04 octobre 2006

Le samedi

En général, dès le vendredi soir, alors que je regarde Vincent d'Onofrio résoudre une énigme bien tordue dans 'New-York Section Criminelle', j'y pense déjà : "pffff, j'ai pas envie d'y aller demain". Pourquoi le samedi plus qu'un autre jour? C'est sans doute psychologique : samedi = week-end = pas travail. En douze ans, je ne peux toujours pas me dire que c'est un jour de boulot normal. Résigné, mais quand même de moins bonne humeur que les matins précédents, je me lève, poussé par l'absurde mélange de devoir et de conscience professionnelle qui m'anime. Les vingt minutes de trajet jusqu'à la bibliothèque m'indiquent déjà que cette journée n'est décidement pas comme les autres : la route est à moi, les autres voitures sont au repos, persone n'est pressé de conduire ses enfants à l'école ou de rejoindre son lieu de travail. Tout est calme, si mon lecteur de cd diffusait 'Paris s'éveille' de Dutronc, je pourrais en vérifier les paroles de mes yeux. Et si mon portefeuille a besoin d'être réalimenté pour le week-end, je peux même trouver une place de parking pile devant le distributeur situé en plein centre-ville.
Une fois sur place, j'ai quelques minutes avant l'heure d'ouverture 'officielle', j'installe mon portable, j'allume les pc pour le public et je fais du café. Rituel.
Puis, vous commencez à arriver. Les lecteurs du samedi. Pour beaucoup d'entre vous, c'est le seul moment de la semaine où je vous vois. C'est votre jour et, bien souvent, toujours au même moment. Selon l'heure, j'en arrive à deviner lequel d'entre vous va pousser la porte. Les trois ou quatre habitués de la tranche 8h.30-9h.00 et le gros de la troupe entre 10h et midi. C'est rarement la grande foule, mais je ne reste pas souvent seul. Moins pressés que vos confrères de la semaine, vous prenez le temps d'échanger quelques mots : vos impressions sur certains livres, vos demandes d'acquisitions et parfois, des choses plus personnelles. C'est l'ambiance agréable du samedi qui se révèle, comme si votre détente s'imprégnait en moi et me faisait oublier que je travaille. Je pense aux devoirs de vacances de mon enfance et je me dis : 'allez, une fois que tu y es, ce n'est pas si dur'.

3 commentaires:

Pitseleh a dit…

Je ne comprends que trop bien, d'autant que je fais partie des malheureux élus à travailler dans une médiathèque ouverte le dimanche. Certes, les usagers sont ravis... Jusqu'au moment où ils bougonnent en apprenant que nous sommes fermés le lundi.

Anonyme a dit…

quand j'ai fait mon stage de pré-affectation j'ai dû bosser le samedi pour la première fois de mon existence... autant dire que je faisais la tête...

et puis le midi je suis allé m'acheter à déjeuner dans le centre commercial qui nous hébergeait et l'évidence m'a sauté aux yeux: je faisais partie de ceux qui n'allaient pas claquer un max de fric le samedi mais de ceux qui allaient bien gagner leur journée derrière leur petit bureau... ha ha ha ha ha tout de suite ça allait mieux

Anonyme a dit…

Salut Nescio !
oui je vient enfin sur ton blog, et réponds à cette très ancienne note...

Je suis moi aussi bibliothécaire (enfin, pour être éxacte "assistante Qualifiée de conservation du patrimoine et des bibliothèques" t'as tout suivi ? )

Moi non plus quand je bosse le samedi (un sur deux) je me dis que "c'est pas normal". C'est un jour "de congé"
Mé non.
et c'est notre plus gros jour ! mais aussi le jour où comme toi, je vois des gens que je ne vois jamais.

Pour le café que tu n'oublies pas de faire avant l'ouverture, je fais pareil !
Mais moi c'est dans les bureaux, car on n'a pas le droit DU TOUT (hum hum hum) d'en amener à l'accueil (tu parles !)

Plus d'une fois je me dis que mes petits lecteurs en aimeraient bien une tasse... mais on a trop peur des abrutis qui iraient en mettre partout (ça s'est déjà vu avec le coca à la cerise. Notre moquette est rouge vineuse par endroit. beurk)

A bientôt (maintenant que j'ai repéré ton adresse !
nekita