27 mars 2007

Policier de comptoir (de prêt) - 1

Après la troisième lettre de rappel, si vous ne réagissez pas, il ne me reste plus beaucoup de recours. L'antépénultième, c'est le coup de fil. Le soir, vers 18h. Vous rentrez du boulot. Le téléphone sonne.
'Bonsoir, c'est la bibliothèque, je suis bien chez....?'
'Euh, oui...?'
Me répondre positivement est une erreur. Tu vas rapidement t'en rendre compte. Sur un ton que ma conscience professionnelle tente désespérément de conserver le plus neutre possible, mais que tu devines filigrané de reproches, je te déclame une tirade rodée à la perfection par de longues années de pratique. Un missile verbal propre à te gâcher la soirée :
'Voilà, je vous ai envoyé trois lettres de rappel. La dernière date d'il y a deux semaines, vos livres auraient dû être rentrés il y a trois mois déjà et comme vous ne réagissez pas, je me permets de vous appeler.'
Là, en général, il y a un blanc que je me garde bien de combler. Je peux pratiquement te voir : tu cherches une échappatoire, une excuse pas trop bidon. Surpris par cette agression téléphonique presque nocturne et d'une rapidité imprévue, ta vie vient de basculer. Te voilà revenu en enfance, devant le bureau de l'instituteur, sommé de t'expliquer sur le pourquoi de ce devoir non-rendu.
Au bout de quelques secondes, l'humanité se divise en deux catégories : ceux qui ont une réaction adulte ('vous avez raison, je vais remédier à cela, quels sont vos jours d'ouverture déjà?' - plutôt rare) et tous les autres, prompts à reporter la responsabilité sur leurs enfants, leur voiture en panne, une longue maladie ou mes horaires impossibles.
Le but recherché est toutefois souvent atteint : deux ou trois jours plus tard, les livres sont rentrés. Contrepartie négative pour les statistiques : un usager de moins. L'élagage ne se fait pas que dans les rayonnages.

14 mars 2007

Hygiène

Entendu ce matin dans la section 'fictions jeunesse', alors que, subrepticement et l'oreille aux aguets, je rangeais des bouquins en 'documentaires jeunesse' :

Schtroumpf A : 'Eh regarde, celui-là, il est tout nouveau nouveau!'
Shtroumpf B : 'Beuh non, je l'ai déjà vu la dernière fois qu'on est venus'
Schroumpf A : 'Ah bon...en tous cas, il est tout propre tout propre hein!'

13 mars 2007

Polars nordiques

Aucun des trois romans traduits en français d’Arnaldur Indridason ne présente la moindre faiblesse. Après avoir découvert le récent ‘La Voix’, il me semblait évident de lire les deux autres. Bien m’en prit. De nationalité islandaise, Indridason applique une recette imparable : parle de ce que tu connais. Il base donc son équipe très réduite –trois enquêteurs : deux hommes et une femme- à Reykjavik et ne lui laisse que peu d’occasion d’en sortir.
La parenté avec un autre auteur nordique bien connu (Henning Mankell) est évidente. Et les amateurs de l’un devraient normalement apprécier l’autre. Plus sec et plus concis, Indridason se concentre également sur un personnage de flic bourru et mauvais vivant : Erlendur. Célibataire harcelé par une fille à peine sortie de l’adolescence, il se dit lui-même mauvais père et exécrable époux : il a effectivement quitté sa famille alors que ses enfants étaient en bas âge. Les relations avec son ex-femme sont proches du conflit armé et il n’a aucun contact avec son fils. En sus, Erlendur traîne derrière lui une profonde blessure de jeunesse ainsi qu’une passion bizarre pour les livres consacrés aux personnes disparues. Au fil des trois intrigues, Indridason distille les révélations sur le passé d’Erlendur et sans doute nous en ménage-t-il d’autres pour les prochaines. Quoi qu’il en soit, chaque volume propose, avec une économie de moyens remarquable, une intrigue policière tendue comme un fil et riche en rebondissements et autres chausse-trappes. A l’inverse de Mankell, on ne croit jamais que la solution est proche pour ensuite déchanter, mais l’on se trouve brusquement face à des murs de questions et des changements de perspectives imprévus, induits par des révélations savamment distillées. Plus ramassées mais tout aussi denses que chez Mankell, les textes d’Indridason partagent un point commun avec ceux de leur confrère suédois : cette même empathie pour les victimes, ce constant questionnement du pourquoi face à une violence démesurée et, par-dessus tout, une volonté de présenter les évènements nus, sans fioriture ni interprétation morale.

Dans l’ordre : ‘La cité des jarres’ et ‘La femme en vert’ (déjà en ‘Points’ Seuil) et, récemment : ‘La Voix’, chez Métaillé.

12 mars 2007

Incomplet

J’ai bien vu que tu étais déçue. Un livre entièrement consacré aux ‘institutions spécialisées pour adolescents handicapés’, je n’avais pas. Par contre, le catalogue m’a sorti plusieurs références sur les handicapés, sur les instituts d’éducation spécialisés, sur les ados –en veux-tu, en voilà !- et même sur les adolescents handicapés. Mais non, définitivement non, à la bibliothèque du village, il n’y avait aucun bouquin dans lequel tu aurais pu trouver ton travail de fin d’étude déjà réalisé et prêt à être recopié. Pardon : aménagé pour qu’il paraisse de ta plume. Prendre le temps de compulser toutes les références que je t’ai soumises, et d’en tirer la ‘substantifique moelle’ était visiblement au-dessus de tes forces. Tu aurais pourtant pu en tirer quelque chose de réellement original. Et, pour peu que tu aies bien fait ton boulot, tu m’en aurais fait une copie, et la bibliothèque du village de voguer gaiement vers l’exhaustivité !

02 mars 2007

Blog

Très jolie participation de Manue au blog collaboratif 'Résidences des brindilles' (tout aussi joli nom de blog) sur le thème des livres non lus. En quelques lignes, tout est dit sur ces livres qui nous entourent au quotidien, sur lesquels nous veillons presque jalousement et que nous sommes bien résignés à ne pas tous lire.