30 mai 2006


Kids (II)
La fois suivante, le temps de ta trop longue visite, tu les as laissé choisir 5 livres. 'Pas un de plus!' t'entends-je leur dire. Pendant que je les enregistre ces 5 livres, ils continuent à fouiller dans les bacs à albums. Et forcément en trouvent un tellement mieux que les autres, ceux qu'ils avaient choisis un peu trop précipitamment et que je viens d'encoder sur ta fiche. 'Non, j'ai dit 5, il y en 5, c'est suffisant, d'ailleurs, je le sais, vous ne les lirez pas! Et puis, vous ne pourrez pas, monsieur ne voudra pas'.
Je refuse d'endosser cette autorité qui te fait tant défaut.
Je ne suis que silence et sourire professionnel.
Evidemment, les schtroumpfs s'entêtent.
Et tu me regardes : 'Monsieur, vous voulez bien retirer ce livre-ci de ma fiche et le remplacer par celui que les petits viennent de trouver?'

24 mai 2006

Influences

Un ancien ministre nous écrit, sur papier à en-tête de la Commune dont il est encore bourgmestre, afin de nous informer de la parution d'un ouvrage consacré au Congo, notre ancienne colonie croit-il important de nous préciser. Cet ouvrage est édité par une fondation dont le nom rappelle celui de la Commune du dit ancien ministre, fondation dont l'objet n'est par contre pas précisé. Néanmoins, poursuit finement l'expéditeur, "ce livre pourrait prendre utilement place en un ou plusieurs exemplaires dans les bibliothèques de notre Commune". Adressé à notre bourgmestre en février, ce courrier comme surgi d'une autre époque bénéficie certes d'une certaine publicité autour de moi (les moments de rigolade ne sont pas si fréquents...), mais ne suscite aucune réponse, pas même un accusé de réception.Vexé sans doute par notre manque de réactivité bien caractéristique d'une administration publique, le même ancien ministre nous fait l'honneur en cette fin mai de nous rappeler la teneur de son précédent courrier. Même papier à en-tête de sa commune, même signature....
Une telle pugnacité ne peut signifier qu'une seule chose : ça doit être un sacré bon bouquin! Les administrés de ce bourgmestre ne connaissent pas leur chance. Un élu qui se dévoue à ce point pour assurer leur promotion, ça se fait rare.

15 mai 2006

Intimité

Le comptoir de prêt -mon rempart- tu t 'y appuies et te penches franchement par-dessus pour tenter de lire ce qu'affiche mon écran d'ordinateur. Et par la même occasion, saisir un bic pour griffonner sur un signet le titre des livres que tu as oublié de rentrer. Ou encore -toujours cette certitude que tout cela n'est finalement que du bien public- pour saisir un magazine sur mon bureau, le feuilleter et l'y replacer : 'On ne peut pas les emprunter hein, les magazines?'

09 mai 2006


Denis Robert : la véritable affaire Clearstream

Je viens de terminer 'La domination du monde' de Denis Robert. Parce qu'il n'arrive pas à faire passer son message aussi puissament qu'il le voudrait via ses autres livres (des 'documentaires' comme on dit entre bibliothécaires), et aussi parce que les avocats et les procès lui tombent dessus comme la petite vérole sur le bas-clergé chaque fois qu'il l'ouvre, ce type nous conte son histoire dans un roman.
Son histoire? En gros, celle d'un journaliste-écrivain qui découvre qu'une société -la Shark Company basée au Luxembourg- fait bien plus que ce qu'elle est censée faire, soit faciliter et garantir les échanges entre les milliers de banques qui fleurisent sur la planète. En plus des comptes et des échanges 'officiels', Shark se charge d'effacer les traces de virements bancaires portant sur des milliers d'euros ou de dollars. On songe à Lavilliers et à ses 'Troisièmes couteaux' :
Ils ne font rien, ils se situent.
Ils sont consultants ambigus
Des hydres multinationales.
Pas de nom, que des initiales.
Ils ont de grands ordinateurs.
Poules de luxe, hommes de paille.
Requins, banquiers, simples canailles.
Pas de nom et pas de photo,
Leurs sociétés sont étrangères.
Plus compliqué est le réseau
Qui les relie à leurs affaires.

Bien plus que la mise en évidence d'un énorme scandale financier capable de causer un crise mondiale d'un niveau jamais atteint (le journaliste soupçonne que la Shark se soit à ce point emballée, qu'il est devenu impossible de garantir que la masse d'argent échangée chaque jour corresponde bien à des devises ou autres valeurs existantes), le bouquin de Denis Robert montre surtout le combat d'un homme face à une puissance qui le dépasse et qui met tout en oeuvre pour le réduire au silence. Les coups viennent de là où l'auteur ne s'y attendait pas. Un fois son enquête publiée et bien que disposant de preuves accablantes, la presse nationale française ne lui apporte que des échos négatifs et noie son propos sous les commentaires de 'spécialistes' rétribués en sous-main par Shark. Son éditeur, appeuré par les menaces de procès, finit par accepter un marché et refuse d'effectuer un second tirage, rendant le bouquin indisponible.
La 'graaande' presse française en prend pour son grade, subordonnée qu'elle est à ses actionnaires, elle ne se fend, à de rares exceptions, que d'articles dans lesquels affleurent dédain et mépris pour le travail de ce collègue décidément bien trop indépendant. Il n'est guère difficile, parmi les éléments purement romanesques, de reconnaître au long du récit les noms de journaux ou d'acteurs bien connus de l'actualité politico-économique française. Sans altérer la qualité de son intrigue ni le suspense qui en découle, Denis Robert en profite pour régler salutairement quelques comptes. Un bon bouquin, qui fait assez froid dans le dos, comme une envie d'aller vider ses comptes en banque et de tout planquer sous le matelas.

Les racines du roman se trouvent dans les deux enquêtes précédemment publiées par l'auteur et dont on pourra lire un bon résumé sur le site de Politis : http://www.politis.fr/article44.html par Christophe Kantcheff. Plein d'info plus récentes sur :http://www.liberte-dinformer.info/60828.html et sur le blog de Davduf : http://www.davduf.net/article.php3?id_article=272.

Mais l'essentiel est là : achetez ou empruntez "La domination du monde", et lisez-le.
Kids

Tes enfants. Ils commencent par changer les chaises de place -elles sont en bois, les pousser et les traîner sur le carrelage leur tire un son extrêmement crispant- et finissent par se disputer avec toi qui les empêche d'emprunter 'Le roi lion'. Mais Disney, c'est mauvais, tu serais bien incapable de dire pourquoi, c'est tout simplement dans l'air actuellement : 'Non, j'ai dit pas de Disney'. Alors ils pleurent et crient : c'est ce qu'ils font à chaque fois que tu leur refuses quelque chose. Et bien sûr, pour ne pas perdre la face devant moi, tu tiens bon au moins 2 minutes. C'est très long 2 minutes de pleurs et de cris. Invariablement, ça se termine par 'bon d'accord, mais alors un seul hein!'