28 janvier 2009

Cruel monde du livre

- Bonjour, je voudrais 'Tombé des nues', mais je ne sais plus l'auteur...
Pianote pianote sur le clavier. Le titre ne me dit rien, mais bon, au gré du temps qui passe et des bouteilles de vin bio qui repassent, la mémoire du système informatique gagne des points.
- Ah, on l'a, c'est de Delperdange, en Espace Nord Jeunesse...
Je me lève, tour du comptoir, quelques mètres encore et hop, je lui tends presque fièrement...

- Ah non, c'était pas ce dessin-là sur la couverture.
Vérification des dates d'édition.
- C'est possible, je vois que c'est une réédition et en plus, je crois que la mise en page de cette collection a été revue. C'est sûrement le même texte, mais avec une autre couverture.
- Non non, je le prends pas, c'est pas ça, j'ai commencé à lire celui de madame, je vois bien que c'est pas ça...
- Si tu as commencé à le lire, tiens, regarde la première page et dis-moi si ça te dit quelque chose...
Elle parcourt distraitement quelques lignes.
- Hum, oui, ça a l'air d'être ça.
Après avoir soupesé l'objet encore et encore, l'avoir tourné et le retourné, elle finit par vérifier le nombre de pages. Et là, subitement, son visage jusqu'ici fermé, s'éclaire d'un sourire où perce toute l'innocence de son jeune âge. Pas de doute, une bonne nouvelle s'annonce.
- Cool, c'est le même, mais il y a moins de pages!

27 janvier 2009

Evidence

"L'après-midi est déjà bien avancée lorsque entre le lieutenant Aguilar. Il déambule un instant sans parler entre les étagères en bois, il traîne des pieds, avec un bruit de papier de verre à cause du sable collé à ses semelles. Un bibliothèque à cet endroit, dit-il en parcourant la pièce du regard (...). Ils n'ont pas de médecin, mais ils ont des livres (...) De son bureau, Lucio feint à présent de sourire (...) Il décide de ne pas se lever pour le saluer, parce que dans son échelle de valeurs un bibliothécaire vaut plus qu'un agent de police."

(El Ultimo Lector / David Toscana; Zulma, 2009)

19 janvier 2009

Sous l'eau

Ce n'est même pas que ça déborde. Ca recouvre tout. Impossible de travailler correctement. Chaque tâche s'effectue dans l'urgence. Les obligations déboulent de partout. Rapport annuel à droite, évaluation de projet pluriannuel à gauche, mise en place d'un nouveau service au centre.
S'annoncent également des dossiers de renouvellement de mobilier et la quête d'un nouveau système informatique. Et pendant ce temps-là, aucun lecteur ne se repose. Ils semblent tous possédés par la fièvre de la dernière nouveauté qu'ils voudraient tous lire là, maintenant, tout de suite.
'Quoi? Les bouquins ne sautent pas directement des rayons de la librairie dans les vôtres?'

Il y a des jours où je voudrais être aide-bibliothécaire, prester mes petites heures, obéir aux ordres et me plaindre de mon chef.