25 septembre 2008

Archives
Je vois qu'ici et là certains blogueurs particulièrement inventifs n'hésitent pas à remettre quelques-uns de leurs anciens posts en évidence, genre 'il y a un an, j'écrivais ici...'. Une telle originalité me laisse pantois, dévoré d'envie et perclus de jalousie. Comment n'y ais-je pas songé? Si je regardais un peu plus la télé, peut-être est-ce moi que cette formidable idée de recyclage à peu de frais et sans effort aurait percuté en premier? Blessé dans mon égo de blogueur et trop fier pour copier servilement la démarche, je vous invite, les semaines où vous me sentirez trop fade pour hanter ces lieux, à utiliser la petite colonne de droite, judicieusement intitulée 'archives de blog'.

18 septembre 2008

Rick Wright




Le lendemain matin, j'ai décroché 'Dark side' dans ma discothèque et mes clés à la porte d'entrée. Une fois en route, l'intro tant de fois écoutée vint me rassurer : tu n'étais plus là, mais ta musique persisterait. Délaissant le premier pont et mon parcours des matins habituels, j'ai poursuivi sur la rive gauche. A la fin de 'Breathe', je longeais la centrale qui, de l'autre côté du fleuve, n'en finit pas d'élever ses colonnes de vapeur. J'ai traversé la ville sans m'arrêter, pour arriver à la bib au milieu de 'The great gig in the sky', ton morceau de bravoure, l'une des perles du disque.

14 septembre 2008

Bibliobus

Vendredi, 17h. Beaucoup de monde et je suis seul au comptoir.
Ton fils, un pré-ado gentimment déconnecté, me ramène cinq bouquins, dont plusieurs bien épais, qu'il a empruntés lundi dans l'autre bib, la petite, dans le village où vous habitez. J'en suis sûr, c'est moi aussi qui 'pointe' là-bas. Je me permets -assez sèchement- de lui faire remarquer qu'il pourrait les ramener là, parce qu'après c'est quand même bibi qui les trimballe. Il fait simplement 'ah' et me demande la suite de l'un des cinq.
- 'ben, forcément, ils ne sont pas ici, ils sont à..., là où tu as empruntés ceux-ci'. Nerfs. Toi aussi, visiblement, parce que tu ne sembles pas apprécier que l'on envoie ses 4 vérités à ton petit.
Tu l'entraînes vers la sortie : 'allez viens, visiblement il n'a pas envie de te prêter de livres'. Comme je te demande de préciser, tu me réponds :
- 'ben oui, de toutes façons, vous n'êtes jamais agréable'.
- 'je ne suis jamais agréable?'
Moins sûre de toi sans doute, tu te contentes d'un 'non' bougon et tu te barres, entraînant ton gamin dépité derrière toi. Je peux m'occuper des autres lecteurs.
Bon, j'ai été assez ours, comme je peux parfois l'être avec les usagers incapables de respecter les bases du règlement. Ou avec ceux qui me prennent de haut. J'espère que tes mots ont dépassé ta pensée, parce que finalement, je l'aime bien ton lecteur de fils. Et c'est sans doute pour ça que je lui parle comme si c'était le mien.

07 septembre 2008

Elbow

Ce matin-là, il paressait dans son lit. Ce n'était pas courant, mais ces derniers jours sortaient définitivement de l'ordinaire. En vacances dans le nord de l'Espagne, il n'avait pour toute compagnie que ses parents. A 37 ans, même s'ils ne lui imposaient rien, et s'il ne se privait pas de leur faire part de ses envies, il avait l'impression de se laisser porter par le courant, comme lorsqu'il vivait chez eux et que, enfant, il allait où eux allaient, mangeait ce que sa mère avait préparé et regardait ce qu'ils avaient décidé de regarder à la télé. C'était comme si, durant la journée de voyage pour arriver jusqu'à cette maison, il avait abandonné en bord de route une partie du contrôle de son existence, avec l'idée de la récupérer au retour. Il se levait tard, déjeunait sur la terrasse et passait une grande partie de la journée à lire ou à écouter Blonde Redhead et Mogwai -ces derniers venaient de sortir 'Happy songs for happy people' et il ne s'en lassait pas.
Il lui semblait que le temps entre l'apéro de midi et celui du soir devenait de plus en plus court. Cela se sentait surtout les jours où le frigo était suffisamment rempli pour rendre toute virée de réapprovisionnement inutile. La journée s'écoulait alors sans coupure, sans voiture que l'on sort et sans autre rencontre que celle des lézards qui arpentaient les abords de la villa. Evidemment, ils avaient poussé jusqu'aux quelques grandes villes des alentours, visité l'un ou l'autre site historique pas trop éloigné et sacrifié du temps aux vitrines des commerces environnants. Ca ne le dérangeait pas, mais ça l'intéressait moins que dans une ville de langue française, dans laquelle l'opportunité de rentrer dans une librairie n'était jamais exclue. Il se débrouilait en espagnol, mais pas au point de lire Marias ou Mendoza dans le texte. Et les deux ou trois disquaires qu'il avait trouvés sur sa route ne proposaient rien d'exceptionnel ou qu'il ne puisse acquérir au même prix chez lui, en Belgique.

Ce matin-là, il paressait dans son lit. Sa journée commençait mieux que prévu. Le sms qu'il venait de recevoir ne comportait qu'une ligne, une phrase extraite d'une chanson d'Elbow. Bien sûr, il pouvait, de mémoire, compléter le couplet qu'elle entamait, l'écrire et l'envoyer en réponse à sa correspondante. Ce qu'il fit. Convaincu que ce sms scellait quelque chose entre eux, il prit la résolution de le conserver dans la mémoire de son gsm. Il y est toujours. Et depuis, quel que soit l'album d'Elbow qu'il écoute, il lui rappelle à chaque fois cet instant précis. Si besoin était.





05 septembre 2008

Un iceberg vaut parfois mieux que deux tu l'auras

Depuis que les lieux publics sont devenus 'non-fumeurs', le seuil de la petite porte réservée au personnel de l'administration communale a acquis un nouveau statut. Si vous voulez être sûr de coincer le bourgmestre ou un échevin, "it's the place to be" (j'emploie un vocabulaire 'in', histoire de me rattraper au bord de la fosse des 'has been' dans laquelle la suite de ce billet va définitivement me précipiter). Et la clope étant synonyme de détente (pour les fumeurs en tous cas...), votre interlocuteur sera logiquement de meilleure composition que si vous vous étiez fixés rendez-vous dans son bureau. Bureau dans lequel il compenserait le manque de cigarette en tapotant frénétiquement les touches de son GSM dernier cri, ce qui ne manquerait pas de vous énerver parce que vous subodoreriez qu'il n'en a rien à fiche de ce que vous lui racontez. Bref, autant se trouver là, sur ce seuil enfumé.

- Ah, dis, j'en profite pour te présenter Mlle..., c'est la nouvelle assistante pour les classes de maternelles...

Je tends la main, salue et me dis enchanté (je suis comme ça : à priori, je suis enchanté)

- Ben, tu fais pas la bise toi?

Certes si, mais pas si tôt. Lorsque je rencontre pour la première fois une représentante du sexe opposé, je salue d'une poignée de main -point trop vigoureuse. Car enfin, c'est quoi cette familiarité immédiate? Si l'on bise tout le monde à la première rencontre, que signifie encore ce baiser? N'est-il normalement pas le signe que l'on se connaît, que l'on a déjà au minimum échangé quelques mots?
Cette poignée de main, que je veux bien qualifier de désuette, aurait-elle définitivement acquis le statut de ringarde?
Et le temps de faire connaissance, cher politique, qu'est-il devenu? Serait-ce que, ce temps-là, la majorité de vos congénères ne le prennent plus, trop pressés qu'ils se trouvent à séduire, emballer et convaincre par la seule force de leur paraître et de quelques phrases creuses?
Il est vrai que faire connaissance plus en profondeur avec eux ne jouerait pas toujours en leur faveur. Mieux vaut parfois rester en surface.