12 février 2008

Rôle social

Ces derniers temps, tu es plutôt déprimée et, aujourd'hui, lorsque tu es rentrée, j'ai toute suite su que ça n'allait pas mieux. Ta dernière fille vous a laissés seuls, ton mari et toi. Et je sais que cette séparation fut agitée; tu m'en as raconté quelques épisodes. Elle n'a pas vingt ans, tu me dis qu'elle a perdu la tête pour un jeune voyou et qu'elle a tout quitté du jour au lendemain. Elle vit loin de vous à présent. A t'entendre, il s'agit d'un squat, sans le moindre confort et, en tous cas, trop loin du village. Tu ne la vois plus que rarement et chaque rencontre se termine mal. Ses mots sont durs pour vous; c'est ce qui te peine le plus. 'Il ne me reste plus rien. Avec mon mari, on est comme des cohabitants. Qu'est-ce que je peux encore faire de ma vie? Prendre les poussières et faire les courses une fois par semaine...'. J'ai compris que tu n'exagérais pas et que cette histoire te minait au plus profond. Alors que je cherchais quelque chose de vaguement réconfortant à te répondre, d'autres lecteurs sont arrivés, m'obligeant à me détourner quelques instants. Tu m'as demandé de garder ça pour moi, puis tu es partie.

43 commentaires:

Anonyme a dit…

Je croyais avoir le profil type de celle à qui les mamies aiment raconter leur vie en priorité.
Du coup, là, je me sens moins seule. :)

nescio a dit…

...c'est à cause du comptoir...ça incite les gens à la confidence...je remarque souvent le même phénomène à la pharmacie ou à la mutuelle par exemple...

Anonyme a dit…

"Rôle social"...

A la base, un bibliothécaire, c'est quelqu'un qui est formé pour s'occuper... de livres ! Pas des problèmes des gens. Nous ne sommes pas des assistants sociaux, ni des médecins et encore moins des psychanalystes ou des prêtres. Certes, on raconte beaucoup de mensonges, mais bon...

D'ailleurs, demandez un peu aux gens qui parmi eux a envie de ressembler à un bibliothécaire ? Dans le langage courant, "ressembler à un bibliothécaire" n'est guère synonyme d'épanouissement.

Les attentes par rapport à la "culture" (et quelle culture!) sont démesurées et pathétiques. Comme si lire des livres allait nous sauver du chômage ou du cancer...

D'ailleurs, êtes-vous sûr que la lecture publique ne cause pas plus de dégâts qu'elle n'en répare ?

Nous ne sommes que les clowns tristes de la société du spectacle.

Zorn

Yvonnic a dit…

Zorn dit des énormités. Un bibliothécaire doit aimer les gens. S'il n'aime que les livres, il y a d'autres métiers.Ou d'autres époques.Le livre a et aura de moins en moins d'importance. Les gens de plus en plus. Demandez à ceux qui font du portage à domicile ce qui compte le plus . Comme disait je ne sais plus quel éducateur, si je dois enseigner le latin à Jean, qu'est-ce que je dois connaître en priorité : Jean ou le latin ? Jean.
Nous nous voulons passeurs de lecture et nous ne cessons de mépriser, ricaner, devant les comportements du public (cela me frappe dans ce blog que je visite pour la premiere fois)? C'est cela l'élitisme. Disparaissez, comme les publics qui nous quittent chaque jour un peu plus.

nescio a dit…

Pas d'accord avec Zorn bien entendu, mais il est difficile d'en discuter avec lui. Et comme ce n'est pas le sujet de ce blog, j'évite d'entrer dans ce genre d'échange...Ceci dit pas d'acord avec vous non plus : il n'y a dans ce blog pas de 'mépris général du public'. Quelques coups de gueule ponctuels contre certaines attitudes qui m'horripilent : le sans-gène, la fainéantise et le manque de considération dont vous pouvez être l'objet à partir du moment où vous êtes 'fonctionnaire'par exemple... Si vous me lisez pour la première fois et que vous trouvez que ce blog méprise le public, c'est que vous ne savez pas lire entre les lignes...C'est pourtant parfois assez clairement écrit, comme ceci par exemple : 'Et bien oui tiens, on partagera le 'back office' aussi, parce que le travail en première ligne, même s'il lasse certains jours, c'est quand même l'essentiel non?'...publié le 27 décembre.

Yvonnic a dit…

Mea culpa. J'avais effectivement focalisé un peu vite sur quelques portraits de lecteurs, qui sont effectivement loin de refleter le ton général de vos interventions. Un ton que j'aime beaucoup, finalement. J'ai commencé ma carrière seul dans 60 m2. J'y ai tout appris, notamment que j'étais bien là, à ma place. Et je retrouve dans votre quotidien une proximité aux choses et aux gens que j'ai perdue depuis. Certains de vos billets se lisent comme des nouvelles, du Delerm enraciné au réel. Vous me rendez nostalgique de mes meilleures années. De fait, vous aimez les gens. Le travail en première ligne, comme vous le dites si bien. Il faudrait que nous puissions tous rester en première ligne, suffisamment, ne serait-ce que pour savoir si ce que nous pensons a toujours du sens. Conserver ce qui nous empêche de devenir cyniques.
Bien amicalement et avec encore mes excuses pour ma précipitation.

nescio a dit…

Pas de problème. Et je suis d'accord : rester toujours -ne fût-ce que quelques heures par semaine- en première ligne est essentiel, si l'on veut éviter le syndrôme 'tour d'ivoire'...Plus prosaïquement, je n'ai pas choisi ce boulot pour rester calfeutré dans un bureau fermé...Au-delà de l'utilité de cette attitude, il reste ausi une simple question d'envie, de goût...
Au plaisir de vous lire encore ici...

Anonyme a dit…

---->Zorn dit des énormités.

Et vous, vous êtes un(e) démagogue.

--->un bibliothécaire doit aimer les gens. S'il n'aime que les livres, il y a d'autres métiers.Ou d'autres époques.

Je vous retourne l' "argument" : si vous préférez les gens aux livres, essayez donc assistant social, puéricultrice ou autre chose.

Je répète : avant, quand la société allait mal, on invitait le prêtre avec LE livre qui avait réponse à tout. Maintenant, on invite le bibliothécaire animateur gugusse avec des livres et le résultat est encore pire.

Le socioculturel, ça ne marche pas. C'est juste la pommade que le système passe sur nos plaies pour nous les faire oublier.

---->Le livre a et aura de moins en moins d'importance. Les gens de plus en plus.

Pour ce qui est des "hénaurmités" vous n'êtes pas en reste.

Puisque le livre n'a plus d'importance, fermez donc les bibliothèques et remplacez-les par des C.P.A.S. Cela correspond un peu mieux avec votre vision de la bibliothèque.

---->Demandez à ceux qui font du portage à domicile ce qui compte le plus .

Oh, faut être gentil avec les gens et bien leur donner la becquée. Lisez ceci, pensez ceci, votez pour machin, etc.

Je comprends un peu mieux votre "rôle social". ^^

---->Comme disait je ne sais plus quel éducateur, si je dois enseigner le latin à Jean, qu'est-ce que je dois connaître en priorité : Jean ou le latin ?

Arrêtez avec ça : vous n'êtes pas des pédagogues, ni des enseignants. Vous n'êtes pas des chirurgiens du cerveau non plus. Et vous n'avez pas à nous dire ce que nous devons lire ou pas !!!

---->Nous nous voulons passeurs de lecture

Ouais, et quand on voit le niveau de vos lectures... évitez de la ramener ! Et dites-vous bien que personne n'est dupe.

----->et nous ne cessons de mépriser, ricaner, devant les comportements du public (cela me frappe dans ce blog que je visite pour la premiere fois)?

Que le public commence par se respecter lui-même. D'ailleurs, les bibliothèques publiques sont là pour achever de leur détruire le cerveau à grand renfort de best-sellers.

Mais comme disait une collègue : "oh de toute façon la culture, c'est ce que les gens veulent."

Zorn

Anonyme a dit…

--------->Certains de vos billets se lisent comme des nouvelles, du Delerm enraciné au réel.

Envoyez les violons...

Delerm ? Je comprends un peu mieux quel goût de la lecture vous prétendez donner. Il a déjà bien assez de supermarchés pour une telle "littérature".

------>Vous me rendez nostalgique de mes meilleures années.

Alors, on a bien bourré des crânes?

------->De fait, vous aimez les gens.

Aimer les gens, ça ne veut rien dire. Big Brother vous aime. C'est bien ça tout le problème.

------->Il faudrait que nous puissions tous rester en première ligne,

Faudrait le dire aux bibliothécaires (majoritairement féminines) qui inventent n'importe quoi pour se débiner du prêt, refiler leurs heures aux rares collègues masculins et rentrer chez elles à 16 heures, pour ne pas voir les gens qu'elles prétendent aimer tellement.

Zorn

nescio a dit…

Zorn, vous aller faire fuir mes nouveaux lecteurs...

Anonyme a dit…

------->Zorn, vous aller faire fuir mes nouveaux lecteurs...

Au contraire, je fais oeuvre d'éducation permanente, hi hi...

1)Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort.

2)Toute lecture sérieuse devrait être une tentative d'intoxication volontaire.

3)La littérature est un savoir sur la nullité du monde. La culture, une force de la mort.

4)Il est trop facile de défendre la liberté d'expression de ceux qui n'ont pas besoin d'être défendus.

5)Les seuls esclaves sont les esclaves consentants.

Zorn le Biblioclaste

Yvonnic a dit…

@ Zorn
Le propos est urbain, intimiste, confidentiel, et pour tout dire fleurant déja bon un printemps qui s'annonce en avance. Une vraie primevère, ce billet .

Amusante posture d'anarchiste de salon.Quelle jouissance sous-jacente, quelles vibrations post-soixante-huitardes !

Au fait, on n'appelle pas ça cracher dans la soupe ?

Un détail: Quand on fait des citations, on essaie de citer ses sources.

Mais surtout, posture provocatrice mise à part, quelle violence dans le propos !

Heureusement vous nous offrez la réponse :

"Faudrait le dire aux bibliothécaires (majoritairement féminines) qui inventent n'importe quoi pour se débiner du prêt, refiler leurs heures aux rares collègues masculins et rentrer chez elles à 16 heures, pour ne pas voir les gens qu'elles prétendent aimer tellement."

Un vécu difficile ? Des problèmes relationnels au travail ? Trop de femmes dans ce métier ? Toutes des salopes, comme on dit dans le beau monde ?

Et aussi : "Mais comme disait une collègue : "oh de toute façon la culture, c'est ce que les gens veulent."

Oh, la vilaine !

Continuez à nous en parler, ça ne peut vous faire que du bien.Si,si.

Yvonnic
Bibliopsy de Café du Commerce
PS. Rassurez-vous, nescio, ce blog me plait beaucoup. Je crois mème que je vais en faire profiter des collègues.

Anonyme a dit…

--------->Amusante posture d'anarchiste de salon.

Vous connaissez ma vie ?

-------->Au fait, on n'appelle pas ça cracher dans la soupe ?

Ca lui donne du goût. Bon appétit.

---------->Un détail: Quand on fait des citations, on essaie de citer ses sources.

Bonne idée, ça vous changera de Delerm. Hi hi...

---------->Mais surtout, posture provocatrice mise à part, quelle violence dans le propos !

Mais non, je vous aiiiiiime, rassurez-vous.

En fait, les gens ne m'intéressent pas assez pour que je leur souhaite du mal.

-------->Heureusement vous nous offrez la réponse :

Perspicace avec ça.

---------->Un vécu difficile ? Des problèmes relationnels au travail ? Trop de femmes dans ce métier ?

La posture psy ? C'est encore un bon moyen d'esquiver le débat. Typique des bonnes femmes, en effet. Il dit la vérité donc il a un problème, donc on va personnaliser le débat, sortir l'Oedipe du placard, la petite névrose, la peur des araignées, etc.

Personnellement, je suis pour la parité... sur les chantiers de construction par exemple.

-------->Oh, la vilaine !

Woah, quel esprit de répartie !

---------->Continuez à nous en parler, ça ne peut vous faire que du bien.

Je comprends que la vérité dérange un peu votre ronron de machine à décérébrer. Que voulez-vous : tout le monde ne marche pas dans la combine. Dommage, hein.

----------->Bibliopsy de Café du Commerce.

Là, je n'ai rien dit.

Zorn

Anonyme a dit…

Un des principes de la lecture publique est d'offrir le choix, ou plutôt un choix (dans la mesure où il est impossible à un établissement de tout acheter). Les bibliothécaires ne sont pas prescripteurs (ni assistant(e)s social(e)s d'ailleurs), s'ils ne sont pas expressément sollicités dans ce sens.
De fait, on pourra lire ce qu'on voudra en bibliothèque. Comme Eric Zemour et Friedrich Nietzsche par exemple. Quitte à se prendre pour un dandy philosophe puissamment hétérodoxe après, mais ça , ce n'est pas de la faute aux bibliothécaires, fussent-elles des femmes !

Anonyme a dit…

Donc, madame la lectrice raconte sa petite vie. Le bibliothécaire écoute (essaie). Qui écoute "se mêle des problèmes des gens". Que voilà un raccourci étonnant. Celui qui écoute est un assistant social. Ou un prêtre. Oh, un autre raccourci.

Un bibliothécaire est formé pour s'occuper des livres. pas des problèmes des gens. Ca alors, l'un exclut donc l'autre ? C'est dans le Manuel du Parfait Bibliothécaire ?

"ressembler à un bibliothécaire" n'est guère synonyme d'épanouissement.
Tiens tiens, une Vérité de base. Adepte du micro-trottoir, Zorn ? Vous avez des chiffres ?

Comme si lire des livres allait nous sauver du cancer...
Quel esprit d'à-propos! Comme ces paroles cadrent bien dans le sujet et font intelligemment écho à ce qui s'est dit jusque là.


Raccourcis, principes, lieux communs et citations, paroles totalement hors de propos, des "on" et autres "les gens" (avez-vous vu le déséquilibre entre ces formules et les "je" et "vous" ?), terreau fertile des manipulateurs incapables d'écoute.

"on raconte beaucoup de mensonges" dites-vous. Ouais, m'étonne pas. Je suppose que votre égo surdimensionné vous pousse en outre à inclure dans le "on" tous vos confrères, sûr que vous êtes d'être le modèle sur lequel ont été créé tous les autres.

Cette prose à la Zorn ne mérite guère d'être lue plus avant. Si ce n'est pour y décripter tous les autres signes de mauvaise lecture/mauvaise foi/mauvaise humeur et autres.

Parfait matériau pour toute personne s'intéressant à la communication écrite en général et la manipulation en particulier.

Je termine par un excellent livre : "les manipulateurs sont parmi nous", D'I. Nazare-Aga. Zorn fait le test, suis sûre qu'il explose les scores. mais il n'osera, pas, hein ?

Joëlle

nescio a dit…

Je cuisine tranquille, et l'on me dit qu'il y a le feu à mon blog....j'arrive, j'accours et que lis-je, Zorn se faire doublement euh...comment dirais-je 'moucher'? par deux lectrices...ce qui vu sa misoginie affichée , lui revient pas trop mal...tout compte fait, vous ne faites fuir personne...que du contraire...merci Zorn...
ceci dit, je ne doute pas qu'un longue tartine de sa part suive sous peu...

Anonyme a dit…

Bon, allez... Tous contre un, comme d'habitude. Quel courage, ces humanistes. C'est pas grave, je vais répondre.

---->Un des principes de la lecture publique est d'offrir le choix, ou plutôt un choix (dans la mesure où il est impossible à un établissement de tout acheter).

Un choix qui en dernier recours est toujours conditionné par le 'lectorat'. Or, le lectorat ou l'audimat, ça revient au même, à une logique de masse.

Plus de lectorat = plus de subsides. D'où la démagogie permanente, du style : "Les livres pour intellos, on s'en fout, ça fait fuir les lecteurs." (dixit une bibliothécaire en chef, trèèès bien cotée, sans doute une de vos amies)

A noter aussi que les best-sellers sont généralement réédités en poche dans un délai assez rapide. Les livres les plus riches en informations sont aussi les plus chers et ils ne sont pas réédités en poche, parfois ils ne sont même pas réédités du tout.

Ajoutez à cela les conditions d'emprunts des bibliothèques plus spécialisées (50€ de caution dans certaines universités) et vous avez une bonne petite censure, bien efficace.

Ben quoi, la culture c'est ce que les gens veulent. (Air connu)

--------->Les bibliothécaires ne sont pas prescripteurs (ni assistant(e)s social(e)s d'ailleurs), s'ils ne sont pas expressément sollicités dans ce sens.

Nous sommes bien d'accord. Mais alors pourquoi doit-on donner le goût de la lecture. Et le goût de la lecture de quoi, hmmm ?

------->De fait, on pourra lire ce qu'on voudra en bibliothèque. Comme Eric Zemour et Friedrich Nietzsche par exemple.

Archifaux.

----->Quitte à se prendre pour un dandy philosophe puissamment hétérodoxe après, mais ça , ce n'est pas de la faute aux bibliothécaires, fussent-elles des femmes !

D'abord, je ne me prends pour personne à part pour moi-même et contrairement à vous, je n'appelle pas à la rescousse toutes mes connaissances pour me défendre.

Ensuite, les femmes sont majoritaires dans ce métier et elles ont tendance à croire qu'il faut tout ramener aux petits n'enfants, ce qui est aussi une forme de censure.

La féminisation de ce métier a entraîné sa dévalorisation intellectuelle. Un bibliothécaire, aujourd'hui, c'est une sous-assistante sociale ou une sous-puéricultrice.

Quant aux "heures du contes tartes à la crème", (autre spécialité maison) n'importe quel neu-neu peut en réaliser. Evidemment, ça évite de se fouler un neurone.

------>Que voilà un raccourci étonnant. Celui qui écoute est un assistant social. Ou un prêtre. Oh, un autre raccourci.

Soit. Vous les écoutez... et après? Mon chien aussi, il écoute quand je lui parle.

-------->Un bibliothécaire est formé pour s'occuper des livres. pas des problèmes des gens. Ca alors, l'un exclut donc l'autre ? C'est dans le Manuel du Parfait Bibliothécaire ?

A priori oui. Quelle légitimité avez-vous pour vous occuper de leurs problèmes ? Remarquez, je suis pas contraire : un jour, j'ai même tenu le front d'une petite vieille pour l'aider à vomir dans un sac Fureur de lire. (Authentique)

Allez raconter vos sornettes socioculturelles en banlieue mais après ne revenez pas en pleurant parce qu'ils brûlent votre bibliothèque. Oooh, ils n'ont pas compris votre merveilleuse culture à base d'Eric Emmanuel Schmitt et de Delerm?

-------->Tiens tiens, une Vérité de base. Adepte du micro-trottoir, Zorn ? Vous avez des chiffres ?

Demandez autour de vous. Et dites-vous bien que personne n'est dupe de votre confiture d'humanisme. La culture, c'est l'opium du peuple. Et quelle culture ! Celle des réseaux d'initiés grassement subventionnés!

Pour le reste, les bibliothécaires me font un peu penser aux profs d'éducation sexuelle. Ce sont les plus gagas qui viennent vous expliquer comment être épanoui. "C'est tellement bien de liiiiiire." Mais oui, cause toujours.

A chaque fois que j'ai emmené des amis à une de vos z'animations, ils étaient mort de rire : "Appeler ça de la culture? Mais vous nous prenez vraiment pour des abrutis..."

--------->Quel esprit d'à-propos! Comme ces paroles cadrent bien dans le sujet et font intelligemment écho à ce qui s'est dit jusque là.

Le socioculturel est et reste une escroquerie. J'ai le droit de ne pas y croire sans être déporté, emprisonné ou exécuté ?

Vous parlez d'ego surdimensionné... Le vôtre n'est pas mal non plus. Quant au couplet sur les manipulateurs, vous ne manquez pas d'air. Dès qu'on est en désaccord avec vous, vous nous faites le coup du méchant manipulateur.

Alors que c'est VOUS et vos consorts qui cherchez à tripoter le cerveau des gens pour leur refiler je ne sais quelle littérature de Prisunic. A manipulateur, manipulateur et demi.

Allez, bonnes lectures les intellos!

Zorn

Anonyme a dit…

Encore une chose les filles.

Tous vos mensonges, toutes vos sales petites combines de tire au flan et de bas-bleu, je les ai subis sur le terrain, pendant que vous, vous restiez bien au chaud dans votre bureau, loin des problèmes que vous suscitez et que vous refilez aux autres.

"Mais voyons, c'est ton méééétier d'aller dans les écoles maternelles."

"Peuh, et tu crois que tes liiifs d'intellos, ça va intéresser les gens?"

"J'aurais préféré une femme... pour s'occuper des z'enfants."

Alors, des fois, ça me met en rage de voir ce que les bibliothèques sont devenues. Mais au fond, ce qui me rassure le plus, c'est que les jeunes générations vous méprisent totalement, intégralement et à un point que vous n'imaginez pas... Oh bien sûr, ils vous font de grands sourires. Mais vous en faites pas : quand vous avez le dos tourné, ils rigolent bien. Le retour de manivelle, il viendra de vos propres enfants.

C'est fou comme les allocations familiales, ça peut être ingrat. ;-)

Zorn

Anonyme a dit…

-------->My God, Zorn, pq vous ne feriez pas un blog vous aussi?

Hé hé... regardez un peu tous les merveilleux lecteurs (et lectrices) que je vous amène. Non, ne me remerciez pas. C'est ça aussi le service public.

--------->ce que, par la force des choses, je dois faire si je veux 1.manger et 2.rendre ce boulot le plus agréable et le plus utile possible.

Ok, moi aussi, je fais ça juste pour gagner mon steak. "Agréable" ou "utile", ce sont des notions assez vagues, vous savez. Le pire avec la "culture", c'est quand on veut qu'elle serve à quelque chose, justement.

--------->Mais tout comme je n'ai pas été formé pour ce rôle social, je n'ai pas été formé non plus pour aider ce type qui est venu l'autre jour me demander où se trouvait la maison du dentiste.

Oui bon, il ne faut pas tout mélanger non plus. Il y a de la marge entre donner un renseignement et tout le prêchi-prêcha socio-cucul-turel qu'on nous sert à longueur de journée.

------->et je reconduis ceux qui ne se lavent pas.

Un peu d'humanité quand même : offrez-leur du savon avant de partir.

-------->tâchez donc de faire preuve d'un rien de savoir-vivre en ces lieux...

Le savoir-vivre ce n'est pas non plus prendre les gens pour des demeurés. Je traite "ces gens-là" en toute réciprocité. Et je ne m'attaque qu'à des gens infiniment plus puissants que moi. C'est mon côté Don Quichotte, hi hi...

Remarquez, dans le fond, je m'en fous. Tout ce milieu est condamné. La plus belle preuve, c'est qu'ils font n'importe quoi pour attirer le public... qui s'en moque avec raison.

Il n'y a que les plus faibles, ceux qui sont déjà abîmés par la vie qui tombent dans le panneau. C'est triste pour eux, évidemment. Parce que ce n'est pas avec nos "beaux liiiifs" qu'ils vont s'en sortir. Au contraire. D'assistés sociaux, ils deviennent des assistés mentaux.

Zorn

Yvonnic a dit…

@ Zorn

Vous avez raison sur un point. C'est peut-être le seul sur lequel nous serons d'accord, c'est quand vous dites :

"Tout ce milieu est condamné. La plus belle preuve, c'est qu'ils font n'importe quoi pour attirer le public... "

Je ne déclinerai pas le raisonnement de la mème façon, mais je dirai plutôt que notre milieu s'est condamné, et depuis longtemps, à une certaine illisibilité, en faisant du n'importe quoi pour faire du chiffre. (Et en plus, il n'a pas fait de chiffre, le lectorat s'effondre )

Tout d'abord avec cette vieille lune des années 70, qu'on appelle "animation", et qui a progressivement dérivé d'animations "autour du livre" à des opérations promotionnelles sans limites où le livre n'est meme plus cité comme alibi. Tout y passe et les portes sont grandes ouvertes à tous les "créatifs" qui pourront "faire venir un public nouveau".

Conquérir de nouveaux publics. Encore une mythologie qui a la peau dure : une enquete, réalisée dans le Nord en 1994, a prouvé, je cite :" qu'aucune animation autour du livre n'avait, statistiquement, jamais amené un lecteur supplémentaire à s'inscrire dans une bibliothèque".
Mais des obsédés des "nouveaux publics" s'acharnent encore à justifier leurs pratiques d'animation par ce gros mensonge. Actuellement, une bibliothèque qui organiserait, dans ou hors ses murs,l'élection de miss boudin blanc ou une competition de roller pour ces chers "ados", aurait l'aval des élus. Qui adorent que l'on parle de leur commune dans le journal local...
Charmante complicité tacite qui a fini, de fait, par organiser de façon contruite le déconstruction de la spécificité de nos bibliothèques.
Et puis c'est quand meme plus marrant d'organiser un concours de grimaces à Halloween ou des ateliers de scrapbooking que de rester sur son cul à cataloguer à longueur de journée, non ?
Certes,chers animateurs, mais il faudra en payer le prix en termes d'image professionnelle.30 ans que ça dure et s'amplifie.

La deuxième cause de ce que j'appelerai notre dispersion d'image, prélude à notre disparition programmée, c'est ce que nous vivons actuellement avec l'informatique. Là encore, les dérives vers le n'importe quoi "pour rester dans le coup" sont en plein déchainement.On absorbe tout comme des éponges, on toilette un peu la chose et on ressert ça à la sauce "lieux de l'information citoyenne " etc..:
Atelier informatique pour vous aider à remplir votre feuille d'impôts,atelier internet comment faire ses achats sur e-bay,apprenez à créer votre blog à la bibliothèque etc...

Il naitra de tout cela une nouvelle conception du métier, de nouveaux lieux, et, pour le coup, de nouveaux publics. C'est certain.Et de nouveaux personnels, bien sûr.

Et il ne s'agira plus alors de savoir si nous avons à choisir d'avoir telle ou telle dimension sociale ou culturelle.

Il faudra être des gestionnaires de "maisons de services élargis". Et performants, s'il vous plaît.Payés au mérite.

Vous n'aurez plus le plaisir de jouer les pourfendeurs de la culture de masse. Car c'est tout le monde qui s'en moquera.

Quand on vous demandera de vendre des timbres et de faire dépôt de pain après 19h, vous les regretterez peut-être, nos "sornettes socio-culturelles"...
Mais il sera trop tard.
Vos lecteurs seront devenus des clients.
Et le client est roi, c'est bien connu.
Et votre nihilisme de façade devra changer de cible, ou vous de cremerie...

Anonyme a dit…

------->Et votre nihilisme de façade devra changer de cible.

Mon "nihilisme de façade" (Quel nihilisme ? Quelle façade?) n'est en rien responsable des dérives que vous signalez à juste titre.

Assez étonnamment, je suis d'accord avec tout ce que vous dites.

Le délire "animatif" s'explique par la volonté de créer une lecture de masse. Tout le monde doit lire parce que la lecture épanouit, nous répète-t-on. Ce qui est une stupidité manifeste. Tout dépend de ce qu'on lit, de ce qu'on retient, etc. Et d'ailleurs qui pourrait prétendre mesurer l'épanouissement?

Je l'ai déjà dit ici : le terme animation renvoie directement à l'univers de la télévision. Le meilleur animateur en France, c'est Cauet. Les bibliothécaires dénoncent la télévision tout en utilisant les mêmes moyens qu'elle.

La fameuse "lecture plaisir" ne mène qu'à un lectorat de gogos, formatés pour croire que la culture, ce sont les 10 meilleures ventes de la Fnac. D'ailleurs, si on ne lisait que ce qui nous fait plaisir, on resterait aux albums à colorier.

Ce qui me semble aussi très grave, c'est le niveau d'inculture crasse des bibliothécaires qui n'ont que le mot "intello" à la bouche pour le vomir à longueur de journée.

Comme disait une collègue, avec son inimitable accent régional : "Ben ouais, mais ici, on est dans une commune ouvrière... alors on ne peut rien faire d'auuuut' hein."

Forcément, quand on ne lit que des mangas ou Harry Potter...

Cela étant, je ne me prends pas pour Pic de la Mirandole et je ne suis pas nihiliste non plus. Au contraire, je suis peut-être un des derniers à croire en la culture.

Cependant, la culture n'est pas démocratique. Elle est avant tout une hiérarchie de valeurs et une Histoire. Elle n'est pas un catéchisme non plus. Il me semble évident que lire ou écrire ne rend pas plus tolérant. On a vu déjà des bourreaux très cultivés, de grands artistes pervers, etc. Et combien d'écrivains majeurs ont professé des idées aujourd'hui réprouvées ?

Zorn

Yvonnic a dit…

@Zorn
Exact. Lire ou écrire ne rend pas plus tolérant. Parce que ce sont des pratiques solitaires .

Hitler a lu Nietzsche et a écrit un livre.

Mais ça ne compte pas, c'était un best-seller....

Faire aimer un livre à d'autres, avoir du plaisir à les entendre vous en parler, se réunir autour d'un auteur un soir, lire à voix haute des nouvelles, c'est du lien social.

Si vous êtes imperméable à l'enthousiasme d'un lecteur qui vous décrit son plaisir de lecture, sous pretexte que le livre qui l'a transporté appartient à votre avis à une catégorie culturellement méprisable, vous ne pouvez ni vous épanouir dans votre métier ni lui apporter grand chose (au métier et au lecteur)

SOUVENEZ-VOUS TOUJOURS QUE SI VOUS CONSIDEREZ QU'IL Y A DE LA LITTERATURE DE MERDE, C'EST QUE VOUS PENSEZ QU'IL Y A DES LECTEURS DE MERDE !

Répondez la-dessus, ça aura au moins le merite d'être clair !

La tolérance n'existe que si les autres sont là et si leur existence vous importe. Et si leur existence est remplie de mangas ou de Delerm, vous êtes priés de les respecter précisément POUR CELA.

Que certains intellectuels en mal de reconnaissance professionnelle aient appelé cela être "mediateur du livre" "passeur de lectures" , "prescripteur" ou autres terminologies pompeuses ne change pas grand chose. C'est bien là le fondement de notre légitimité. C'est ce dont nous pourrons rester fiers, quoiqu'il arrive.

Vive Harry Potter , Sulitzer et les fast food, monsieur ! Que je sache, ils n'ont jamais empêché d'apprécier Fitzgerald ,Conrad ou le veau Marengo. Et inversement.

C'est cela qui vous ennuie ? Que l'on ose mélanger les goûts vulgaires d'un bas peuple qui se vautre démocratiquement dans la boue de la "lecture-plaisir",avec vos plaisirs à vous, plus raffinés ?

Vous avez du vous en rendre compte : J'ignore en fait totalement ce qu'est La Culture, un mot qui semble vous préoccuper beaucoup . Je sais juste ce qui fait la vie des gens. On pourrait parler peut-être d'une culture du livre, d'une culture du vin, d'une culture du camping et décliner cela à l'infini.
On y retrouverait tout le monde.
Et on appelerait ça une civilisation.
Je suis comme tout le monde, disait Desproges,entre une émission intelligente et un film con, je choisis le film.

Je sais par contre ce qu'est l'élitisme, un mot qui revient furieusement à la mode, ainsi que les "valeurs" qui l'accompagnent. Dailleurs Le fumet de votre dernière prose commence à me rappeler vaguement quelque chose...
Les déçus de la culture de masse commencent à pointer le bout de leur sale museau...

Vous dégainez votre idée de la Culture à tout bout de champ, comme Göring dégainait son révolver quand il entendait ce mot.

Si la culture c'est l'exclusion, je milite pour des bibliothécaires incultes.

C'est marrant, plus j'y pense et plus je me dis que je serais finalement incapable de vous conseiller un livre...

Je suis trop inculte. Il faudrait que ce soit un BON livre. Et je ne sais pas ce que c'est. Je sais juste ce que c'est qu'un lecteur heureux. C'est peu, je sais.

Voilà, la soupe est servie Herr Zorn.Vous n'avez plus qu'à cracher dedans, s'il vous reste un peu de salive...

nescio a dit…

Je ne pense pas que Zorn ait besoin qu'on lui conseille une lecture...
Et je ne vois plus bcp de point de divergence entre vos deux conceptions du métiers, si ce n'est dans la manière de vous exprimer...Nous sommes d'accord : les animations ne servent à rien, si ce n'est à faire plaisir à nos politiques, à qui elles permettent d'avoir leur bobine dans la gazette. Ici, en Belgique et plus précisément en Communauté française, l'explosion du budget 'Arts de la rue' comparé à la stagnation de celui consacré aux bibliothèques est frappante à cet égard. Par esprit de résistance, je vais proposer à mon PO un 'plan de développement de la lecture' dont l'objet principal sera la réaffirmation du rôle premier de la bib : permettre aux usagers d'accéder à la lecture, leur laisser le choix dans cet accès via une sélection d'ouvrages variés...Bref : réaffirmer l'axe bibliothèque = livre. On verra bien leur réaction.
Ceci dit, quand même et au risque de me répéter, le sujet cet article (qui explose le taux de réactions sur ce modeste blog) était le rôle social. Et je l'entendais simplement comme l'intrusion parfois incontrôlable de mon 'humanité' (au sens d'appartenir à un genre...) derrière le comptoir de prêt.

Anonyme a dit…

Hello les amis ! Le docteur Zorn est de retour après une rude journée de travail. Enfin, faut être positif : ce matin, nous avons eu droit à la visite d’une jolie lectrice.

Nescio, ne vous plaignez pas si le taux de fréquentations de votre blog explose. Vous allez devenir une star, hi hi...

Ce qui me frappe dans la dernière intervention d’Yvonnic, c’est qu’elle nous fait le coup de la « bébête immonde. » Très féminin, ça. Mesdames, si quelqu’un vous déplaît, parlez de fascisme, de Göring et compagnie, ça marche à tous les coups.

Ce qui ne manque pas de sel c’est que sur ce même blog, elle nous expliquait que le journal d’Anne Frank est un faux. Yvonnic, Savez-vous qui développe cette thèse ? Remarquez : je m’en fous, je ne fais pas de morale. Toutefois, prenez garde qu’à force de crier au facho, ça ne se retourne contre vous. ;-)

Maintenant, je vais vous répondre plus en détails. Nous sommes d’accord sur certains points mais notre vision des choses diffère en profondeur.

D’abord, en admettant qu'il y ait autant de cultures qu’il y a d’individus et si la culture est partout (culture des mangas, culture des fumeurs de pipe, culture de Proust, culture des choux, etc), il n’y a plus de culture au sens intellectuel du terme.

Il ne faut pas confondre les deux acceptions du mot. Culture au sens sociologique, anthropologique : oui, dans ce sens-là, même RTL et le football font partie de la culture, comme les crottes de chien, en tant que « phénomènes de société. »

L’autre sens du terme culture (plus restrictif, non sociologique) désigne le patrimoine intellectuel, artistique de l’humanité – les générations passées, ici et ailleurs. Evidemment, la notion d’ « art » varie en fonction des époques. Mais d’une manière générale, on doit chercher à en présenter le meilleur. Et si tous les goûts sont respectables, tous ne sont pas culturels au même niveau.

Les best-sellers et les romans à l’eau de rose témoignent-ils d’une recherche intellectuelle au sens noble du terme ? Non. Il s’agit de divertissements de masse. S’agit-il de livres ? Non. Tout au plus de scénarii pour le cinéma ou la télévision. Or, à l’époque actuelle, il existe bien assez de canaux de diffusion pour de telles formes d’expression : la télévision, internet, etc.

Dès lors, le rôle de l’éducation permanente serait de donner accès en toute liberté (le droit de ne pas lire existe aussi) à la part la plus haute, *la plus rare* de la culture, à celle qui manifeste les plus hautes exigences esthétiques, intellectuelles.

Certes, c’est subjectif. Certes, personne n’a le monopole de l’intelligence. Mais on ne peut pas relativiser à l’infini. Vous ne pouvez pas soutenir qu’une page d’Harry Potter a autant de profondeur qu’une page de Musil ou de Proust. Sinon, vous niez toute hiérarchie et il ne reste plus qu’un marché de produits indifférenciés : les livres comme des boîtes de savonnettes interchangeables, seul l’emballage varie un peu. Voilà précisément où nous sommes aujourd’hui.

Si le livre n’a plus la valeur d’antan (il n’est plus le médium privilégié du savoir), il reste nimbé d’une aura de respectabilité que les publicitaires exploitent, d’où le catéchisme de supermarché : il faut lire (consommer) de beaux livres, la lecture épanouit, etc. Avec pour résultat pervers que la culture se limite désormais aux « nouveautés. » Une nouveauté chasse une autre nouveauté et ainsi de suite. C’est le règne du best-seller, aussitôt lu aussitôt oublié, aussitôt remplacé. Or, la *vraie culture* c’est aussi la mémoire. Ce n’est pas ce qui passe, mais ce qui reste. Tout le contraire des best-sellers.

Entre parenthèses, affirmer que Dostoïevski ou d’autres grands noms écrivaient des best-sellers relève de l’anachronisme. Les conditions de production n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui. Ce genre d’argument ne vise qu’à brouiller le débat.

Il est clair que le sacro-saint critère du « lectorat » transforme les bibliothèques publiques en vulgaires relais des supermarchés. Ce même lectorat permet aux bibliothécaires de déclarer : « La culture c’est ce que les gens veulent. » Or, la culture ne consiste pas à « faire plaisir aux gens », ni à leur dire ce qu’ils souhaitent entendre. Des collections équilibrées, avec une juste proportion entre haute culture et basse culture ? C’est *une vaste foutaise* à partir du moment où le critère dominant est et reste de « faire du chiffre. »

Maintenant, je réponds à votre question : "y a-t-il des lecteurs de merde ?" D’abord, il n’y a pas d’homme cultivé, il n’y a que des hommes qui se cultivent. De même, on n’EST pas un lecteur de merde. On n’EST pas un abruti. On le DEVIENT.

Et l’éducation permanente, en trahissant ses idéaux, contribue à l’abrutissement de la population. Le mode de lecture que nous encourageons n’a rien d’épanouissant. Il suffit de voir l’état des lecteurs. Nous n’attirons que les victimes de la société et nous les enfonçons un peu plus. D’autre part, les bibliothécaires n’ont pas le niveau intellectuel pour proposer autre chose que des animations débiles.

Enfin, ce système (car il s’agit bien d’un système) est encouragé et programmé par des gens beaucoup plus intelligents, beaucoup plus pervers, qui forment de véritables réseaux et qui se servent de la culture publique pour écouler leur camelote. Tous ces « artistes » subventionnés ne publieraient pas une ligne s’ils ne faisaient partie des bonnes loges ou des bonnes chapelles. Encore une fois, l’humanisme est une sinistre magouille. Les humanistes ce sont ceux qui flattent votre paresse intellectuelle, qui vous passent la pommade pour vous ramollir l’esprit, pour anesthésier votre sens critique… et pour vous préparer aux prochaines guerres, pendant qu’eux et leurs amis banquiers tireront les dividendes, bien à l’abri dans leurs palaces.

Ceux qui entretiennent la peur de la « culture élitiste », ce sont justement des gens qui se prennent eux-mêmes pour une élite. Et c’est bien pour ça qu’ils ne veulent pas que nous lisions ce que EUX s’autorisent à lire. « Lisez plutôt des mangas. La culture élitiste, elle doit rester pour nous seuls et nos frères. Nous autres, nous sommes des initiés. »

Moi, ce que je prône dans le domaine culturel, c’est l’élitisme pour tous… du moins pour tous ceux qui en font la demande. C’est tout. Et encore une fois, la culture ne rend pas nécessairement meilleur. En revanche, une certaine sous-culture rend certainement très con.

Cela étant, le sort de l’humanité m’intéresse assez peu. Des gens en général, je ne réclame pas d’affection (ça me donne de l’eczéma), mais un minimum de distance.

Il est vrai aussi que je me passe fort bien des enthousiastes qui viennent vous baver à l’oreille : « C’est un bôôô liiiiiif ! »

Je ne vois pas non plus pourquoi je devrais respecter des personnes qui ne se respectent pas elles-mêmes au point de puer le cadavre, ni de respecter des esclaves qui acceptent de se zombifier à force de télé réalité et d’Harry Potterisme.

Et cerise sur le gâteau : je crache sur l'oeil de la pyramide. Ceux-là, s'ils nous lisent, ils se reconnaîtront.

A la prochaine… pour de nouvelles aventures.

Zorn

Anonyme a dit…

A Yvonnic. Merci pour l'adresse de ce blog. Mais désolé : Zorn (en hommage à John ?) a raison sur toute la ligne. Son discours fait scandale parce que, dans les bibliothèques, le catéchisme libéral a remplacé la réflexion. Je ne recommencerai pas notre débat...
Jennifer Lobèze

nescio a dit…

A mon avis, Zorn, c'est plutôt une allusion à Fritz et à son roman 'Mars'...dont le personnage principal (ç-à-d l'auteur lui-même) ressemble furieusement à notre Zorn commentateur....
Effectivement, ne recommençons pas le débat please...

Anonyme a dit…

...Je parlais du débat que j'ai eu en privé avec Yvonnic. Quant aux propos de Zorn, ils tiennent la route. C'est fait avec humour et (une apparente) désinvolture, mais c'est du sérieux. Je veux dire qu'on y trouve les deux éléments d'une démarche critique et informée : exigence et dignité. A part ça, on peut très bien continuer à se masturber avec la "pensée" des modernisateurs de la profession (les Poissenot, Jacques, Lahary et tutti quanti). Ils se réunissent même souvent, à l'occasion de "journées d'étude" (sans rire !), pour se pogner. Après quoi sortent à grands frais des plaquettes "qui font date".
JL

Yvonnic a dit…

@JL
Je savais que ça vous plairait. Je vous rappelle que c'est pour cela que je vous l'avais indiqué. Pas du tout dans le but de vous faire changer d'avis sur quoi que ce soit. Maintenant vous êtes au moins deux. C'est plus sympa, non?
@nescio
Mes excuses pour l'intrusion. je faisais "visiter Zorn" à une collègue dont les opinions me semblaient identiques aux siennes. Et comme on ne résume pas Zorn facilement, j'ai pensé qu'une visite en direct du monument était préférable.

Anonyme a dit…

Pour tout dire, je suis bien contente que quelqu'un d'autre que moi ose dire ce qui doit être dit. Ce qui m'étonne, c'est que les modernisateurs de la profession éprouvent le besoin de batailler comme vous le faites, alors qu'ils trustent déjà tous les lieux de propagande de la nouvelle orthodoxie : ABF, BBF, ENSSIB, CNFPT etc... Il est vrai que, chez eux, le rabâchage tient lieu de pensée.
L'une des conditions pour créer un vrai échange intellectuel serait de clarifier notions et concepts qu'on emploie à tort et à travers ("démocratie", par exemple, qui est devenu l'équivalent de "marché"). Ce travail de fond, les modernisateurs le fuient. Ils surfent dans la confusion, s'y sentent à leur aise. L'un de leurs grands plaisirs est de glisser dans leurs discours les mots comptent triple du management. Après ça, ils on tout dit. Ca fait pitié, comme disent les jeunes.
JL

Yvonnic a dit…

@ JL
"besoin de batailler comme vous le faites"

Je vous rappelle (ou alors c'est que nos échanges n'ont servi à rien) que je ne suis pas un "modernisateur de la profession".Je suis mème défenseur d'idées considérées comme particulièrement ringardes, pour vous comme pour eux. Ce qui me rassure un peu.
Les gens que vous citez sont en train d'enterrer à grands coups de concepts uniformisateurs de type bulldozer et real-politik ce qui dans mon métier me tient le plus à coeur : les petites structures de proximité et leurs pratiques. Tout en faisant semblant de les défendre. Nous sommes "complémentaires", parait-il. Autrement dit, la 5° roue du carosse. J'ai beaucoup plus à perdre que vous. D'une certaine façon, vous leur ressemblez étrangement dans la méthode : il sera toujours possible de batailler dans le discours idéologique, entre idéologues, mème opposés à l'extrème. Je ne suis qu'un petit praticien de terrain. Et je défends mon terrain. Et tout seul en plus, sans les associations que vous citez. Défendre son bifteck dans son coin, sans ABF, sans ENSSIB et les autres, on ne peut pas faire plus ringard dans le style combat perdu d'avance.

Aujourd'hui j'ai rencontré quelqu'un de chouette.
Et j'ai aidé une gamine à trouver des renseignements sur un sujet particulièrement tordu. C'est une bonne journée. C'est pour des choses comme ça que j'ai choisi ce métier.

Je ne sais pas pourquoi M. Lahary a choisi le sien. Tout ce que je sais c'est qu'il a les moyens, lui et toute cette mafia d'intellos de bureau, les gentils comme les méchants, de m'empêcher de faire le mien correctement. De NOUS empêcher, car nous sommes légion.

Vous et Zorn n'êtes pas scandaleux du tout, pas plus que des étudiants attardés qui refont le monde devant une bonne bière. Comme dit l'autre, cela n'engage à rien. C'est sans conséquences.Ceux que vous citez sont réellement scandaleux.Parce qu'ils ont le pouvoir de faire croire que "la profession" les a mandatés pour la représenter, l'orienter, la définir mème ! Lahary et consorts sont comme le joueur de flûte de Hamelin.

C'est pour ça que je pousse un petit coup de gueule de temps en temps, quitte à en rajouter pour le fun. Mais au fond tout ça c'est du bla-bla.

Les billets de nescio, et d'autres "petits" professionnels de terrain, sont mon réconfort. Et mon supplice . Je prefererais mille fois être capable d'exprimer mon quotidien comme il le fait plutôt que de me branlocher dans des causeries de professionnels branchés.

Je ne ferai jamais totalement confiance à un "collègue" qui n'a jamais prêté un livre, couvert un livre, rangé un livre, poussé un chariot en fin de journée, bataillé avec un lecteur,fait des photocopies à tour de bras,chahuté un comptable sur un bon de commande pas aux normes etc...

Il leur manque le minimum de boue sur les sabots pour être simplement crédibles.

Et j'ai encore fait des taches sur la belle moquette de nescio's blog. Je m'étais pourtant promis..Mille excuses.

Anonyme a dit…

Salut les z'humanistes !

Eh oui, Zorn revient en douceur, gentiment, comme une métastase après la chimio. Toujours dans le collimateur de la police de la pensée, toujours à la limite du C4... mais nous tenons le coup. Seul contre tous, c'est ça qui est beau, c'est ça qui est trop fou.

Bon, allez... On se détend, on respire de l'amiante à fond. J'annonce la bonne nouvelle. Je viens de re-publier. C'est plus de la littérature mais de la récidive avec circonstances aggravantes. Et tout ça, sans subvention, sans réseau trois points, sans fumée, sans alcool... juste le drapeau noir et quelques copains.

Le titre? Oh, je ne vous le donne pas. D'ici à ce que le Ministère de la Vérité pige le truc, je serai peut-être déjà chez vous, en train de polluer vos belles étagères, en train de corrompre les esprits des lecteurs. Oui, je suis une ordure, c'est un peu mon métier aussi. (Ton suave)

Et maintenant? Ben, on bascule en CRM-13, cap au ras des vagues et on passe sous les radars, comme dans Docteur Folamour.

Larguez la bombe et agitez votre Stetson, comme ça : Yi haaaaaaaaa !

Zorn

Anonyme a dit…

Yvonnic : Il y a beaucoup de vrai dans ce que tu dis. Mais arrête ce discours convenu ("nous les petits, vous les salonnards"). Je suis moi-même "à la tâche" (comme on dit dans le bâtiment) ; et ça ne m'empêche pas d'essayer de "voir plus loin que le bout de mon sexe" (Léo Malet, époque surréaliste). Tu as décidé de te la jouer (faussement) modeste, de faire l'humble. Moi, je décide de me placer sur le terrain des idées, de manier le concept (j'écris ici sous pseudonyme, of course, mais j'ai sévi ailleurs sous mon vrai nom) : essayer de penser, Yvonnic, ce n'est pas la voie de la facilité. L'invective, la provocation, l'autocomplaisance, c'est-à-dire ta voie, celle que tu revendiques, c'est cela la facilité, la paresse.
Je ne peux pas m'empêcher de noter que, dans ton attitude hautaine, il y a aussi beaucoup de... Zorn. Eh oui ! : "Seul contre tous", c'est un peu toi, non ? (l'humour en moins.) Ah, jouir d'être détesté, méprisé par tout le monde ! - et d'être, par la même occasion, le centre du monde, l'objet de tous les regards. Fantasme de toute puissance...
Par ailleurs, tu as le droit d'être passionné par ton métier. Ce n'est pas mon cas. Et alors ? Doit-on forcément avoir la vocation pour bosser en bibliothèque ? Moi, ce que j'aime dans ce boulot, c'est précisément le contact avec les oeuvres et la pensée, pas avec le public... mais c'est pourtant parce que j'ai des choses à partager que je peux le faire correctement et même avec efficacité (comme on dit dans les stages de management).
Mais je t'aime bien, Yvonnic. Tu as des couilles (je fais référence à tes messages adressés à Lahary), des couilles d'anarchiste. Maximum respect
Jennifer Lobèze.

nescio a dit…

@Zorn : tant qu'à faire de la pub gratos, annoncez franchement la couleur....
@JL : j'ai beau relire les commentaires d'Yvonnic, je n'y vois rien de faussement humble et surtout rien de hautain non plus...il y a par contre bel et bien quelques invectives comme vous l'écrivez, mais, de ce point de vue-là, vous n'êtes pas en reste...voyez cela comme une réponse du berger à la bergère... et attention, vous n'êtes pas loin de la méthode 'zorn' dans vos réponses à ce qu'elle écrit : terminer votre commentaire en écrivant que vous l'"aimez bien", voilà qui serait selon moi limite hautain...

Anonyme a dit…

Pour Nescio. Précisions au sujet de mon jugement sur les propos de Yvonnic ("hautains" et "faussement humbles") : il s'agit de cette manière de signifier la grandeur, la supériorité des petites choses et, par conséquent, d'insinuer que la "grande politique", c'est pour les trous-du-cul d'intellos (on ne dit pas "intellectuels", n'est-ce pas, mais "intellos"). Cette passion pour le côté prosaïque, terre-à-terre des choses (qui a fait le succès d'un Delerm), ça frise un peu la mesquinerie lorsqu'elle s'accompagne d'un mépris pour la réflexion - c'est-à-dire l'exigence.
Oui, vous avez raison : dire à Yvonnic que que, finalement, je l'aime bien, ça peut passer pour du paternalisme, du mépris (à peine) déguisé ; un hommage pervers, en somme. Acceptez plutôt ceci : j'apprécie chez lui (et parce que j'ai lu de lui autre chose) son indépendance, sa liberté vis-à-vis des chefs et des pédants.

nescio a dit…

Voilà qui méritait d'être précisé. Dont acte. Et même si je ne perçois pas ce que vous évoquez dans les propos d'Yvonnic : il ne me semble pas qu'il insinue que le fait d'intellectualiser, de penser le métier soit contradictoire d'avec sa pratique..il a +tôt l'air de pointer ceux qui n'ont aucune idée de cette pratique et qui ne privent néanmoins pas d'en faire la critique du fond de leur bureau...Ceci dit, il y a visiblement un 'historique' à vos échanges, ce qui peut les rendre moins clairs à mes yeux qu'aux vôtres.

Anonyme a dit…

@Jenny from the block : J'exerce mon métier pour des raisons alimentaires et j'ai horreur des passionnés qui me bavent dans la nuque.

"Seul contre tous", ça m'amuse mais ce n'est pas une fin en soi. Je l'ai déjà dit : les gens ne m'intéressent pas assez pour que je leur souhaite du mal. En revanche, contre une rente à vie, je vous garantis que je débarrasse le plancher, loin de ce sinistre pays de mongolos. Mon royaume n'est pas de cette Belgique.

@Nescio : faire de la pub pour mon livre ? Oh vous savez, je n'ai pas la mentalité d'un V.R.P. Quant à la couleur, chacun pourra choisir la sienne pour autant qu'elle soit noire ou brune.

Zorn le Voyageur solitaire du néant

nescio a dit…

allons allons chez Zorn, votre avant-dernier message était pourtant bel et bien digne d'un VRP...et vous nous avez habitués à aller au fond des choses...dites-nous au moins dans quelle direction chercher, un nom d'éditeur serait un bon début...

Anonyme a dit…

Voyons Nescio, vous voudriez que je vous donne le revolver chargé et braqué sur ma tempe en plus ? Tss, tss... c'est pas bien, surtout entre collègues.

Un indice... mais ça commence à ressembler au Silence des agneaux tout ça, hi hi...

Zorn le Cannibale

Yvonnic a dit…

Merci à Nescio qui n’a vu ni hauteur ni mépris, ni fausse modestie dans mes propos. Je persiste auprès des autres : je ne «fais» pas le modeste. Je suis un bibliothécaire de terrain, titulaire d’une vague et lointaine maîtrise d’histoire et d’un bon vieux CAFB (avec mention !) et qui persiste à affirmer qu’il a appris l’essentiel de son métier sur le terrain, au contact des usagers, et qu’il continue. Pas par vocation. La vocation n’existe pas, c’est un mythe social commode dérivé de la religion (Mouvement intérieur par lequel Dieu appelle une personne à se consacrer à son service, à l’origine), qui est bien utile pour gérer les aspirations des individus dans une société. La seule vocation possible serait d’ordre génétique, ce qui est loin d’être évident, heureusement.

Ce qui me soucie c’est le fait que les praticiens que nous sommes, et donc les vrais «experts», voient leur expertise confisquée par des fonctionnaires du haut du tableau, spécialisés de fait dans la gestion, l'administration, et qui privilégient l'aspect technique des problèmes au détriment de leur aspect humain. C’est la définition même du technocrate. Un rationalisateur, par fonction, et un technicien ayant de fait acquis, par destination, un véritable pouvoir de décision (au détriment donc du praticien de base et de l’élu local). Le technocrate est celui qui détient le savoir du “ comment on fait ” dans l’administration, administrer étant regardé comme une compétence propre.

Pour que cette compétence lui soit reconnue il lui faut bien entendu démontrer perpétuellement son côté apolitique, sous peine d’être disqualifié. Ce n’est donc pas au politique qu’il soumet son action mais au « système » .On retrouve l’analyse d’Alain (le philosophe, pas l’autre Finkmachin), qui pensait que dans un système administratif, ce n’est pas le plus savant qui réussit, mais celui qui fait le mieux preuve de son allégeance au système administratif.

Le technocratisme définit donc une forme de pouvoir qui mêle d’une part la connaissance technique, l’expertise confisquée, la réthorique professionnelle, et son usage dans la résolution des problèmes politiques, et d'autre part l’appartenance à une élite socialement définie ( universitaire, Enssib..) dont la principale caractéristique serait la faible affiliation partisane ou idéologique et la détention d'une compétence technique, le plus souvent administrative, gestionnaire.

la constante de l’action des technocrates est ils veulent rationaliser l'organisation d’un milieu donné, qu'ils prônent la modernisation et l'efficacité de la technique (voir la lente dérive confiscatoire des discours passionnés web 2.0 par nos rationalisateurs ) et qu'ils sont méfiants à l'égard des partis politiques et des passions notamment celles des gens de terrain, souvent prompts à mettre leur « vocation » en avant. Voilà qui les agace beaucoup.Toute irruption d'un "concret de base" dans le discours techniciste est potentiellement dangereux.

En fait c’est une nouvelle forme d’idéologie. La structuration des technocrates en un ou plusieurs groupes homogènes dominants, déclinés chez nous par une floraison d’association corporatistes très fermées (AAF, ADBDP, ADBGV, ADBS, ADBU, ADDNB, AIBM, FFCB, ABF peut-être..) n’est pas anodine.Elle est mème indispensable. En effet leur pouvoir suppose la constitution d'un référentiel de valeurs communes ainsi que la production et la diffusion d'un discours légitimant.

C'est à ce titre que l'on peut parler d'une idéologie technocratique. Or ce discours est le seul présent, donc il fait référence. Les Lahary et Cie développent donc en permanence un discours d’auto-légitimation, une rethorique justificative s’organisant autour des vocables de la compétence, de la neutralité, du service public et de l'intérêt général. Sans jamais entrer en conflit direct avec les vrais détenteurs, légitimes du pouvoir politique, les élus. Il leur faut toujours montrer que grâce à leur « médiation » la décision sera le produit, non plus de considérations contingentes et subjectives, mais d'une analyse rigoureuse, incontestable. Cette "dépolitisation" des problèmes par la "technicisation" permet d'autant plus de légitimer leur influence qu’ils mettent en avant leur neutralité.L'apolitisme est chez eux un signe de supériorité morale. Quand ce n’est pas assez évident, ils tentent systématiquement de "techniciser" les problèmes pour accroître leur influence sur le choix politique. (C'était notamment très évident déja du temps où Mme Belayche nous représentait face au pouvoir politique)

Ce type de stratégie comprend plusieurs dimensions:

Tout d’abord la maîtrise des sources d'information stratégique (publications type ABF, BBF, Forums professionnels « modérés », sites de ressources bibliothéconomiques, débats sur le site de la BPI etc. ). Ce monopole s’exerce essentiellement par une présence quasi-constante,la technique de l’intervention « qui résume et conclut », une sorte de veille idéologique de fait.

Ensuite, la connivence à l’intérieur du microcosme : je cite untel que je connais « je fais référence aux travaux de », qui me cite à son tour etc…ce qui institue un discours sur le discours, tautologie). Nicolas Morin avait affirmé dans une étude de 2006 (je crois) combien tout le monde se connaissait, sous les pseudos, sur les blogs les plus connus.

Enfin ,la dépolitisation des enjeux, c'est-à-dire la retraduction systématique des questionnements en termes techniques et non politiques (ce qui suppose au passage de disqualifier discrètement les discours idéologiques chez les uns ou les autres),ce qui peut parfois les mettre en porte à faux avec les attentes clairement sociales de la profession : leur silence sur les questions de statut des contractuels, conditions de travail etc..révélés récemment sur Biblio.fr, montre les limites de l’instrumentalisation du discours politique : Ne pas tomber dans un discours de type syndical, qui leur ferait perdre leur apparence apolitique. Mais ce silence les décrédibilise un peu plus par rapport à la base.

Dernier élément important, un fort degré de proximité avec le décideur politique. Au niveau local comme national, ce sont des fonctionnaires que leur rang hiérarchique met en contact permanent avec les élus qui disposent des ressources politiques les plus affirmées. D. Lahary s’inquiétait récemment de la disparition de la DLL (http://www.lahary.fr/pro/2008/lahary-toulouse.htm). Il déplorait la fin de la "tutelle" et déclarait que le roi était nu : "(…) j’avais tenté de répondre, en m’exprimant à titre personnel, à la question " Les associations professionnelles peuvent-elles peser sur les pouvoirs exécutif et législatif ?" Je me préparais en quelque sorte à cet évènement attendu en plaidant pour la relation politique aux cabinets ministériels et aux parlementaires. (…)Ainsi, rencontrant la tutelle , nous nous parlions à nous-mêmes et n’étions pas déçus."

Certes, voilà une proximité avec le décideur politique qui disparaît, et donc un facteur de légitimité pour nos technocrates…

« Les hommes qualifiés de technocrates passent pour détenir des compétences éminentes ainsi que le don de l'efficacité. Ils en auraient le quasi-monopole. Or, ils n'existent pas. Les prétendus technocrates aménagent selon les normes fixées ailleurs et pour des raisons qui n'ont rien à voir avec la technique, les villes, les territoires, la circulation, les communications et la consommation »" (Lefebvre, Vers le cybernanthrope, Contre les technocrates. 1967.) (Lire aussi de Luc Rouban, La fin des technocrates ?)

Voilà ce et contre qui je me bats, à l’occasion, voire en forme provocatrice, lors de polémiques sur des sujets dont il me semble qu’on nous dépossède un peu facilement. C’est la première fois que je « théorise » sur un blog, fort imparfaitement d’ailleurs, bien qu’en m’appuyant sur de bons auteurs. Vous m’aurez au moins poussé à cela. Je ne suis pas un feignant de la pensée, d’une part, et d’autre part mon indépendance d’esprit vis-à-vis des élites n’a rien d’anarchisant.

Un détail : je ne sais pas pourquoi on persiste sur ce blog à me voir comme une femme. Désolé, j’en suis un.

J'ai la chance d'avoir du muguet dans mon jardin, pas assez pour en vendre, assez pour en offrir. En ce 1er mai, j'en offre un brin virtuel (un peu maigrichon,il est tardif et souffreteux cette année) à Nescio pour avoir hébergé mes écarts et les nôtres sur son blog.

nescio a dit…

Merci pour le muguet...et effectivement, je croyais que vous étiez une 'elle', sans doute à cause du pseudo...voilà qui méritait d'être précisé...

Yvonnic a dit…

Je suppose que beaucoup ont pu faire cette confusion. Yvonnic (ou Yvonnick) est un prénom mixte, ce qui est très fréquent en Bretagne. Assez en vogue dans les années soixante.
Je suis breton. De cette époque. Et dans mon cas ce n'est pas vraiment un pseudo...

Anonyme a dit…

Tiens, j'en remets une couche. Vous voulez des anecdotes, Nescio ; en voilà une, toute fraîche d'aujourd'hui.
Ce matin, j'étais au prêt (ça ne m'arrive pas souvent car je suis petit chef et que je confie la corvée au prolétariat). Arrive un couple, approchant les 70 ans. La dame serre de près son mari, comme si elle redoutait quelque chose. Puis, elle finit par le laisser vaquer pour venir m'importuner.
Elle : "Pfff ! C'est dur, vous savez !"
Moi : "???????????"
Elle (jetant un oeil par dessus son épaule et baissant la voix) : "I' n'a plus toute sa tête. Là, je sais pas c'qu'i fait, parqué devant les DVD."
Moi (agacé mais compréhensif) : "C'est pénible, en effet." (Il est juste de reconnaître que l'air ahuri du type accréditait le jugement de sa femme.)
Elle : "Sinon son cancer, ça va."
Moi (dubitatif) : "Aah !"
Elle : "Oui, on lui a coupé le bout." (Elle fait le geste du coupeur de bambou.)
Moi (horrifié) : "Oooooooh !"
Elle : "Oui, juste le bout. Et depuis, ça va. Mais maintenant..." (Joignant son pouce et son index, elle me fait comprendre qu'il ne reste plus grand chose de la bite de son homme.)
Moi (compatissant) : "Ah!"
Ici, je m'interroge : la dame éprouvait-elle un besoin irrépressible de se confier ou bien m'enjoignait-elle de s'occuper de son corps ?
Là-dessus, le mutilé revient avec , à la main, "L'empire des sens" (authentique ! Juré, craché !). J'ai ru lire dans son regard un brin de nostalgie.
JL

nescio a dit…

Pour une fois que vous êtes au prêt, servi vous fûtes et je ne doute que ce soit véridique...par contre, je pense que la dadame devrait revoir son jugement quant à l'état mental de son mari, il ne m'a pas l'air du tout ahuri...