, veston craqué, orteils sortant des pompes, voix caverneuse et filet baveux aux commissures : Tu la veux pas en injection intraveineuse non plus ta Cosette, pauvre résidu d'humanité ? Le Service public est prêt à tous les efforts, tu sais...

Adolescente calmée mais méfiante devant la transformation physique de son bibliothécaire de proximité : En piqure, c'est possible ? Et comment je pourrais vous le rendre ?

Bibliomonstre Nescien esquissant un sourire édenté : Pas de problème, viens, suis-moi dans les Réserves, je vais t'expliquer, on a inventé un système spécial pour ces cas là, c'est prévu dans le Règlement...

Il partent tous deux vers les profondeurs des lieux. On entend un cri, un bruit sourd. Le car scolaire s'en va. Le silence retombe sur la ruralité wallonne. Fin du premier acte.

2° acte, la scène se passe
20 ans plus tard, dans une classe wifisée, on entend la voix métallique et nasillarde du logiciel Prof de Français, sortant du terminal central :

Vous remarquerez la lente gradation vers la transformation physique et verbale des personnages, discrêtement suggérée par d'imperceptibles et délicates touches sémantiques, qui font toute la valeur littéraire de ce beau texte. Pour le sens profond, on comprend là que l'auteur dénonce avec tristesse les limites inhérentes au service public de cette époque, manifestement totalement inadapté aux besoins réels des publics et de l'évolution des sociétés modernes...Bon, activez vos puces intra-craniennes, nous allons étudier la fin du mouvement surréaliste à travers l'ouvrage du professeur Julius Zornipetitpotin " De Gloup Gloup à Grouik Grouik, de l'entarteur à l'emmerdeur, la fin d'un monde". Branchez vos e-books à vos prises temporales, page 24....

Yvonnic, vivez léger !

Après le contrôle de la pensée,le contrôle de la pesée! dirait l'humoriste Zornipouetpouet!

Ouarf ouarf !

nescio a dit…

Tu me dépeints bien plus patient que je ne le suis en vrai...dès le 1er 'je m'en bats les c..', elle pouvait sortir...
Je ne savais pas pour cette histoire de test du livre numérique dans 50 écoles françaises. Les vendeurs de matos informatique ont bien lobbyé...

Yvonnic a dit…

Oui, je me doute bien. Ta bonne éducation foncière est la fleur qui embellit tous tes petits billets, comme la boule anti-mites de nos armoires. Mais je te rappelle qu'il s'agit d'une fiction, voire d'une tentative de science-fiction, où le personnage nommé Nescio est totalement fictif, transcendé. Toute ressemblance avec des personnages réels est bien entendu (presque) fortuite...Bon,je n'insiste pas. je vois que mon effort littéraire a fait un gros flop auprès de la critique.
Pourtant chez moi 3h du matin + Muscadet = chef d'oeuvre, enfin parfois. Là non.
Je vais essayer le rosé de Provence, mais c'est plus traitre.

Yvonnic, peintre du dimanche.

PS. nos vendeurs de matos informatique ont bien lobbyé...parce que nos ministres sont aussi corrompus que les vôtres. L'une va pas sans l'autre.

Anonyme a dit…

Dire qu'à 13 ans le nombre de pages d'un livre était pour moi la promesse de longues heures de plaisir. Plus le bouquin était épais, plus je salivais. J'en aurais presque chialé, de terminer les 1200 pages de Joseph Balsamo !
Aujourd'hui je suis toujours un peu comme ça, même si j'ai aussi compris qu'un roman de 120 pages peut te bouleverser.

Enfin, je vais t'épargner le couplet y'a-plus-d'jeunesse-ma-ptite-dame...

Yvonnic a dit…

Le succès auprès des adolescentes des romans de type Harlequin est surement aussi dû à leur faible poids, mais pas seulement. Si ce n'était qu'une question de pages, les recueils de nouvelles auraient un grand succès. Malheureusement c'est le contraire. A part Maupassant (peut-être parce qu'on l'étudie en classe), les Français n'aiment pas la nouvelle, ados ou adultes, à la différence des Anglo-Saxons en général qui prisent particulièrement les "short-stories". C'est d'autant plus étonnant que nous avions beaucoup apprécié à une époque le "roman-feuilleton", ces histoires à épisodes qui paraissaient dans la presse quotidienne. Et mème les "extraits du Reader's digest" qui firent recette à une époque !

Quelle différence profonde y a t-il entre les romans-photos en noir et blanc que dévorait ma grand-mère et les romans Harlequin et consorts ?

Et puis je me demande si on n'est pas en train d'inventer autre chose , précisément à travers les e-books, ou plutôt à travers le support de lecture qu'est le portable.
On peut se poser la question de savoir si on n'est pas en train d'assister à l’élection du téléphone portable comme support de lecture de romans, ou de “ketai-romans”, comme en témoigne cet article de "The Economist", assez effarant sur ce qui se passe au Japon :

“Les ventes de livres déclinent, mais un nouveau marché se développe, véritable aubaine pour les éditeurs. La vente de romans lisibles sur téléphone portable - livres que vous téléchargez et lisez, généralement des chapitres en avant-première, sur l’écran de votre “ketai”, votre téléphone mobile - a grimpé en cinq ans de 0 à 10 milliards de yens (82 millions de dollars) il y a un an, et continue de se développer à grande vitesse.” (...). Les romans existants ne marchent pas bien sur ce support. Un nouveau type de roman est apparu, adapté à ce nouveau média et à son audience.” Cette information pose différentes questions dont celle de l’adaptation du contenu au média, déjà constatée avec YouTube, qui a généré des types de vidéos qui n’existaient tout simplement pas avant son existence.

Au fond, est-ce qu'on n'est pas en train de se tromper de combat en se la jouant livre-papier contre livre électronique, dans la mesure où les contenus restent les mêmes ? Le vrai danger n'est'il pas dans la modification des contenus par adaptation au support ? Comment ferons-nous apprécier un auteur, classique ou non, quand les grands noms de l'édition s'appelleront Nokia, Samsung, Motorola ou Ericsson ?
A quand le Goncourt-Ketai publié par Sony ?

Yvonnic, en avant vers de nouvelles aventures...sans moi.

eric1871 a dit…

Je ne sais pas si c'est un danger, mais je crois que si le livre électronique doit se développer, il faudra que les contenus soient différents de ceux du livre papier.
Le codex me paraît être la forme la mieux adaptée aux classiques de la littérature, ceux qu'on feuillète, ceux dont on débute la lecture à n'importe quelle page...
La littérature de consommation que tu évoques me semble pouvoir s'adapter au e-book, mais je suis persuadé qu'il ne sera un succès commercial qu'à partir du moment où il développera des formes qui lui seront propres...

Yvonnic a dit…

Je ne suis pas sûr que nous parlions bien de la même chose. Je ne parle pas du e-book (qui semble dailleurs progresser lentement tout en proposant la même littérature que l'édition-papier, avec peut-êre une orientation plutôt documentaire) mais du téléphone portable (qu'il faudra bien cesser d'appeler téléphone un jour dailleurs...)et de la fabrication d'une littérature strictement propre à ce support, et pour l'instant ciblée sur les ados.

C'est le même public qui va abandonner les blogs, encore trop lourds et littéraires pour lui, pour leur préferer Facebook et Twitter, très à la mode. Ce qui suppose bien la mise en avant de nouvelles formes d'expression. On ne partage plus ses idées, on partage ses vidéos sur Dailymotion. Le débat existe actuellement pour savoir si Twitter annonce ou non la mort des blogs. On verra bien, ce n'est pas ma préoccupation majeure. Comme ne dirait pas tonton Nescio, ça m'en touche une sans faire bouger l'autre...

En tous cas, c'est dans cet esprit que je trouvais assez inquiétante l'apparition d'une littérature spécialement fabriquée (il n'y a pas d'autre mot) pour le format des écrans de téléphones portables. Il suffit d'un petit programme de lecture capable de décoder les formats de fichiers. J'ai lu que ces logiciels sont particulièrement efficaces pour lire des mangas par exemple, mais pas adaptés aux autres types de livres (romans, essais...). Tu vois la dérive ? C'est le contenant qui définira le contenu.

Si le téléphone portable s'impose devant les livres électroniques (on va dire ça plutôt que e-book), c'est qu'il permet à la fois de sélectionner, acheter, télécharger et lire les ouvrages n'importe où et n'importe quand. Et la puissance n'est plus un problème puisque des telephones portables affichent facilement deux Go !

Le livre électronique souffre par comparaison de plusieurs handicaps: il est plus imposant, ne dispose pas de fonctions intrinsèques de communication, ni de système de paiement direct, et requiert donc obligatoirement l'usage combiné d'un ordinateur. Bref, pour des ados, c'est le Moyen-âge...

C'est donc clair: le téléphone portable est en train de devenir la principale alternative au papier pour la diffusion du texte. Mais son format impose d'autres formes de textes. Et son public aussi. Et c'est là tout le danger.

C'est comme si l'architecture d'une bibliothèque définissait son contenu.

eric1871 a dit…

Oui, si j'ai négligé le téléphone portable, ce n'est pas parce que je l'utilise peu et uniquement pour téléphoner quand je ne peux pas faire autrement, mais bien parce que je crois que je ne peux rien faire pour ses utilisateurs...
Si l'on découvre que, finalement, son rayonnement est nocif, il y aura peut être là un remède à la surpopulation, en attendant, on retrouve l'éternel division entre la partie de la population qui est éduquée à l'écrit et celle qui ne l'est pas.

Désormais, la seconde a le vent en poupe (en France nous avons d'ailleurs élu un président de la république qui la représente), alors que depuis la seconde guerre mondiale nos prédécesseurs avaient travaillé à développer la première... Le cours de l'histoire ne va pas toujours dans le sens du progrès.

Anonyme a dit…

"C'est comme si l'architecture d'une bibliothèque définissait son contenu." Mais c'est déjà le cas ! Voyez l'apologie de l'entertainment par l'avant-garde nihiliste de la profession ; ainsi que les descriptions enthousiastes des nouveaux phalanstères de la "convivialité", où faste et néant font bon ménage.
George C.

Anonyme a dit…

Mon commentaire ne sera en rien constructif : J'ai bien ri ! :-):-)

Et je vois que les ados d'aujourd'hui sont préoccupés par le nombre de pages comme l'étaient ceux de ma génération....

Anonyme a dit…

La différence c'est qu'avant, ils étaient préoccupés par le nombre de pages d'un livre de Proust.

Aujourd'hui, ils sont préoccupés par le nombre de pages d'un livre de Moka, de Murail, de Pipo ou de n'importe quel écrivain-pour-la- jeunesse-par-ici-les-subventions.

Démocratisation de la culture... oui mais quelle culture.

Zorn

Yvonnic a dit…

@ Ma chère Ada, c'est la preuve que vous êtes restée très très jeune. Bravo !

Soyons précis : Nous avons TOUS été inquiets du nombre de pages quand nous étions dans le cadre scolaire, obligés de lire des livres que nous ne choisissions pas, d'en faire des fiches de lectures, des analyses ou des dissertations, et que chaque livre se déclinait dans le cadre d'un foutu programme, avec des listes de titres longues comme le bras, et avec un foutu bac de français au bout du chemin, le tout encadré par les extraits choisis du Lagarde et Michard, ce manuel plein d'auteurs morts.

Certains d'entre-nous ont su sortir des tristes réflexes de ce bagne organisé et retrouver par eux-mêmes un plaisir de lire, comme Kat, les 1200 pages d'un Dumas même pas au programme. Un plaisir qui n'était pas inversement proportionnel au nombre de feuillets.

D'autres sont restés... très jeunes, éternels adolescents sans doute, éternels élèves peut-être. Ils ont beaucoup de chance.

@Zorn
Je n'ai jamais lu Proust. Et je prétends néanmoins que je suis un homme cultivé.

J'ai lu Balzac en sautant une page sur deux (au moins)et j'ai détesté.

J'ai choisi un Vian dans la liste parce que c'était un des plus courts et qu'on l'avait déja en poche à la maison.

Au bac de français j'ai eu 17 sur 20 à l'écrit,et 14 à l'oral. Avec le jeu des coefficients, j'ai eu mon bac les doigts dans le cul.

Et depuis ils y sont toujours!

Yvonnic, cultureux dégoutant (et dégouté)

Yvonnic a dit…

@George C.

convivialité :Tolérance et par extension ensemble des sentiments favorables et tolérants existant entre les membres d'une société .

Moi ça me va.

Phalanstère :Lieu où habiterait la commune sociétaire telle que l'avait imaginée le philosophe utopiste Fourier. Il se dit, par extension, d'une Maison où habitent de nombreuses personnes.

ça me va aussi.

Si on mélange les deux, les futures bibliothèques seraient donc des maisons de tolérance.

ça me plait de plus en plus.

Un phalanstère de la convivialité serait, de plus, un quasi-pléonasme.

George, vous êtes un petit rigolo de la famille des zornithorynques. Qui ont pourtant disparu de la planète il y a un moment.

Yvonnic, Culture pour tous

Yvonnic a dit…

@Eric le Morbide
"Si l'on découvre que, finalement, son rayonnement est nocif, il y aura peut être là un remède à la surpopulation"

Oui mais comme il faut entre 20 et 30 ans pour déclencher une bonne tumeur du cerveau, on en a encore pour un moment à supporter la débilité ambiante. Il parait toutefois qu'en ajoutant un peu de wi-fi et une pincée de lignes à haute tension, on peut accélerer le processus. On a peut-être une chance.

La génération actuelle aura le choix entre Alzheimer et le cancer du cerveau. Le principal c'est de pouvoir choisir...

Je n'ai pas de portable. C'est mon choix. Quand je n'aurai plus que le choix des autres, j'en prendrai un.

Et j'en offrirai un à tous les gens que j'aime bien...

Yvonnic, partageons nos petits bonheurs

Anonyme a dit…

@Y. "Je n'ai jamais lu Proust." C'est dommage. Le problème n'est pas d'être ou de paraître cultivé ; il est ailleurs : voilà une oeuvre qui, lorsqu'on l'aborde, bouleverse l'idée qu'on peut avoir de la littérature (de même avec celle de Mann, de Musil, de Tourgueniev, de Gombrowitz, de Bloy). Ca mérite le déplacement.

Phalanstères et conviavialité : il n'était pas question d'histoire ou de sémantique. Mais cela, vous le saviez.

George C.

Yvonnic a dit…

@George C. (que je suppose être Zorn, l'anonymat a ses petits inconvénients, je n'en suis pas responsable). Je suppose qu'à travers l'énoncé de tous ces grands auteurs, nous approchons enfin de votre définition de la "vraie" culture, la "culture confisquée" au profit des "elites auto-proclamées".

Je serai plus clair, quitte à m'auto-caricaturer quelque peu : cette culture là m'insupporte. Je peux éventuellement y "chercher un contenu", comme chez Musil, mais pas un moment de plaisir. Et vos propos tiennent plus du cours de lettres que du conseil de lecture. Je n'aime pas les belles lettres, pas plus que les profs ou les éducateurs du peuple. Je suis un adepte très précoce de la lecture-plaisir. Et je le suis resté. Mon métier ne change rien à l'affaire.
J'ai appris à lire avec le Club des cinq comme des millions de gens. A 13 ans je me suis farci l'intégrale de Sherlock Holmes quasiment d'affilée, au point de sauter des repas. Et Zévaco dans la foulée (injustement eclipsé par Dumas. @ Kat : lis "Les Pardaillan"). Et pas mal de Bd entre les repas. Après je suis passé à San Antonio et la SF, seul genre où j'ai constitué une assez monumentale collection personnelle.Et je ne parle que de romans.
Je n'aime pas précisément la "littérature", j'aime lire. La nuance est énorme. Je suis ce qu'on appelle "bon public". Ce qui ne peut que m'aider dans mon métier, précisément.
En gros, je suis lamentablement comme tout le monde. A cette différence près que je pressens un peu mieux ou plus vite que monsieur tout le monde quel livre m'apportera ma dose de jouissance, expérience oblige. Mais c'est tout.
Et je m'en porte très bien, merci.

J'ai été de ceux qui disaient il y a trente ans que la Bd n'était pas un truc d'abrutis qui risquait de détourner les jeunes de la vraie lecture. Et il faut voir ce qu'on entendait comme conneries la-dessus à l'époque !

Je suis de ceux qui sont très fiers d'avoir offerts plus de 800 romans harlequin et consorts à mes adolescentes, il y a plus de 15 ans, alors que nos doctes pontifes dissertaient sur la montée de l'illettrisme en se tripotant le machin sans rien faire d'autre que de prescrire des "ateliers" et du "soutien"

Je suis très heureux finalement d'avoir passé la majeure partie de ma carrière à me faire cracher dessus par l'élite de la profession, aujourd'hui battue en brèche par les publics qu'elle a si longtemps méprisés.

Les futurs phalanstères de la convivialité que vous évoquiez, arrivent aujourd'hui et me donnent raison.

Vous êtes mort depuis trop longtemps pour comprendre tout ça.

Anonyme a dit…

@Y. "Je peux éventuellement y "chercher un contenu", comme chez Musil, mais pas un moment de plaisir." C'est peut-être ce qui nous sépare : le plaisir de lire un texte est chez moi lié à son contenu. A tel point qu'un roman n'a pas, de mon point de vue, qu'une visée esthétique mais aussi de connaissance. Un bon roman, par conséquent, est un texte dont la forme (le choix d'écriture) est en osmose avec le propos.
En d'autre termes, cette littérature substantielle, il convient de mettre en valeur auprès des lecteurs, parce que le plaisir qu'elle procure est indissociable du sentiment de comprendre mieux ou autrement le monde dans lequel on vit. Elle n'est sans doute pas exclusive de celle qui a vos faveurs ; mais peut-on comme vous faites la mépriser parce qu'elle ne rencontre pas les goûts du plus grand nombre ?
D'ailleurs, pourquoi la bibliothèque devrait-elle être le pur reflet des goûts de son public ? N'a-t-elle pas d'autres objectifs que de le flatter ? En quoi le souci de signaler une littérature exigeante (limitons-nous à cela) est-il élitiste ?
Au sujet de l'éternel "débat" culture légitime/culture populaire qui divise la profession : il charrie tant de confusions, de non-dits, d'arguments pro-domo qui s'ignorent comme tels, qu'il faudrait repenser la question.
Enfin, au sujet de l'essor des "phalanstères" de la convivialité : avoir raison, ce n'est pas voir se réaliser ses idées, constater qu'elles triomphent dans le réel (sinon le pouvoir, la force auraient toujours raison) ; c'est appréhender le réel avec une exigence (une visée) de vérité - ce qui implique la critique, le refus de considérer comme légitime ce qui est simplement parce que c'est là.
George C.

Yvonnic a dit…

Tout cela est fort bien dit (et je n'ironise pas), et rentre dans la longue liste des discours humanistes qui prévalaient à l'époque où les bibliothèques étaient les receptacles du savoir et avaient des visées encyclopédiques, voire, plus récemment,prétendaient à "eduquer les masses". Tout cela a changé en profondeur et il importait de prendre ces changements en compte.

D'autre part je vous signale que vous vous laissez aller à un petit jeu d'amalgame entre le moi-lecteur qui s'exprime en termes de plaisir et le moi-bibliothécaire qui est autre. Tous les auteurs que vous citez sont dans ma bibliothèque publique, et bien d'autres, vous l'imaginez bien. Qu'ils ne sortent jamais et n'aient pas les faveurs de mon public n'est qu'un constat que je me dois de faire, professionnellement parlant.Rien de méprisant là-dedans.

Ensuite tout est question de logique du service public: Si mes constats et mes évaluations directes ou statistiques, et celes de nombreux collègues, ne me servent à rien en matiere de politique d'acquisition et de mise en valeur, il est inutile d'en faire et de chercher à connaître les publics. Il n'est que de s'enfermer dans un bureau et de concocter de beaux programmes d'acquisition pour des publics virtuels qui, de plus, désertent les lieux de plus en plus.

Il n'y a pas de "légitimité" absolue, en dehors du monde. Il y a les exigences et les missions du service public. Les publics changent, comme le monde, et toute la chaîne des acteurs du livre. On peut regarder cela d'un oeil critique (voir nos débats sur le livre sur telephone portable ou la litterature au poids etc...), mais il est impossible de s'exonérer de nos missions.

Les publics actuels nous ont amenés à une grande révolution mentale, tout à fait nouvelle dans nos milieux, historiquement parlant: l'obligation du pragmatisme, et par voie de conséquence, la refondation de la notion de service rendu aux publics, dans leur diversité.Conséquence annexe : nous ne sommes plus les prescripteurs uniques, incontestés, légitimés par leur bagage culturel et une mission millénaire de conservation d'une culture universelle.

Nous sommes de petits passeurs, attentifs à la demande,souvent coincés entre le monde éditorial, les médias, nos lieux changeants et nos publics nouveaux.

C'est plus difficile que de trôner dans des légitimités anciennes. On navigue à vue, à la pagaie, à la godille. Phalanstère en vue, nous dit la vigie !

Tant mieux mon bon ami, tant mieux...

Il vous restera bien une île déserte où il fera bon jouer les Robinsons. Je vous souhaite tout de même q'un Vendredi vienne prendre une carte de lecteur...

Anonyme a dit…

Tous les livres que vous citez sont dans ma bibliothèque et ils ne sortent pas...

En admettant qu'ils s'y trouvent, qu'avez-vous fait pour qu'ils sortent ? Vous les avez noyé dans la masse des best-sellers et des animations. De toute manière, cette manie de vouloir à tout prix faire lire les gens est dégoûtante, dans un sens comme dans l'autre.

Jusqu'à une époque récente, les BP n'avaient absolument pas pour but d'attirer un maximum de gens ou de les dresser à lire ceci plutôt que cela. Les bibliothécaires devraient réapprendre à s'intéresser un peu plus aux livres et moins aux gens.

Vous nous dites : il faut être pragmatique, le public a évolué. Comme si le public évoluait tout seul, comme si cette évolution n'était elle-même voulue et n'était pas le résultat de choix politiques et économiques.

Aujourd'hui, les B.P. ne sont là que pour passer une couche dans les coins après TF1. Et justement, TF1 aussi mise tout sur le "plaisir" des téléspectateurs. Votre "grande révolution mentale" a été de vous aligner sur les mêmes modèles que la société de consommation et du spectacle. La quantité plutôt que la qualité, la satisfaction immédiate (votre "dose de jouissance"), le tout-animatif, etc.

... et tout ça n'est pas le fruit du hasard. On sait très bien qui tire les ficelles.

Zorn

Yvonnic a dit…

"En admettant qu'ils s'y trouvent, qu'avez-vous fait pour qu'ils sortent ? Vous les avez noyé dans la masse des best-sellers "

Dabord je ne vous permets pas, infâme suppôt de la Stasi, d'imaginer qu'ils n'y sont pas. D'autre part s'ils se sont noyés, je n'y peux rien. Ils n'avaient qu'à savoir nager contre le courant. A son époque Leconte de Lisle a été noyé sous la mode Victor Hugo. C'est très injuste. Mais avez-vous essayé de nager contre le courant ? Au fait, vous la ferez finalement, cette animation sur Conrad, ou c'était juste pour faire joli dans la conversation ? Vous n'êtes pas clair la-dessus...

"De toute manière, cette manie de vouloir à tout prix faire lire les gens est dégoûtante"

Ah bon ? Même Gombrowitz ? Faudrait savoir...

"Jusqu'à une époque récente, les BP n'avaient absolument pas pour but d'attirer un maximum de gens "

C'est vrai ça. J'ai connu ces endroits noirs et poussiéreux, sans vitres, aux planchers craquants, pleines d'étudiants silencieux, d'érudits locaux et autres grosses têtes, où il fallait remplir une fiche et appeler en silence (!) un magasinier pour qu'il aille vous chercher un bouquin dans les réserves. On appelait pourtant ça des bibliothèques municipales, c'était marqué dessus. C'était le bon temps. Au moins le but des BP était plus clair, c'est vrai.

"On sait très bien qui tire les ficelles."

Oui papy, on sait: c'est l'Occulte, l'Hydre maçonnique, et son cousin le Directeur de TF1, bien entendu. Prends tes gouttes et pense au bon temps.

Les grosses ficelles du cauchemar zornien réapparaissent enfin, comme on les aime, sans nuances, on pourrait en faire une Bd : l'irruption soudaine dans les lieux sacrés du Savoir de la populace ignoble et formatée, affamée de romans du terroir et de récits d'aventures,la Bibliothèque, alliée de l'Ecole de Gôche, devient un outil d'émancipation du peuple. Un peuple d'immondes morveux prépubères réclamant du manga, de vieillardes bavochantes orgasmant sur les romans sentimentaux, de bambins en couches-culottes se pissant dessus en écoutant des contes idiots ânonnés par des grosses dames belges alcooliques. Bref, Les Cavaliers de L'Apocalypse montés sur les chevaux de la démocrassie.Les Masses enfoncent les portes.
Je sais pas pourquoi mais je vois bien ça dessiné par Maester.

Voici revenues les terreurs nocturnes de Zorn le Mégalomane, se prenant pour le Bibliothécaire d'Alexandrie tandis que l'édifice croûle sous l'incendie.

Un coup à refaire pipi au lit, mon petit Zorn.

Au fait, dans la structure qui vous héberge encore trop généreusement, êtes-vous chargé des acquisitions ou d'un quelconque choix, à part celui de choisir la collègue qui sera votre cible de la journée ? C'est une question dont la réponse apporterait beaucoup au débat.
Quant au pragmatisme,vous êtes bien mal placé pour le critiquer car vous le pratiquez beaucoup plus que moi : le seul fait d'accepter de prêter un livre "nul" à quelqu'un fait de vous un pragmatique honteux et larvaire : car non seulement vous ne le faites que pour conserver votre emploi, pour bouffer, mais en plus vous vous dédouanez en considérant que ce quelqu'un n'est de toutes façons qu'un méprisable esclave téléphage !
Alors si en plus de les prêter, il se trouvait que vous les achetiez, ce serait carrément pathologique.

Vous l'avez dit vous-même cent fois sur ce blog: c'est rien que pour BOUFFER !

Shame on you, Mr. Zorn !

Yvonnic, Nounouille 1er

Anonyme a dit…

@Y. Je reviens sur votre avant-dernier message.

Vous parlez de "révolution mentale" pour faire le départ entre le passé et le présent des bibliothèques. Ce qui étonne, c'est que votre critique de l'avant (qui va jusqu'au rejet intégral) ne s'accompagne pas de la même exigence de compréhension de ce qui est aujourd'hui. Cette carence n'autorise finalement qu'une seule perspective : celle de se prosterner devant le présent.

En ce sens, la réponse que vous fait M. Zorn constitue un vrai dépassement : si l'on ne peut pas ignorer les goûts du public sans le mépriser ou, tout simplement, oter à la bibliothèque sa raison d'être, les prendre comme des "faits" bruts et donc indiscutables, éviter de s'interroger sur ce qui les a créés revient à revendiquer un point de vue naïf (je dirais pour ma part faussement naïf). Car dans le même temps où vous fustigez la tyrannie du bibliothécaire-prescripteur d'hier, suppôt de l'élite/ennemi du peuple ou des "gens ordinaires", vous ignorez le marché, cet autre prescripteur, the brand new one, aux exigences d'autant plus impérieuses et tyranniques qu'il est moins visible, parce qu'il constitue désormais notre écosystème.

C'est cet autre "fait" que pointe M. Zorn lorsqu'il parle d'"évolution voulue", de "résultat de choix politiques et économiques". Tant il est vrai qu'il n'existe de "main aveugle" du marché que pour les doctrinaires du libéralisme.

Tourner son propos comme vous le faites, en ironisant sur l'obsession du complot, voire en mettant en cause la santé mentale de l'auteur, n'est ni juste ni sérieux.

Pour terminer, je pense donc qu'il y a un lien logique, dans votre argumentation, entre le dénigrement du passé et la justification acritique du présent. Et qu'il y a dans l'objection de M. Zorn matière à mieux penser la question qui nous occupe.

George C.

eric1871 a dit…

En est-on venu à parler de politique documentaire ?
Evidemment, la littérature n'est pas ma spécialité, bien que j'aie pris plaisir à lire Proust, pas en entier ni linéairement certes et que je me réjouisse aussi de pouvoir toujours trouver un recueil de Mallarmé ou un roman de Claude Simon dans les rayons (cette phrase n'est en rien une référence proustienne), mais j'avais envie de dire qu'une fois n'est pas coutume, je n'étais pas d'accord avec les (3 ?) participants au débat... Mais qu'il y avait du bon à prendre dans les arguments de chacun.

Je me souviens avoir intégré, lorsque j'apprenais les bases du métier, à me réjouir qu'on emprunte des livres même si le choix des ouvrages me semble navrant... Mais nos concitoyens ne sont ni tous lecteurs, ni tous mélomanes, y compris dans les 25 % qui fréquentent les médiathèques.

Il n'y a là aucun changement, à mon avis, par rapport à une situation passée qu'on prétend parfois plus Idyllique (j'aimerais savoir la proportion d'illettrés dans les années 50), peut être même au contraire : si la proportion de lecteurs de Proust ne varie pas alors que la population augmente, en valeur absolue elle augmente aussi.
Trêve de considérations comptable.

Ce qui m'importe, c'est de faire de la médiathèque un lieu vivant, qui soit aussi un lieu de rencontre, et évidemment, reste identifié comme un lieu de culture.

Anonyme a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Yvonnic a dit…

@George C. s'il existe.

Je crois que nous ne nous situons pas sur la même base de discussion. Tout d'abord, et je suis obligé de me répéter, j'ai bien fait la différence entre le lecteur que je suis (et en précisant même que j'allais m'auto-caricaturer quelque peu) et le responsable d'un service public. Or je constate non seulement que vous vous vautrez dans cet amalgame facile (et de très mauvaise foi) d'une part, et que d'autre part le débat sur le métier et l'expression même de "service public" sont absents de vos propos.

Vous laissez croire que je me prosterne devant le présent, que je fustige les prescripreurs anciens, et que j'ignorerais les lois du marché : Relisez-moi : "Nous sommes de petits passeurs, attentifs à la demande,souvent coincés entre le monde éditorial, les médias, nos lieux changeants et nos publics nouveaux.". C'est assez clair, non ?

Me prenez-vous pour un imbécile heureux qui croirait à la génération spontanée de "nouveaux publics" ?

L'après-guerre et ses légitimes aspirations, suivie de 40 ans de mass-médias ont façonné les publics actuels, plus nombreux, plus divers, plus difficiles à cerner, plus exigeants aussi. Tous les acteurs sociaux ont changé, comme les données économiques etc..

Prenez par exemple l'arrivée du livre de poche en 1953 et les formidables bouleversements que cela a produit en matière d'accès au livre, et particulièrement aux classiques. Nous sommes, nos publics sont, les héritiers de tout celà. Et nous devons faire avec. Je ne vais tout de même pas vous refaire l'histoire du livre sur un blog, non ? Ni même une histoire de la lecture publique. Ce dernier point serait d'ailleurs très instructif, car il montrerait que le développement des structures de lecture publique est profondément un mouvement social, notamment très lié aux évolutions du mouvement ouvrier et à une volonté de "démocratisation de la culture" ,souhaitée par toutes les sociétés d'après-guerre.

Ainsi donc, je n'incrimine personne, pas plus le directeur de TF1 que celui de chez Gallimard, où les goûts de ma concierge. Nous sommes tous le produit d'une évolution générale mâtinée d'évolutions particulières, et nous ne maîtrisons pas ces choses. Nous sommes au service de. Et il nou appartient de mettre nos actions professionnelles en conformité avec les exigences des publics que nous desservons.

Libtre à vous de continuer à vous complaire dans des débats infinis sur les "méchants" manipulateurs etc... et les "gentils" qui ont tout compris mais ne peuvent rien faire d'autre que d'en causer entre eux. Les difficults squotidiennes de ma pratique professionnelle me suffisent.

Ce que je sais, et vous aussi, c'est qu'il y a 50 ans, ou moins, mon cordonnier ne fréquentait pas les bibliothèques (existaient-elles d'ailleurs et à quel niveau, et, comme dit Eric, quel était le niveau de l'illettrisme à l'époque ?), et que maintenant il y vient, et qu'il s'y sent chez lui. Et que mon métier consiste à ce qu'il s'y sente de mieux en mieux. Et ce qu’on constate, c’est que les gens s’emparent du lieu et de ses services, au besoin en les détournant de ses missions. Nous devenons acteurs du lien social, comme nos bibliothèques. D'où la notion de révolution mentale que nous devons opérer.

Je vais vous citer quelques pensées et aphorismes émanant d'un des pontes de notre profession, M. Lahary, avec lequel je ne suis pas toujours d'accord, mais sur ces points-là il rejoint l'opinion générale actuelle et j'approuve à 100% :

"Si quiconque, entrant dans une bibliothèque, n'y décèle rien qui lui soit déjà familier, alors il lui est signifié, j'ose dire avec violence, que cet endroit n'est pas pour lui." Et il ajoutait en précision :" En ce sens, exclure des livres, ce peut être aussi, du même coup, et quelles que soient les intentions, exclure des gens . Avant même qu'on débatte de toute politique documentaire, il me paraît évident que le lieu bibliothèque s'impose à toute personne y pénétrant et lui adresse, à elle, des signes. Quoi qu'on pense de la légitimité de proposer ceci ou cela, le fait de ne donner aucune prise à quelqu'un, de lui asséner un stock d'abolue étrangeté, l'exclut immédiatement.
Il ne s'agit d'ailleurs pas seulement d'offre documentaire. La disposition des locaux, l'accueil, participent également de ce faisceaux de signes.
Comme le proclamait une agence de recrutement : " on n'a jamais une seconde chance pour faire une première impression. "

"Être bibliothécaire, c'est se situer par rapport au public. Si possible, ailleurs qu'au-dessus "

"La bibliothéconomie n'est rien d'autre qu'un carrefour de savoirs, de techniques, de contextes et d'habitudes. Elle ne vaut qu'ouverte à tous les vents"

" Le bibliothécaire bénévole attire ses semblables par le contact direct, Le bibliothécaire salarié attire ses semblables par la conformité de son offre à un modèle culturel."

Voilà. Si avec tout cela vous persistez dans un débat vétuste et sans objet sur culture d'avant et culture d'après, culture de masse ou culture d'élite, ou tout autre faux débat de type manichéen, c'est votre problème. Et j'ose dire qu'il ne m'interesse pas. C'est une impasse.

Pour le reste, puisque vous semblez vous faire l'avocat de ce pauvre M. Zorn,je vous invite à parcourir les billets de ce grand démocrate amoureux de son métier dans divers endroits de ce blog. Les propos les plus éclairants abondent, y compris sur l'obession du complot puisque vous en parlez. Vous entrez là dans un débat privé dont certains aspects ludiques vous échappent nécessairement,M. George...

Zorn est loin d'être un imbécile, très loin. Simplement je ne lui confierais pas l'éducation de mes enfants ou la gestion d'une bibliothèque. Lisez-le, vous comprendrez pourquoi.

Je concluerai en reprenant les propos cités plus haut . Si on se réfère aux nombreux débats qui émaillent ce blog ceouis au moins deux ans, il s'avère que la bibliothèque zornienne est un lieu de violence et d'absolue étrangeté pour ma bouchère.

Et j'ai la faiblesse de penser que cela n'est pas normal. J'aime bien ma bouchère.

Jean-Pierre Duval

Yvonnic a dit…

Mon billet s'étant croisé avec celui de "M. Zorn",je viens d'en prendre connaissance. Je suppose que ses quelques conclusions et phrases-choc vous donneront un aperçu suffisant de l'épaisseur du bonhomme ,de son amour de l'humanité et de ses satisfactions professionnelles! Sinon, allez aux archives du blog.

Anonyme a dit…

Votre définition de la bibliothèque la vide de toute spécificité. Elle n'est plus qu'un lieu de rencontres, comme le café du coin. Et quelle hypocrisie de votre part d'écrire : "exclure des livres, c'est exclure des gens." Parce que vous n'en excluez pas des livres, vous!

D'ailleurs, si vous êtes si humaniste que ça, si vous y tenez tant à "accueillir des gens", pourquoi n'allez-vous pas travailler dans une agence locale pour l'emploi, à l'armée du salut? Ou je ne sais pas, moi : ouvrez un cabinet de spécialiste des maladies vénériennes.

Me confier l'éducation de vos enfants? Et quoi encore! Combien de fois faut-il vous le répéter : je me moque de savoir ce que les gens lisent ou pas. Surtout, dites-vous bien une chose: en échange d'une rente à vie, je me passerais fort bien de recevoir leur haleine de gigot à l'ail en plein visage quand ils me ramènent leurs polars poisseux de bière.

De toute façon, l'humanité dont vous vous gargarisez, elle ne progresse pas, elle ne régresse pas, elle n'existe même pas.

Zorn Pour la liberté de nos prisonniers

Anonyme a dit…

Ah oui et en plus, maintenant, vous jouez les sycophantes Yvonnic...

Lisez les archives du blog, mon voisin s'appelle Zorn, etc. Et Alain de Benoist? Vous l'avez dit au monsieur que je le lis? Faut pas l'oublier, hein...

Non seulement vous êtes digne d'être un frère, mais en plus, vous seriez digne d'être une femme.

Z.

Yvonnic a dit…

"Votre définition de la bibliothèque la vide de toute spécificité. Elle n'est plus qu'un lieu de rencontres, comme le café du coin"

La vôtre l'avait vidée de tous ses lecteurs. Mais,on peut le dire comme ça. La rencontre avec un livre, un disque, un site, un lieu, ça existe aussi. Et au moins dans un bistrot, tout le monde peut entrer. Savez-vous qu'aux USA aucune bibliothèque ne peut être construite sans une caféteria ? La trop grande "spécificité" de vos bibliothèques générait trop d'exclusion.

Malheureusement pour vous, il ne s'agit pas de "ma" définition de la(future)bibliothèque, mais de celle de l'immense majorité de la profession (que vous ne lisez pas assez sans doute). Certains adoptent le futur modèle par conviction, d'autres par nécessité, certains s'empêtrent encore dans des "oui, mais", d'aucuns parlent plus de plaisir que de culture, de formation permanente que de loisirs... peu importe ces petits confettis, il est là, le modèle, quasiment défini. Vous n'y pouvez plus rien. Rien d'autre que de beugler dans le désert, avec quelques attardés.

Des récalcitrants que le public se chargera de toutes façons de rappeler à l'ordre tôt ou tard. Même en Wallonie.

Lisez ça, c'est d'un des pontes de l'ADBDP, ça date déja de 2006 :

"[Les bibliothécaires du futur seront] des animateurs-médiateurs chargés d’aider à décrypter l’information, de faire émerger tout un ensemble de priorités, d’améliorer la relation humaine.
La dernière interrogation concerne la personnalité du lecteur de demain. Opposant à nouveau le monde rural et urbain, Didier Guilbaud voit deux types de lecteurs : de proximité, en zone rurale, celui qui fréquentera la bibliothèque de quartier « comme le living-room de la cité » ; le consommateur, en zone urbaine, celui qui « remplira son caddie et fréquentera son supermarché de la culture ».

ou encore, du Directeur de la BPI :

"Christophe Evans conclut que la bibliothèque du futur doit accompagner le changement social tout en continuant à résister au consumérisme négatif, doit s’ouvrir aux publics plus et mieux et assurer une pédagogie de la bibliothèque, de ses missions et de son fonctionnement. Ce service de mutualisation des ressources est confronté à l’évolution des usagers (...) et doit permettre le rassemblement d’une communauté d’usagers culturels, devenir lieu de vie, lieu collectif ouvert à tous, lieu où l’on échange. "

Vous voyez, on veut quand même résister au consumérisme négatif, il le dit le monsieur (mais il ne dit pas bien comment, ça ce sera notre travail à nous sans doute). Et enfin, le plus beau, lors d'un colloque de grands chefs des bibliothèques d'Europe:

"Rob Bruijnzeels (Association des bibliothèques publiques néerlandaises, NBLC) nous aspira, de façon décoiffante, dans l’univers bibliothécocosmique de 2040, en Hollande, là où nos rêves nous entraînent bien au-delà du possible puisqu’il ne s’agit pas d’améliorer ou de réformer mais bien de réinventer. Les bibliothèques qu’il décrivit, prototypes qui répondent à des désirs d’usagers, n’existeront peut-être jamais. Imaginées à partir de rencontres de bibliothécaires, d’artistes, d’architectes, d’enfants, elles nous donnent l’envie de nous aventurer derrière le rideau de la scène, dans ces ateliers, là où l’artiste crée, imagine, dessine, peint encore au pinceau la société de demain."

Et je vais vous donner le coup de grâce avec le modèle anglais actuel, les "Idea Store" (qui existent déja depuis 1999, vous trouverez la definition sur Wiki): Petite conclusion de la directrice qui a ouvert le premier idea Store, propos rapportés dans le BBF en 2008 :

"À peine avions-nous ouvert le premier store, nous nous sommes rendus compte que quelque chose d’exceptionnel se passait : fréquentation multipliée par trois, prêts en hausse de 35 % et doublement des inscriptions aux cours. Les fruits de la créativité se mirent à pousser et un large éventail d’activités vint enrichir notre offre : aromathérapie ou DJ mixing ? Photo-shop ou yoga pour enfants ? Mode « Bollywood » ou club de lecture ? Danse urbaine jazz ou histoire de l’art ? Sans compter les légendaires Nuits familiales et même, récemment, le speed dating… Les participants sont toujours encouragés à emprunter des livres adaptés au sujet. Même si la conquête de nouveaux publics a toujours été notre première priorité, nous avons eu également à cœur de ne pas perdre nos anciens usagers, habitués à une conception plus traditionnelle de la bibliothèque. Pour relever ce défi, nous avons cherché à mieux satisfaire leurs besoins, par exemple en développant les comités de lecture (dans tous les genres et tous les niveaux de littérature), en nous inscrivant dans les initiatives locales ou nationales en faveur de la lecture, ou en invitant des auteurs.(...)

Un petit bain de pieds aux aromates, mon petit Zorn, avant un cours de yoga, ou un cours de tango ? Allez, un petit massage aux herbes en lisant du De Benoist, ça doit passer tout seul...laisser-vous porter par la douceur des mutations sociales. Et cessez de penser à Orwell.

Voyez-vous mon petit Zorn, votre notion de la révolution reste très liée à la nitroglycérine, aux soirées sanglantes et aux tripes à l'air. Mais c'est sur le plan mental que ça va se jouer cette fois. Le Zorn neuronal n'est pas prêt. En fait vous êtes trop intelligent, donc encombré. Faites donc un peu de place.

Faites un effort, de toutes façons ça ressemblera peu ou prou à ça. Et dire que vous n'avez même pas quarante ans ! Moi, avec les nouvelles lois, je vais pouvoir aller jusqu'à 70 ans, il parait. Eh bien voyez-vous, rien que pour vivre cette mutation et y apporter ma pierre créatrice, je suis prêt à jouer les prolongations.

"vous seriez digne d'être une femme."

Alors ça, c'est le plus beau compliment que vous puissiez faire à un homme, de nos jours j'entends. Et doublement, puisque je suis de ces anciens de la libération sexuelle, si mal nommée et qui fit tant de mal aux femmes. Dans les contrées du nord de la Zornie, c'est encore une insulte. Merci Zorn.

C'est vrai que j'avais oublié d'expliquer au monsieur si intelligent à quel point vous détestiez aussi les femmes.

Pourquoi n'assumez vous pas vos propos historiques , ou plutôt l'historique de vos propos ? J'ai réagi par pure honnêteté, pour ne pas laisser un brave passant se fourvoyer dans vos ornières. Sur De Benoist, je n'avais rien dit, vous l'avez fait tout seul, c'est dommage, encore un adepte de perdu...C'est comme vos sorties poetiques d'art concretoù vous dites vouloir vous rouler tout nu dans vos excréments. Là encore, j'ai été discret, je n'aime pas faire du tort.

"Pour la liberté de nos prisonniers". Etrange formule, il me semble que c'était le slogan utilisé par la propagande allemande pour recruter au Service du Travail Obligatoire : pour un prisonnier de guerre libéré, un "travailleur volontaire". On appelait ça "La Relève" chez nous. Très populaire...Je ne vois pas bien le rapport avec vous. Chercheriez-vous un remplaçant pour vous libérer de votre joug ?

Offrir à ma bouchère la possibilité de découvrir Mirbeau avec un sandwich au beurre de cacahuètes, les pieds dans un bain d'algues, sur un fond musical de Carlos Gardel.
Rêve de bibliothécaire du futur...

Ricane pas, zombie, elle est tellement chouette ma bouchère qu'elle aurait pu être bibliothécaire.

Yvonnic, nouille au beurre

Anonyme a dit…

L'avenir des bibliothèque c'est le Luna Park. Bien sûr, l'idéal serait de supprimer tous les livres pour faire place aux auto-tamponneuses.

Dans la recherche de la facilité, de l'accueil, de l'animation, le bouton de la télévision vous battra toujours à plates coutures. En fait, vous préparez les conditions de votre propre disparition : le public le prendra bien tout seul son plaisir, pas besoin de fonctionnaires pour ça.

Bientôt, votre "public", il ne prendra même plus la peine de lire vos collections de best-sellers. Et pour cause : c'est ce qu'il voit déjà au cinéma ou dans les jeux vidéos. Le public prendra donc son plaisir à la source, sans détour par le "livre", du moins ce que vous en aurez fait.

La liberté de nos prisonniers? Ah non, pas de rapport avec le STO. Tout de même : vous vous acharnez dans la délation, ma parole! Et avec quelle méthode de faux-jeton... La prétérition n'a pas de secret pour vous! Au fait, voulez-vous qu'on reparle de votre premier examen d'embauche ou de la taille des "queues de cerises"?

Zorn

Yvonnic a dit…

Rien sur le fond, comme dab. Donc fin du débat sur l'avenir des bibliothèques. Dommage, mais classique chez vous.

Je me demande si je ne vous ai pas un peu surestimé. Au fond vous n'êtes que clichés et caricatures, bons mots et ricanements. Face aux définitions que je vous donne,et qui sont pourtant une infime part de la substantialité des réflexions actuelles de la profession ,vous bâclez une réponse toute faite, mille fois ressassée en d'autres termes : c'est le Luna Park et les auto-tamponneuses. Et hop, passons à autre chose. Sa Majesté balaie le réel d'un revers de son bâton merdeux et la messe est dite. Très sarkozien, comme attitude. Ubu sur les blogs.
Avec en prime des inexactitudes : les livres adaptés à la télévision font, après la diffusion, l'objet d'une forte demande de lecture. Ce qui montre bien que l'un ne remplace pas l'autre. Mais même ça, vous ne le savez pas.

On peut reparler de ce que vous voulez, j'assume. A la différence de vos dechainements excrémentiels ou sanguinaires qui ne sont que des postures littéraires, la relation de mon examen d'embauche est réelle. Et j'ai réellement une petite bite, très honorablement connue dans sa catégorie et qui s'assume très bien, ayant décidé depuis longtemps de ne plus fréquenter les rallyes pour gros bolides. Elle préfère plutôt le karting à la campagne. Délaissant les podiums, elle s'est ainsi fait quelques amies à la buvette.

Tout est là, Zornibus, savoir jouer dans sa catégorie, pour ça comme pour le reste.

Vous pourriez au moins avoir la correction, moi qui fais l'effort de vous lire, de me donner le sens de cette histoire de prisonniers, si elle a un sens, plutôt que de hurler au délateur (de quoi dailleurs, je vous rappelle que le STO n'existe plus, enfin chez nous en tous cas)

Monsieur George est parti, écoeuré. Le petit Zorn boudeur reste seul dans la cour de récré, tassé derrière un marronnier, alors que tous les autres sont déja sagement rentrés en classe, pour apprendre le monde tel qu'il est.

La prochaine fois je vous donnerai la circonférence de mon testicule gauche. Celle du droit donnera lieu à un second épisode. Si vous êtes sage. J'espère que le tout donnera lieu un jour à une adaptation télévisée.

En vous remerciant de l'intérêt que vous semblez porter à ma modeste personne,

Yvonnic, la bourse ou la vie

PS. Ah, merci tout de même pour votre definition des animations : les conférences de 45 minutes du docteur Zorn sur des sujets passionnants.Vous devez refuser du monde. Quant à votre politique d'acquisition : j'achète donc des daubes à la mode, comme tout le monde...Là, c'est marrant, mais je vous crois.

Anonyme a dit…

Rangeons un peu. Les clichés et les caricatures, c'est vous. Les bons mots et les ricanements, c'est moi. Ensuite, il vous serait difficile de me surestimer ou de me sous-estimer ou de m'évaluer tout court. Nous n'avons pas la même échelle de valeurs, nous n'habitons pas le même monde.

Quant à l'avenir des bibliothèques, au fond, je m'en moque. Au début, c'était un idéal. Maintenant, c'est juste un gagne-pain. Devant les flots d'ordures qui s'apprêtent à submerger l'Occident, une seule chose me préoccupe : ne pas être éclaboussé.

Alors, vous pensez bien, approfondir la prose cuculo-sociologique de mes confrères... Non merci, j'ai bien trop de saines lectures en attente. Cela étant, vous avez tout à fait raison. Il faut savoir jouer dans sa catégorie. Gardez les albums à colorier, je m'occupe de Heidegger et de l'abonnement à Eléments.

Mes animations? 1) je n'ai jamais demandé à en réaliser. 2) il y a plus d'honneur à prendre des risques en présentant de tels sujets qu'à se complaire dans les heures du contes. 3) si ces petites activités attirent un public limité, cela m'est indifférent.

"Plutôt écrire des vers que de représenter des milliers d'imbéciles au parlement." Ernst Jünger.

Zorn

Yvonnic a dit…

Reprenons donc le ton aimable et les formes policées du discours civilisé, et essuyons-nous les pieds avant d'entrer.

Vous avez raison mon cher Zorn, nous n'habitons pas le même monde. Vous n'êtes pas réellement bibliothécaire, (il faut mettre fin à cette imposture), et la notion de service public n'a aucun sens à vos yeux.

Vous etes un intellectuel, autrefois idéaliste vous l'avouez vous-même, et aujourd'hui frileusement préoccupé de sortir indemne de la crise qui menace l'Occident. Louable dessein s'il en est.

Puisque vous me réservez les albums de coloriages, je vous propose celui de Zorn l'ours blanc, paumé sur sa banquise qui s'effrite en puzzle. Joli, non ?

"Devant les flots d'ordures qui s'apprêtent à submerger l'Occident.."

Je vous rappelle, historien plus que sélectif, que l'Occident a éclabloussé de ses ordures, morales et matérielles, le reste du monde depuis au moins deux siècles. Mais nous savons tous, ceux qui lisent ce blog, que cette réalité là vous mobilise très peu.

Nos ordures nous reviennent à la figure, monsieur Zorn, on appelle ça la marée.

Après les grandes marées, la pêche est assez bonne en général.

Je vous laisse donc à vos bons auteurs, vos journaux de qualité, et à votre infinie poésie.

Attention toutefois à ne pas vous faire piquer votre gagne-pain par un bibliothécaire congolais. Il parait qu'ils arrivent avec la marée...Enfin j'ai lu ça dans Eléments.

Yvonnic, restons groupés.

Anonyme a dit…

Mouais... si un jour je perds mon emploi, ce sera plutôt à cause et au profit d'*UNE* bibliothécaire, qu'elle soit congolaise ou autre. Priorité aux femmes, ces pauvres, pauvres victimes. Combien de fois n'ai-je pas entendu, alors que je postulais : "Je préférerais engager une femme... pour s'occuper des enfants."

Alors, évidemment, si être bibliothécaire signifie "s'occuper des enfants", je n'ai rien d'un bibliothécaire, en effet. Quant à la notion de "service public", elle est aussi relative que celle de "démocratie." On y met ce qu'on veut.

Tenez, puisque vous me reprochiez ma misogynie, sachez que je suis pour la parité: sur les chantiers de construction, dans les abattoirs, pour asphalter le bord des routes, dans la manutention, chez les dockers, etc. Oui, plus de femmes dans tous ces secteurs!

Mais je ne vous en veux pas Yvonnic. Vous êtes cordialement invité à ma prochaine conférence, juste après la faillite de Fortis. Comme plus personne n'aura d'argent, qu'il fera froid et qu'il y aura du café chaud dans des gobelets en plastique, on peut espérer au moins cinq personnes.

Zorn Herméneute du cercle vicieux

Yvonnic a dit…

Non, le service public n'est pas n'importe quoi. Néanmoins certains aspects posent effectivement problème.

1)Un service public est une activité exercée par l'autorité publique dans le but de satisfaire un besoin d'intérêt général. Le fondement de la notion de service public est que certaines activités sociales considérées comme essentielles et stratégiques doivent être gérées selon des critères spécifiques pour permettre un accès à tous et contribuer à la solidarité et à la cohésion sociale, culturelle et économique de la société. Ces activités doivent donc échapper à la logique du marché et à la recherche du profit. D'où leur gestion par des bibliothécaires-fonctionnaires motivés et désinteressés, par exemple Zorn;
Bon. Ces derniers critères, sociaux pour faire large, étant objectivement imparables, attachons-nous donc à la notion de besoin, qui peut être sujette à subjectivité.

2) Le besoin. Un besoin est une sensation de manque, de privation, d'insatisfaction qui pousse à accomplir des actes perçus comme nécessaires, voire indispensables. Le but de ces actes est de faire disparaître cette sensation de manque : la satisfaction du besoin. Des classifications, qui ont toujours un caractère subjectif, permettent de distinguer plusieurs classes de besoins comme par exemple :
les besoins primaires ou organiques (physiologiques) nécessaires pour survivre (comme faire vos besoins mon cher Zorn…);les besoins secondaires qui ont une dimension qualitative et psychologique et dont la non satisfaction n'est pas vitale (bloguer, par exemple); Et enfin les besoins fondamentaux qui correspondent aux besoins d'exister et de philosopher ou de se poser des questions existentielles (voir les sujets de conférence du docteur Zorn)Lorsqu’une personne éprouvant un besoin est en mesure de décrire la chose ou l'action qui peut y répondre, on parle alors d’attente. Exemple : "je veux lire un bon livre, j'attends vos conseils !" La notion de besoin est relative en fonction du lieu et de l'époque. Ce qui apparaît comme un besoin de nos jours ne l'était pas nécessairement autrefois ou dans une autre société (voir les sociétés Zorniennes aux bibliothèques aussi rares que les élites). Selon le psychologue américain Maslow qui a hiérarchisé les besoins (mais sur un public des années 40), " l'homme cherche d'abord à satisfaire les besoins d'un niveau donné avant de chercher à satisfaire les besoins d'un niveau inférieur." Interessant ça. Est-ce que, le temps aidant, les besoins d'un lecteur, lecteur dont le nombre et l'origine sociologique changeaient, auraient changé de niveau ? Et est-ce que d'autres critères, comme l'âge par exemple, n'auraient pas leur importance : avoir besoin de s'enfermer dans les chiottes pour se branlocher sur un livre de cul, quand on a 15ans relève de quelle hierarchie des besoins ?
Les besoins du lectorat de 1968 (15% de bacheliers, de mémoire) et ceux de 2008 (80%) peuvent-ils relever de la même hierarchie ?
Entre bouffer et lire, par exemple, quel est le critère de hierarchie sinon le désir lié au moment ? Zorn par exemple peut chercher à statisfaire un besoin purement intellectuel avant un besoin physiologique, ce qui risque de le constiper quelque peu... Bon, trève de plaisanterie, il est clair qu'on est effectivement dans le relatif et le subjectif. Qu'est-ce qui va différencier un besoin d'un désir ? (Epicure avait tranché mais il ne gérait pas un service public)

3)Le service public doit donc satisfaire les besoins du consommateur, car le lecteur est un consommateur, c'est objectivement indéniable, même s'il s'agit de consommer du Heidegger ou une conférence zornienne sur la croix celtique. Cette notion de "besoins du consommateur" est bien sûr un mélange pervers entre les besoins qui sont naturels et nécessaires et les désirs ou envies, plus éphémères, changeants et subjectifs. Pervers, car il nous laisse croire qu'il est impératif de satisfaire ces besoins. Et c'est là que nous pourrions nous rejoindre mon cher Zorn, par exemple sur les animations. Car les hierarchies du besoin sont ainsi bouleversées par un dévoiement du sens: L'envie d'écran plat se substitue au besoin d'information, par exemple, comme l'envie du dernier telephone portable se substitue au besoin de communiquer. Idem pour les animations et le spectacle.

Ecoutons en conclusion la réponse de Dominique Meda :
"L'argument des besoins est l'argument majeur des thuriféraires de la croissance : nous devons absolument viser à la croissance la plus forte possible, car les besoins humains sont infinis. Et lorsqu'on a dit cela, tout est dit. Le contradicteur n'a plus qu'à plier bagage ; car comment pourrait-il oser ne pas vouloir satisfaire les besoins humains, et donc faire progresser l'humanité, la rendre plus heureuse, toujours plus libérée de la tyrannie de la nécessité."

C'est vrai, comment pourrions-nous oser ?
Voilà pourquoi mon cher Zorn, les bibliothèques du futur seront ce qu'elles seront, des instruments non hierarchisants de satisfactions des besoins-désirs. En pleine cohérence avec les missions définies plus haut, à savoir cohesion sociale, culturelle et économique (Oui, économique) et égalité.

Refuser tout cela en bloc est une idiotie et surtout une preuve d'inadaptation sociale. Donc, interdit aux fonctionnaires car ils dévoieraient la mission de service public, ne serait-ce qu'en imposant leur hierarchie des besoins. L'accepter bouche ouverte sans réserve ni compréhension des processus en cause, comme la venue du Messie est tout aussi idiot. Mais cela n'empêche pas de travailler.

Nos lecteurs-consommateurs ne sont pas si ignorants de l'impact de ces processus sur eux. Et comme disait en 2006 P. Tourev, un altermondialiste :" Avoir conscience de cet amalgame entre besoins et désirs, c'est déjà faire un grand pas vers la liberté et l'indépendance d'esprit... Et lorsqu'on satisfait l'un de ses caprices "vu à la télé", c'est en toute connaissance de cause, et non en automate "lobotomisé" par la publicité." Vos lecteurs qui sentent le gigot à l'ail ne sont pas des téléphages à l'esprit vide. Et nous pouvons, en tous cas nous devons, penser que les désirs qu'ils expriment sont conscients et légitimes. Qui n'a pas eu un lecteur "cultivé", disons habituellement très sélectif, lui demandant discrêtement un ouvrage quelque peu best-sellerisé, en s'excusant presque " Je ne sais pas trop ce que ça vaut, mais comme tout le monde en parle..."
J'ai eu le cas il y peu avec un ouvrage d'Attali (que je n'avais pas, en plus...).

Ils SAVENT qu'on veut leur en faire bouffer. Et après ?

Rappelez vous l'exemple de ma bouchère lisant Mirbeau les pieds dans un bain d'algues en écoutant du Carlos Gardel. Besoins et désirs.

Ce n'est pas Luna Park, justement.

En confidence,ce n'est pas ma bouchère non plus, c'est rien que la femme du boucher, qui lui,ne lit pas. Peut-être parce que sa femme suffit à satisfaire ses besoins primaires, secondaires et fondamentaux, la vente de viande assurant le reste.

Il se trouve que les bibliothèques, même du futur, ne proposent pas encore de service "prêt de bouchère", accessible à tous. Mais ça viendra.

Le tout est de savoir si nous en aurons encore besoin à ce moment.

En tous cas, ne me parlez plus de valeurs si vous tenez à parler métier, parlez-moi de besoins ou de désirs, ce sera plus clair.

Yvonnic, pêle-mêle

Lire Abraham Maslow (Devenir le meilleur de soi-même, besoins fondamentaus, motivation et personnalité ,- Eyrolles ), Dominique Meda (Qu'est-ce que la richesse ? - Ed. Aubier - 1999) et des articles de Jean-Luc Porquet, Pierre Tourev, Bernard Stiegler (Le désir asphyxié) etc..

Anonyme a dit…

J'ai besoin d'un cachet d'aspirine.
Je désire un peu de tranquillité.
Et on n'est que lundi...

(Soupir.)

Petite analyse de Nouvelle droite :

Avant d'être au service du public, les services publics sont au service du pouvoir en place. Organiser le temps libre, accorder des congés payés, cela n'a rien à voir avec l'humanisme, c'est prendre soin de ses ouvriers ou de ses "ressources humaines." De temps à autre, les animaux d'élevage ont aussi besoin de respirer à l'air libre, pour être plus détendus le jour où on les mène à l'abattoir. Le stress nuit à la qualité de la viande.

Ensuite, nous vivons moins dans une société disciplinaire que dans une société de contrôle. Vous êtes libres de vos choix... dans la gamme des services qui vous sont proposés. Vous êtes libres de choisir ce que vous êtes conditionnés à désirer. Avant, le modèle de la société, c'était l'église. (Société traditionnelle) Puis ce fut la prison. (Société industrielle) Aujourd'hui, c'est le supermarché multiculturel mondial.

Par ailleurs, il est amusant de voir comment les philosophes du désir soixante-huitards (Deleuze et compagnie) sont aujourd'hui totalement récupérés par le grand capital. Car il y avait deux Mai68: celui qui critiquait la société de consommation et celui qui prônait l'hédonisme libertaire. C'est ce dernier qui a emporté la bataille.

En effet, l'autre Mai68 (le critique) formulait des observations très pertinentes tout en se tirant des balles dans le pied en refusant en bloc toutes les structures traditionnelles (hiérarchie, nation, famille) qui, au prix de quelques adaptations, auraient pu freiner la société de consommation.

La conclusion de Dominique Meda vous contredit plutôt. Ne pas vouloir satisfaire tous les besoins humains? Eh bien, oui. Pourquoi pas, une fois admis qu'il existe des faux besoins? Car si vous ne définissez pas vous-même les vrais besoins, le patronat et l'économie mondialisée s'en chargeront à votre place.

La décroissance, ça vous intéresse, non?

Zorn

Yvonnic a dit…

Indécrottable Zorn. Je vous sers une leçon de pragmatisme, une passerelle de secours, et vous me répondez par l'autoroute de la philosophie contestataire à deux balles.

Quand vous dites "Vous êtes libres de vos choix... dans la gamme des services qui vous sont proposés.", vous me poussez à la réponse d'Huxley "C'est là qu'est le secret du bonheur et de la vertu - aimer ce qu'on est obligé de faire ". On connait moins la suite de sa phrase : " Tel est le but de tout conditionnement : faire aimer aux gens la destination sociale à laquelle ils ne peuvent échapper."
Et ça, vous ne voulez pas. Bien que vous n'y échappiez pas non plus, le plaisir en moins bien entendu..

Vous etes bien fondamentalement un intellectuel, incapable de regarder par sa fenêtre le monde tel qu'il est et préférant l'imaginer comme une image d'Epinal évoluant entre Eglise, Usine et supermarché.( On croirait entendre un boutonneux braillant son "metro-boulot-dodo) Une seule théorie vous sied: le conditionnement total fabriqué par une société de consommation à la solde du "grand capital" (il faut aussi se farcir ce discours vétuste...), et cela vous permet de récupérer au passage d'hypothétiques soixante-huitards que je n'ai jamais vus sur le terrain : je peux vous dire que les manifs des premiers écolos et anti-nucléaires, les "décroissants" de l'époque, étaient loin d'être des constipés. D'ailleurs j'ai toujours cru qu'une manif c'était une fête...Enfin, je vous laisse au confort intellectuel de vos clichés manichéens. Pour les gens comme vous, 68 reste une occasion manquée, voire une révolution ratée. (Je crois que De Benoist a commencé à publier en 68 au fait...est-ce un hasard ?)

Service public : là, c'est la grande fuite. Vous confondez allègrement pouvoir politique et service public, avec votre sens habituel de la récupération (le pouvoir politique garantit l'existence d'un service accessible à tous, il n'en définit pas necessairement les contenus. Qui a défini le contenu du temps libre constitué, chez nous, par les 35 heures ?) Je précisais d'ailleurs "Ces activités doivent donc échapper à la logique du marché et à la recherche du profit.". Mais c'est vrai qu'on est déja lundi et que vous êtes usé par votre journée de service public....

Si l'on suivait votre raisonnement ça fait longtemps que les bibliothèques auraient disparu (comme les églises, remplacées par Ikéa), une fois de plus la réalité est plus complexe que votre jeu de lego.

Il n'y a plus nécessité de faire un tri, en matière de service public, entre "faux besoins » ou "vrais besoins", (toujours ce manichéisme de pauvre, teinté de morale), il n'y a qu'une évolution de la hiérarchie des besoins, notamment par une intégration dans cette hiérarchie de désirs devenus besoins. Le fait d’identifier l’origine d’un besoin ou d’un désir n’empêche pas sa satisfaction. Mon besoin de polars est un faux besoin sucité par le Grand Capital, tu parles Charles...Et tes conférences sur Heidegger, elles correspondent à quel besoin ? Et puis l’essentiel n’est pas là. Restons dans le domaine des bibliothèques par exemple. Si l’on vous suit cela supposerait que des autocrates dans votre genre décideraient quelles sont les « vrais » besoin à satisfaire et les « faux », simples conséquences du conditionnement, à refuser. Et l’on reviendrait au passé où les élites décidaient du bien des masses des masses incultes. On a bien décidé que les filles n’avaient pas besoin d’aller à l’école, et un jour du contraire. Besoin économique, désir d’humaniste, évolution sociale, peu importe le motif. Ce qui est certain, c‘est que leur désir d’y aller existait bel et bien, bien avant que l’on décide d’en faire un besoin légitime.

Voilà pourquoi vous n’êtes fondamentalement pas à votre place dans le service public. Et très à l’aise avec la nouvelle Droite, pour laquelle les désirs impurs des masses sont illégitimes.

Peut-être même, cher faux ascète, que nous en revendrions, pour les masses, à la seule satisfaction de nos besoins primaires, ce que D. Méda appelle "la tyrannie de la nécessité.", tandis que vous seriez vautré dans la pure pensée existentielle.

Triste monde, je comprends que vous jetiez Deleuze aux orties.

Bref, échec sur toute la ligne. Vous êtes aussi imperméable que la ligne Maginot. Et aussi inutile, puisqu'il me semble qu'elle fut facilement contournée...Contournons donc le fâcheux.

Les bibliothèques sont quelque part des lieux de décroissance : elles coûtent et ne rapportent rien, économiquement non-viables, ce sont presque les seuls endroits dans une ville (avec les églises) où vous pouvez entrer et rester sans que personne ne vous demande rien, ni de consommer, ni d'acheter, ni de remplir un papier ou de présenter un document. Rien. Des lieux de pure liberté, y compris de ne rien faire. Demandez aux SDF qui viennent s'y chauffer l'hiver, satisfaire donc un besoin primaire, ce qu’ils en pensent.

Les futures bibliothèques le seront aussi, s’il subsiste un service public. Simplement l'éventail des possibles y sera plus grand.

Vous n'avez pas assez de vécu, et trop de livres.

Zorn to be a larve

Yvonnic

Anonyme a dit…

Un petit article?
Allez, bonne indignation.

http://www.voxnr.com/cc/etranger/EkFFlVVFllonoaRJXn.shtml

Zorn

Anonyme a dit…

"Monsieur George est parti, écoeuré." Non non, je suis là. Mais (ça va vous déplaire, Yvonnic), je n'interviens que sur mes heures de boulot.

Sur la question dont on débattait : il y aurait beaucoup de choses à (contre)dire. Je renonce provisoirement à intervenir car l'échange a tourné au duel. Ce n'est pas que je sois contre la virulence des propos (au contraire) ; mais j'ai le sentiment que vous poursuivez une guerre privée.

A vous lire.

George C.

Anonyme a dit…

Allez-y, George. Très curieux de connaître votre avis. C'est un peu facile de rester en dehors pour compter les points. Parfois, on dirait qu'il y a que trois ou quatre bibliothécaires qui réfléchissent sur ce qu'ils font.

Un duel? Allons, depuis le temps, c'est plutôt un duo comique, un peu comme les clowns, le nez rouge contre la peau blanche. Yvonnic, ce serait l'Auguste en chef qui biberonne au muscadet et moi, le Pierrot lunaire en orbite autour du soleil noir.

A vous lire aussi.

Zorn

Yvonnic a dit…

@ Zorn, le petit malin qui se prend les pieds dans ses propres tapis.

Que trouvé-je sur votre site favori du "Nouvel Ordre Mondial" (qui, en passant révèle actuellement son antisémitisme), cette jolie formule :

"La culture étatisée se voulait un élitisme pour tous : elle n’a abouti qu’à une usine à gaz dont seuls les petits malins, les propagandistes, les copains et les coquins, les fumistes, les nullités et les fonctionnaires des arts peuvent comprendre les arcanes."

Et qui nous fait comprendre à longueur de blogs qu'il comprend, lui, toutes les arcanes en question, sinon vous-même...?

Je vous remercie de cette récréation. Je comprends parfois assez mal qu'un homme de votre éducation se complaise dans ce genre d'incantations sordides. Enfin..

@ George.
Si Dieu existe tout est permis, dit-on (en détournant la formule de Dostoievski), mais si George existe, il va falloir que nous fassions en effort de tenue. C'est pas si souvent qu'on reçoit du monde...

Je vois que vous avez potassé les archives. Cela fait en effet un bon moment que je n'ai pas exprimé mon opposition au fait de bloguer pendant ses heures de travail. C'est étrange que vous ayez ainsi mémorisé ce détail. A moins que vous soyez un revenant de cette époque. Ah, l'anonymat a aussi ses arcanes...

D'accord avec l'immonde Zorn. Nous ne débattons pas vraiment et il n'y a pas de duel. En ce qui me concerne je poursuis une conversation de bistrot, avec ses hauts et ses bas, ses moments comiques, ses colères vraies ou feintes, bref, la vie quoi.

Je comprends que pour un intervenant étranger cela puisse dérouter au premier abord. J'assume le nez rouge. Quant à Zorniguedouille, il est effectivement en orbite...

Mais que cela ne vous empêche pas d'intervenir comme bon vous semble, il y a toujours une place au comptoir au Nescio's Bar.

Toute la difficulté va être de passer insensiblement de l'humour au sérieux, comme vous l'aurez sans doute remarqué, et de la fine dialectique àl'outrance verbale la plus débridée. Les insultes sont conseillées, si elles sont quelque peu amusantes. Vous pouvez utiliser les smileys, bien que je trouve ça assez détestable, mais ça peut aider.

Si vous n'êtes QUE sérieux, on risque de se faire chier.

A vous lire donc, cher George (au fait,avec ou sans s, c'est un prenom mixte, comme le mien. Seriez-vous une femme ? En tous cas c'est le saint-patron des Scouts, ce qui vous rend déja extremement sympathique!)

Allez, go jojo, dans les startings block !

Yvonnic

PS. Guerre privée : définition Larousse : "Guerre privée, guerre que les seigneurs se livraient pour régler leurs litiges ou réaliser une conquête. Fréquentes et ruineuses, elles furent limitées par l'Église à partir de la fin du Xe s. par la paix de Dieu et la trêve de Dieu, puis interdites par la royauté [1258, 1311], interdiction qui ne fut respectée qu'au cours du XIVe s. avec l'affermissement de l'autorité royale."

Nous ne sommes hélas pas des seigneurs.

Anonyme a dit…

Cher Yvonnic

Je ne me prends pas les pieds dans le tapis. Le vendeur de tapis, c'est vous.

L'expression "élitisme pour tous" est typiquement française, aucunement belgicaine. En cela, on peut dire que, oui, votre culture publique poursuivait a priori un noble objectif.

Et en effet, il est ironique et paradoxal de constater le dévoiement de cet objectif. L'article en question critique les mille et un réseaux de copinage de l'art contemporain. En passant, avez-vous remarqué que les "happenings" et autres "performances" rejoignent souvent la "culture de l'animation" chère à vos bibliothèques?

La culture publique tombe toujours dans le grotesque. Soit en célébrant de pseudo-intellectuels (cf. les z'artistes subventionnés), soit en se vautrant dans les couches culottes. Pourquoi? Parce que le but est encore et toujours d'attirer la masse, de la persuader de lire, de regarder ceci ou ça... en particulier les oeuvres des initiés.

Enfin, laissez-moi vous rappeler une chose. Qui a été le premier a en parler de ce site? Encore une fois, vous connaissez drôlement bien ce que vous dénoncez. Typique des occultocrates : lisez ce que je dis, pas ce que je lis.

Et arrêtez votre couplet sur l'antisémitisme. Primo : aucun de mes commentaires ne peut être taxé de la sorte. Secundo : citer une source n'implique pas la cautionner in extenso, sinon on ne pourrait plus citer personne.

Zorn Finkielkraut

Yvonnic a dit…

Cher Zorn

Ce n'est pas parce que c'est moi qui vend les tapis que cela vous empêche de vous prendre les pieds dedans.

La France vous remercie de reconnaître que sa politique culturelle élitaire relevait d'un noble objectif.

Je ne comprends pas pourquoi, à priori, les artistes subventionnés ne pourraient produire que de la merde. Le débat existe aussi en France depuis des lustres, notamment entre théâtre privé et théâtre subventionné et ne connaîtra probablement jamais de réponse (du moins sur le plan culturel, parce que pour ce qui est des questions de moyens financiers, c'est autre chose).

Ne caricaturez pas trop ma position sur l'animation. Je reste assez proche des animations "à l'ancienne", c'est à dire clairement autour du livre. Et où le livre n'est pas qu'un commode alibi culturel pour justifier n'importe quoi. J'ai très souvent dénoncé les dérives populistes et raccoleuses des pratiques d'animation, héritées d'ailleurs des années 70, qui visent à provoquer une "réaction" (et des articles de presse qui font parler de la commune, ce qui réjouit les élus). De même que je continue à m'opposer aux hypocrites qui continuent à justifier des politiques d'animation pharaoniques en disant que "ça amènera de nouveaux publics". Tout simplement parce que c'est faux. Et que cela a mème été prouvé dans un rapport de 1994, fort peu médiatisé evidemment, suite à une enquête effectuée dans les bibliothèques du Nord : "Aucune animation autour du livre n'a jamais,statistiquement parlant amené un lecteur supplémentaire à s'inscrire dans une bibliothèque". Par contre l'enquête démontrait clairement la connivence des élus et des bibliothécaires pour faire en sorte que la bibliothèque "contribue à la promotion de la ville" (et non pas à la promotion de la lecture). Les dérives ont atteint par endroits des niveaux incroyables : compétition de rollers autour de la mediathèque, pour "attirer les ados" ! Et je ne parle pas des lamentables braderies où les bibliothèques se débarassent de leurs vieux fonds (quelle promotion pour le livre !) dont on ressort avec la nausée. Je dis souvent en plaisantant avec certains collègues que je peux organiser l'élection de Miss Boudin Blanc, en partenariat (indispensables les partenariats, nous dit-on) avec les charcuteries de la ville, et que ça marchera !

Le problème avec vous c'est d'une part que vous jetez tout à la poubelle, dans distinction, et que d'autre part vous vous en tenez à un discours de politique générale, comme on dit, accusant en vrac le grand capital, les occultistes, la franc-maçonnerie, les initiés, les bébés, les femmes, l'état, les surréalistes belges et pourquoi pas le Grand Lama.

C'est ennuyeux, et à l'occasion fatiguant, parce qu'on ne peut pas parler boulot ni rentrer dans le détail des choses et poser des différences essentielles.

Vous vous en expliquez du reste très bien dans nombre de vos billets, dont un des derniers "Quant à l'avenir des bibliothèques, au fond, je m'en moque. Au début, c'était un idéal. Maintenant, c'est juste un gagne-pain"

OK for your choice. Mais reconnaissez que ça limite le débat.

Quant au site voxnr, c'est bien votre site, un de ceux de la nouvelle droite dont vous faites partie. Je ne l'ai cité qu'une fois pour vous montrer que je connaissais vos appartenances. Et depuis, c'est vous qui me le resservez en ricanant ! N'essayez donc pas de vous rendre plus propre que vous ne l'êtes. Ne jouez donc pas les vierges effarouchées, ça vous va mal au teint.

Et ne déformez pas mes propos: je constate que ce site (et beaucoup d'autres) profite de la crise actuelle pour se lâcher sans vergogne contre les "sionistes" (les antisémites ne disent jamais "juifs", ils disent sionistes), je ne vous assimile pas pour autant à ces propos.

Et si vous n'êtes pas content, je fais un texte sur De Benoist et le Tiers-monde.

Assumez vous, vous, vos lectures, vos journaux et vos blogs. Citer une source ne serait rien ? On dit pourtant bien que consommer c'est cautionner, non?

Et n'essayez pas de vous rattraper aux basques de Finkielkraut, c'est infantile comme procédé.

Vos billets commencent à ressembler à des tracts un jour de manif.

Yvonnic, lassitude

Anonyme a dit…

"Quant à l'avenir des bibliothèques, au fond, je m'en moque. Au début, c'était un idéal. Maintenant, c'est juste un gagne-pain". Je ne pense pas que cet aveu "limite le débat", comme vous dites, Yvonnic. Bien au contraire : cela crée la distance nécessaire au discernement. C'est pourquoi la posture de M. Zorn me semble être un signe de bonne santé mentale.

Je pense que ce qu'on appelle, par un scandaleux abus de langage, le "débat professionnel", gagnerait en profondeur et en pertinence si l'on s'efforçait de prendre les choses de haut, comme on dit (dans le domaine des sciences sociales ou de l'histoire, on appelle cela l'empathie distante). Il est navrant de constater la pauvreté de contenu et le caractère étriqué de la plupart des contributions "qui comptent" et "qui font date", commises par les "grands noms" du métier (bibliothécaires-chercheurs, sociologues). Quant aux blogs qu'ils tiennent tous à ouvrir (misère du narcissisme !), on a là un condensé de la bêtise professionnelle.

Ces dernières années, les articles qui importent (ils se comptent sur les doigts d'une main) sont à mettre au crédit de ces auteurs capables d'un regard excentrique, non pas des notables du métier, engoncés dans les "problématiques" étroitement professionnelles.

Vous parlez d'un rapport sur les animations datant de 1994. Est-il en ligne ?

George C.

Yvonnic a dit…

@George

Une fois de plus personne n'a jamais mis en doute la santé mentale de Zorn. On lui reconnaît même une forte cohérence interne dans ses propos.

Quant à la théorie bien connue de la "nécessaire distanciation etc, etc..qui apporterait un sang neuf au débat", elle comporte tout de même ses limites. Parler du contexte général, sociétal, dans lequel évolue le monde des bibliothèques a evidemment son intérêt. (Et nombre de nos pseudo-débats n'évitent pas cet aspect me semblet'il, qu'il s'agisse de l'économie ou de la culture en général). Sans oublier que le contexte belge n'est pas le même qu'en France, sujet également très souvent abordé.

Votre interprétation des "gens qui comptent" dans le débat professionnel est pour moi un sujet permanent. J'ai déja longuement défini ici ce que j'appelais un technocrate et pourquoi il fallait se méfier du discours soi-disant représentatif de la profession vu par ce bout là de la lorgnette.

Pour moi, les "notables du métier" ne sont justement pas "du métier". Ils en sont trop éloignés en termes de vie quotidienne. Et je les assimile aux "exterieurs". Le probleme étant qu'ils ont le pouvoir de se proclamer représentatifs. Et , de fait, ils représentent la profession auprès des autorités de tutelle, à tous niveaux. Ils décideront de notre avenir, malheureusement, je ne suis pas naïf.

C'est nous, les professionnels de terrain, qui sommes "engoncés" dans des problématiques professionnelles que vous semblez dédaigner quelque peu.

Un des "regards excentriques" les plus récents est précisémrent celui du sociologue Poissenot. Il est interessant de voir comment la profession est passé d'un rejet global de "l'intrus" qui n'était pas du sérail, à une complaisance excessive (il est invité partout). Et son discours de fond ("remettre le lecteur au centre") est devenu l'alpha et l'omega des pontes dont vous parlez. Rien n'est aussi simple que ce que vous décrivez.

Pour le reste je vous renvoie à deux séries de débats sur Biblio.fr, l'un intitulé "Qui choisit les livres" (du 19 oct au 28 nov 2007),débat de petits professionnels de terrain (et d'un billet particulièrement salé d'un lecteur que je vous conseille,auquel j'ai dailleurs adressé une réponse privée, Biblio.fr ayant retoqué ma réponse). Si vous y tenez, je peux en faire copie ici. Et l'autre débat "Les bibliothécaires ont-ils le monopole du discours sur les bibliothèques ?" (du 23 sept au 14 nov 2007), où les pontes en question s'affrontent, s'auto-citent ou se congratulent selon le cas, sur des sujets parfaitement interessants à priori. (Poissenot, Lahary, Giappiconi )

Il y a du bon à prendre dans les deux. Mais en les comparant, vous verrez qu'il manque aux seconds... l'incomparable dimension du vécu, tout simplement

La politique générale c'est bien. Chercher dans des livres de philosophie la solution à l'avenir des bibliothèques, c'est déja plus douteux. Passer son temps à ressasser les crimes archi-connus du Grand Capital et les mérites de la Nouvelle Droite,en crachant sur les publics lobotomisés et sentant le gigot à l'ail, reconnaissez que c'est amusant un moment mais que ça ne fera avancer aucun bouchon... à part celui de ma bouteille de Muscadet.

Par ailleurs je vous rappelle que ce blog, malgré sa grande liberté de propos, reste un blog de "bibliothécaire de campagne" et non pas un blog de technocrates ou de politicards, sans vous offenser. Ces derniers foisonnent partout, comme vous le signalez et s'auto-proclament comme ils l'entendent, je m'en bats l'oeil (car je suis poli). Je déplore simplement qu'ils aient finalement "confisqué" la parole professionnelle des milliers de bibliothécaires qui, internet aidant, avaient pour une fois le moyen de s'exprimer, et ne l'ont pas fait. C'est fini, de toutes façons, trop tard.Et les rares blogs de bibliothécaires ne sont plus que des boites à images insipides et se roulant dans l'anecdote ou les illusions technicistes du Web 2.0.

Pour cette enquête de 1994, je n'ai jamais pu la retrouver. Elle m'avait été communiquée par un collègue dans une revue que je devais lui rendre. Je n'avais à l'époque ni internet ni même un copieur. J'ai donc pris quelques notes manuelles. Je penche pour un travail d'étudiant ou un document de type credoc, mais ça peut très bien provenir de Livres-Hebdo, BBF ou autres. Malgré quelques appels au peuple je n'ai jamais pu le retrouver. J'en suis désolé (plus pour moi que pour vous, car j'ai pu mesurer des années après à quel point cette enquête était unique et importante, et très politiquement incorrecte))

Etes vous "du métier", et si oui à quel niveau, ou un extérieur, praticien de l'empathie distante ?

On parle toujours de quelque part. Tous les discours sont situés. Et ça finit toujours par se voir. Alors abattez vos cartes maintenant, ou continuez d'intervenir doctement telle la statue du Commandeur.

Et s'il n'y a que le discours zornien qui vous paraisse adéquat, adressez vous clairement à lui, ça vous sera plus profitable.

Yvonnic, Les souliers crottés du Curé de campagne n'ont pas leurs entrées chez les Cardinaux (proverbe personnel)

PS; Une anecdote qui devrait vous amuser si vous connaissez Lahary, le ponte le plus en vue de la profession, roi de l'auto-citation au point qu'on a l'impression qu'il se répond à lui-même d''un blog à l'autre, anecdote très éclairante sur la modestie auto-proclamée du personnage. Je suis tombé par hasard sur un blog de lui,http://www.lahary.fr/pro/aphorismes.htm, où sa majesté se prend pour La Rochefoucauld et nous présente sa collection perso de maximes et pensées tirées de son abondante production. Révélateur.

Yvonnic a dit…

Une petite larme émue. Cela fait tout jute un an, le 12 fevrier 2008, que je faisais mon apparition sur ce blog. C'était suite à un billet intitulé "Rôle social", où Zorn se déchainait comme dab contre les "gens" et la société du spectacle.

J'ai commencé à écrire, timidement : " Zorn dit des énormités. Un bibliothécaire doit aimer les gens. S'il n'aime que les livres, il y a d'autres métiers.Ou d'autres époques.Le livre a et aura de moins en moins d'importance. Les gens de plus en plus."

Je n'en retirerais pas une ligne aujourd'hui.

Pour fêter ça, je vais ouvrir une bouteille de Riesling, pour changer. Merci Nescio, merci Zorn. Et à la bonne vôtre !

Yvonnic, Urbi et Orbi

Anonyme a dit…

Il y a encore beaucoup trop d'aspects, de points de vue exposés dans votre message, Yvonnic, pour que je puisse y répondre en général et dans le détail. Je ne relèverai que le passage concernant Poissenot.

Je n'ai absolument pas la même perception de l'homme et de l'oeuvre, à tel point que je me demande si on parle de la même personne. Vous le présentez comme un paria, alors qu'il a ses entrées partout - cela depuis toujours. Vous le campez en héraut de la démystification, alors qu'il n'est que celui du conformisme et de la bêtise. Ce type est l'un des représentants de cette "technocratie" que vous pointez ; la seule différence est qu'il n'est pas du sérail. Mais pour le reste, c'est-à-dire le contenu de son discours, il ne se démarque pas des acteurs de la normalisation libérale. Il est inutile de s'apesantir davantage sur son cas.

Tout cela pour dire qu'une critique radicale et globale de la situation actuelle des bibliothèques (théorie et pratiques de la modernisation) fait défaut. Il est vain de compter sur les sociologues de cour pour la mener. Par ailleurs, que vous le vouliez ou non, prendre les choses de haut est une nécessité : les bibliothèques ne sont pas un îlot d'utopie ; elle s'inscrivent dans un contexte social et politique. Ignorer ce contexte, c'est se condamner à la niaiserie (ou à l'enculage de mouches). C'est précisément cette situation qu'il serait intéressant d'analyser. Il n'est que trop facile de deviner pourquoi la "réflexion" préfère sagement se cantonner aux questions techniques ou aux sociographies : un travail sur l'imaginaire du discours modernisateur (valeurs, idéologie), par exemple, mettrait sans doute en évidence sa parfaite adéquation à l'univers libéral (croyances, aspirations, pratiques).

Bref, tout cela est purement incantatoire. Mais dans le cadre d'un blog, il est difficile d'aller plus loin.

Encore une chose : ce n'est pas mépriser la "base" et ignorer le terrain que d'ambitionner une critique qui ait de la tenue (hauteur de vue, concepts). C'est l'inverse qui est vrai : ne pas viser au-delà du quotodien prosaïque, c'est y enfermer définitivement ceux qui sont dedans corps et âme. On sait très bien qu'il s'agit-là de l'injonction tacite des chefferies (surtout rester à sa place, n'est-ce pas ; ne pas s'émanciper du réel immédiat).

George C.

Yvonnic a dit…

Discours au ton violent et définitif. Monsieur George est un auteur péremptoire qui ne fait pas dans la nuance et se complait davantage dans le décret-loi. Je vous fais simplement part d'une impression générale de lecture au sens propre du terme. Après tout je suis aussi bibliothécaire.

En plus vous me lisez mal. Quand vous dites "les bibliothèques ne sont pas un îlot d'utopie ; elles s'inscrivent dans un contexte social et politique. etc..."
Je vous rappellle que je dis : "Parler du contexte général, sociétal, dans lequel évolue le monde des bibliothèques a evidemment son intérêt. (Et nombre de nos pseudo-débats n'évitent pas cet aspect me semblet'il, qu'il s'agisse de l'économie ou de la culture en général)."

Je ne vois pas la différence.

Quant à Poissenot, vous ignorez manifestement les tous débuts de ses travaux (certains n'ont même pu être publiés qu'au Québec) et le rejet réel dont il fut l'objet, tout simplement parce que son discours anti-élitiste, largement caricaturé par les pontes cultureux de la profession, ne pouvait pas passer. A présent, et je le signale, il est devenu incontournable dans toutes les instances, colloques et réunions professionnelles. Le problème c'est qu'il n'a plus grand chose à dire de neuf (voir son blog sur Livres-hebdo)et poursuit simplement sa carrière.Il est comme beaucoup, il a apporté sa pierre à un moment où son discours était inaudible, très politiquement incorrect, et depuis, il ne fait que durer.Mais je ne lui jette pas la pierre, il m'a aidé à formaliser des idées nées de ma simple pratique.

Pour le reste, vous inversez les données : ce sont précisément les technocrates qui font "un travail sur l'imaginaire du discours modernisateur (valeurs, idéologie)" . Je fais partie de ceux qui pensent qu'avoir le nez dans le quotidien n'est pas un handicap à la réflexion de fonds, au contraire, c'est l'une des conditions à cette réflexion, de façon à ce qu'elle ne reste pas purement intellectuelle. J'ai dit quelque part que je n'aurais jamais entièrement confiance en quelqu'un qui n'aurait pas "poussé le chariot", comme on dit chez nous.

Maintenant, si votre propos est une vaste critique de la "normalisation libérale", vous vous trompez d'interloculeur (et peut-être de blog, ce n'est pas à moi de le dire). Les bibliothécaires travaillent le mieux possible dans un contexte politique qu'ils connaissent (car ils ne sont pas idiots), dont ils connaissent les écueuils et les pièges. Et cela avec leurs moyens locauxet leur bagage culturel personnel.

"Ambitionner une critique qui ait de la tenue (hauteur de vue, concepts)", c'est très bien, et nous le faisons ici parfois. Mais je veux bien prendre de la hauteur à condition de pouvoir redescendre sur terre. Certains restent en l'air trop longtemps. Ils y deviennent des technocrates justement.

Quant à "l'injonction tacite des chefferies (surtout rester à sa place, n'est-ce pas ; ne pas s'émanciper du réel immédiat).", elle prouve que vous n'hésitez pas à faire dans le psychodrame managérial.

Regardez Zorn, de son propre aveu, il est en orbite. Et il ne veut pas redescendre.

Je ne rejette rien completement, même pas les technocrates. Il y a du bon à prendre partout. Je fais le pari de l'intelligence, et j'essaie de le faire sans naïveté excessive, c'est tout.C'est minable, hein, professeur ?

Et puis je vais vous révéler un grand secret, surtout ne l'ébruitez pas : J'ai pu vérifier en 30 ans de carrière qu'à la fin des fins, par dessus tous les textes, les decrêts, les "recommandations" des grands chefs, des ministères, des instances de toutes sortes, et jusqu'à nos élus locaux, j'ai finalement pu faire ce que je voulais. Et la plupart de mes collègues aussi, dans leurs limites budgétaires propres bien sûr. Le fonctionnaire de terrain a finalement TOUJOURS le dernier mot.Parce qu'il est le dernier maillon de la chaîne, le dernier mais le seul maillon "agissant". C'est imparable.

C'est un peu comme ces sociétés,traditionnelles ou modernes, où le rôle de l'homme est decreté déterminant, mais où l'on a su prouver que le rôle de la femme était tellement puissant, dans les faits, dans le quotidien justement, que certaines sociétés sont clairement définies à présent comme matriarcales. Il fallait creuser un peu. L'anthropologie l'a fait.

Impression générale confirmée : Une seule question (en plus de celles auxquelles vous n'avez pas répondu, concernant votre propre pratique): qui ne méprisez-vous pas ?

Yvonnic, boulot-boulot

Anonyme a dit…

"qui ne méprisez-vous pas ?" Voyons ! Claude Poissenot n'est pas tout le monde ! A son sujet, il faut noter ceci : le Canada nous inflige ses chanteuses insupportables ; on leur fourgue nos sociologues crétins. Juste compensation.

Anonyme a dit…

Oui, je suis en orbite comme cet astronaute d'un roman de Philip K. Dick, satellisé autour de la Terre et transformé en Disc Jockey céleste.

Les bibliothécaires prétendent souvent être des "passionnées." Mais que leur inspire leur puissante passion, leur immense érudition? Quel grand texte? Quelle réflexion?

Leur "passion" leur inspire... des heures du con-conte ou, plus rarement, des traités sociologiques d'une grisaille de démocratie populaire. Mais à part ça? A part ça, rien! D'où l'intérêt de communiquer cette ébouriffante, cette vivifiante passion de nullité au public.

Bizarrement, dans ce milieu, il y a toujours des "passionnées" pour vous demander, d'un ton suspicieux:

--Mais au moins, tu aimes bien ce que tu fais?

--Autant qu'un plombier qui effectue une soudure, autant qu'une caissière de supermarché.

Ce genre de réponse provoque des cris d'orfraie, un peu comme si être bibliothécaire c'était faire partie d'une secte... et c'est un peu vrai. (Suivez mon regard)

Une passion, c'est ce qui vous rend passif, ce qui vous fait souffrir. Une passion, c'est aussi ce que vous subissez. Voilà pourquoi certaines personnes aimeraient tant qu'elle soit contagieuse, leur sale petite passion purulente.

La véritable passion de ces peu charmantes personnes, c'est d'écraser (sous couvert d'humanisme et de démocratie, bien sûr) tout ce qui les dépasse, tout ce qui les dérange, tout ce qui sort du rang. Leur véritable passion c'est la bêtise à front de taureau (ou de vache), la bêtise en action, jamais satisfaite, jamais repue, toujours fière d'elle-même, la passion fumante du rouleau compresseur qui nivelle tout sur son passage.

-- Oui euh, je suis pâââââââsionnée de littérature. J'adore Harry Potfleur.

Allez, mettons les gaz, on s'arrache.

Zorn D.J. Métaphysique

Yvonnic a dit…

Mon pauvre Zorn, quelle vision vétuste, quels vieux clichés sur ce métier (que vous vous obstinez à voir au féminin, bien entendu). Un bibliothécaire n'est ni un érudit ni un passionné, et encore moins un écrivain refoulé. Vous avez décidément une vision littéraire du monde. Un bibliothécaire, de nos jours en tous cas, est avant tout le gestionnaire d'un service de lecture publique. Ses activités essentielles sont d'ordre comptable, organisationnel, managérial, relationnel, documentaire, éducatif etc...

A titre professionnel je me suis toujours méfié des passionnés de littérature, ils représentent le pire danger qui soit. La plupart du temps incapables, surtout les plus jeunes d'entre nous, à mettre de côté leurs passions personnelles de lecteurs au point de devenir des ayatollahs de tel ou tel auteur ou genre littéraire. Je l'ai particulièrement vécu avec les discothécaires. Je considère que toute la difficulté de notre métier est d'acheter (aussi) des trucs qu'on n'aime pas, de les valoriser et de les faire apprécier à ceux qui les aimeront. Car nous savons qu'ils existent. Tout livre a son lecteur potentiel. Faire partager nos "passions" est une finalité complètement idiote, d'un point de vue professionnel.

Votre image du métier est aussi poussiéreuse que celle de la bibliothécaire chignons-lunettes.

Si c'est celle que vous aviez quand le choix de ce métier correspondait avec ce que vous appelez "un idéal", je comprends votre fuite sur orbite. Dans votre image du roman de Dick, n'oubliez pas que Walt Dangerfield est avant tout un type qui a até son but (aller sur Mars je crois) et est condamné à rester éternellement en orbite autour de la terre, et que ce pauvre type meuble sa solitude en se tranformant un D.J planétaire. Dangerfield se croit indispensable dans sa capsule parce qu'il est le rappel du monde d'avant l'holocauste, comme vous. Vous avez raté votre choix professionnel et vous tournez au-dessus de nos têtes en nous serinant votre idées d'un monde disparu, celui où la culture s'enfermait dans des maisons interdites au plus grand nombre.

Mais votre roman s'arrête là et vous n'êtes pas Dangerfield, car on ne vous écoute pas.

Oui nous sommes plus proches d'un plombier qui effectue une bonne soudure et en retire une satisfaction professionnelle que d'un intellectuel en mal d'édition , d'un politicard en mal de public ou d'un romantique en mal d'idéal. Vous n'avez pas de mains, Zorn.

D'accord avec votre définition de la passion "Une passion, c'est ce qui vous rend passif, ce qui vous fait souffrir. Une passion, c'est aussi ce que vous subissez."

"Voilà pourquoi certaines personnes aimeraient tant qu'elle soit contagieuse, leur sale petite passion purulente."

Vous pensez à quelqu'un en particulier, vous-même peut-être ? Vous me paraissez finalement le plus passionné d'entre nous, passionné par vos chimères, et sutout vos haines bien assises, que les petits artisans besogneux que nous sommes...et que vous aimeriez passer sous votre passion de rouleau compresseur.

Vous n'êtes pas Bloodmoney, dont les missiles n'ont finalement rien anéanti, pas plus que vos pétards mouillés ici. Vous êtes plutôt sa victime ultime et inattendue.

Continuez à brailler, Dangerfield, votre voix s'éloigne dans les étoiles jusqu'à n'être plus qu'un grésillement inaudible, le dernier bip-bip du premier Spoutnik...

Vous avez une aura de poteau indicateur, du genre à vous ramasser un jour une balle perdue en descendant la poubelle, y a pas plus con.

Yvonnic, Heiliges Feuer

Anonyme a dit…

"Les bibliothécaires prétendent souvent être des "passionnées." Mais que leur inspire leur puissante passion, leur immense érudition? Quel grand texte? Quelle réflexion?" Vous oubliez Claude Poissenot, Zorn. Il est vrai qu'il n'est ni bibliothécaire ni femme. Mais gouttez donc ceci : "La bibliothèque prend acte de la réalité si plie". Une belle théorie de conformisme que cette passion de la "réalité". Tant de conneries en si peu de mots, n'est-ce pas remarquable ?

George C.

Yvonnic a dit…

@Nescio et Zorn.
Vient de paraître le 5 fevrier un texte, pardon un "grand texte d'une immense érudition", de Philippe Dutilleul, journaliste à la RTBF, un des réalisateurs du
fameux magazine « Strip Tease » devenu aujourd’hui « Tout ça ne nous rendra pas le Congo ». Il est présenté comme s’inscrivant dans une tradition du journalisme social, insolent, dérangeant. (sic)
Le 13 décembre 2006, il stupéfiait la Belgique avec un reportage fiction annonçant la
scission du pays. Il en a tiré un livre, Bye-bye Belgium (Éd. Labor, 2006) et a également publié Chronique d’une imposture assurée (Éd. Racine, 2008).

D'après les critiques françaises il semble que le livre vaille le coup d'être acheté. Dont acte, la commande est partie.

"Il stigmatise une opinion publique amorphe,manipulée
par les ambitions politiciennes des uns, assommée par la médiocrité des autres. Il renvoie dos à dos les autruches wallones et les incendiaires flamands. Il
s’insurge contre un pays qui s’enferme peu à peu dans une logique d’apartheid. Il peste contre un roi à la petite semaine qui n’a ni la carrure de son père ni celle d’un Juan Carlos en Espagne.Pourtant, assure-t-il, le Royaume de Belgique pourrait être formidable. Le pays de Rubens,
Ensor et Magritte, de Brel et d’Hugo Claus,des frères Dardennes et Jacko van Dormel,de Frankin et Geluck ne manque ni de talents
ni d’humour. La Belgique, écrit Dutilleul, c’estaussi un art de vivre, une bonhomie, une forme
de simplicité, voire un goût du burlesque qui se moque du complexe de supériorité du voisin français…"

Et la pub de l'éditeur rajoute du gras : Scènes de ménage dans un vieux couple ou dernier avatar des démons nationalistes qui ont ensanglanté maintes fois l'Europe ? L'incompréhension monte entre Flamands et Wallons, et la Belgique semble s'éloigner inexorablement de la vieille tradition du compromis qui faisait son charme. Mais à trop manier le compromis, justement, ne bascule-t-on pas un jour dans les compromissions, les petits arrangements et le flou qui voilent pudiquement les indélicatesses, les paresses, les démissions, les ambitions sordides ? De l'aventure coloniale de Léopold II à la faillite de Fortis et Dexia en 2008, le pays a de quoi douter de lui-même. Pour Philippe Dutilleul le mal est profond, et il ne suffit pas de cultiver la nostalgie de «la Belgique de papa» pour se consoler. Au terme d'une enquête qui met les points sur les i - à droite comme à gauche, en Wallonie comme en Flandre - et appuie là où ça fait mal, cet observateur au regard acéré se demande comment sauver ce pays à la fois insupportable et indispensable, révoltant et délicieux. Un livre d'amour et de colère qui raconte la Belgique comme nul autre.

Oui, bon, les denières phrases valent ce qu'elles valent. "Ce pays indispensable..."

Voilà, ça fait 384 pages. 20 euros. Chez Buchet-Chastel.

Et pour en revenir au post initial de Nescio, il fait 370 grammes...

La Belgique à moins de 500 gr, je prends. Est-ce que la Censure belge va vous autoriser à l'acheter ?

Yvonnic, tout ça ne nous rendra pas l'Indochine!

Anonyme a dit…

@George :

Le réalité, ça ne veut rien dire, bien sûr.

@Yvonnic

UNE bibliothécaire --> ce milieu est majoritairement féminin dans nos régions. Alors, soyons démocrate, tenons compte de la majorité.

En effet, il ne reste plus que des gestionnaires. Aujourd'hui, on "gère" tout et n'importe quoi. Gérer, ça vous évite de penser.

Or, les gestionnaires et les (pseudo)passionnées sont deux espèces qui cohabitent bien. Les gestionnaires ont le nez collé sur le "lectorat" et prétendent en conséquence "donner la passion de la lecture au plus grand nombre." Les gestionnaires envoient donc leurs "passionnées" sur le terrain et comme ils sont aussi ploucs les uns que les autres... on devine le résultat.

Mes passions? J'évite de les communiquer aux autres. Quand on communique son savoir, c'est qu'on ne l'aime pas assez. D'un autre côté, je ne vais pas partir sans avoir soigneusement démonté les mensonges et les complots de votre système qui nous prend pour des idiots.

Et avant de filer des métaphores vaseuses (comme votre histoire de balle perdue), dites-vous bien qu'un satellite, ça peut aussi retomber sur la caboche de ceux qui l'ont lancé.

Quant au livre que vous citez, cela m'a encore l'air d'un pur produit bobo-belgicain qui évite les vraies questions. Lisez plutôt P.H. Gendebien : "Belgique le dernier quart d'heure", le seul a oser établir un diagnostic tellement dérangeant qu'il lui vaut un blackboulage médiatique en règle.

Zorn Réunion radicale

Yvonnic a dit…

@George.
Je constate que vous n'êtes vraiment pas très Aimable avec monsieur Poissenot, pas Aimable du tout...J'ai connu des Anonymus, des JL, des B et d'autres qui ont fini par se faire retoquer comme ça. Parce qu'ils n'étaient pas assez aimables...

Yvonnic, Hawaï Police d'Etat

Yvonnic a dit…

@ Zorn
Deux réflexions aussi fondamentales que répétitives de la Zorn-attitude :

1)"Quand on communique son savoir, c'est qu'on ne l'aime pas assez."

D'où la faillite de tous les systèmes scolaires et de l'inutilité des écoles. Et surtout des profs de Français. Ne pas confondre toutefois savoir et passion, merci.

2)"le seul a oser établir un diagnostic tellement dérangeant qu'il lui vaut un blackboulage médiatique en règle."

Les seuls auteurs valables sont ceux qui se font jeter, comme les seuls bons libraires sont ceux qui se font défoncer la vitrine. On vous l'a dit et répété!

Oui, on gère tout. J'ai connu des couples qui se sont séparés en se tapant sur la gueule parce qu'ils croyaient que l'Amour c'est suffisant, les cons! La vie de couple c'est comme le reste, comme la Belgique, comme la démocratie, ça se GERE au quotidien, par des consensus, des contrats, des compromis, des négociations, ce que vous voudrez.

On négocie même les virages, c'est dire !

Quant à votre Gendebien, il se peut qu'il fasse d'excellents constats de la situation. L'autre en fait aussi des constats. C'est facile finalement les constats.

Là où se situe la différence, immonde propagandiste mal camouflé derrière son bonsaï, c'est que Dutilleul n'a pas de drapeau caché dans sa manche. Alors que Gendebien a fondé, en 1999, le parti rattachiste RWF/RBF (Rassemblement Wallonie-France/Rassemblement Bruxelles-France). Depuis lors, il ne cesse de peaufiner un scénario dont il jure qu’il finira par s’imposer : la Wallonie – de préférence avec Bruxelles, mais à défaut, sans – constituera, un beau jour, la 23e région française. La crise politique actuelle fait farine à son moulin.

Elle est là la différence. L'un est un journaliste un peu médiatisé qui vend son bouquin pour ce qu'il vaut, l'autre vend sa propagande rattachiste. Je n'aime pas les marchands de cartes déguisés en Pères Noel.

Et ce n'est pas la première fois que je vous surprends à faire de la pseudo-objectivité en rentrant dans ce petit jeu assez pourri, je vous l'ai déja dit.

Soyez honnête : ne dites pas "Lisez plutôt P.H. Gendebien ", dites plutôt "Lisez plutôt P.H. Gendebien, le rattachiste bien connu"

Moi, quand je conseille De Benoist à mes lecteurs (hi, hi!), je ne dis pas "Lisez cet excellent théoricien", je dis "Lisez, si vous y tenez vraiment, les propos de ce théoricien de la Nouvelle-droite"

C'est plus honnête, vous comprenez, Zornette ?

HONNETE !

Yvonnic, homme de bien, marchand de rien

PS. Il ferait bien de se mettre à jour votre bonhomme, parce que le plus récent rapport de la Commission Balladur serait en train d'opter pour une France à 15 régions. Alors la Belgique...

Anonyme a dit…

Cher Yvonnique

1) Votre argument sur la non-communication ne me touche pas: je ne suis ni enseignant, ni gourou.

2) Dutilleul est un belgicain. Lui aussi, il se livre à de la propagande. Lui aussi, il a une vision orientée du problème: ce pays indispensable, comment le sauver, etc. Pas de drapeau dans sa manche? Vous vous f... vraiment du monde!

Zorn

Yvonnic a dit…

Là ce n'est plus de l'acharnement de rattachisme militant (comme Geluck, bravo !), c'est l'ultime crachat du rat coincé entre deux poubelles, avant l'écrasement final sous une godasse d'honnête passant.

Si vous etes incapable, vous le grand intellectuel, de faire la différence entre le fait d'avoir une vision, une opinion (comme tout le monde a un trou du cul, chacun a une opinion, ça ne vaut pas un clou) et le fait d'être un militant, homme politique, à la tête d'un mouvement bien défini, vieux briscard de la manipulation médiatique, c'est que vous ne valez pas davantage que ces pourris de politicards qui vendraient père, mère et Belgique pour vendre leur soupe!

L'un est un journalite à la RTBF depuis 25 ans. Sans jamais s’excuser d’être Belge, Philippe Dutilleul dit, avec un ton de pamphlétaire et pas mal d'humour, son insatisfaction de voir son pays se défaire, à force de malentendus, de mauvaise foi et de clichés. Il s’inscrit dans une tradition du journalisme social, insolent, dérangeant. (voir ses émissions comme Strip tease ou Sale temps sur la planète). Son canular de 2006 (qui lui a été soufflé à l'oreille par un collègue français, il le dit lui-meme) avait aussi un côté sérieux. Par exemple, on y mettait en évidence que la Flandre avait besoin de la Wallonie pour l’eau et l’énergie nucléaire. On y parlait des problèmes d’une sécurité sociale divisée entre Flandre et Wallonie. Des communes de Bruxelles-Hal-Vilvorde, etc.

Et c'est pour ça que les gens y ont cru. Parce qu'au sein du canular se cachaient de vraies questions. Avec ce «coup» médiatique, les réalisateurs de l’émission avaient un but pédagogique. Certes, Dutilleul, comme beaucoup de "gens de la rue" n'est pas favorable à la scission, c'est son opinion, comme Annie Cordy a la sienne. Et après ?

Tandis que votre petit copain est un MILITANT, pas un simple citoyen avec sa petite opinion en bandoulière comme tout un chacun, mais un activiste de très longue date, avec tout ce que cela implique de mensonges, d'exagerations, de tricheries diverses et de populisme, jouant entre autres sur la peur .

Il fait croire par exemple que si l'on ne se dépêche pas de regler la question, je cite :"les autres pays européens viendront régler notre problème comme ils l'ont fait en 1830 en se disant qu'on ne peut pas nous laisser seuls jouer avec les allumettes ". On rêve !

Interviewé à L'Express, la bête se dévoile :
Vous préparez depuis longtemps le rattachement de la Wallonie et de Bruxelles à la France. Mais la France en veut-elle?

Réponse classique du politicard qui a le bras long et des relations et le laisse habilement percevoir dans sa réponse :
"Je peux vous dire que je suis régulièrement en contact avec certains milieux politiques et médiatiques français. Des plans circulent. Mais ne m’en demandez pas davantage. A ce stade, je ne peux pas vous donner de détails, ni de noms. Ma crédibilité auprès d’eux s’effondrerait. Du reste, il n’y a pas qu’avec la France que mon parti entretient des contacts. Nous travaillons tous azimuts à l’internationalisation du dossier."

Monsieur internationalise le dossier ! De plans circulent ! Il peut pas dire les noms ! On se croirait revenus au temps de la Cagoule ! On est loin de la simple opinion, non?

Rassurez-nous, Zorn, dites-nous que vous êtes capable de faire la différence entre avoir une opinion et manipuler celle des autres!

La propagande, vous savez ce que c'est, Docteur ?

Sinon à quoi vous servent vos hautes lectures ?

Yvonnic, chacun chez soi

Yvonnic a dit…

Pour en finir avec les débat sur le fait de savoir si les bibliothèques sont vraiment des lieux de démocratisation culturelle ou si elles servent plutôt à relayer la culture dominante, je rappellerais, chers collègues, qu'en pleine crise de chute statistique, en mars 2005, ce sujet fit salle comble au Salon du livre, avec de prestigieux intervenants.

En premier lieu Monsieur Bruno David, Bibliothécaire d'Eaubonne, qui, dès 2004, avait déclaré que, "loin de lutter contre les inégalités sociales, les BM contribuaient au contraire "au maintien de l'ordre, au sein d'une société sinon meilleure, du moins pacifiée". Pour ce monsieur aux souliers crottés "la contradition serait grande entre le discours que les bibliothèques tiennent sur elles-memes et la réalité au quotidien. Dévouées à favoriser la democratisation de la culture et à lutter contre les inégalités sociales, elles seraient en fait impliquées dans des logiques institutionnelles dont elles n'ont pas conscience, trop preoccupées qu'elles sont par les effets immediats de leur action, à savoir la conquête du public. En fait elles participeraient ainsi à "une vaste hypocrisie sociale, pretendant défendre l'émancipation alors qu'elles ne font que faire integrer aux gens les valeurs dominantes de la société". En bref, les bibliothécaires « se la jouent », lors même qu’ils ne font qu’intérioriser les « valeurs de l’ordre »

Ce constat a été confirmé par Claire Castan, bibliothécaire indépendante, qui a démontré, par enquête, "que les collections des BM reflètent la culture dominante et que 80% des usagers appartiennent aux classes moyennes et supérieures."

Bon. Que fut-il répondu à l'honorable Bruno David par les pontes de la profession :

1) Dominique Lahary fit un rappel historique proposant un "découpage qui fait apparaître quatre catégories de professionnels. Les plus anciens sont plutôt militants et créateurs. Les cinquantenaires également, mais ils sont concernés surtout par une approche républicaine de la lecture publique, par une idée de partage de la culture et une approche normative du métier et des outils. Les quadragénaires sont formés au management et ont une autre vision du métier, plus politique (État contre collectivités locales). Enfin les plus jeunes s’éloignent d’une approche centralisatrice du rôle du livre et sont davantage formés aux nouvelles technologies ; ils sont plus « orienteurs » que prescripteurs et s’attachent aux besoins de l’usager, dans une approche culturelle plus relativiste. Conclusion cardinaliste en forme de question : " Comment refondre le métier en renonçant à un modèle unique ?"

Enfin la conclusion du ponte des pontes, le plus habile de tous : Y"ves Alix (Ville de Paris) présenta une approche du « politiquement correct » comme question idéologique appliquée aux bibliothèques. Face à ce qu’il considère comme une contamination croissante des bibliothèques par le politiquement correct, il s’interrogea sur ses causes. La plus évidente est sans doute la difficulté à intégrer la notion de neutralité, le bibliothécaire s’attachant, par probité professionnelle, à ce que les collections ne soient pas discriminées. Mais la bibliothèque n’est pas une organisation indépendante. Elle obéit à des règles de subordination et de délégation. Pourtant les bibliothécaires ont une forte identité professionnelle, autocentrée, alors même qu’ils passent un contrat avec les tutelles et que ce contrat influe, peu ou prou, sur les choix de politique documentaire. Le flou entretenu par rapport à la tutelle publique ne se résoudra pas par un code déontologique et la neutralité ne dispense pas de la confrontation. Il y a pourtant une certaine crainte de la tutelle politique : les bibliothécaires craignent les immixtions, et il est vrai que rien ne les préserve en cas de conflit grave. Ils craignent aussi la mise en cause de leur autonomie, la subordination, la censure, et appliquent en retour des stratégies de contournement, en évitant les risques de conflits. Enfin, ils craignent le public, qui pourrait imposer ses choix. Ce contexte de « crainte » fragilise la construction d’une politique documentaire audacieuse. Enfin, la crainte d’une mise en cause si les résultats ne sont pas atteints freine les initiatives, et la bibliothèque n’est plus ce qu’elle devrait être : un lieu de débat.
Comment, dès lors, est-on passé du politiquement correct au culturellement correct ? La soumission à l’injonction « tout est culture » provoque un malaise chez les bibliothécaires. On se place en position de justifier la culture non livresque ; ce qui compte n’est pas le support mais le contenu ; on « idéalise » la culture. Et dans ce mouvement instable, le bibliothécaire n’est pas sûr d’avoir un rôle. C’est ce doute sur l’identité sociale du métier qui induit une rhétorique professionnelle qui, aujourd’hui, sonne creux…" (Bref,sous cette impeccable présentation,se developpe en fait la simple la théorie de la crainte. Subtil)
Conclusion du pontife :"ce n’est pas le rôle du bibliothécaire d’engager une critique radicale de l’ordre social. Mais pour autant, la bibliothèque doit rester un lieu de la pensée libre, du débat, du doute." Très belle chute, genoux serrés, dos droit, bras écartés, pas de faute à la reception.

Quant à Claire Castan, elle propose de sortir de la "logique d'accueil" pour aller vers une "logique de partage", faisant des bibliothèques des "lieux d'envahissement culturel" et retient 4 enjeux fondamentaux : la lutte contre l'illettrisme, l'accueil des non-lecteurs, la pluralité culturelle, et l'intercommunalité. Le tout avec la présence du numérique qui introduit de nouvelles pratiques et de nouveaux publics.

Grosso modo ce type de débat n'a pas évolué depuis. Il démontre très bien, et c'est son principal intérêt, la dominance écrasante du discours consensuel des pontes, dans une apparence démocratique, pour écraser dans l'oeuf toute critique de type politique. Une très très belle demonstration de l'art des technocrates dans ces domaines. Et l'on peut penser que depuis, Bruno David a bien mal au cul.

Car la conclusion fut sans appel, la prochaine fois c'est la fessée : "Ce n’est pas le rôle du bibliothécaire d’engager une critique radicale de l’ordre social." Compris, messieurs George et Zornus associés ?

La relation de ce texte cynique est dans LH du 25 mars 2005 et dans le BBF à :http://bbf.enssib.fr/sdx/BBF/frontoffice/2005/04/document.xsp?id=bbf-2005-04-0069-001/2005/04/fam-tourhorizon/tourhorizon&statutMaitre=non&statutFils=non

On souhaite bonne guérison au petit Bruno...

Yvonnic, médecine de brousse

Anonyme a dit…

Cher Yvonnic :

Simple réponse à votre commentaire de 12.29 AM. Pas encore eu le courage de lire l'autre. Soyez un peu plus concis et modérez votre passion du copier-coller svp.

PHG est un militant, certes.

A votre avis, un journaliste ne peut-il jamais être un militant ou le sympathisant d'une cause. Quelle différence opérez-vous entre sympathiser et militer?

Oh non, voyons : les journalistes sont to-ta-le-ment objectifs et in-dé-pen-dants du pouvoir. C'est bien pour ça qu'ils lui lèchent les bottes. Parce que la propagande, voyez-vous, c'est toujours celle des autres, des méchants.

Et gardez vos insultes pour vous, petit chef du muscadet.

Z.

Yvonnic a dit…

@Zorn
Il me semble que j'ai largement répondu, avec les éléments "objectifs" dont nous (vous et moi) disposons. Pour le reste il faudrait demander à Monsieur Dutilleul s'il est encarté dans un parti. Ce à quoi il ne répondrait sans doute pas. Et il aurait raison. Des millions de belges sont mécontents de leur situation actuelle, Dutilleul compris, et fort peu ont fait de ce mécontentement une activité militante et partisane, heureusement. Sinon ça fait longtemps qu'il y aurait du sang dans les rues.
Votre mauvaise foi ne connait décidément pas de bornes, surtout quand vous êtes pris la main dans le pôt de confiture. Pour la différence entre militantiste et sympathie, je vous renvoie au dictionnaire...
(dont l'objectivité est également très suspecte, bien entendu...)

Nos lecteurs jugeront, come on dit dans le journal.

Yvonnic, régime sec

nescio a dit…

Juste ceci : 5 mars, diffusion du dernier travail de Dutilleul : un documentaire à la manière de 'strip-tease' sur...Degrelle. J'espère que tout le monde ici 'capte' la rtbf.
Yvonnic : bon anniversaire donc, une année en ces lieux et tu es tjrs aussi combatif (plus que moi, j'avoue). Bien aimé le constat simple 'j'ai toujours pu faire ce que je voulais'. Effectivement, moi aussi. Mais avoue que parfois, on doit quand même, pour arriver à nos fins, effectuer quelques détours par des cases du jeu que l'on préférerait -idéalement- éviter. Je pense -et là, je sais que je vais être taxé de simplisme- que la grande différence entre nous et Zorn, c'est ce bête truc du verre que nous voyons toujours à moitié plein et qu'il voit quant à lui, toujours à moitié vide.
Je ne suis pas parfait et ce job de bibliothécaire n'est pas la panacée à la misère sociale, psychologique et culturelle que je croise parfois. Tant que j'aurai le sentiment de faire un boulot utile, je persisterai à le faire et à le faire bien. Et le faire bien, cela inclut de m'interroger et de me remettre de temps en temps en question et, au besoin, de parfois faire table rase. Donc, Zorn, d'accord avec toi, certains politiques préférent engager des femmes et bcp de lecteurs préfèrent Musso à Westlake. Mais certaines confrères font un sacré bon boulot là où certains confrères se révèlent rapidement de vrais poreaux. Et, sometimes, j'ai quelques lecteurs qui rentrent et me remercient de leur avoir conseillé Westlake.

Yvonnic a dit…

Non, ton image n'est pas simpliste. Poussons-là au bout, allons au terme de la pensée positive : le verre n'est ni à moitié plein, ni à moitié vide, il est toujours plein, simplement il est deux fois trop grand!

Sinon, je dirais que ça dépend surtout du liquide qu'il y a dedans, si le liquide est bon, il est à moitié plein, s'il est pas bon, je préfère le voir à moitié vide. Et ça, ça dépend effectivement des jours, des rencontres, et de la case du jeu de l'Oie sur laquelle tu te trouves.

Zorn ne doit boire que quand il a soif. Et dans ce cas, il met 10 cl d'eau du robinet dans une chope à bière, parce qu'il n'a pas trouvé de vase à fleurs. Donc il a tout faux, l'apôtre.

Les trottoirs de nos vies professionnelles sont encore très praticables, en évitant les quelques excréments canins qui y trainent inévitablement. Le jour où nous serons obligés de les suivre en marchant dans le caniveau, alors il sera temps de changer de verre.

Bien sûr, je n'aime pas trop me surprendre moi-même au détour du bois, après une journée de travail assez morne, à me glorifier, me rassurer plutôt, en me disant qu'aujourd'hui est quand même une bonne journée parce qu'un lecteur, un seul, m'a demandé à voix basse si on avait "quelque chose de John Updike,... vous savez, il vient de mourir".. Ben non, j'avais pas fait gaffe. Je lui ai refilé notre seul bouquin de lui, un vieux truc de 1989 "Confiance, confiance". J'aurais été incapable de lui en dire un mot. Il a eu l'air étonné, mais content.

On n'est pas bons tous les jours, mais on sait se faire plaisir de peu de choses. On a la satisfaction facile parfois, c'est vrai. Je dirais que nous professons un optimisme désillusionné.

S'il n'en restait qu'un, de lecteur, nous saurions encore lever notre verre à sa santé.

Et s'en contenter.

Yvonnic, tous chez Dutilleul le 5 mars, pour une grande leçon d'objectivité journalistique !

PS. Tu sais pourquoi je suis plus combattif que toi ? Parce que je l'écris avec deux "t" :-)

(J'ai vérifié, les deux orthographes sont désormais autorisées, le monde progresse à une vitesse qui m'effraie!)

Anonyme a dit…

@Yvonnic
"Ce n’est pas le rôle du bibliothécaire d’engager une critique radicale de l’ordre social." (dixit Y.A., dites-vous) Vous savez, les injonctions n'engagent que ceux qui les profèrent. Et ce rappel à l'ordre n'a sans doute pas eu l'effet escompté sur celui à qui on le destinait. Mais, comme vous le savez, il existe des moyens très efficaces et doux pour écarter les gêneurs. Il suffit de les ignorer et de ne pas (ne plus) leur donner l'occasion d'une tribune pour intoxiquer les masses avec leurs insanités. Parlez-en à Claude Poissenot, qui ne cesse de geindre : on ne l'invite pas assez, on le tient à l'écart. Dans son cas, l'injustice est notoire : contrairement à l'autre, il n'a jamais eu une parole de trop et a toujours donné la patte ; il s'est toujours complu dans la pensée préconstitutée, la critique inoffensive (= "constructive") et n'a jamais manqué une occasion de manifester son adhésion à l'idéologie libérale de modernisation de la lecture publique. Tant d'efforts et si peu de reconnaissance !

George C.

Yvonnic a dit…

"Mais, comme vous le savez, il existe des moyens très efficaces et doux pour écarter les gêneurs. Il suffit de les ignorer et de ne pas (ne plus) leur donner l'occasion d'une tribune pour intoxiquer les masses avec leurs insanités."

Je vois que vous avez tout compris, cher anonyme bien connu. Je reprendrai donc pour l'occasion, et à titre tout à fait exceptionnel je le précise, l'expression que Monsieur Lahary adressa il y a peu à l'un de ces gêneurs : don't feed the troll !

Y.

Et pas un mot sur ce pauvre Bruno David, comme c'est triste !

Anonyme a dit…

Du temps où la télévision française diffusait des matchs de catch, il y avait ce personnage de méchant, prénommé Zarak - ou quelque chose comme ça -, qui combattait masqué. Il arrivait toujours un moment, dans le scénario cousu de fil blanc, où le gentil était en passe de le démasquer. Il demandait alors l'avis du public : on était partagé. Mais au fond, on s'en foutait de l'identité véritable de Zarak. La révélation du faux, comme le soupçon, on le sait, est une obsession policière. On préférait qu'il restât inconnu ; on préférait l'anonymat, parce que notre plaisir était dans le déroulement attendu du scénario et spectacle du jeu, pas dans le dévoilement d'une vérité en vérité sans intérêt.

George C.