27 mars 2009

La tache brune, en haut à gauche


Dans cette bible des bonnes manières datée de 1915 et découverte parmi un récent arrivage de dons, un intéressant chapitre intitulé 'Devoirs envers les choses'. Tout un programme. Premier paragraphe, les livres :

"Le livre est le porte-parole qui établit entre deux inconnus, l'auteur et le lecteur, un échange de pensées. A ce titre il mérite politesse et considération. Ne le maltraitez donc point, le déchirez pas, ne l'abimez pas; gardez-vous de déshonorer ses marges en le coupant sans précaution, de vous servir de lui pour éteindre votre bougie le maculant ainsi d'affreuses taches de graisse, de tourner ses feuillets, -oh! cela est horrible- en mouillant de salive le bout de l'un de vos doigts, de l'ouvrir violemment sans souci de rompre les fils qui l'assemblent, de corner le coin de la page où vous vous êtes arrêté au lieu d'y placer un signet. Respecter le vêtement du livre car c'est souvent celui d'un ami, et, autant que cela vous paraît possible, assurez sa conservation en le faisant cartonner ou relier. Que dirais-je des livres prêtés! Rien de plus malhonnête que de les perdre ou de les rendre dans un état lamentable."

Dans un constant souci de perfection, j'avais rapatrié l'ouvrage chez moi. Quelques leçons de savoir-vivre ne sauraient me faire de mal. En toute logique, je l'avais déposé sur le bureau, à côté d'autres lectures en attente. Le félin malade du cerveau qui squatte mon habitation passa par là. Parmi tous ces bouquins, sur lequel croyez-vous soulagea-t-il son estomac, trop plein sans doute d'un repas avalé à la hâte?

13 commentaires:

Anonyme a dit…
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Yvonnic a dit…

Le genre de texte passionnant que l'on pourrait penser utile de faire étudier aux collégiens, non pas au premier mais au deuxième degré. On n'y decrit pas les pratiques vertueuses d'une époque révolue mais le contraire : on y stigmatise les pratiques dégoutantes les plus largement en vigueur.

On y découvre qu'en 1915 (en Belgique )on lisait à la chandelle faite au suif. Avec les bougies actuelles paraphine/stéarine, pas de problèmes de graisse. Que le livre qu'on lisait était le plus souvent celui d'un ami. L'amitié figurée par le prêt du livre, belle leçon (Dire que je ne prête même pas mes editions de poche, quel monstre) et preuve que les livres, pourtant rares et chers, circulaient donc bien davantage que de nos jours, en proportion de l'édition ?. A vérifier. Que la grande vertu allait jusqu'à faire relier le livre prêté par un autre ! Au prix de la reliure artisanale, j'ai un doute. Qu'il s'agissait de livres reliés-cousus, ce qui nous éloigne considérablement de notre époque du jetable.etc..

Le problème avec ces manuels de savoir-vivre, c'est qu'ils ne font donc que refleter ce que l'on ne faisait justement pas de façon naturelle. Les gens étaient des sagouins qui graissaient, salivaient et cornaient le bien d'autrui, fut-ce leurs amis, à fond les burettes. D'où la nécessité du manuel.

Comme maintenant,au fond.
Quelque part, ça rassure.

Quand à l'invocation à utiliser le signet, le marque-page, elle pose problème : Si l'on en fait sa règle personnelle, cela implique que l'on ait toujours sous la main un objet de ce genre. Or, la plupart du temps, on n'a pas, ou c'est ailleurs. C'est comme la télécommande posée sur la télé, c'est idiot mais c'est comme ça. Résultat, on utilise quelque chose d'approchant, du moins au niveau de la fonction (qui est bien de "marquer" la page) mais dont l'épaisseur ou la texture s'éloignent considérablement du propret marque-page (théoriquement gentiment fourni par le libraire ou la bibliothèque). D'où les dérives alimentaires souvent citées (le couple jambon-sardines notamment), la feuille de papier-cul (beaucoup plus fréquente, les bibliothécaires qui font l'effort de verifier les livres au retour peuvent en témoigner) et autres pratiques des tenants du marquage "par insertion".

Ou bien on fait son deuil de cette pratique et on va au fond des choses. Il s'agit de quoi,au fond ? De pouvoir retrouver sa page. La méthode radicale (et la plus logique il faut bien le reconnaître) est d'arracher toutes les pages déja lues. Plus besoin de marque-page. (C'est l'un des conseils du blog cité en premier commentaire)

A titre personnel, et sur mes propres livres, il m'est arrivé d'arracher la page blanche en excès à la fin du livre (souvent on vous en propose deux ou trois, ce qui est excessif et a le don de m'énerver) pour en faire des marque-pages. Chaque livre fournit ainsi son propre marque-page. Et on économise le PQ et la bouffe.Lire écolo en réduisant son empreinte-carbone.

Non, sans aller jusque là, une petite corne discrête n'a jamais tué un livre. Elles disparaissent dailleurs avec le temps. Plus risqué est le fait de poser l'ouvrage à plat. Certains dos ne s'en remettent jamais, surtout en poche.

Et sur les livres de la bibliothèque, me direz-vous ?
Je ne le fais évidemment pas, vous pensez bien. Dailleurs ceux-là, je ne les lis pas, je les achète.

nescio a dit…

"On y découvre qu'en 1915 (en Belgique )on lisait à la chandelle faite au suif" : c'est un livre publié à Paris...nous en Belgique, à cette époque-là, on se couchait avec les poules. Plus de lumière naturelle : au dodo!

Yvonnic a dit…

Eh oui. On a des petits villages qui fonctionnent encore comme ça chez nous. Le seul truc allumé après une certaine heure, c'est l'éclairage public, quand il existe. Mais nous, on ne s'en vante pas, on reste modestes sur notre communion avec la Nature...Et puis y a pas que les poules. On se couche avec qui on veut.

Avec la Crise, je crains que ces hameaux, comme la Belgique de 1915,ne deviennent très tendance, comme on dit...

Ca me fait penser à un truc. Je ne sais pas pour chez toi, mais chez moi, la Bibliothèque est sans doute le service public le plus bouffeur d'électricité de toute la ville. La honte. Et dire qu'on vient de terminer une expo sur le développement durable...

C'est vrai ça: Nos architectes ont banni la lumière naturelle parce que ça abimait les livres.
Et dans ces cambrousses on a banni les livres dès qu'il n'y avait plus de lumière naturelle.

Et maintenant, on fait quoi ?

Yvonnic, Fiat lux ou luxe, faut voir...

kat a dit…

Merci de nous avoir épargné les bonnes feuilles concernant la façon dont ses dames devaient servir leurs maris...
(en même temps, tu es bibliothécaire, je comprends le choix de l'extrait :D )

j'aime beaucoup le "oh c'est horrible !"...

Yvonnic a dit…

Dis donc, je vois que ça bouge en Belgique. Evaluation, projets quiquennaux, recentrage sur le lecteur et non sur les collections, critères de productivité (combien de lecteurs la bib a-t-elle gagné, impact du programme sur a communauté desservie etc...). L'article de LH parle de "révolution culturelle" destinée à hausser le niveau général de la lecture publique. C'est du tout bon, ça, non ?

Anonyme a dit…

"combien de lecteurs la bib a-t-elle gagné" : "C'est du tout bon, ça, non ?" Dans les années 1930, Boris Souvarine a publié une biographie de Staline ; en fait de récit de vie, il s'agit d'une analyse de la société soviétique. On y trouve entre autres un exposé sur le culte du productivisme qui, comme chacun sait, est commun au "communisme" cosaque et au capitalisme. Si, en Belgique, les bibliothèques s'incorporent l'imaginaire du capitalisme (d'Etat ou libéral), où est le "tout bon" ?

George C.

Yvonnic a dit…

Je suis certain que Nescio avait perçu l'énorme point d'ironie virtuel qui ponctuait l'ensemble de mes propos (termes exacts repris de l'article de Livres-hebdo.) Pas vous, mon pauvre George...
Condamné au premier degré ou à naviguer sur des blogs où l'utilisation des smileys est devenue incontournable ?
Enfin, cela vous aura permis une crise de pédantisme sur le productivisme d'après Souvarine, témoin de votre culture encyclopédique. Dont tout le monde se fout. Je vous rappelle que productivisme et rentabilité sont à l'oeuvre au coin de la rue dans tous domaines. Il suffit de sortir un peu....

Anonyme a dit…

@Yonnic. C'est juste : je n'avais pas saisi l'ironie dans votre propos (et pas plus à la relecture). Mais pourquoi prenez-vous la mouche ? Je posais juste une question.

Je vous trouve très méprisant. Aussi une petite rouste ne vous fera pas de mal. "Pédantisme" ? Arrêtez l'autocritique, Yvonnic (ça aussi c'est dans Souvarine) : je vais finir par croire que vous êtes masochiste. Lorsqu'on passe son temps, comme vous, à rédiger des messages interminables, truffés de références "dont tout le monde se fout", votre éreintement est plutôt cocasse. (A moins que vous ne soyez qu'un jaloux, ou encore un "monopoleur" qui ne supporte pas la concurrence.)

Ne cherchez pas le "point d'ironie virtuel" (oh ! grandiloquence de l'expression) dans ce qui précède : il n'y en a pas.

George C

Yvonnic a dit…

Le seul troll identifié de toute la biblioblogosphère ! Et il faut qu'il me colle aux godasses comme un vieil excrément canin ! Je pars en vacances, ça va me faire un peu d'air.

Anonyme a dit…

C'est ça : un peu d'air frais (encore une citation) - et ça vous fera des vacances, comme aux autres.

A part ça, je signale l'arrêt d'un blog remarquable. Il ne s'agit pas d'un blog professionnel bien que son auteur, bibliothécaire, ait abordé des questions propres au métier et dans une perspective suffisamment radicale pour s'attirer le mépris et la hargne des tartuffes de la profession. Il explique ci-dessous pourquoi il jette l'éponge :

http://www.oeil-cynique.org/

Désormais, sur la "biblioblogosphère", règnent sans partage ou presque l'opinion autorisée et la sagesse arrogante des idéologues du juste milieu.

George C.

Anonyme a dit…

Article intéressant. Néanmoins, sauf erreur de ma part, il s'agit d'une Bibliothèque Universitaire.

Or, même si les Onfray-frères imposent leurs diktats dans les BU, ces dernières restent privilégiées à tout point de vue, par rapport aux bibliothèques de village. D'autre part, les conditions de prêts de certaines BU visent clairement à empêcher l'accès au profane. Comble de l'ironie : tous ces universitaires se prétendent de "gôche" mais ils préféreraient mourir plutôt que de voir le peuple fréquenter leurs BU.

Evidemment, la démocratisation de la culture dans les bib. de quartiers doit se faire par le haut... c'est-à-dire en se basant sur les critères de l'université et non sur ceux du supermarché ou de l'école primaire du coin.

Mais cela personne n'en a envie. Les universitaires y perdraient leur statut d'élite. Les bibliothécaires de village n'en ont ni les capacités intellectuelles, ni la volonté. Quant aux pouvoirs organisateurs, leur but en Wallonie est simplement de maintenir la population dans un statut victimaire. Une commune défavorisée ne peut avoir d'autre culture qu'une culture pour défavorisés, comprenez "bac à sable et heures du conte."

C'est indigne mais hélas, c'est bien et bien ce qu'ils pensent et ils n'hésitent d'ailleurs pas à le dire. Malheur à vous si vous n'êtes pas d'accord.

Zorn le dernier Européen

Unknown a dit…

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