Eternels disparus
J’ai déjà dit ici tout le bien que je pensais d’Arnaldur Indridason. C’est avec ‘L’homme du lac’, quatrième enquête du commissaire Erlendur qu’il nous est revenu fin 2007. Quelques mots pour vous allécher.
Tout commence avec un phénomène inexpliqué : la baisse soudaine et régulière du niveau du lac de Kleifarvatn. Voilà qui n’aurait normalement pas dû concerner la police criminelle de Reykjavik. Sauf qu’un beau matin, une promeneuse découvrit à quelques mètres de l’ancien rivage du lac ce qui ressemblait bien à des ossements humains, solidement attachés à un vieil émetteur radio. Le cadavre se révélât rapidement dater d’une trentaine d’années ; quant à la cause du décès, nul doute qu’elle ne revêtait aucun caractère accidentel. Le nombre de personnes disparaissant chaque année en Islande étant assez réduit, Erlendur décida tout simplement de reprendre chaque dossier non résolu de disparition datant de la fin des années ’60. Ses recherches l’aiguillèrent vers une femme dont le fiancé n’avait plus donné signe de vie depuis 1968. Un soir, alors qu’ils avaient rendez-vous, l’homme, toujours si ponctuel, n’était tout simplement jamais venu. Sa voiture avait été retrouvée quelques temps plus tard, stationnée devant la gare de Reykjavik. La femme, qui devait bien avouer ne pas savoir grand-chose du disparu –ils ne se connaissaient pas depuis longtemps- ne s’était visiblement jamais relevée de cette épreuve et semblait toujours espérer un improbable retour.
Touché par cette histoire, Erlendur va, au risque de contrarier ses collègues, focaliser la résolution de l’énigme de ‘l’homme du lac’ sur la personnalité du fiancé disparu.
C’est encore une fois à son enfance qu’Erlendur se voit confronté. Marqué par la disparition de son frère, intervenue alors qu’ils étaient tout jeunes, il ne peut qu’être interpellé par l’histoire que lui raconte cette femme. Comme elle, il n’a sans doute jamais cessé d’espérer qu’un jour son frère ressurgisse du passé, bien vivant. Dès lors, il met toute son énergie, son cœur et son flair de flic au service de cette nouvelle quête : identifier l’homme du lac, comprendre comment il a fini là, qui l’y a mis, et pourquoi. Même s’il ne dispose d’aucune preuve que ce squelette soit bien le fiancé disparu, il demeure intimement convaincu de l’existence d’un lien entre les deux affaires. Il ne sait pas lui-même ce qu’il veut réellement. Opérer une coupure nette et définitive dans les espoirs de la femme ? Où la conforter dans son espoir insensé qu’un jour son homme réapparaisse ? Qu’importe, patiemment et sans se soucier de l’opinion des autres, Erlendur va suivre sa piste, celle de cet homme dont il ne sait rien et à qui il veut désespérément rendre une identité, une histoire, une vie. Quelle qu’elle soit : celle d’un salaud qui a planté là celle qui l’aimait, ou celle d’une victime oubliée méritant au minimum une sépulture digne de ce nom.
L’homme du lac / Arnaldur Indridason ; traduit de l’islandais par Eric Boury. – Paris : Métaillé, 2008. – 348p. – 19 euros
26 février 2008
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2 commentaires:
vite vite, je vais conseiller à ma bibliothécaire de l'acheter...
Bonjour, c'est tellement bien Indridason que je suis en train de lire le dernier paru : Hiver arctique. J'en suis qu'au début mais c'est absolument passionnant. C'est vraiment un grand auteur qui fait découvrir l'Islande du point de vue sociologique et historique avec de bonne intrigues policières qui sortent des sentiers battus. Bonne fin d'après-midi.
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