Un rien m'énerve
Ca vous arrive de vous dire que vous exagérez? Que vous jugez trop rapidement quelqu'un que vous avez à peine vu ou entendu? Quelqu'un à qui vous ne laissez même pas la chance de se défendre? Par exemple, vous arrive-t-il quelquefois d'être gagné par le découragement à l'écoute de certaines conversations adolescentes? Conversations desquelles vous déduisez une affolante baisse du niveau intellectuel de ceux qui, pensez-y cher lecteur, un jour, prendront -certes avec nettement moins de panache- votre place, ou -pire- la mienne? Et est-ce qu'ensuite, vous vous dépêchez de chercher dans vos connaissances l'un ou l'autre contre-exemple à ce triste constat : un ado avec qui une conversation sensée reste possible, sans que vous deviez tous les trois mots le corriger et vous entendre répondre, une pointe d'agressivité dans la voix : 'mais on s'en fout, tu as bien compris ce que je voulais dire quand même? ' Et est-ce que juste après, vous vous auto-mutilez intellectuellement en psalmodiant : 'mais tu vois, ils sont pas tous comme ça, il y en a encore, des intelligents. Faut toujours que tu exagères, espèce de vieux c...'?
Séance d'acquisitions à la librairie. Ma liste en main, je coche les titres trouvés, j'en compulse d'autres, bref, comme diraient mes confrères instituteurs, je me promène aux frais de la commune. Il y a du monde. Notamment quelques ados empressés de se faire remarquer. Pour leur santé comme pour la mienne, je m'éloigne vers de plus calmes zones. Mais l'un d'eux, la quinzaine déguingandée, persiste à me harceler, il me suit, une importante conversation téléphonique en cours de la main gauche, la droite vaguement brinquebalante à l'orée de sa poche. Bien malgré moi, je l'entends dire : 'non, là, je suis à la bibliothèque'.
Quelques instants plus tard, le même, GSM raccroché, désignant le tome deux d'un roman exposé, s'en prend à sa grand-mère : 'tu vois ce livre-là, ben, j'ai déjà lu le premier thème, c'était vraiment bien, j'adore moi, les livres de chevaliers et de dragons'.
Deux phrases, deux erreurs de vocabulaire, deux baffes virtuelles.
Je m'en suis retourné, à moitié convaincu de ma propension à l'exagération. Et certain par contre d'oublier les franges les moins glorieuses de ma propre adolescence sans doute trop lointaine.
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4 commentaires:
"Positivons" un peu ...
Ils prennent plaisir à :
être dans un lieu dédié aux livres
lire des livres
donner leur avis sur ces lectures !
c'est-y pas bô ça ? ;-)
fille d'enseignants, femme d'enseignant, je suis extrêmement sensible au vocabulaire, à sa richesse, à sa diversité... Et j'ai trois grands garçons, adultes maintenant, dont deux "cose la française kom des ...". Rien n'y fait, j'ai beau les reprendre, leur dire que c'est laid, leur seriner qu'il n'y a pas de v au verbe croire à la troisième personne du pluriel : peine perdue !
Ils croivent sans doute que vous faisez ça rien que pour les énerver! Bon courage en tous cas!
Salut,
C'est vrai, la plupart des ados parlent mal ou n'aime pas lire, mais il y a des exceptions.
J'en profite alors pour faire de la publicité pour mon site, qui j'espère, servira à prouver que tous les ados ne sont pas les mêmes : http://www.soufflemots.com/
Bye :)
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