Force majeure
"On transporta le corps d'Adela à l'école. Sans le vouloir, Ramon se retrouva à la tête du cortège funèbre. La foule ne s'ébranla que lorsqu'il eut fait le premier pas. On étendit la morte sur le sol d'une des deux salles de classe. On la plaça sur une natte pour qu'elle ne se salisse pas et elle resta protégée par la couverture de Pascual. Quelqu'un alluma des cierges aux quatres coins du cadavre. La salle commença à se remplir."
(Extrait de 'Un doux parfum de mort', de Guillermo Arriaga)
Un peu plus d'un an avant que je ne sois engagé ici, un drame épouvantable avait secoué le village. Un homme, profondément dépressif, avait abbattu quatre membres de sa famille, avant de se suicider. Les circonstances me sont peu familières, j'ai seulement retrouvé quelques articles de presse. On m'a rapporté qu'à ce moment-là, la rénovation du bâtiment, devenu aujoud'hui la bibliothèque, se terminait. Vide, il avait donc été réquisitionné pour abriter les cinq cercueils. Cette salle, à partir de laquelle ces quelques mots vous sont envoyés, servit donc quelques temps (un, deux jours?) de morgue. Ou de funérarium, puisque le village n'en comptait pas à l'époque. Aujourd'hui, et bien que le chiffre de la population n'ait pas beaucoup augmenté, les familles endeuillées ont le choix entre deux entreprises spécialisées, toutes deux établies dans la rue principale toute proche.
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3 commentaires:
Tu deviens lugubre, crépusculaire. J'ai l'impression que tu crois à la "mémoire des murs".Certains physiciens atypiques ont je crois avancé des théories la-dessus. Lieux et objets s'imprègneraient d'evènements à forte densité émotionnelle et continueraient par la suite à dégager des ondes nocives, amenant souvent le lieu à generer et reproduire en chaîne des maladies ou des évènements tragiques de même nature...
Tu déménages quand ?
Vais pas déménager...c'est simplement la lecture de ce bouquin de Arriaga qui m'a rappelé cette histoire. No panic : je n'y pense pas à chaque fois que je rentre dans la salle de lecture...mais ça m'arrive...
Quant à la mémoire des murs, oui oui, ça c'est quelque chose d'important, mais rien de tragique non plus...c'est plutôt de l'ordre de 'l'esprit des lieux' qu'il est parfois bien de respecter...il y a dans mon jardin un moulin que pas mal de gens doivent trouver ringard...je suppose que moi-même si je le voyais ailleurs, je m'en moquerais...mais ma maison a une histoire particulière, du moins son précédent propriétaire a-t-il eu une ligne de vie à tout le moins originale...même si nous en avons éliminées pas mal, j'aime retrouver quelques traces de lui ici...
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