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Dans cette bible des bonnes manières datée de 1915 et découverte parmi un récent arrivage de dons, un intéressant chapitre intitulé 'Devoirs envers les choses'. Tout un programme. Premier paragraphe, les livres :
"Le livre est le porte-parole qui établit entre deux inconnus, l'auteur et le lecteur, un échange de pensées. A ce titre il mérite politesse et considération. Ne le maltraitez donc point, le déchirez pas, ne l'abimez pas; gardez-vous de déshonorer ses marges en le coupant sans précaution, de vous servir de lui pour éteindre votre bougie le maculant ainsi d'affreuses taches de graisse, de tourner ses feuillets, -oh! cela est horrible- en mouillant de salive le bout de l'un de vos doigts, de l'ouvrir violemment sans souci de rompre les fils qui l'assemblent, de corner le coin de la page où vous vous êtes arrêté au lieu d'y placer un signet. Respecter le vêtement du livre car c'est souvent celui d'un ami, et, autant que cela vous paraît possible, assurez sa conservation en le faisant cartonner ou relier. Que dirais-je des livres prêtés! Rien de plus malhonnête que de les perdre ou de les rendre dans un état lamentable."
Dans un constant souci de perfection, j'avais rapatrié l'ouvrage chez moi. Quelques leçons de savoir-vivre ne sauraient me faire de mal. En toute logique, je l'avais déposé sur le bureau, à côté d'autres lectures en attente. Le félin malade du cerveau qui squatte mon habitation passa par là. Parmi tous ces bouquins, sur lequel croyez-vous soulagea-t-il son estomac, trop plein sans doute d'un repas avalé à la hâte?