31 octobre 2006


Bibdating

Ca devait arriver : curieux que je suis, je n’ai pas résisté à un petite promenade virtuelle dans le monde bibliothéconomique tel qu’il se vit de l’autre côté du rideau de betteraves (pour les non-belges, la signification de cette poétique expression : en Flandre). Là-bas, chez nos compatriotes qui parlent le néerlandais. Mes premiers pas m’ont conduit vers un confrère bloggeur. C’est chez lui que j’ai pour la première fois entendu parler de cette expérience qui en est déjà à sa deuxième édition dans une bibliothèque publique d’Anvers. Ensuite, les échos se sont multipliés, notamment là, sur le site d’un quotidien tout aussi néerlandophone.
Vous en aviez rêvé, nos confrères anversois, marieurs dans l’âme, l’ont réalisé. Ils ont lancé une invitation, limité les inscriptions à 16 personnes et les ont conviées à la cafétéria de la bibliothèque Permeke. Chacun des inscrits se devait de choisir trois livres avant de s’installer confortablement. Ensuite, un maître de cérémonie assignait à chacun sa chacune pour une durée variant de 5 à 10 minutes. Restait aux heureux inscrits à lancer la conversation autour des livres qu’ils avaient sélectionnés. Les avaient-ils aimés, détestés, pas lus ou reçus récemment ? Une fois leur temps écoulé, les voilà obligés de changer d’interlocuteur. Et ainsi de suite jusqu’à ce que tous les participants masculins aient eu l’occasion de rencontrer leurs équivalents féminins. Ca vous rappelle quelque chose ? Inspiré par le ‘speeddating’ américain, le ‘bibdating’ belgo-flamand n’a jusqu’à présent pas encore fait d’émules en Wallonie.
C’est décidé, après ce congé de Toussaint –pardon, d’Halloween- j’envoie un courrier de demande de subside pour une activité d’animation de ce genre. Le rapport avec les missions d’une bibliothèque publique ? Bah !

27 octobre 2006

Soumission

'Vous n'avez pas quelque chose d'autre à me conseiller?' me dit cette dame en me tendant le Marc Levy qu'elle vient de terminer, 'Mon mari en a marre que je lise toujours la même chose'. J'imagine qu'elle lui fait la lecture à voix haute...

24 octobre 2006

Un bon fond

Puisqu'on parlait d'élagage. Je me suis relancé dedans de manière systématique il y a 15 jours. Ce qui ne veut pas dire que je ne fais que ça depuis 15 jours. Au contraire, je ne peux me consacrer à ce genre de joyeusetés que quelques heures par semaine à tout casser. Bref, j'ai commencé par les fictions adultes -c'est toujours là que ça bouchonne le plus- et j'ai terminé la lettre 'G' jeudi dernier. J'ai pas mal viré, mais j'ai quand même redirigés plusieurs volumes vers la réserve (que j'ai dû élaguer elle aussi). Le lendemain, vendredi, jour d'ouverture et illustration de la célèbre loi de la tartine à la confiture. Parmi les titres retirés définitivement : plusieurs Bellemare, c'est gros, ça prend beaucoup de place. Ca na pas raté, une lectrice m'a lâché : 'Mais il y en avait beaucoup plus des Bellemare avant'. Explications : 'ben oui, vous savez, j'ai dû en retirer, on ne peut pas tout garder, mais je peux vous en obtenir en prêt inter si vous voulez'. Plus tard dans la matinée, une autre m'a demandé 'Le cousin Pons' de Balzac. Que j'avais mis en réserve quelques minutes avant de rayer les Bellemare évidemment. A croire qu'elles m'espionnaient le jour précédent.

22 octobre 2006

Samedi, c'est concert

Vu et entendu hier une jeune suissesse accompagnée de ses quatre musiciens. Yoanna qu'elle s'appelle. Chante en français, des textes de sa propre plume et d'autres de ses confrères. Nous avons ainsi eu droit à 'Ou c'est que j'ai mis mon flingue?' de Renaud, à 'Vu de l'extérieur' de Gainsbourg et à un titre que j'ai soupçonné être du Piaf. On fait pire comme références. Quant à ses propres créations, elles sont assez épatantes, et pourraient bien donner quelques accès de jalousie à certains de ses confrères plus connus. Ca fait penser à du Piaf justement, pour le côté hyper-réaliste, mais l'humour qui ne quitte pas cette charmante accordéoniste l'empêchera sans doute de se vêtir entièrement de noir. C'est donc nettement plus joyeux et emballant. Elle roule les 'R', dépeint amèrement son petit pays, encourage les femmes à envoyer paître les cons, pour un peu plus loin s'avouer atteinte d'une grave maladie : l'amour inconsidéré et très limité dans le temps de tous les hommes, du moins ceux qu'elle trouve beaux. Et elle termine, presque au milieu du public, par le chant des partisans italiens, Bella Ciao, Bella Ciao...
Signature

J'en retrouve de moins en moins. Parce que tu ne viens plus me voir depuis plusieurs années. Et aussi parce que les collections vivent. Le fonds de livres grandit de jour en jour : je dois sans cesse l'élaguer. Il faut bien que les titres plus récents trouvent une place dans les rayonnages. Mais récemment, en élaguant justement, j'en ai retrouvé une. Toute pareille à celles que j'avais découvertes auparavant : une petite lettre 'V' -une de tes initiales- finement tracée au crayon en première page du livre, dans le coin supérieur gauche. Celui-là, tu l'as lu. Et tu voulais être sûr de ne pas le réemprunter.

15 octobre 2006

Bande-son

Actuellement, outre les derniers albums de Miossec, des Killers et les envolées électrico-mélodiques du 'Mr Beast' de Mogwai, il y ce cd qui tourne en mode 'repeat' dans ma voiture : 'Everything all the time' . Dû à un groupe américain improbablement nommé 'Band of Horses', cette petite merveille aurait pu être le deuxième album espéré des Grandaddy, après leur magnifique 'Sophtware Slump'... Toutes guitares et batterie sur laquelle plane une voix mi-aigue, mi-grave, le groupe de chevaux envoûte, redynamise et émeût avec la facilité et la certitude de ceux qui se savent sur la bonne voie. Loin de se moquer de nous en essayant d'imiter les Coldplay, ils voguent en parallèle, jamais loin de leurs modèles, mais suffisament éloignés pour ne pas nous lasser. La vidéo de 'The funeral' fait penser à un épisode de 'Cold Case' ou de 'FBI : portés disparus' : noir et blanc et mélodie obsédante, mais c'est en version 'live' que cette chanson-phare de l'album me touche le plus, comme si le chanteur la chantait pour la première fois, lui-même surpris et incrédule de tant de justesse.

11 octobre 2006

Intrus

Ce sont les petits plus que l'on découvre en triant les caisses de dons : cassettes vidéos, cartes routières et autres annuaires téléphoniques. J'ai même eu la surprise de trouver une montre, dans son écrin, dont la marque m'a fait penser qu'elle valait un paquet de fric. Pas de panique : je l'ai rapportée à son propriétaire. Aujourd'hui, 5 caisses à trier. Hormis un nombre impressionnant de cartes postales, pas d'intrus. Mais une dédicace interpellante, en première page de 'La paille et le grain', chronique des années 71 à 74 par François Mitterrand. Me réjouis de lire celui-là. Bref, la dédicace :

'D'une charogne à une perle rare
A toi que je ne sais pas oublier
A toi que j'aime plus que tout au monde
Pour que notre amour existe le plus longtemps possible'

Je m'interroge, la dédicace fait-elle référence à l'auteur du bouquin, ou la dédicaceuse souffrait-elle d'un sérieux problème d'estime d'elle-même?

Titeuf

Alors que paraît le nouvel album de cette collection, je repense au hors-série intitulé 'Le guide du zizi sexuel'. Comme je l'avais placé dans ma liste de commandes, le libraire m'avait prévenu : 'attention, tu risques d'avoir des retours de flamme, certains parents ne vont pas apprécier'. Et effectivement, les définitions et autres conseils -bien que très réalistes et scientifiquement corrects- y sont traités de manière franchement comique et parfois crues. J'ai failli l'acheter illico en deux exemplaires, c'est dire. Mais bon, pas suicidaire, j'appose quand même sur la couverture une belle étiquette limitant le prêt du douteux ouvrage aux plus de 10 ans. Les schtroumpfs ont très intelligemment tenté de contourner l'interdit en me présentant le dos du bouquin, de sorte que je n'avais plus qu'à scanner son code-barre, sans voir la fameuse étiquette limitative. Evidemment, quand je le retournais et leur demandais ce qu'il était écrit là, sur le livre, en noir sur fond jaune, ils avaient un peu honte de s'être fait gauler par le biblio. Ils allaient le ranger et en choisissaient un autre.
Un des derniers à avoir tenté le coup m'a quand même terrassé par sa logique toute enfantine :
Moi :'Hum, qu'est-ce qu'il est écrit là?'
Lui : 'A partir de 10 ans'
Moi, très sûr : 'Et tu as quel âge?'
Lui : 'Neuf ans'
Moi, de plus en en plus sûr : 'Et donc?'
Lui : 'Ah mais, ça ne me dérange pas!'

Si j'avais pu, je lui aurais bien offert.


05 octobre 2006

La moindre des choses

Il y a plusieurs années que tu es inscrit. Tu viens très régulièrement, nous avons sympathisé. Tu es à peine plus âgé que moi, et nous discutons de musique et de bandes dessinées. Je me rends compte que je pourrais en raconter pas mal sur ton boulot, ta famille et même sur tes parents.
Ce n'est qu'hier que j'ai appris. C'était en première page de l'édition du week-end d'un journal local. Je les reçois toujours avec deux ou trois jours de retard ces journaux-là, parce qu'ils passent d'abord par l'administration communale. L'article en pages intérieures était assez grand, avec une photo, et je ne suis pas arrivé à le lire jusqu'au bout. J'ai un peu tourné dans la salle de lecture avant de le reprendre. J'ai fini par admettre la réalité, par me dire que c'était bien vrai.
Je t'ai écrit quelques mots, certain que ça n'y changerait rien. Et je ne sais même pas si c'est pour me donner l'illusion d'avoir fait quelque chose, ou si c'est parce que je pense sincèrement que ça pourrait un rien te réconforter. Je te connais bien, je sais que lorsque tu viendras me rapporter tes bouquins, tu me remercieras pour ça. Je suppose que je te répondrai que c'était la moindre des choses.

04 octobre 2006

Le samedi

En général, dès le vendredi soir, alors que je regarde Vincent d'Onofrio résoudre une énigme bien tordue dans 'New-York Section Criminelle', j'y pense déjà : "pffff, j'ai pas envie d'y aller demain". Pourquoi le samedi plus qu'un autre jour? C'est sans doute psychologique : samedi = week-end = pas travail. En douze ans, je ne peux toujours pas me dire que c'est un jour de boulot normal. Résigné, mais quand même de moins bonne humeur que les matins précédents, je me lève, poussé par l'absurde mélange de devoir et de conscience professionnelle qui m'anime. Les vingt minutes de trajet jusqu'à la bibliothèque m'indiquent déjà que cette journée n'est décidement pas comme les autres : la route est à moi, les autres voitures sont au repos, persone n'est pressé de conduire ses enfants à l'école ou de rejoindre son lieu de travail. Tout est calme, si mon lecteur de cd diffusait 'Paris s'éveille' de Dutronc, je pourrais en vérifier les paroles de mes yeux. Et si mon portefeuille a besoin d'être réalimenté pour le week-end, je peux même trouver une place de parking pile devant le distributeur situé en plein centre-ville.
Une fois sur place, j'ai quelques minutes avant l'heure d'ouverture 'officielle', j'installe mon portable, j'allume les pc pour le public et je fais du café. Rituel.
Puis, vous commencez à arriver. Les lecteurs du samedi. Pour beaucoup d'entre vous, c'est le seul moment de la semaine où je vous vois. C'est votre jour et, bien souvent, toujours au même moment. Selon l'heure, j'en arrive à deviner lequel d'entre vous va pousser la porte. Les trois ou quatre habitués de la tranche 8h.30-9h.00 et le gros de la troupe entre 10h et midi. C'est rarement la grande foule, mais je ne reste pas souvent seul. Moins pressés que vos confrères de la semaine, vous prenez le temps d'échanger quelques mots : vos impressions sur certains livres, vos demandes d'acquisitions et parfois, des choses plus personnelles. C'est l'ambiance agréable du samedi qui se révèle, comme si votre détente s'imprégnait en moi et me faisait oublier que je travaille. Je pense aux devoirs de vacances de mon enfance et je me dis : 'allez, une fois que tu y es, ce n'est pas si dur'.